On entame la quatrième journée de CHL, la dernière de cette rentrée. Les deux adversaires du soir ont eu des résultats bien différents dans une soirée aux festivals offensifs. Grenoble a remporté une victoire historique à Bremerhaven (5-8) et Berlin a pris l’eau à domicile contre le Lukko Rauma (6-2).
Ce soir, c’est le champion de France que les Eisbären reçoivent dans leur patinoire ancestrale du « Welli » (voir histoire du club). Leur entraîneur Serge Aubin reste sur sa faim : « Nos deux derniers matchs n’ont pas été assez bons. Je m’attends à une réaction. La victoire de Grenoble à Bremerhaven a démontré le niveau élevé de la CHL. Toutes les équipes sont bonnes. Nous devons recommencer à jouer le hockey des Eisbären. Nous avons besoin de points. »
L’attaquant britannique Liam Kirk est concentré : « Nous voulons montrer notre vrai visage. Grenoble a prouvé qu’il méritait de jouer en Ligue des champions. Nous devons nous concentrer sur notre jeu. Je suis optimiste quant à notre victoire lorsque nous jouerons à nouveau notre hockey. »
La patinoire est chauffée à blanc par les supporters et ceux-ci sont heureux, car leur équipe va jouer en power-play. Oui, il ne faut que cinq secondes pour qu’Alexandre Mallet parte en prison pour cinglage. La sanction est immédiate avec un tir dans le trafic de Liam Kirk (1-0).

Les Berlinois imposent un rythme infernal de vitesse. Les Grenoblois doivent s’accrocher par les ongles pour le tenir le choc. Mais cela va beaucoup trop vite, Grenoble ne voit pas la lumière du jour. Alors que les BDL parviennent à monter le puck à l’avant, Lean Bergmann s’enfuit tout seul et il faut un arrêt décisif de Pintarič (5’00). Et la vitesse de patinage continue, Berlin asphyxie les isérois et organise un jeu de passes précises millimétré. Sur une nouvelle pénalité, Marcel Noebels place un tir ras glace qui passe juste en dessous de la botte du portier slovène (2-0).
Grenoble est en situation d’urgence à tous moments mais le gardien multiplie les arrêts. Ty Ronning est incroyable de vitesse et de rapidité dans le tir. Yannick Veilleux est pénalisé pour un slashing, ce qui permet à Jake Hildebrand de se réveiller avec un tir qui tape son épaule (10’20). À noter la vitesse de Théo Gueurif qui s’echappe et voit son tir dévié (14’35). Grenoble met le nez à la fenêtre et commence à s’adapter et à sortir de son rythme Magnus. Les champions de France commencent à remporter quelques duels de conquête. En zone défensive, ils bloquent plusieurs tirs. La période se termine sur un coup de coude de Crinon.

Grenoble a subi la tempête des ours polaires et entame la deuxième période en infériorité. Même conséquence, mais cette fois avec une mise au jeu en zone défensive vite captée par les Allemands. Ronning crucifie le portier grenoblois (3-0).
On pourrait penser que les Français allaient couler mais au contraire, c’est la dynamique qui s’impose. Lors d’une sortie de zone rapide, Treille conclut d’un bon tir (21’59). Alexis Binner envoie une violente crosse au visage de Ronning et, après vidéo, écope de 2’ plus 2’. Sacha Treille parvient à contrer et défensivement le jeu grenoblois est efficace. Le jeu de puissance allemand est tout simplement hallucinant de vitesse et de précision, mais la boîte grenobloise ne laisse aucun espace libre. La pénalité est tuée et dans l’autre sens Jonas Müller écope de la même sanction pour la même infraction. Et c’est encore le feu follet Bergmann qui s’échappe, en infériorité face à Pintarič qui a le dernier mot. Sacha Treille trouve l’ouverture après un premier tir et pris son propre rebond (3-1).
Dans la foulée, Beauchemin tire dans le trafic (3-2). Et encore Lean Bergmann se crée une occasion, du revers, en solo. Mais Boivin entre en zone offensive et Treille fait la reprise suite au rebond (3-3). Incroyable, les Brûleurs de Loups ont fait leur retard sur cette pénalité, grâce aux règles spécifiques de la CHL qui la font durer intégralement.
Ce retour en flamme déstabilise les locaux qui en perdent leur latin et leurs palets. Mais l’arbitre siffle un surnombre contre Grenoble. Les champions de France tiennent le choc jusqu’au dernières secondes de la pénalité. Reinke envoie le palet dans le trafic, provoquant un énorme rebond que Blaine Byron propulse dans les filets (4-3). C’est la soirée des pénalités avec Veilleux qui est sanctionné pour un crosscheck violent, en zone offensive. On en termine là avec une pénalité à poursuivre en troisième période.

Boivin remet le feu dès le début avec un magnifique one timer. Jake Hildebrand, solide, ne laisse aucun rebond (40’28). Au retour à cinq, Petter Birkheim Andersen rate sa relance derrière sa cage et provoque un tir dangereux de Leo Pföderl (41’20). La machine grenobloise tourne à plein régime en défense pour capter des palets et vider la zone défensive. Le système est solide et appliqué et Berlin commence à buter sur ce dispositif. Par contre durant ce temps fort berlinois on ne peut pas leur enlever la qualité et la justesse des passes, bien supérieures à l’habileté des Français. Pourtant, cela ne suffit pas pour traverser le rideau défensif.
La partie se transforme en bataille de conquête permanente. Le contre rapide allemand Byron/Bergmann ne permet pas à ce dernier de reprendre en pleine course (52’05). Après une énorme bataille dans la bande, Valentin Grossetête obtient le palet et l’envoie dans une lucarne astronomique. Le jeune Français marque un but exceptionnel (4-4). Les joueurs de Serge Aubin n’ont plus le choix et font un pressing de tous les diables. Les défenseurs bloquent les tirs et enfin Pintarič se jette sur le dernier palet dévié par un patin d’Axel Prissaint, lors d’une ultime infériorité.
Les Grenoblois signent un exploit d’aller chercher un point sur la glace des champions d’Allemagne et ont démontré un physique et une organisation défensive redoutable.

En mort subite, c’est le festival offensif qui débute. On retrouve Pföderl avec une reprise en pleine course, Noebels dont le tir est capté de la mitaine. Bachelet, en deux contre un avec Leclerc, reprend à côté. Noebels, seul, tire sur le portier. C’en est fini, il faut en venir à la fusillade.
Aurélien Dair dribble et contourne Hildebrand : 0-1
Liam Kirk évite le gardien et son revers n’est pas cadré
Le tir de Sacha Treille transperce Hildebrand 0-2
Leo Pföderl tire sur Pintarič
Christophe Boivin tire sur le portier
Le shoot de Ty Ronning transperce Pintarič et retombe, freiné, dans la cage 1-2
Matias Bachelet voit son tir dévié.
Tout repose sur Andreas Eder dont le tir est non cadré
François Beauchemin évite Hildebrand et marque, 1-3
Les champions de France signent un exploit remarquable et ont fait mordre la glace aux champions d’Allemagne. Clairement, Grenoble n’avait pas les mêmes armes mais a remis le bleu de chauffe et a haussé le niveau pour gagner en intensité. La défense a été remarquable et le mental y a sûrement fait aussi. Les clubs français ont peut-être également un problème de confiance pour aller challenger les équipes réputées favorites.
Deux victoires en déplacement, Grenoble peut revenir à la maison avec le sentiment du devoir accompli. La CHL est vraiment une compétition passionnante avec de nombreuses équipes réputées plus faibles qui renversent la hiérarchie. Ces deux victoires font un bien fou pour le hockey français.
Réactions d’après match :
Serge Aubin (entraîneur de Berlin) : « Nous sommes évidemment déçus d’avoir laissé filer l’avantage 3-0. Nous avons bien commencé le match et avons semblé très frais en première période. Les unités spéciales ont joué un rôle décisif aujourd’hui. Nous avons réussi à marquer quatre buts en supériorité numérique. Cependant, les trois buts de Grenoble en supériorité numérique ont fait basculer l’avantage aux Français. »
Jonas Müller (défenseur de Berlin) : « Nous aurions dû gagner aujourd’hui. À cinq contre cinq, nous avons mieux joué aujourd’hui que vendredi. Matija Pintarič a réalisé de superbes arrêts pour Grenoble. Le jeu de puissance a bien fonctionné pour les deux équipes. Nous devons maintenant nous concentrer sur le match de mardi contre Dresde. Ce sera un match difficile. »
Sacha Treille (capitaine de Grenoble) : « Je pense que c’est encore meilleur que contre Bremerhaven, pour deux raisons. La première, c’est que c’est une équipe qui a encore plus de qualités, et la deuxième, c’est qu’on revient d’un 0-3 à Berlin sur leur glace. Donc je pense qu’elle est encore plus jolie. Le début de match délicat, ça reste de l’inconscient parce qu’on s’était donné comme mission d’enchaîner deux belles performances mais il y a aussi ces pénalités qui nous font du mal. Après, on a su profiter des opportunités qui se sont présentées, notamment avec le power-play qui a encore bien marché. C’est sûr que déjà qu’on perd Aurélien Dair au combat avec une lèvre coupée en deux donc c’est énervant mais à côté de ça, on sait qu’en CHL c’est une grosse opportunité d’avoir quatre minutes de supériorité, donc on avait à cœur de faire mal, de revenir petit à petit dans le match et c’est ce qui est arrivé. On se présente pour gagner, après ce serait mentir de dire qu’on voulait gagner ces deux matchs. On allait les jouer un par un, il en reste encore deux et on va se présenter de la même façon. Mais avant ça, on va devoir ramener ce qu’on arrive à faire ici dans notre propre ligue. On sait que c’est pas toujours simple de faire la transition, on l’a vu par expérience, que ce soit nous ou Rouen il y a quelques années. Donc c’est à nous d’être concentrés, d’arriver le plus affûtés possible contre Bordeaux dès vendredi parce que ça s’annonce un gros match. Ils vont avoir envie de nous battre, d’autant plus avec ces deux résultats, on va être l’équipe à battre… Ce n’est pas tous les jours qu’on gagne deux matchs en Allemagne. Avec le long voyage retour, on a deux jours off, ce qui est bien aussi. Mais on a une petite heure pour profiter tous ensemble avant que tout le monde parte, on va continuer à bosser pour nos futurs objectifs. Au final, maintenant on a un pied dans la qualification, est-ce qu’on veut y rester ? Oui. Est-ce que ce sera dur ? Oui, extrêmement dur mais on a vu encore une fois ce soir que rien n’est impossible dans le hockey, surtout avec ce genre de règles, donc à nous d’être disciplinés et de profiter des opportunités adverses. Il nous reste Lausanne à la maison, et après le dernier au Sparta donc deux très grosses équipes mais encore une fois on sait qu’on peut avoir une qualif au bout donc on va y aller à 300%. »
Valentin Grossetête (attaquant de Grenoble) : « Très grosse joie avec cette victoire aux pénalités, franchement incroyable comme on perdait en plus 3-0, mais on a réussi à remonter. C’est une victoire incroyable. Sur mon but, j’avoue que je suis parti dans le coin, j’ai shooté comme ça, je ne savais pas trop où shooter, je ne voyais pas trop la cage ni rien donc on va dire que c’est un peu de chance. Mais franchement le but incroyable, il est là, ça fait du bien de remonter à 4-4. Ça faisait un moment que je n’avais pas marqué [avec Grenoble], depuis novembre, ça fait vraiment du bien. Ces deux buts-là, ils me redonnent confiance en moi, j’espère que ça va continuer pendant la saison. On espère encore gagner un match en CHL pour pouvoir être qualifié, là maintenant c’est un très grand objectif donc on va tout faire pour. »
Eisbären Berlin – Grenoble 4-4 (2-0, 2-3, 0-1, 0-0) / 1-3 aux tirs au but
Dimanche 7 septembre 2025 à 19h30 au Wellblechpalast. 3543 spectateurs.
Arbitres : Christopher Schadewaldt (ALL) et Cyril Debuche (FRA) assistés de Vincent Brüggemann et Kai Jürgens (ALL)
Pénalités : Berlin 8’ (2’, 6’, 0’, 0’) ; Grenoble 14’ (6’, 6’, 2’, 0’).
Tirs : Berlin 41 (14, 8, 14, 5) ; Grenoble 24 (8, 8, 4, 4)
Évolution du score :
1-0 à 01’58” : Kirk assisté de Reinke et Noebels (sup. num.)
2-0 à 07’16” : Noebels assisté de Kirk et Reinke (sup. num.)
3-0 à 20’46” : Ronning assisté de Müller et Veilleux (sup. num.)
3-1 à 32’53” : Treille assisté de Boivin et Beauchemin (sup. num.)
3-2 à 33’36” : Beauchemin assisté de Binner et Treille (sup. num.)
3-3 à 35’20” : Treille assisté de Mallet et Boivin (sup. num.)
4-3 à 38’22” : Byron assisté de Reinke et Noebels (sup. num.)
4-4 à 53’55” : Grossetête assisté de Leclerc
Eisbären Berlin
Attaquants :
Eric Hördler (-1) – Blaine Byron (-1) – Lean Bergmann (-1)
Liam Kirk – Leonhard Pföderl – Ty Ronning
Frederik Tiffels – Markus Vikingstad – Yannick Veilleux (4’)
Marcel Noebels – Andreas Eder – Manuel Wiederer
Défenseurs :
Korbinian Geibl (-1) – Erik Mik (-1)
Jonas Müller (4’) – Mitch Reinke
Adam Smith – Norwin Panocha
Gardien :
Jake Hildebrand
Remplaçant : Jonas Stettmer (G). Absents : Markus Niemeläinen (blessé), Marco Nowak (épaule), Kai Wissmann (main gauche), Matej Leden.
Grenoble (2’ pour surnombre)
Attaquants :
Christophe Boivin – François Beauchemin – Alexandre Mallet (2’)
Sacha Treille – Fredric Weigel – Aurélien Dair
Hugo Raveaud – Matias Bachelet (+1) – Guillaume Leclerc (+1)
Valentin Grossetête (+1) – Théo Gueurif – Sacha De Smitt
Nathan Riu
Défenseurs :
Alexis Binner (+1, 8’) – Pontus Englund (+1)
Juho Rautanen – Petter Birkheim Andersen
Axel Prissaint – Pierre Crinon (2’)
Antoine Fertin
Gardien :
Matija Pintarič
Remplaçant : Jakub Štěpánek (G). Absents : Nicolas Deschamps (genou), Adel Koudri (pied).










































