Ce fut une annonce-choc dans le hockey mondial le mois dernier : Mike Keenan, seul entraîneur à avoir remporté à la fois la NHL et la KHL, s’est engagé comme sélectionneur national de l’Italie, une équipe hors de l’élite mondiale ! Si le Canadien a choisi ce qui semble être un ultime défi, c’est pour la même raison que son dernier engagement en 2017 pour le Kunlun Red Star (où il avait été viré au bout de quelques mois) : la perspective des Jeux olympiques. Comme la Chine avant elle, l’Italie est la prochaine organisatrice des JO d’hiver, en 2026 à Milan et Cortina.
Depuis son départ de Pékin il y a cinq ans, la seule nouvelle de Keenan était l’annonce de son cancer de la prostate, qu’il a surmonté entre-temps. C’est donc une bonne nouvelle mais aussi une surprise de le voir retravailler, alors qu’il vient juste de fêter ses 73 ans. Du point de vue français, on était intrigué par ses possibles retrouvailles avec Philippe Bozon : c’est Keenan – alors un coach à la réputation dure et sulfureuse – qui avait mis fin à la carrière NHL du Français en arrivant sur le banc des Blues de Saint Louis. Le face-à-face n’aura pas tardé…
Six jours après son arrivée au camp d’entraînement à Bolzano (le staff italien avait fait la sélection à sa place pour ce premier tournoi puisqu’il ne connaissait pas encore les joueurs), Mike Keenan joue sa première finale. Il a pourtant débuté par une défaite en prolongation contre l’Ukraine. Mais l’Italie a ensuite battu les Slovènes, et ces derniers lui ont ensuite donné un coup de pouce en battant les Ukrainiens en prolongation. Alors qu’ils n’avaient plus la maîtrise de leur destin, les Italiens ont donc eu la bonne surprise de se qualifier en finale, où ils retrouvent la France, qui les avait battus au terme d’un match à grand suspense au dernier Mondial.
L’Italie a donc une revanche à prendre, et elle s’y emploie très vite. Après deux minutes et demie, Baptiste Bruche perd le palet à l’entrée de la zone neutre face à Pascal Brunner, qui échange avec Marco Sanna et ouvre le score d’un tir du poignet à mi-distance, côté plaque. Puis l’équipe de France se fait sanctionner pour un surnombre et l’ex-Mulhousien Phil Pietroniro trompe une seconde fois l’actuel gardien de Mulhouse, Quentin Papillon, d’un lancer balayé dans le cercle gauche. Menés 0-2 en à peine plus de quatre minutes, les Bleus doivent réagir, sans leur meneur offensif des jours précédents Guillaume Leclerc, laissé au repos ce soir. Davide Fadani réalise deux beaux arrêts devant les jeunes Grenoblois Aurélien Dair et Dylan Fabre. C’est finalement un autre membre des Brûleurs de Loups, Adel Koudri, qui réduit le score de près au rebond d’un tir de Fabre sur une contre-attaque rapide. Mais une minute plus tard, l’Italie a déjà repris ses deux buts d’avance par un tir flottant de la ligne bleue de Dylan di Perna.
Ce troisième but évitable a raison de Papillon, que Philippe Bozon remplace à la pause par Julian Junca. Les Français reviennent sur la glace bien plus forts et dominent nettement. Un tir de Kevin Bozon (en photo ci-dessus) frappe le poteau. Tomas Simonsen trouve le fond des filets après cinq minutes sur une action magnifique : il déborde Demetz sur son aile droite, repique devant la cage et marque du revers. Mais par la suite, Julian Junca a aussi pas mal de travail et s’illustre notamment face à Zanetti. Le score de 2-3 reste longtemps inchangé.
Au milieu du troisième tiers-temps, l’Italie concède deux pénalités presque consécutives. Après la crosse haute de Dante Hannoun, c’est le duo Frigo-Sanna qui se procure la meilleure occasion en infériorité numérique. Mais pendant que Di Perna est en prison (faire trébucher) et que les Italiens changent de lignes, Julian Junca relance vite vers le relais de Spinozzi à la ligne bleue offensive pour Dylan Fabre. Celui-ci a brillé techniquement dans ce match, et il inscrit finalement son premier but en équipe de France en plaçant son tir croisé sous la mitaine de Fadani.
Un second surnombre de la France (!) dans la dernière minute la met en difficulté en début de prolongation, mais elle s’en sort et la partie s’achève aux tirs au but. Les feintes victorieuses des Amiénois Simonsen et Bruche sont très belles, mais n’égalent pas celle de Pascal Brunner qui conclut à une main après une jolie feinte gauche-droite. Au sixième tir, Aurélien Dair essaie de répondre par un mouvement symétrique, bien exécuté, mais Davide Fadani ne se laisse pas avoir et bloque le palet du bout de la botte. Les fioritures sont finies : Enrico Miglioranzi conclut la séance sans s’embarrasser, par un gros slap en lucarne, et offre à l’Italie une victoire dans un tournoi, ce qui ne lui était plus arrivé depuis… plus de dix ans ! Mike Keenan a donc réussi ses débuts et Philippe Bozon n’aura pas pu savourer sa lointaine revanche.
Désignés joueurs du match : Tomas Simonsen pour la France et Phil Pietroniro pour l’Italie.
France – Italie 3-3 (1-3, 1-0, 1-0, 0-0) / 2-3 aux tirs au but
Dimanche 13 novembre 2022 à 18h30 au Tüskecsarnok de Budapest. 349 spectateurs.
Arbitres : Attila Nagy et Márton Németh (HON) assistés de Gergő Árkovics et Barna Kis-Király (HON).
Pénalités : France 6′ (2′, 2′, 2′, 0′) ; Italie 6′ (0′, 2′, 4′, 0′).
Tirs : France 35 (13, 9, 11, 2) ; Italie 41 (10, 18, 10, 3).
Évolution du score :
0-1 à 02’28 : Brunner assisté de Sanna
0-2 à 04’06 : P. Pietroniro assisté de Trivellato et Mantenuto (sup. num.)
1-2 à 16’11 : Koudri assisté de Fabre et K. Bozon
1-3 à 17’16 : Di Perna assisté de Petan
2-3 à 25’09 : Simonsen assisté de Thiry et Matima
3-3 à 51’48 : Fabre assisté de Spinozzi et Junca (sup. num.)
Tirs au but :
Italie : Miceli (arrêté), Petan (réussi), Brunner (réussi), Maia (arrêté), Fabre (arrêté).
France : Matima (arrêté), Simonsen (réussi), Bruche (réussi), Mantenuto (arrêté), Frigo (arrêté).
Tireurs supplémentaires : Dair (F, arrêté), Miglioranzi (I, réussi).
France (4′ pour surnombre)
Attaquants :
Aurélien Dair – Fabien Colotti – Bastien Maia
Dylan Fabre (+1) – Adel Koudri – Kévin Bozon (+1)
Baptiste Bruche (-1) – Jordann Bougro (-1) – Cédric Di Dio Balsamo (A)
Rudy Matima – Gabin Ville (2′) – Tomas Simonsen
Défenseurs :
Kévin Spinozzi (-1) – Fabien Bourgeois (A)
Ivan Esipov (+1) – Thomas Thiry (C, +1)
Enzo Guebey – Enzo Cantagallo (-1)
Lucien Onno
Gardien :
Quentin Papillon puis à 20’00 Julian Junca
En réserve : Jules Boscq (D), Guillaume Leclerc, Théo Gueurif, Loïc Farnier (A).
Italie
Attaquants :
Luca Frigo (+1) – Alex Petan (+1, 2′) – Daniel Frank (C)
Angelo Miceli – Daniel Mantenuto – Marco Zanetti
Ivan De Luca (-1) – Dante Hannoun (-1, 2′) – Marco Insam (-1)
Marco Sanna – Tommaso Traversa (A) – Pascal Brunner (+1)
Défenseurs :
Enrico Miglioranzi (A, +2) – Dylan Di Perna (+1, 2′)
Alex Trivellato – Phil Pietroniro
Lorenzo Casetti (-1) – Peter Spornberger (-1)
Patrik Demetz – Gregorio Gios
Gardien :
Davide Fadani
Remplaçant : Jacob Smith (G). En réserve : Justin Fazio (G), Daniel Glira, Cameron Ginnetti (D), Michele Marchetti, Hannes Kasslatter, Leonardo Felicetti, Daniel Gellon (A).