Alors qu’elle a débuté en équipe de France à l’occasion du dernier Mondial, Alice Philbert va franchir une nouvelle étape dans sa carrière en rejoignant l’Italie et un club engagé en EWHL, une ligue de très bon niveau. De bonne augure alors que les Jeux olympiques de Milan-Cortina constitueront le grand moment de cette saison, et le rêve d’une vie pour la Franco-Canadienne.
A 28 ans, la native de St-Bruno-de-Montarville au Québec avait joué les deux dernières saisons avec l’équipe masculine des Lions de Wasquehal, d’abord en Division 3 puis en Division 2. Ces deux ans dans le Nord, après un excellent parcours universitaire, lui ont permis d’obtenir la naturalisation et lui ont donné le droit de jouer en équipe de France. Alice Philbert a joué son premier championnat du monde en tricolore en avril dernier à Shenzhen. Hélas, l’objectif d’une nouvelle promotion en élite mondiale n’a pas été atteint, en dépit de bonnes performances devant le but. Un rêve demeure, il constituait sa motivation première, et il se réalisera en février 2026 : disputer les Jeux olympiques. L’annonce a été tardive de la part du CIO, mais l’équipe de France féminine a bien été repêchée comme meilleure deuxième des qualifications, tout comme la sélection masculine, suite à l’éviction de la Russie.
L’EWHL à défaut de la PWHL
Invitée au camp de l’équipe PWHL de Montréal en 2024, invitation qu’elle avait déclinée pour se focaliser sur sa carrière en France, Philbert espérait rejoindre la grande ligue professionnelle féminine pour la prochaine saison. Elle était la seule joueuse de l’équipe de France à avoir candidaté au dernier repêchage mais elle n’a pas été retenue. L’option qui lui reste pour rejoindre la saison PWHL 2025-2026 serait d’obtenir une invitation au camp de l’une des huit équipes. « Il y avait des pourparlers, mais sans invitation concrète. En raison de l’incertitude, j’ai décidé de signer avec les Bolzano Eagles en EWHL » nous a-t-elle confié.
La formation italienne des Bolzano Eagles, ou EV Bozen, est en fait la section féminine du club du Tyrol italien qui évolue en EWHL, l’European Women’s Hockey League. La ligue transfrontalière, créée sous l’impulsion de l’IIHF, a fêté ses vingt ans d’existence la saison dernière. Elle réunissait à sa création quatre pays, dont déjà Bolzano qui représentait l’Italie à l’époque. Six pays étaient représentés lors de la saison 2024-2025 : l’Italie, l’Autriche, la Hongrie, le Kazakhstan, la Pologne et la Slovaquie. L’EWHL a vocation de mutualiser les efforts pour proposer un championnat compétitif en Europe Centrale avec au programme une vingtaine de matchs au menu pour chaque équipe. Si la SDHL suédoise demeure la ligue féminine référence en Europe, suivie dans ses traces par la PostFinance Women’s League suisse, l’EWHL arrive ensuite au niveau de l’Aurora Liiga finlandaise et propose donc une bonne alternative.
Prendre la direction de l’EWHL, c’était la bonne option pour Alice Philbert… qui sera proche de Milan pour le tournoi olympique en février prochain ! « Il était important pour moi d’avoir le meilleur environnement possible pour la préparation olympique, nombre de parties, environnement d’entraînement, etc… et surtout jouer de nouveau chez les filles. Donc mon choix s’est arrêté sur Bolzano. »
Les Eagles de l’EV Bozen, en plus d’avoir conquis un cinquième titre d’Italie consécutif, ont terminé sur le podium EWHL 2025. Bolzano, le club phare de l’Italie, est au centre du programme olympique 2026 auquel les Azzurre sont impliquées en tant que pays hôte, l’organisation dispose donc d’une pléiade de joueuses de l’équipe nationale. En recrutant Alice Philbert, Bolzano se sécurise avec une gardienne expérimentée. C’était d’ailleurs une priorité de recrutement car le poste de gardienne posait problème. Daniela Klotz s’est blessée en fin de saison dernière et n’aura peut-être pas récupéré pleinement ses moyens ; Gabriella Durante est repartie à Calgary pour terminer ses études ; Martina Marangoni n’arrivait plus à concilier vie professionnelle et vie sportive. Quant à la jeune et talentueuse Ilaria Girardi, elle est particulièrement convoitée et ne sera peut-être pas en mesure de porter les couleurs des Eagles. Comprenez que l’urgence de Bolzano était de mettre la main sur une gardienne de bonne facture.
Les sœurs Philbert réunies
La gardienne des Bleues, qui aura le champ libre pour exprimer son talent, est d’autant plus ravie de rejoindre le Tyrol italien qu’elle sera accompagnée de sa petite sœur, Léonie Philbert, deux ans et demi de moins et qui évolue en défense. Les sœurs Philbert réunies dans la même équipe, ce ne sera pas une première. « Nous avons joué trois ans ensemble à Concordia et là on va jouer ensemble à Bolzano » nous a-t-elle précisé.

Effectivement, de 2019 à 2021 puis de 2022 à 2023, Léonie et Alice Philbert ont porté ensemble les couleurs de l’Université de Concordia basée à Montréal. Elles ont d’ailleurs remporté ensemble le titre suprême universitaire du Canada en 2022 avec les Stingers. Léonie a de nouveau été sacrée championne universitaire en 2024. D’ailleurs, les deux sœurs ont l’une et l’autre figuré sur la première équipe étoile du championnat universitaire canadien, à deux années différentes, 2022 pour Alice, 2025 pour Léonie. Ce seront donc assurément deux renforts de choix pour Bolzano qui lorgne sur un troisième sacre en EWHL, après 2014 et 2017. Le titre l’année des Jeux olympiques en Italie tomberait à pic.
Jouer en France pour obtenir la naturalisation n’est donc pas à l’ordre du jour pour Léonie Philbert. Tout le contraire d’Alice Philbert qui a passé le cap, pleinement intégrée aux couleurs tricolores et pleinement concentrée sur la grande échéance olympique. « La France, c’est vraiment mon pays d’adoption. J’ai adoré mes deux années là-bas, c’est devenu comme une deuxième famille. Je suis fière de représenter la France. Ce n’est pas que je n’aime pas le Canada, mais aujourd’hui, mon pays, c’est la France » disait-elle au micro de la Poche Bleue.
« Je suis rendue à 28 ans. Jamais j'aurais pensé aller aux Olympiques, puis là ça va se faire dans la prochaine année. »
– Alice Philbert 🥅🇫🇷@theLSHL pic.twitter.com/CuKY0uLppR— La Poche Bleue (@lapochebleue) July 17, 2025
Garder la forme face aux meilleures
N’allez pas croire qu’Alice Philbert est repartie au Canada cet été pour se reposer. Elle est actuellement engagée dans un tournoi de hockey à 3 contre 3 basé à Montréal, la Living Sisu Hockey League (LSHL). Ce championnat estival lui est très familier, une habitude désormais pour elle : « ça fait 4 ans que je joue la LSHL, c’est donc ma cinquième saison dans cette ligue, et mon équipe a remporté les deux dernières saisons, en espérant répéter le tout cet été. »
Et les joueuses qui garnissent les rangs des équipes en lice sont des pointures avec notamment Eve Gascon, Maureen Murphy, Cayla Barnes, Gabrielle David, ainsi qu’une certaine Marie-Philip Poulin… face à laquelle Alice Philbert n’a certainement pas tremblé pour l’arrêter. La gardienne de l’équipe de France fait notamment équipe avec Savannah Harmon, Kristin O’Neill et Catherine Dubois. Précisons que sa sœur Léonie joue pour l’une des équipes adverses. « J’aime vraiment, ça nous permet de jouer contre les meilleures joueuses au monde et de garder la forme. »
Le niveau est élevé mais il n’y pas que l’aspect sportif puisque ce tournoi se déroule aussi et surtout pour une œuvre de bienfaisance : « oui, en plus nous jouons pour une bonne cause, le cancer du pancréas. Je voulais absolument revenir au Québec durant l’été pour pouvoir jouer dans cette ligue. » Alice Philbert joint donc l’utile à l’agréable, avant de rejoindre Bolzano pour se rapprocher encore un peu plus de son rêve olympique. Forza Alice !
Alice Philbert dit « non » à Marie-Philip Poulin, puis à Evelyne Blais-Savoie! 🙅♀️
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MPP on a breakaway. Evelyne Blais-Savoie on a penalty shot.
Alice Philbert shuts the door! 🙅♀️@theLSHL pic.twitter.com/7JHGMvlixa— La Poche Bleue (@lapochebleue) July 16, 2025










































