Qu’il est dur à Colmar, actuellement, de se faire une place pour une équipe de hockeyeurs. La saison régulière entame sa phase retour que les Titans n’ont toujours marqué aucun point. Après la récente défaite sur le fil contre la réserve angevine, les Haut-Rhinois pouvaient penser avoir repris du poil de la bête pour aller défier des Sangliers clermontois à la peine. Hélas, les avant-derniers ont montré aux Alsaciens qu’ils savaient encore ruer, comme en témoigne le 6-1 qu’ils leur infligèrent. La venue des Chevaliers annéciens ne s’annonçait donc pas de tout repos. Emmenés par des anciens de Magnus (Raphaël Papa, Julien Laplace notamment), les Hauts-Savoyards partaient favoris malgré un classement actuel, en fin de top 8, en deçà des possibilités réelles du groupe.
Quand on sait que la partie allait se dérouler quasi à huis clos, une trentaine (!) de spectateurs seulement avaient bravé le froid hivernal, les marchés de Noël et (surtout) la concurrence d’un match de football des Bleus, on pouvait, au coup d’envoi de la partie, penser que les Titans allaient continuer de boire jusqu’à la lie le calice de la descente aux enfers, dans l’anonymat et l’indifférence.
L’adage « les absents ont toujours tort » aura pourtant été de mise au final. Non pas que ce fut un match rentrant dans les annales du club colmarien, ni même de cette actuelle saison. Ce fut par contre la rencontre de la « première fois », du premier point. Au terme d’une partie aux multiples facettes.
Une première facette où le visiteur fait étal de sa technique de l’occupation de zone adverse : pressing rapide, vivacité des avants, combinaisons travaillées, notamment avec un avant derrière la cage locale pour distribuer le palet, ou pour centrer sur les poteaux de Jean-Philippe Fontaine. Dans ce rôle, l’ancien Mulhousien, Raphaël Papa, a été l’une des pièces maîtresses de la stratégie de l’entraîneur Stéphane Barin. La première réalisation de Hugo Moncenix exploite le rebond d’un premier palet longeant la ligne de but adverse (0-1 à 5’06). Le poteau de Jean-Philippe Fontaine, dont les coéquipiers sont alors en infériorité, résonne encore du lancer de Papa (18’00). Juste avant la première rentrée au vestiaires, le même Moncenix exploite un 2 contre 1, version turbo, avec son centre (0-2 à 19’40). Le gardien local, pas content, peut taper de la crosse sur la balustrade en rentrant aux vestiaires, ses coéquipiers sont bien à la ramasse, pas forcément au niveau rapidité d’ailleurs. Mais plutôt au niveau cohésion, rigueur, placement, finition et relances, sans compter qu’ils ne tirent pas assez sur le but adverse… Cela commence à faire beaucoup, même si plus tôt, Laplace a fait la « bonne » faute en retenant un 2 contre 1 colmarien qui partait vite en direction de Tristan Mongellaz (13’19).
La deuxième facette est connue des locaux : on revient des vestiaires un peu plus gonflés et concentrés. Comme fréquemment, Tarik Chipaux a (re)demandé à ses joueurs plus de solidarité et de présence entre partenaires. Et la tactique fonctionne. Oh, on a connu plus précis, mais force est de constater que les Titans s’éreintent à couper les passes annéciennes et à tournicoter le palet pour le projeter dans la zone visiteuse. Les Hauts-Savoyards se voient plus souvent pris de vitesse et s’exposent à des rushs adverses en surnombre comme celui d’Aurélien Chaubell, qui rate pour avoir tenté la feinte de trop (22’30) et surtout celui de Paul Fillod, pourtant en infériorité numérique (1-2 à 28’23).
Troisième facette de la rencontre : des Colmariens ragaillardis par leur réduction du score mais toujours en panne de percussion face à Mongellaz. Curieusement, Annecy paraît toujours engourdi. On assiste donc, en fin de période médiane, à cinq bonnes minutes de hockey brouillon, imprécis, c’est à celui qui rate le plus ses passes, avant que Fontaine ne sorte de la torpeur générale pour bloquer deux gros tirs de suite, puis que Colmar rentre aux vestiaires après un dernier à 4 contre 2 (!) avorté devant la cage alpine.
La quatrième facette est un hybride des numéros 1 et 2 : tout d’abord Annecy a compris le message et attaque tambour battant son dernier vingt, en se repositionnant plus haut vers la zone de Fontaine. Le portier manque d’ailleurs de se faire prendre à contre-pied d’un rebond pour le moins coquin (44’30 »). Avant de s’incliner sur la troisième et jolie réalisation de la doublette Papa – Moncenix, lequel reprend instantanément au second poteau le centre du premier (1-3 à 46’13). Un petit moment d’abattement secoue le banc colmarien, avant que les Titans ne jettent leurs dernières forces dans la bataille. Ce n’est toujours pas forcément bien structuré, mais c’est volontaire, déterminé, même si ça manque de grosses occasions et de tirs proches du but. Cela finit par arriver, notamment sur cette percée d’Enzo Labat qui longe la bande avant de repiquer vers Mongellaz pour le feinter joliment (2-3 à 54’32). L’espoir est encore permis même si Annecy s’arc-boute dans sa zone. Il reste moins de deux minutes, Chipaux fait sortir son gardien, le temps pour ses Titans de s’installer en zone visiteuse. À la faveur d’une antépénultième pénalité, Colmar crée enfin le surnombre devant Mongellaz et permet à Téo Haffner, dans une foire d’empoigne, de revenir au score (3-3 à 59’03). Attention toutefois à ne pas se déconcentrer. Annecy se retrouve de nouveau puni, et Fontaine, en voulant relancer rapidement vers les siens, se fait peur face à un Haut-Savoyard revenu porter le danger (59’47).
Il est maintenant temps de conclure avec la dernière facette, celle de la frustration : les Titans entament la prolongation en avantage numérique. À 4 contre 3, les espaces sont plus faciles à trouver et le portier visiteur doit s’employer deux fois face à Labat pour garder son équipe dans la course. Colmar vient de laisser passer sa chance. Revenus à égalité, les Chevaliers lancent leur quartet majeur : ça joue de nouveau très vite et précis, la défense locale commet l’erreur de regarder jouer brièvement Vesterlund puis Vitton Mea dans sa propre zone, il est trop tard pour se projeter vers Laplace en embuscade au second poteau (3-4 à 62’36). Les Anneciens explosent de joie dans le vide glacial des travées, contrastant avec l’abattement des Colmariens.
De cette partie, Colmar devra retenir le gain de son premier point et la méthode pour y arriver, c’est à dire au courage, avec les tripes et la détermination. Difficile, au vu de ce match, et de celui contre Angers 2 d’ailleurs, de comprendre comment les Alsaciens ont pu être autant surclassés contre Villard, Valence ou même Clermont. Le reste du championnat risque d’être éprouvant pour eux, même s’il doit être abordé comme une préparation pour passer le plus victorieusement possible la poule de relégation.
De cette partie, Annecy doit retenir d’être passé près de la correctionnelle alors que rien, lors du scénario du début de match, ne pouvait le laisser penser. Comment expliquer que la cohésion des passes, des combinaisons et des placements se soit soudainement évanouie durant une bonne moitié de rencontre ? Visiblement, le défaut est récurrent et doit être corrigé pour que les Chevaliers du Lac abordent la fin de championnat avec leur statut de prétendant.
(photos de Dominique Bonnefond)
Colmar – Annecy 3-4 après prolongation (0-2, 1-0, 2-1, 0-1)
Samedi 10 décembre 2022 à 20h00. Environ 30 spectateurs.
Arbitres : Alexis Grabit assisté de Laura Peronnin et Johan Kirschenbaum.
Pénalités : Colmar 8′ (6′, 2′, 0′, 0′) ; Annecy 16′ (6′, 4′, 6′, 0′).
Tirs : Colmar 25 (4, 8, 10, 3) ; Annecy 35 (11, 11, 13, 2).
Évolution du score :
0-1 à 05’06 » : Moncenix assisté de Papa et Rachex
0-2 à 19’40 » : Moncenix assisté de Papa (inf. num.)
1-2 à 28’23 » : Fillod assisté de Beckmann et Avoine (inf. num.)
1-3 à 46’13 » : Moncenix assisté de Papa
2-3 à 54’32 » : Labat assisté de Avoine
3-3 à 59’03 » : Haffner assisté de Vinals (sup. num.)
3-4 à 62’36 » : Laplace assisté de Vitton Mea et Vesterlund
Colmar
Attaquants :
Ludovic Vinals – Enzo Labat – Paul Fillod (A)
Téo Haffner – Bastien Nguiamba – Clément Tognan
Mathis Joly (C) puis Quentin Mathez – Aurélien Chabell – Nino Abdelali
Défenseurs :
Léopold Beckman (A), Milo Avoine, Raphaël Brites, Owen Dugas et Félix Rousseau en rotation
Gardien :
Jean-Philippe Fontaine
Remplaçant : Malo Wessang (G).
Annecy
Attaquants :
Chad Bouffier – Paul Schmitt – Niklas Vesterlund
Hugo Moncenix – Raphaël Papa (C) – Dorian Rachex
Allan Dugat – Julien Laplace – Alex Gauze
Défenseurs :
Jan Jestina – Tom Combaz
Victor Vitton-Mea (A) – David Geay
Gregory Dufour – Thomas Hagopian
Gardien :
Tristan Mongellaz
Remplaçant : Jessy Dugat (G).