Nous avions cité Evan Weninger comme la plus belle recrue dans les cages en Ligue Magnus depuis longtemps et nous voyions en lui l’homme qui pourrait qualifier Nice en play-offs. Dire qu’il a déçu serait exagéré : il était jusqu’ici solide mais sans véritables performantes saillantes. En janvier, toutefois, il a donné la pleine mesure de ce qu’on pouvait attendre de lui. Il a réussi 93,0% d’arrêts en neuf rencontres et a enfin obtenu son premier blanchissage. Et pas n’importe où : à l’IceParc, pour ramener une victoire en prolongation d’Angers. Mais cela suffira-t-il à emmener les Aigles à leur objectif ? La réponse est pour l’instant réservée, ils ne sont toujours que dixièmes. Le gardien seul ne peut pas suffire dans une équipe qui a marqué un total famélique de 2 buts sur ses 4 derniers matches.
Pour ce qui est de l’offensive, ce sont les Dragons de Rouen qui se montrent de plus en plus dominants, sachant qu’ils devraient encore gagner en profondeur et en équilibre avec l’arrivée récente du joker Niclas Lucenius. Pour l’instant, depuis le début de la saison, le RHE76 se repose beaucoup sur son trio « Air Québec » (Boivin-Beauchemin-Mallet) qui n’avait pourtant jamais eu de mention dans l’équipe-type même s’il avait été le plus régulier à chaque mois. En janvier, il a définitivement marqué les esprits, notamment en dominant la concurrence grenobloise et angevine.
Après avoir passé la majorité du mois de décembre à l’aile gauche (où Malo Ville était le choix incontestable), le meilleur marqueur du championnat François Beauchemin fait donc enfin irruption dans l’équipe en retrouvant son poste originel de centre. Il allie une grande vitesse de patinage et une force physique qui le rend redoutable le long des balustrades. Et même s’il a calé pour la première fois avec 4 matches sans points, il en avait amassé tellement (dont 3 face à chacun des deux grands rivaux Grenoble et Angers) que ses statistiques restent impressionnantes.
Sur janvier, un seul homme a pointé plus que lui (19 points contre 17) : son ailier gauche Christophe Boivin. Lorsque Fabrice Lhenry a tenté de séparer son premier trio en décembre pour tester un rééquilibrage offensif, Boivin a prouvé que ses stats ne devaient pas qu’à ses partenaires québécois. Il a même retrouvé sa finition. Désormais buteur et passeur, Boivin est intenable et a connu un seul match sans point depuis deux mois. Son petit gabarit (170 cm et 75 kg) est trompeur car il fait aussi le travail de l’ombre et pèse sur les défenses autant que ses coéquipiers quand il s’agit de garder la possession en zone offensive.
Janvier a été le mois de la résurrection pour Emil Gegeris. Longtemps en panne de confiance et de production, l’ailier droit de Mulhouse s’est débloqué par son triplé à Chamonix. Doté de bonnes mains sans être aussi spectaculaire que son compatriote Vigners, le Letton a marqué 10 buts en 10 parties en agissant en vrai buteur dans des registres différents, en puissance dans le slot, par une feinte en breakaway, en lancer sur réception ou au culot.
Kyle Hardy continue d’être dominant et mène les arrières de Ligue Magnus sur le mois avec une fiche de +14. C’est le deuxième joueur à conserver sa place dans notre équipe-type deux mois de suite (le premier était Tommy Giroux). Il faut dire que sa dernière fiche négative sur un match remonte à novembre. Il continue d’amener de l’offensive et de marquer majoritairement à 5 contre 5, sans négliger son travail. Avec son compagnon de ligne Lamarche (qui est à +11), il a trouvé une complémentarité idéale et sort donc du lot dans une défense grenobloise dont les autres paires ont des fiches plus modestes.
La défense de Rouen apparaît actuellement plus homogène de ce point de vue : les six arrières titulaires sont tous à +10 ou plus sur le mois ! Une vraie performance collective dominante. Mais le joueur du moment, c’est Sacha Guimond. Il est impressionnant offensivement avec 12 points (3+9) en dix parties, dont 10 à égalité numérique. Depuis le début de l’année, il a été apparié à Charlie Dodero, qui peut donc apporter une agressivité positive quand il garde ses nerfs. La permutation fonctionne bien car Guimond est sécurisé et joue plus vers l’avant, à l’instar de son but décisif contre Bordeaux où il est monté dans le slot pour recevoir une passe de son nouveau partenaire.
L’équipe-type de janvier 2023 : Evan Weninger (Nice) / Kyle Hardy (Grenoble) – Sacha Guimond (Rouen) / Christophe Boivin (Rouen) – François Beauchemin (Rouen) – Emil Gegeris (Mulhouse).