Du 14 au 16 octobre prochain, Angers accueillera dans le cadre de la Continental Cup, les Croates du KHL Sisak. Ces derniers ont obtenu leur qualification en remportant le premier tour de cette même compétition, le weekend dernier à Sofia (Bulgarie). Certifié comme étant le petit poucet de la compétition, le KHL Sisak à tout pour devenir la belle histoire de cette 25e édition de la «Conti Cup». Au fil des saisons, des délocalisations et conflits meurtriers, tentons de retracer l’histoire d’un club, qui aujourd’hui, au travers de ses exploits sportifs, contribue au développement de ce sport et ce, malgré le manque – voire absence – d’infrastructures.
Des débuts… compliqués.
L’histoire commence le 17 mars 1880 à Sisak, une ville située au sud de Zagreb. Certains pompiers volontaires de la ville fondent la «société croate de patinage», qui a pour but de développer et promouvoir la discipline à travers le pays. La société est à l’origine de l’apparition des premières patinoires du pays… du moins, lorsque les conditions météorologiques le permettent. Les décennies passent et en 1930, une discipline pointe le bout de sa crosse en Croatie : le hockey sur glace. Le 21 février de cette même année, deux équipes de lycéens s’affrontent pour ce qui restera dans l’Histoire du club, comme le tout premier match de hockey à Sisak. L’année qui suit, ce même 21 février, l’équipe de Sisak affronte une sélection nationale composée d’étudiants du même âge. Nous y sommes, l’histoire de ce qui deviendra – beaucoup – plus tard le KHL Sisak débute. Le club intègre l’Association Nationale de Patinage (ANP) en 1935 mais en est poussé vers la sortie trois hivers plus tard, faute de moyens.
Puisque poussé vers la sortie de l’ANP, la section hockey du club est transférée à Zagreb. Pendant plusieurs années, le club du HASK Zagreb va se battre pour les places de premier plan dans le championnat Yougoslave de hockey, terminant aux honorables 3e place en 1939 et 4e en 1940. Tandis que l’alliance entre Adolf Hitler et Joseph Staline vacille, le spectre de la seconde guerre mondiale vient frapper la Croatie, cosignataire du traité tripartite de l’Axe. Le pays plonge alors dans le chaos du front de l’Est en 1941 et Zagreb comme Sisak, deviennent théâtres des horreurs du Reich. Pourtant, il est toujours possible, même pendant les heures les plus sombres de l’Histoire d’assister à divers matchs de hockey sur glace. Le Hask Zagreb dispute son dernier match à l’hiver 1942.
Sisak reste une ville de hockey !
Alors que la guerre est désormais terminée, le hockey retourne à Sisak. Un peu moins de 10 ans après, la ville est de nouveau dotée d’un club de hockey sur glace, puisque l’UPS Forward Sisak voit le jour à l’automne 1946. Jusqu’en 1952, le club dispute le championnat Yougoslave et y performe correctement lorsque les conditions climatiques le permettent (le manque de glace entraînant plusieurs saisons blanches). Avant finalement de fusionner avec le club de Nafta, le 28 février 1952. Face au manque cruel de fonds, le club doit se résoudre à des oppositions internes jusqu’en 1954 où ils obtiennent finalement le financement pour intégrer le championnat, et même obtenir la promotion dans l’élite 5 ans plus tard. Le club ne retrouvera pas les sommets au cours des décennies suivantes. Il ne disputera d’ailleurs pas le moindre match entre 1965 et 1972 puisque la construction d’une patinoire entièrement artificielle et les conditions climatiques ne seront pas réunies avant le printemps. Au fil des innombrables changements de nom du club, la ville à découvert une discipline qu’elle prend en affect. Le club continue son bout de chemin dans le championnat yougoslave. Mais alors que la discipline se démocratise de ce côté du rideau de fer, le contexte politique et économique vient compliquer le développement du hockey. Le bloc soviétique commence à s’effriter au fil des années 1980 et la décadence économique du bloc entier empêche la création d’infrastructures nécessaires au développement de la pratique, notamment en Croatie. Les résultats du club désormais susnommé INA Sisak sont inconnus entre 1982 et le début des années 2000, puisqu’entre chute du bloc soviétique (1991) et guerre de Yougoslavie (1991-2001), le hockey n’avait finalement que peu sa place dans l’est de l’Europe.
Le KHL Sisak, une équipe semi-professionnelle pleine de promesses
Après une décennie de guerre, les choses se calment peu à peu et le hockey retrouve sa place dans le quotidien des habitants de Sisak. En 2008, l’INA Sisak change de nom – oui oui, encore une fois – et devient le KHL Sisak. Le club évolue dans le championnat croate (qui est composé de 4 équipes) et doit faire face à la domination des clubs de la capitale, Zagreb. Cependant, le club évolue également dans l’International Hockey League qui elle, abrite de nombreux clubs Slovènes, Serbes et Croates. Le club est donc inéluctablement un moteur du développement du hockey en Croatie, et ce malgré un manque flagrant d’infrastructures au niveau national. Longtemps dans l’ombre des clubs de la capitale, l’arrivée des universitaires David Anderson et Austin Wilk (USA) puis des Canadiens Sean Ramsay et Gabe Schovanek ont permis au club de faire un grand pas sur le plan sportif et de devenir le premier club non issu de la capitale à remporter le championnat national. Un véritable exploit pour un club semi-professionnel.
Ainsi qualifiés pour le premier tour de la Continental Cup, ils sont allés jusqu’à triompher, se qualifiant ainsi pour le tour suivant de la compétition. Luka Jarčov, joueur, entraîneur et manager général de l’équipe, voit cette victoire comme un pas vers la professionnalisation de l’équipe, qu’il espère d’ici à 3 ans, mais également comme un pas supplémentaire vers le développement du hockey en Croatie : «Les Croates sont talentueux dans plein de sports, mais pour le moment nous n’avons pas assez de patinoires pour développer le hockey sur glace. Vous pouvez voir ce que nous (Croates) sommes capables de faire lorsque nous avons les infrastructures nécessaires. Sisak est un bon exemple au travers de ce que nous avons accompli au cours des trois dernières années.» Désormais, reste à savoir où le KHL Sisak s’arrêtera dans cette compétition, car bien qu’avec 10 joueurs ayant un emploi tiers et dont la participation à ce second tour demeure incertaine, les Hommes de Luka Jarčov comptent bien rééditer l’exploit. Ils se rendront ainsi à Angers du 14 au 16 octobre prochain avec l’envie de montrer à l’Europe que David peut vaincre Goliath.
Calendrier de leurs prochains matchs en Continental Cup :
Vendredi 14 octobre 2022 : SC Miercurea Siuc – KHL Sisak (16h30)
Samedi 15 octobre 2022 : KHL Sisak – Ducs d’Angers (20h00)
Dimanche 16 octobre 2022 : TC Ferencvaros – KHL Sisak (14h00)