Après la défaite à domicile contre Amiens, nous pouvions espérer une réaction des Dragons contre Mulhouse sur l’île Lacroix. Même amoindris par les absences de quatre titulaires (Guttig, Cantagallo, Reynaud et Nesa), les coéquipiers de Flood devaient, a minima, gagner pour rester en embuscade derrière Angers, et si possible, avec la manière, pour se racheter de l’échec dans Le derby.
Les Scorpions visitent Péchalat fatigués d’un match perdu la veille chez les Gothiques, justement, et privés de deux hommes (Nikita Shalei et Chad Pietroniro). Des absences qui contraignent Alexandre Gagnon d’aligner Corentin Cruchendeau en attaque et, sur un duo défensif, de faire appel, avec une très grande parcimonie, à la licence bleue du Strasbourgeois de 20 ans, Lélian Vix.
Les hommes de Fabrice Lhenry ont bien démarré, mais ils n’ont pas su capitaliser sur leurs deux premiers jeux de puissance. Les Normands se sont fait surprendre en contre. Les joueurs d’Alexandre Gagnon se sont rapidement projetés à l’offensive à trois contre un, puis retrouvé à quatre contre deux, lorsque Suoranta a été maladroit en contrôlant la rondelle en zone offensive, et que la tranchée ouverte par Yeo n’ait pas été couverte. Pintaric a d’abord sauvé l’essentiel en étant été monstrueux sur le court « one timer » de Boutin, pour s’incliner sur le long rebond laissé libre et finalement saisi par Pietrorino (0-1 à 11’11).
Le RHE a poursuivi ses bonnes intentions, mais est resté sous le danger des contres incisifs des Alsaciens. Enfin, les Noir-et-Jaune, le méritant, parviennent, à égaliser, grâce à une passe laser transversale de Tessier, sur la palette de Guimond, monté avec à-propos au poteau gauche (1-1 à 14’17) [Photo ci-dessous]. Les Rouennais vont bourdonner fortement aux oreilles de Morrone sans parvenir à le tromper une seconde fois dans le premier vingt.
La production du tiers médian a été beaucoup plus faible. Si les Scorpions se propulsent moins en attaque, ils sont aussi plus regroupés dans leur carré où Johnston, lancé, est le seul à être parvenu à se faire de la place sur la gauche (29’54). En infériorité, bien inspiré à l’interception, Théo Gueurif obtient la meilleure occasion des locaux. En échappée, son lancer court des poignets ne trompe pas Morrone (31’29).
Vigners tricote bien mais ce n’est pas efficace car il s’agglutine autour du premier poteau (33’33). Puis, Dorion est sanctionné pour 2+10’. Là, les Mulhousiens ne sont pas chanceux. En 27 secondes, Pistilli (34’41) puis Labelle (35’08) touchent les montants du but de Pintaric. Ces deux poteaux pourraient alimenter les conversations durant la deuxième pause, dans le vestiaire des visiteurs.
Les Scorpions modifient leur mire et piquent juste à leur retour sur la glace. Rouen joue sur les talons, Esipov suit Perrenoud qui a démêlé le palet des pieds de Yeo. Le jeune Mulhousien reprend le retour de tir de Desbiens, le joker haut-rhinois, remplaçant de Salituro (1-2 à 41’17) [photo ci-dessous]. Si grâce à Tomasino, Yeo use le cuir de la mitaine de Morrone en voulant égaliser (41’34), Labelle, lui, n’est pas loin d’apporter une cassure aux tableaux (43’38).
Vigners, dans le haut du cercle droit, parvient à égaliser sur un malentendu (palet dévié par un défenseur) lors du troisième power-play rouennais, alors que le Letton cherchait une déviation de Suoranta posté au voile de Morrone (2-2 à 46’15). Le troisième but des Seinomarins n’échappera qu’au chantre de la mauvaise foi ou aux aveugles. Le tir-passe de Chakiachvili est assuré dans le creux de la palette de Lampérier qui, dos à Morrone, contourne le gardien giclant du revers la rondelle dans les filets (3-2 à 48’51).
L’avantage est de courte durée car une fois encore les Normands ne sont pas réalistes pendant leur momentum. Caron échoue sur la solide botte de Morrone (49’32). Et surtout parce que les Alsaciens sont intelligents en plus d’être débonnaires. L’égalisation est exceptionnelle. C’est un coast to coast. Au bout de trois passes transversales qui prennent à revers le duo Flood-Yeo, le caoutchouc se trouve dans la crosse de Boutin monté en trombe dans l’enclave. L’arrière finit le travail (3-3 à 51’18).
Comme Rouen n’a plus l’agressivité collective suffisante pour arracher un dernier filet, et que Mulhouse est frustré par Pintaric, alors que Loizeau se jette sur un rebond (54’18), la foule, jaugée à 2000 présents à cause du protocole covid, assistera à une très courte prolongation.
Le surtemps durera 12 secondes au bout d’une superbe combinaison qui pourrait avoir été préparée par les Scorpions (à moins que la présence de Jurik seulement à l’engagement ne soit uniquement à cause de son habileté à gagner les mises en jeu). Jurik a gagné la mise au jeu. Pendant qu’Hecquefeuille conserve la rondelle, le joueur de centre retourne sitôt au banc. Le vétéran défenseur fabrique une passe lance-missile depuis son cercle gauche vers Pistilli qui est monté sur le glaçon, à la place de Jurik, discrètement dans le dos de Gilbert. En échappée, le Canadien crucifie Pintaric, d’un lancer frappé court coté mitaine (3-4 à 60’12) [photo ci-dessous].
Photos de Julien & Thierry Frechon
Commentaires d’après-match (dans Paris-Normandie) :
Fabrice Lhenry (entraîneur de Rouen) : « C’est un mauvais début d’année, la victoire à Bordeaux était une victoire en trompe-l’œil car les Bordelais n’étaient pas très en jambes. La situation se complique, on est désormais dans l’obligation de battre ceux qui sont devant nous. On se met la pression avant la réception de Grenoble mardi. Ce soir, on avait bien commencé, on a eu des occasions mais on n’a pas été efficaces. On manque d’intensité, les présences sont trop longues, et même si on n’a pas laissé grand-chose à Mulhouse, ce sont à chaque fois des grosses occasions qu’on leur a laissées. On manque de constance, il faut très vite réagir. »
Rouen – Mulhouse 3-4 après prolongation (1-1, 0-0, 2-2, 0-1)
Samedi 15 janvier 2022 à 20h00 au centre sportif Guy Boissière. 2000 spectateurs
Arbitres : Alexandre Bourreau et Benjamin Scolari assistés de Maxime Laboulais et Nicolas Messier.
Pénalités : Rouen 8′ (2’, 4+10’, 2’, 0’) ; Mulhouse 6′ (4′, 0′, 2’, 0’)
Tirs : Rouen 34 (13, 8, 13, 0) ; Mulhouse 25 (6, 5, 13, 1)
Supériorités : Rouen 1/3, Mulhouse 0/4
Évolution du score :
0-1 à 11’11 : Pietroniro assisté de Jurik et Boutin
1-1 à 14’17 : Guimond assisté de Tessier et Lampérier
1-2 à 41’17 : Esipov assisté de Perrenoud et Desbiens
2-2 à 46’15 : Vigners assisté de Chakiachvili et Gilbert (sup.num.)
3-2 à 48’51 : Lampérier assisté de Chakiachvili et Tomasino
3-3 à 51’18 : Boutin assisté de Pistilli et Lessard
3-4 à 60’12 : Pistilli assisté de Hecquefeuille et Jurik
Rouen
Attaquants :
Joris Bedin – Joël Caron – David Gilbert
Rolands Vigners – Andrew Johnston – Simon Suoranta
Loïc Lampérier (A) – Kelsey Tessier – Quentin Tomasino
Tommy Perret – Théo Gueurif – Jordan Hervé
Arrières :
Sacha Guimond – Marc-André Dorion
Dylan Yeo – Mark Flood (C)
Yoan Salve – Florian Chakiachvili (A)
Gardien :
Matija Pintaric (21 arrêts)
Remplaçant : Valentin Duquenne (G). Absents : Enzo Cantagallo, Joran Reynaud, Vincent Nesa (covid) et Anthony Guttig (commotion).
Mulhouse
Attaquants :
Jonathan Lessard (A) – Milan Jurik (A) – Matthew Pistilli
Jonathan Desbiens – Philéas Perrenoud – Olivier Labelle
Teemu Loizeau – Samuel Rousseau – Jordan Mugnier
Thimothé Quattrone – Antonin Germond – Corentin Cruchandeau
Arrières :
Shawn Boutin (A) – Phil Pietroniro
Ivan Esipov – Kevin Hecquefeuille (C)
Jerry Laasko – Lelian Vix
Gardien :
Anthony Morrone (31 arrêts)
Remplaçant : Isaac Charpentier (G). Absents : Nikita Shalei, Chad Pietroniro.