Depuis qu’il est devenu entraîneur de la Tchéquie, Kari Jalonen ne cesse de revenir dans son pays natal, la Finlande. C’est là qu’il a remporté une médaille attendue depuis dix ans par la sélection qu’il entraîne en mai dernier. Après le traditionnel tournoi Karjala en novembre, la première manche suisse de l’histoire de l’Euro Hockey Tour s’ouvre aussi par un match à Helsinki. Les Finlandais ont procédé selon leur habitude à une revue d’effectif complète en changeant la totalité de leur équipe : elle comprend autant voire plus de cadres, mais pas les mêmes.
En revanche, la moitié des joueurs sur le banc tchèque avaient déjà vécu la victoire 5-2 de novembre. Ils n’avaient pas tous prévu de revenir mais ont parfois été appelés en substitution, tels Jiří Smejkal et Petr Kodýtek à la place de Vladimir Sobotka et Patrik Zdráhal. Le second gardien Marek Langhamer a quant à lui été rappelé quand Aleš Stezka – qui devait fêter sa deuxième sélection – est tombé malade. Un forfait a aussi été à déplorer en défense (Michal Kempný remplacé par Petr Zámorský).
Mais le nom qui frappe dans l’effectif est celui de l’unique débutant du jour, Kryštof Hrabík, et pas seulement parce que sa tête dépasse à 194 cm. En janvier dernier, cet ailier avait été suspendu 30 matches en AHL pour avoir fait des mimiques de singe en direction d’un joueur noir adverse (Boko Imama). Il n’avait pas fait appel de la décision mais avait nié l’intention raciste en plaidant l’ignorance quant à l’interprétation de son geste. Rentré au pays cet été après avoir rangé au placard pour le moment ses ambitions de carrière nord-américaine, Hrabík, qui n’était pas vraiment arrivé à s’imposer en Extraliga tchèque (avec Liberec) pendant que les ligues mineures étaient en pause durant la pandémie de Covid-19, se montre performant à Plzen. Puissant et bon patineur, il mérite – sportivement – d’avoir sa chance en équipe tchèque, à 23 ans, aux côtés de son coéquipier de club Kodýtek.
Dans une patinoire de Helsinki bien moins remplie que celle de Turku en novembre, Juhani Tyrväinen part en prison dès la troisième minute. Sur l’avantage numérique, Matěj Stránský place parfaitement sa crosse pour dévier au second poteau le centre de Filip Chlapík (0-1). David Němeček commet une faute similaire… mais les Tchèques marquent aussi en infériorité numérique ! Ondřej Beránek se sacrifie d’abord pour bloquer un tir mais poursuit courageusement le jeu. Servi dans la balustrade par son coéquipier de club Jiří Černoch, l’attaquant de Karlovy Vary finit par se lancer seul en contre-attaque pour un tir à mi-distance entre les bottes d’Emil Larmi, le gardien de l’actuel leader de SHL Växjö (0-2). Un scénario parfait en deux unités spéciales.
La Finlande archi-domine la deuxième période par 14 tirs à 1. Conquérante dans les bandes, elle réussit à imposer aux Tchèques de longues séquences usantes – parfois de plus de deux minutes – durant lesquelles ils n’arrivent pas à sortir de leur zone. Revenu en équipe nationale pour la première fois depuis les Jeux olympiques ratés, Šimon Hrubec réussit pourtant à tenir sa cage inviolée.
Il ne s’incline que sur un but-gag à dix minutes de la fin. Hrubec repousse du bouclier un slap non cadré d’Elmeri Eronen et la rondelle part en l’air. Elle retombe sur la tête d’un défenseur, et le temps que le gardien regarde ce qui lui est arrivé, elle a atterri juste devant la ligne puis rebondi au fond des filets (1-2). Les Tchèques reprennent deux buts d’avance à trois minutes de la fin sur une mise au jeu gagnée par Michael Špaček devant Miro Aaltonen : le tir de Jan Košťálek est dévié dans l’enclave par le corps de David Tomášek (1-3). Les Finlandais sortent leur gardien mais leur dernier but – une déviation parfaite de Joonas Kemppainen entre les cercles sur un service de la bleue de Sami Lepistö – ne suffit pas (2-3).
Commentaires d’après-match :
Mika Korteläinen (manager de la Finlande) : « Nous avons démarré fort, mais quand on joue à domicile on voit toujours toutes sortes de distractions externes qui ont un peu d’impact sur le plan de jeu initial. La deuxième période a peut-être donné lieu à la plus grande domination jamais vue de l’équipe nationale contre les Tchèques. Néanmoins, elle n’a pas été récompensée. Si on regarde derrière le résultat, c’est un grand match. Nous battons les Tchèques dans presque toutes les stats, mais parfois les rebonds ne sont pas favorables. »
Kari Jalonen (entraîneur de la Tchéquie) : « Je dois féliciter notre gardien, Šimon Hrubec nous donne une chance de gagner. Je suis content du premier et du troisième tiers-temps. Dans le deuxième, nous étions sous pression dans notre zone défensive, les Finlandais étaient très forts dans les duels sur cette glace plus petite. J’ai des bons souvenirs dans cette patinoire où j’ai travaillé trois ans pour le HIFK et remporté le titre en 2011. Même si c’est toujours spécial pour moi, nous avons déjà joué beaucoup de fois contre la Finlande. »
photo J. Benes / Český hokej
Finlande – Tchéquie 2-3 (0-2, 0-0, 2-1)
Jeudi 15 décembre 2022 à 18h30 à la Helsingin jäähälli. 4358 spectateurs.
Arbitres : Tobias Björk et Mikael Holm (SUE) assistés de Luka Mäkinen et Lauri Nikulainen (FIN).
Pénalités : Finlande 6′ (4′, 0′, 2′) ; Tchéquie 8′ (4′, 4′, 0′).
Tirs : Finlande 32 (8, 14, 10) ; Tchéquie 15 (7, 1, 7).
Évolution du score :
0-1 à 03’09 : Stránský assisté de Chlapík et Špaček (sup. num.)
0-2 à 05’15 : Beránek assisté de Černoch et Jandus (inf. num.)
1-2 à 49’31 : Eronen assisté de Rajala et Ruotsalainen
1-3 à 57’05 : Tomášek assisté de Košťálek et Špaček
2-3 à 58’31 : Kemppainen assisté de Lepistö et Hartikainen
Finlande
Attaquants :
Markus Granlund (+1) – Mikael Ruohomaa (+1) – Teemu Hartikainen (+1, 2′)
Harri Pesonen (A, -1) – Miro Aaltonen (-2) – Iiro Pakarinen (-2)
Toni Rajala – Joonas Kemppainen (+2) – Arttu Ruotsalainen
Eemeli Suomi – Juhani Tyrväinen (2′) – Joona Ikonen (2′)
Défenseurs :
Sami Niku (+1) – Sami Lepistö (A, +1)
Atte Ohtamaa (C, -1) – Topi Niemelä (-2)
Miika Koivisto (+1) – Elmeri Eronen (+1)
Jarkko Parikka – Juuso Vainio
Gardien :
Emil Larmi [sorti de 58’00 à 58’31 et de 58’40 à 60’00]
Remplaçants : Lassi Lehtinen (G), Tommi Tikka. En réserve : Julius Honka, Tony Sund, Janne Kuokkanen, Sebastian Repo.
Tchéquie
Attaquants :
Filip Chlapík (+1) – Michael Špaček (+1) – David Tomášek (+1)
Lukáš Radil (-1) – Tomáš Zohorna (C, -1) – Matěj Stránský (-1)
Jiří Smejkal (A) – Petr Kodýtek – Kryštof Hrabík
Ondřej Beránek – Jiří Černoch – Jakub Flek (-1)
Défenseurs :
Tomáš Dvořák (-1, 2′) – Jan Košťálek (+1)
David Sklenička (A) – Petr Zámorský
David Němeček (2′) – Martin Jandus (2′)
Radek Kučeřík
Gardien :
Šimon Hrubec (2′)
Remplaçants : Marek Langhamer (G), Daniel Voženílek. En réserve : Pavel Pýcha (malade, resté à l’hôtel), Petr Fridrich, Adam Najman.