Arriver au tournoi de Marseille a été un très long périple pour l’équipe nationale de hockey sur glace de Pologne. Elle avait initialement programmé un voyage le mercredi 14, via un transit par Munich. Le problème est que l’aéroport de la capitale bavaroise était perturbé par les conditions météorologiques qui avaient verglacé les pistes. 150 vols ont été annulés, dont celui en provenance de Cracovie. Les Polonais y sont donc restés en attendant de trouver un plan alternatif.
Manager de cette équipe polonaise, l’ancien joueur Leszek Laszkiewicz a eu du travail pour organiser l’intendance. La compagnie aérienne lui proposait de diviser le groupe en envoyant une partie par Paris et l’autre par Francfort, ce qui augmenterait le risque que tout le monde n’arrive pas à temps. Les Polonais ont finalement opté une autre solution : viser l’aéroport de Nice puis longer la Côte d’Azur en bus.
Le temps de réorganiser son trajet, la Pologne a pris deux jours de retard sur son calendrier. Les hockeyeurs ont dû se lever en pleine nuit, vers 2 heures du matin pour prendre un avion qui décollait de Cracovie à 7h25 vendredi matin. Direction Vienne, où un autre vol est parti à 12h35 pour atteindre Nice. Ils sont arrivés au POMGE vers 18h00 le soir, deux heures avant le début du match prévu contre l’Ukraine. Or, ils ne s’étaient pas entraînés depuis trois jours (ayant passé deux nuits d’attente à l’hôtel près de l’aéroport) et ils ne se voyaient vraiment pas monter sur la glace après un si long voyage dans les jambes. Ils pensaient ne jouer qu’un match, celui du samedi soir contre la France.
Mais les organisateurs marseillais, eux, avaient vendu des billets pour le match du vendredi soir Pologne-Ukraine et ne se voyaient pas annuler au dernier moment. Ils ont donc demandé aux Polonais de jouer quand même. Ceux-ci ont fini par accepter, en convenant avec les Ukrainiens qu’il s’agisse d’un match non officiel, hors tournoi, et non inclus dans les statistiques. Le coup d’envoi a été décalé d’une demi-heure (à 20h30 au lieu de 20h00) et les Polonais ont mis du temps à se mettre en jambes après avoir passé la journée dans les avions et dans le bus. Mais ensuite, après avoir été menés 0-3, ils ont gagné 4-3 ! Pour autant, les Ukrainiens ont bien considéré le match comme officiel – leur quatorzième défaite de suite contre la Pologne – comme ils avaient communiqué autour du match d’entraînement du mercredi contre la France (1-2) passé sous silence par la FFHG…
Le match France-Pologne est donc bien présenté comme la finale du tournoi, comme si de rien n’était. Entre-temps, les Polonais ont pu passer une meilleure nuit de sommeil et s’entraîner normalement. Ce sont les Bleus qui ratent leur entrée cette fois. À la troisième minute de jeu, profitant que Prissaint et Suire sont montés trop haut, Kamil Walega part à 2 contre 1, laisse croire à la passe jusqu’au dernier moment et peut ainsi ajuster Julian Junca côté mitaine. La réponse vient trois minutes plus tard d’un tir en angle fermé d’une précision diabolique de Tomas Simonsen. Mais une charge incorrecte de Jules Boscq est sifflée à 32 secondes de la fin du tiers-temps. Walega, lui aussi en angle fermé, fait sauter la gourde de Junca à trois secondes de la sirène !
Menée 1-2 à la pause, la France égalise à la reprise quand Dylan Fabre reprend la passe de derrière la cage de Bastien Maia. Mais deux minutes plus tard, la Pologne repasse devant grâce à une reprise dans le cercle droit de Fraszko. Les Bleus manquent alors une occasion-clé d’égaliser en contre-attaque : Maia n’arrive pas à trouver Fabre car son centre du revers est repoussé par le gardien. Peu après, c’est Pawel Zygmunt qui intercepte une mauvaise relance, s’échappe seul et bat Junca côté revers (2-4). Une minute plus tard, un écart définitif est creusé. Maciej Urbanowicz parvient à éviter la charge de deux joueurs français (Guebey et Gueurif) derrière la cage et à mettre le palet en retrait dans le slot pour la conclusion de Filip Komorski.
Même s’il n’est pour rien sur ce dernier but, Julian Junca vient de s’incliner trois fois en trois minutes. La roue tourne vite en hockey sur glace. Le gardien de Gap tournait à 99,0% d’arrêts (95 sur 96 tirs !) depuis le début de la saison internationale après son blanchissage contre l’Ukraine la veille. Alors qu’il avait remplacé deux fois Quentin Papillon en cours de match en novembre sans encaisser de but par la suite, il doit cette fois lui céder la place. Mais le Mulhousien n’aura pas non plus la partie facile.
La France essaie d’abord de profiter de la dynamique du changement de gardien, mais Baptiste Bruche n’arrive pas à profiter d’un rebond lâché sur un tir de Rudy Matima. Et c’est encore la Pologne qui marque. Jeziorski décale du revers sur la gauche Filip Starzynski, qui poursuit la séquence des beaux tirs en angle dans le haut du filet (à Papillon). Ce match est décidément plus favorable aux buteurs qu’aux gardiens… Robin Colomban reprend en cage ouverte le centre parfait de Dylan Fabre (3-6).
Kamil Walega est exclu de la partie pour une bagarre à huit secondes de la pause. À la reprise, c’est une crosse haute de Starzynski qui est sanctionnée. L’équipe de France peut donc jouer à 5 contre 3. Les belles circulations de palet n’aboutissent pas, alors les Bleus vont au plus direct : lancer du cercle droit de Colomban et rebond de Bastien Maia à l’opposé. Mais il n’y aura pas de retour fantastique. Lucien Onno fait trébucher un Polonais et part en prison, permettant à Oskar Jaskiewicz de clore la marque en avantage numérique (4-7).
La Pologne remporte donc sa seconde victoire en deux jours. La très jeune équipe de France ne manque pas de talent offensif, mais elle aura livré une copie défensive bien moins bonne qu’au premier match et a encore beaucoup à travailler. Sur les deux tournois joués cet automne en l’absence des cadres, Bastien Maia (photo ci-dessous) et Dylan Fabre ont en tout cas assumé leurs rôles de leaders offensifs avec les meilleures stats offensives (2 buts et 3 assists chacun) mais aussi les meilleures fiches +/- (respectivement +5 et +3). Chez les défenseurs, c’est le Mulhousien Ivan Esipov qui se sera distingué avec 4 assists pour ses 5 premières sélections et une fiche de +3.
Désignés joueurs du match : Robin Colomban pour la France et Filip Starzynski pour la Pologne.
Commentaires d’après-match :
Róbert Kaláber (entraîneur de la Pologne) : « Nous avons joué un très bon match. Nos joueurs ont pris plaisir à jouer parce qu’ils avaient un clair avantage sur leurs adversaires. Nous avons pris de bonnes décisions, marqué de jolis buts et connu une bonne journée en termes d’efficacité. Le dernier tiers-temps était tactique parce que nous avions déjà le match sous contrôle. Je suis très heureux de l’attitude de nos joueurs. L’équipe a montré du caractère, je suis heureux non seulement de son jeu mais aussi du comportement des joueurs car nous avons vraiment eu d’énormes problèmes pour arriver à Marseille. »
France – Pologne 4-7 (1-2, 2-4, 1-1)
Samedi 17 décembre 2022 à 19h00 au Palais Omnisports Marseille Grand-Est. 3086 spectateurs.
Arbitres : Alexandre Hauchart et Jérémy Rauline assistés de Johan Fauvel et Jérémie Douchy (FRA).
Pénalités : France 10′ (2′, 4′, 4′) ; Pologne 35′ (0′, 8′+5′+20′, 2′).
Tirs : France 24 (8, 7, 9) ; Pologne 29 (13, 7, 9).
Évolution du score :
0-1 à 02’25 : Wałęga assisté de Zygmunt
1-1 à 05’23 : Simonsen assisté d’Esipov et Colomban
1-2 à 19’57 : Wałęga assisté de Górny (sup. num.)
2-2 à 23’57 : Fabre assisté de Maia
2-3 à 25’45 : Fraszko assisté de Wałęga et Zygmunt
2-4 à 28’28 : Zygmunt
2-5 à 29’21 : Komorski assisté d’Urbanowicz
2-6 à 37’57 : Starzyński assisté de Tyczyński
3-6 à 38’21 : Colomban assisté de Fabre et Esipov
4-6 à 41’40 : Maia assisté de Colomban et Esipov (double sup. num.)
4-7 à 55’02 : Jaśkiewicz assisté de Paś et Tyczyński (sup. num.)
France
Attaquants :
Dylan Fabre (+1) – Adel Koudri [sorti en début de match] – Bastien Maia (+1, 2′)
Thomas Suire (-2) – Robin Colomban (-1) – Tomas Simonsen (-1)
Rudy Matima (-1) – Théo Gueurif – Baptiste Bruche (-1)
Téo Sarliève (-1, 2′) – Teemu Loizeau – Flavian Dair (-1)
Défenseurs :
Ivan Esipov – Lucien Onno (2′)
Enzo Guebey (2′) – Jules Boscq (2′)
Vincent Melin (-1) – Axel Prissaint (-2)
Yohan Coulaud (-1)
Gardien :
Julian Junca (13/18) puis à 28’28 Quentin Papillon (9/11)
En réserve : Charles Schmitt, Gabin Ville, Aurélien Dair, Paul Joubert.
Pologne
Attaquants :
Bartosz Fraszko – Kamil Wałęga (+2, 2’+5’+20′) – Paweł Zygmunt (+1)
Bartłomiej Jeziorski (+1) – Filip Komorski (2′) – Maciej Urbanowicz (2′)
Dominik Paś (+1) – Filip Starzyński (+1, 2′) – Mateusz Michalski
Jan Sołtys (-1) – Damian Tyczyński (+1)
Défenseurs :
Bartosz Ciura (+2, 2′) – Arkadiusz Kostek (+2)
Oskar Jaśkiewicz – Patryk Wajda
Kamil Górny (+1) – Jauhienij Kamienieu (+1)
Karol Biłas (-1) – Mateusz Zieliński (-1)
Gardien :
John Murray
Remplaçant : David Zabolotny (G). En réserve : Alan Łyszczarczyk.