Le Bélarus se prépare très activement au championnats du monde. Son staff était très pressé de récupérer l’enregistrement de France-Canada, afin d’analyser le jeu de deux de ses adversaires en poule. Pour ce qui est de la dernière équipe du groupe, la Suisse, c’est encore plus simple : les Biélorusses viennent directement l’affronter chez elle, alors qu’elle vient juste de récupérer les huit finalistes de LNA.
Après avoir obtenu 3 victoires sur 4 rencontres face aux Russes et Tchèques, difficile pour le sélectionneur suisse Sean Simpson de renvoyer du monde à la maison. Tout le monde mériterait de rester, mais 30 joueurs, c’est trop. Les bilans de santé peuvent aider. Raphael Diaz (commotion) et Goran Bezina (dos) sont finalement aptes. Mais pas Patrick von Gunten (Kloten), pas remis de sa blessure musculaire à la poitrine en demi-finale, ni Paul Savary, pas guéri de ses adducteurs douloureux. Ils ne sont donc plus que 28. Cela permet à la Suisse de cacher son jeu pour le Mondial en reposant son premier bloc.
Même s’il a un encadrement fourni avec cinq entraîneurs dont un pour les gardiens, le Bélarus est toujours économe dans ses déplacements. Ce n’est pas la première fois qu’une partie de son équipement reste à quai parce qu’il n’y a pas de place de l’avion, un Fokker 100. Il manque le bagage avec les crosses et les équipement de gardiens, qui sont arrivés à midi le jour du match. C’était bien la peine d’arriver la veille… N’ayant pu s’entraîner le matin au créneau prévu, le Bélarus se présente donc « à froid » dans une patinoire de Langenthal bien remplie.
Les visiteurs sont surtout inquiets pour leur défense. Vladimir Denisov – qui joue en LNA suisse à Ambrì-Piotta, se remet de problèmes de genou, et la forme des deux renforts « nord-américains » Korobov et Gotovets est regardée de près, surtout celle du second dont la saison universitaire est terminée depuis longtemps. Pourtant, au vu du match, les blancs feraient bien de se préoccuper un peu plus de leur attaque, peu percutante. Les gardiens suisses Leonardo Genoni et Tobias Stephan se sont partagés un blanchissage presque facile.
La partie avait pourtant débuté avec une bonne intensité. La Suisse pressait bien sûr le porteur du palet adverse mais, ô surprise, le Bélarus aussi. À la sixième minute, Kalyuzhny dévie le palet envoyé de la bleue par Sergei Kolosov pour la première belle occasion. Mais la Suisse ouvre le score sur une superbe transition rapide : Victor Stancescu entre en zone offensive dans l’axe, fait une passe-abandon à Philippe Furrer qui décale sur la gauche Morris Trachsler pour un tir croisé du poignet fulgurant en pleine lucarne (1-0). Sur l’action suivante, Daniel Rubin aurait pu exploiter un palet traînant face au but, mais son tir est paré par Evgeni Kovyrshin qui s’est placé aux côtés de son gardien.
Le début de la deuxième période est la seule phase où le Bélarus met vraiment en danger le gardien local, Genoni à ce moment-là. Mais alors que la crosse de Ramholt dans l’entrejambe de Demagi a échappé aux arbitres, ce n’est pas le cas de celle de Grabovski qui blesse involontairement un Suisse : 2’+2′, et le match bascule dans la seconde partie de la prison. Stancescu concrétise dans le slot un palet envoyé de la bleue par Du Bois, et « l’Aviateur » de Kloten s’offre ainsi un billet pour le Mondial slovaque. Une minute plus tard, Kolosov contrôle mal en zone neutre un long dégagement, c’est un 2 contre 1 parfaitement joué par Thomas Déruns et Romano Lemm. L’arrêt en grand écart d’Andrei Mezin est spectaculaire et magnifique, mais il perd de vue le rebond que Julien Sprunger vient envoyer au fond (3-0).
La Suisse résiste à 3 contre 5 avant la pause et passe une dernière période tranquille. Sur un one-timer de Stepanov dans le cercle gauche, le palet reste sous la botte droite de Stephan qui a un peu de réussite pour préserver sa cage inviolée et maintenir la concurrence avec Genoni pour la place gardien numéro 1. Paolo Duca aurait pu ponctuer la rencontre d’un quatrième but sur une reprise dans l’axe qui frôle le poteau après un centre de Rubin qui a transpercé à pleine vitesse le statique Denisov à la ligne bleue.
La déception sera plus grande au réveil pour le Tessinois, quand il apprendra qu’il rentrera à la maison, en même temps que Robin Grossmann et John Gobbi : nommé capitaine au début de la préparation, Duca pensait bien être enfin adoubé titulaire en sélection, mais il est retranché de l’effectif pour la septième fois avant un championnat du monde…
Commentaires d’après-match :
Sean Simpson (entraîneur de la Suisse) : « Nous devons amener avec nous cette performance et cet esprit en Slovaquie. Si on gagne presque tout en préparation et rien aux championnats du monde, cela n’ira pas ensemble. Nous restons les pieds au sol, nous apportons le positif – beaucoup de confiance en soi – en Slovaquie, et nous espérons le mieux pour la semaine prochaine. Nous avons super bien joué aujourd’hui mais, après une nuit de sommeil, nous devrons prendre des décisions très difficiles demain. Tous ceux qui étaient là ont tout donné, ils veulent jouer pour la Suisse, dommage de ne pouvoir emmener tout le monde mais ce n’est pas possible. »
Kevin Lötscher (attaquant de la Suisse) : « Pouvoir participer à des Mondiaux, c’est le rêve de beaucoup de joueurs. Je me réjouis d’y être, c’est cool. J’ai tout donné durant la préparation et le coach a visiblement apprécié mon jeu. Je l’espérais. Mais pour être honnête, en début de saison, je ne pensais pas avoir l’opportunité de participer à des Mondiaux. Loin de là. Je voulais surtout montrer que j’avais les qualités pour évoluer dans un grand club [NDLR : il quittera Bienne pour Berne la saison]. L’équipe de Suisse n’était pas dans mes plans. Maintenant, je ne vais évidemment pas dire non au coach ! J’ai admiré ces joueurs à la télé. Maintenant, je joue avec eux. Pouvoir les côtoyer aux entraînements, partager leur vécu, c’est une énorme chance. »
Eduard Zankovets (entraîneur du Bélarus) : « Il n’y avait pas assez de mouvement, et surtout cela manquait d’agressivité saine à la conclusion des attaques. Il y a néanmoins des motifs d’optimisme, en particulier notre jeu en infériorité numérique. [Parmi les deux renforts défensifs] j’ai préféré Sergei [Kolosov]. Je ne dirais pas que sa titularisation est réglée, mais ses chances augmentent. Kirill [Gotovets] a eu de sérieux problèmes au cours de ce match. »
Suisse – Bélarus 3-0 (1-0 2-0 0-0)
Samedi 23 avril 2011 à 16h00 au Schoren de Langenthal. 3550 spectateurs.
Arbitres : Danny Kurmann et Brent Reiber (SUI) assistés de Roger Arm et Michael Küng (SUI).
Pénalités : Suisse 10′ (2′, 6′, 2′) ; Bélarus 16′ (4′, 8′, 4′).
Tirs : Suisse 31 ; Bélarus 16.
Évolution du score :
1-0 à 10’28” : Trachsler assisté de Furrer et Stancescu
2-0 à 33’18” : Stancescu assisté de Trachsler et Du Bois (sup. num.)
3-0 à 34’18” : Lemm assisté de Déruns et Sprunger
Suisse (4′ pour surnombre)
Attaquants :
Thibaut Monnet (2′) – Andres Ambühl – Kevin Lötscher
Thomas Déruns (+1) – Romano Lemm (+1) – Julien Sprunger (+1)
Victor Stancescu (+1) – Morris Trachsler (+1) – Matthias Bieber (+1)
Simon Moser – Daniel Rubin – Paolo Duca
Défenseurs :
Goran Bezina (C, +1, 2′) – Raphael Diaz (+1)
Beat Gerber – Félicien du Bois
Robin Grossmann – Tim Ramholt
Philippe Furrer (+1) – John Gobbi (+1)
Gardiens :
Leonardo Genoni puis à 29’48” Tobias Stephan
En réserve : Daniel Manzato (G), Mathias Seger, Julien Vauclair (D), Ryan Gardner, Martin Plüss, Ivo Rüthemann (A).
Bélarus (4′ pour surnombre)
Attaquants :
Dmitry Melehsko – Andrei Stas (2′) – Aleksei Ugarov
Aleksandr Kulakov – Aleksei Kalyuzhny – Mikhaïl Grabovsky (4′)
Andrei Stepanov – Aleksandr Kitarov – Sergei Demagin
Evgeni Kovyrshin – Sergei Drozd – Aleksandr Pavlovich (2′)
Défenseurs :
Vladimir Denisov – Nikolai Stasenko
Viktor Kostyuchenok – Dmitri Korobov
Sergei Kolosov (2′) – Aleksandr Ryadinski
Kirill Gotovets (2′) – Oleg Goroshko
Gardien :
Andrei Mezin
Remplaçant : Dmitri Milchakov (G). En réserve : Vitali Koval (G, examen médical mardi à Munich), Andrei Mikhalev (malade).