Beau et frustrant à la fois

La Suède a finalement inscrit dans son effectif le vétéran Michael Nylander, que l’on verra beaucoup manier le palet à son habitude. Le défenseur Jonathan Ericsson, le frère de l’attaquant Jimmie, est arrivé de Detroit mais ne joue pas encore ce soir. Le grand espoir Jacob Markström fait logiquement ses débuts en championnat du monde dans les cages scandinaves à la place d’un Gustavsson moyen avant-hier.
Changement de gardien aussi côté français avec le remplacement de Lhenry (qui avait subi les foudres de Tre Kronor à Québec puis à Berne) par Eddy Ferhi, qui commence avec le soutien des supporters de l’équipe de France dans son dos. C’est aussi la grande rentrée pour Stéphane Da Costa après deux semaines sans jouer à cause d’une élongation à la cuisse.

Les Français temporisent face à des Suédois qui ne sont parfois pas du tout décidés à les presser, surtout quand c’est à Linus Omark de le faire : une passivité un peu surprenante de la part des favoris, car ce ne sont pas eux qui ont intérêt à laisser tourner le chronomètre. Peut-être cela vient-il du fait qu’Omark s’est fait tirer les oreilles avant-hier : il préfère ne pas s’engager au forechecking, comme ça aucun risque de se faire engueuler sur son repli défensif. Pas sûr que cela soit la méthode pour récolter des lauriers tactiques.

La Suède marque sur sa première occasion en deuxième période, un tir en entrée de zone de Jonas Andersson sur lequel la mitaine d’Eddy Ferhi se lève trop tard (2-0, 22’34 »). « Mamma Mia », peuvent chanter les Français, puisque c’est ABBA qui a été choisi par les organisateurs pour célébrer le but suédois. Ferhi s’interpose devant Wallin et Weinhandl dans le slot, mais Hecquefeuille réplique par un contre solitaire conclu par un revers en angle dans les bottes.

La France se montre plus offensive pendant les minutes suivantes, avec une percée de Pain détournée par un bon poke-check de Markström. Elle a cependant toujours des difficultés dans la construction du jeu. Comme en fin de première période, elle se met alors à concéder des dégagements interdits, au début sans être menacée, puis en le devenant. Le scénario ne se répète pas à l’identique car la France n’encaisse pas de but cette fois. Ferhi assure l’essentiel en parant du bouclier une reprise au second poteau de Bäckman, et un dernier tir de Hedman avant la sirène après une perte de palet de Bachet.

La nouvelle première ligne Tardif-Meunier-Treille, déjà testée au cours du deuxième tiers, fête son baptême. Meunier gagne la mise au jeu dans sa zone défensive pour Tardif, et l’action se poursuit. La Suède récupère le palet dans le fond de sa zone, mais le cafouille bizarrement : il traîne dans l’axe, Yorick Treille ne se pose pas de questions et le prend comme il vient, en lucarne (3-1, 44’34 »). Pour l’illustration sonore des buts tricolores, les supporters s’en occupent et font dans le basique : la Marseillaise.
À douze minutes de la fin, Eddy Ferhi, qui est lessivé après 40 tirs, demande à être relevé par Fabrice Lhenry, à son tour salué par le kop français dans son dos.
La dernière supériorité numérique française donne lieu à une bonne montée offensive de Yohann Auvitu qui appelle le palet en frappant la glace et reçoit la passe du revers de Stéphane Da Costa. Le tir est assez bien placé, mais Jacob Markström le repousse avec sa plaque. La défense suédoise a été prise en défaut de placement sur cette montée rapide des tricolores, mais ils n’arrivent pas à construire le jeu pendant le reste des deux minutes et concèdent même un dégagement interdit.

Il devient possible d’égaliser et de croire au miracle. Stéphane Da Costa hérite le palet à la bleue offensive, mais voit la rondelle lui échapper à l’approche de la cage. Hecquefeuille tente à son tour sa chance depuis l’aile droite, mais Markström est à la parade (58’37 »). Dave Henderson utilise alors son temps mort avant la mise au jeu en zone offensive. La phase de 6 contre 5 ne donnera rien, mais on notera au passage que le jeune défenseur offensif Yohann Auvitu a suffisamment gagné ses galons pour être aligné dans ce moment-clé.
En soi, la prestation française est très encourageante, avec de nets progrès par rapport au premier match. Le seul point noir est que personne n’arrive à contrôler le jeu à la bleue pour installer proprement le jeu de puissance. Ce matin, tout le monde aurait signé pour ce score bien meilleur que toutes les prédictions. Mais personne n’aurait signé en revanche pour une victoire norvégienne contre les Tchèques qui change la donne dans ce groupe… Malheureusement, ce résultat est aussi honorable qu’inutile.
La France essaiera de battre la Norvège jeudi puis soutiendra les Tchèques dans la soirée pour qu’ils prennent un point contre les Suédois. Si ce n’est pas le cas, tant pis, cette équipe de France-là a le potentiel de battre l’Italie et le Kazakhstan en poule de maintien.
Désignés joueurs du match : Magnus Johansson pour la Suède et Kévin Hecquefeuille pour la France.
Commentaires d’après-match
Bengt-Åke Gustafsson (entraîneur de la Suède) : « Je suis très heureux de la victoire face à une bonne équipe de France qui a su mettre la pression sur notre défense. Je ne suis pas vraiment heureux de ce qu’on a fait. On aurait pu capitaliser sur nos occasions, et le match aurait été fini. Mais à 3-0 ça peut aller vite. […] Rester à attendre en zone neutre, ce n’était sûrement pas notre plan de jeu ! Nous voulions être agressifs, mais nous avons été passifs en première période et j’ai dû corriger ça à la pause. »

Stéphane Da Costa (attaquant de la France) : « Dès le début on s’est fait dominer, mais ensuite on a su élever notre jeu, et tout le troisième tiers, on dominait. Je me suis entraîné pendant cinq-six jours, je me sens bien. Il y a toujours un risque mais il faut y aller. Je n’ai pas beaucoup joué au premier tiers, j’y suis allé mollo, et comme ça passait j’ai plus joué. […] La glace n’était pas terrible et le palet a sauté de ma palette au moment où j’amorçais mon mouvement. C’est de la malchance, ça arrive, mais c’est rageant à ce moment-là du match. »
Luc Tardif junior (attaquant de la France) : « C’est sûr qu’on a joué une des meilleures nations mondiales et qu’on a la place d’aller chercher un point, c’est frustrant. Mais on n’a jamais baissé les bras, on a joué très physique, on a gagné beaucoup de duels. Le résultat de la Norvège, ça nous a boostés. On s’est dit ‘pourquoi pas nous’. On a joué à la cage, comme on sait jouer. On est bien dans nos têtes. […] Quand j’ai freiné, j’ai vu que le gardien n’était pas très bien placé au premier poteau. Je tente, je la mets sous la barre, il y a une part de chance aussi. »
Yohann Auvitu (défenseur de la France) : « C’est dur d’avaler la défaite. On a encore un début de match difficile, ce n’est pas facile de se mettre dedans contre une grosse nation. On n’a pas de point, le résultat n’est pas là, mais c’est de bon augure contre la Norvège. […] J’ai encore deux ans de contrat en Finlande à Jyväskylä, ils me forment pour que je devienne pro, et mon but est de jouer en SM-liiga. Je joue ailier, mais en play-offs on avait quatre blessés en défense, et ils m’ont mis à ce poste comme ils savent que j’y évolue en équipe de France. Je sais qu’on me dit que je deviens défenseur petit à petit, c’est mon objectif, mais si on me demande de jouer à l’aile, j’irai. »
Suède – France 3-2 (1-0, 2-0, 0-2)
Mardi 11 mai 2010 à 20h15 à la SAP Arena de Mannheim. 3268 spectateurs.
Arbitrage de Vladimir Baluska (SVK) et Jari Levonen (FIN) assistés d’Andreas Kowert (ALL) et Miroslav Valach (SVK).
Pénalités : Suède 6′ (2′, 2′, 2′), France 6′ (2′, 2′, 2′).
Tirs : Suède 45 (17, 17, 6+5), France 23 (7, 8, 8).
Évolution du score :
1-0 à 17’49 » : Gunnarsson assisté d’Omark et Persson
2-0 à 22’34 » : Andersson assisté de Nylander
3-0 à 27’44 » : Harju assisté d’Omark et Bäckman
3-1 à 44’34 » : Y. Treille
3-2 à 54’05 » : Tardif assisté de S. Da Costa et Amar
Suède
Gardien : Jacob Markström.
Défenseurs : Victor Hedman – Magnus Johansson (C) ; Carl Gunnarsson – Erik Karlsson ; Oliver Ekman-Larsson – Christian Bäckman.
Attaquants : Jimmie Ericsson – Tony Mårtensson – Marcus Nilson ; Magnus Pääjärvi-Svensson – Rickard Wallin (A) – Mattias Weinhandl ; Linus Omark – Niklas Persson (A) – Johan Harju ; Jonas Andersson – Andreas Engqvist – Michael Nylander.
Remplaçant : Anders Lindbäck (G). En réserve : Jonas Gustavsson (G), Jonathan Ericsson (arrivé aujourd’hui).
France
Gardien : Eddy Ferhi puis Fabrice Lhenry à 48’03 ».
Défenseurs : Baptiste Amar (A) – Vincent Bachet (A) ; Nicolas Besch – Antonin Manavian ; Thomas Roussel – Yohann Auvitu ; Benoît Quessandier.
Attaquants : Yorick Treille [puis Tardif à 40′] – Laurent Meunier (C) – Damien Raux [puis Y. Treille à 40′] ; Pierre-Édouard Bellemare – Kévin Hecquefeuille – Stéphane Da Costa ; Anthoine Lussier – Laurent Gras – Erwan Pain ; Sacha Treille – Brian Henderson – Luc Tardif [puis Raux à 40′].
En réserve : Teddy Da Costa (ménisque).
 
			 
                                





























 
			










