Dire que ce match est cerclé de rouge sur les calendriers des deux équipes serait un euphémisme. Quarts de finalistes surprise l’an dernier, les Hongroises ont beaucoup joué les Bleues ces dernières années. À la clé, à peu près autant de victoires de part et d’autre, des matchs joués d’un but…
Étrillées par la Finlande, les Tricolores veulent vite réagir. Si Lore Baudrit gagne son duel de « pierre, feuille, ciseau » avec Taylor Baker pour avoir le droit de quitter la glace en dernière après l’échauffement, il n’y a pas d’amusement d’entrée dans la rencontre. Il faut dire que les deux camps disposent de soutiens nombreux en tribunes, transformant en ambiance européenne une arena plus spectactrice d’ordinaire.
Les Bleues cafouillent un peu le palet dans les premiers instants. Ces revirements offrent les premiers tirs sur Caroline Lambert. Au fil du temps, la France se relève. Sur une mise au jeu gagnée par Duvin, Aurard s’offre la première chance. Malheureusement, après cinq minutes de jeu, la Hongrie exploite une faille. Une longue passe dans le dos de la défense envoie Huszak en échappée. Lambert remporte son duel mais l’attaquante hongroise garde le palet, efface Pelissou dans le coin et lance dans un angle fermé… piégeant la portière tricolore (0-1).
🇭🇺 WE GOT A GOAL! Alexandra Huszak gets one early for @hockeyhungary ! #WomensWorlds #FRANHUN pic.twitter.com/m1wHjYdhug
— IIHF (@IIHFHockey) April 6, 2023
Un coup dur, mais les Bleues réagissent. Jouanny échoue en tour de cage, et le match s’anime. Lambert sauve une déviation de Williams, avant un gros temps fort français. Duvin lance dans l’axe, Rozier dévie sur la barre. Puis, Aurard, Baudrit enchaînent plusieurs présences dangereuses en zone offensive, forçant la Hongrie à des dégagements interdits.
L’échec-avant est positif, mais, à mi-tiers, une pause « média » vient interrompre cet élan. Malgré les consignes de Grégory Tarlé, les Bleues sont prises de vitesse sur la reprise, et Jouanny doit concéder deux minutes. Le jeu de puissance hongrois finit par exploiter un rebond lorsqu’un centre de Kiss-Simon est repoussé de la crosse par Lambert… sur Metzler, qui ne rate pas l’aubaine (0-2).
La France va plutôt bien finir le tiers, avec un rush de Aurard sur l’aile droite, un tir de Duvin dans la mitaine de Nemeth, ou encore Baudrit du cercle gauche après un bon travail de Barbirati. La Hongrie sort tout de même avec deux buts d’avance malgré 17 tirs français.
En deuxième période, la première présence hongroise se fait durable dans le camp bleu et Lambert finit par geler le palet. Baudrit lance la charge de l’autre côté et son tir en angle fermé offre un rebond pris par Barbirati, repoussé par la botte de Nemeth. Cette présence est suivie d’une très longue présence du trio Aurard-Duvin-Rozier, qui, avec l’aide de Locatelli et Quarto, lance quelques banderilles vers la cage. Sur l’engagement, le tir de Locatelli, dévié par Barbirati, échoue sur la botte de Nemeth… Barbirati continue sur la présence suivante avec un tir du bas du cercle gauche, repoussé. Les Bleues campent dans la zone hongroise, mais cela ne passe toujours pas…
À force d’attaquer, la France se découvre et Williams reçoit le palet dans le dos de la défense. Son échappée fait frémir le banc bleu, mais elle rate le cadre. La France bataille mais a parfois du mal dans le contrôle d’un palet capricieux. Sur l’une de ces rondelles bondissantes, Pelissou est punie pour retenir à huit minutes de la pause.
Lambert bloque la première volée, signée Kiss-Simon. Et le jeu de puissance s’arrête sur la présence suivante à cause d’un faire trébucher de Huszak sur Locatelli. Les Bleues allument par Quarto sur la mise en jeu et Aurard est mise au sol en chassant le rebond : quatre-contre-trois à venir. Aurard mène le jeu, avec un premier tir, mais les tirs suivants sont bloqués et le double avantage ne profite pas aux Françaises.
Il reste un peu plus de deux minutes et la Hongrie va assommer les Bleues. Dabasi s’impose sur la gauche et attaque la cage. Le rebond est pris par Huszak (0-3).
La France tente de repartir, mais Desvignes appuie trop son contact le long de la bande et se retrouve sur le banc des punis. Duvin d’un côté sur une mise au jeu en attaque, et la capitaine Gasparics de l’autre : la dernière minute offre deux occasions, avant un retour au vestiaire et une avance confortable pour la Hongrie.
Avant de penser à remonter, il faut tuer la pénalité. Lambert s’y emploie avec un tir de près dangereux, bien bloqué. De retour au complet, les Tricolores tentent de repartir vers l’avant. Et cela paie après trois minutes. Rozier récupère dans le coin et sert Duvin, qui remonte vers le cercle et décoche en pivotant, surprenant Nemeth (1-3).
🇫🇷 Estelle Duvin gets @Hockey_FRA on the board! We have ourselves a game! @hockeyhungary leads 3-1#WomensWorlds #FRAHUN pic.twitter.com/Fg93BNlxqH
— IIHF (@IIHFHockey) April 7, 2023
Les Bleues accélèrent. Desvignes s’infiltre mais manque le cadre, puis Quarto bute sur la mitaine de Nemeth. Aurard enflamme l’aile droite et repique vers la cage, sans succès, puis Pelissou allume de la bleue avec Barbirati en déviation… la pression monte.
Les Bleues donnent tout, et un démarrage de Aurard provoque deux minutes. La France en profite : palet conquis au fond, Duvin remise sur Locatelli qui reprend de volée, à la bleue, à travers la foule (2-3).
POWER PLAY GOAL! @Hockey_FRA Athena Locatelli rockets it from the blue line! @hockeyhungary maintains lead 3-2 #WomensWorlds #FRAHUN pic.twitter.com/rjhhlOVxgg
— IIHF (@IIHFHockey) April 7, 2023
La fébrilité s’empare des deux camps et la Hongrie rate deux fois le cadre en bonne position, dont la capitaine Gasparics. Cedelle percute l’axe et échoue à son tour sur Nemeth dans un match de plus en plus débridé. Il reste huit minutes lorsque Rozier se rend coupable d’une charge dans le dos… La révision vidéo ne lui est pas favorable et elle doit rentrer au vestiaire, laissant cinq minutes de pénalité à tuer !
La sanction est immédiate : un centre devant la cage trouve Dabasi esseulée, et la déviation vers le but ouvert fait très mal aux Bleues (2-4). Le reste de la pénalité est plutôt bien maîtrisé par la défense bleue, qui mange le temps sur des séquences le long de la bande, loin du but. Mais il ne reste que trois minutes et deux buts à remonter lorsque les joueuses de Grégory Tarlé reviennent au complet.
La France prend tous les risques et concède un 3 contre 1, sauvé par Lambert. Lorsque la gardienne sort, les Françaises ne parviennent pas à sortir de leur camp : défaite 4-2.
Les Françaises n’ont pas bien débuté, mais ont retrouvé petit à petit leur jeu. Le déchet technique important et le manque de soutien devant la cage – en attaque comme en défense – leur ont malheureusement coûté cher ce soir. La volonté et la combativité, caractéristiques de l’équipe, ont été mises en lumière, avec un deuxième tiers plus tranchant et un troisième de meilleur qualité. La pénalité de Clara Rozier brise l’élan des Bleues, mais ne doit pas occulter que les Hongroises auraient pu tuer le match bien plus tôt, manquant quelques situations majeures.
La France est donc à sa place, proche du niveau requis, mais elle manque encore ce soir de profondeur de banc : elle a joué à trois lignes et cinq arrières, ne laissant que quelques secondes aux plus jeunes. La progression de Jade Barbirati, très en vue, ou Manon Le Scodan est réelle sur ce match et c’est un signe encourageant pour l’avenir, mais cela ne suffit pas encore. Le manque de réalisme, de précision dans les contrôles et les passes simples – jeu entre défenseures, relances dans la neutre, jeu en petit périmètre en attaque, soutien des arrières à la bleue – doivent progresser pour avoir une chance contre l’Allemagne dimanche. Les Bleues ne sont pas encore éliminées, mais la situation est critique.
Désignées joueuses du match : Athéna Locatelli (France) et Alexandra Huszak (Hongrie)
Commentaires d’après-match :
Jade Barbirati (attaquante de la France) : « On est toutes frustrées. On a eu du mal à rentrer dans le match, mais on a petit à petit pressé, on les a embêtées et fait perdre confiance. On revient à 2-3 et a pénalité ne nous aide pas c’est sûr, après les arbitres auraient pu siffler un peu plus pour nous. Je pense qu’on aurait pu être plus actives devant la cage. On a joué en guerrières et c’est comme ça qu’on jouera les deux derniers matchs, on va tout faire pour les gagner. »
Manon Le Scodan (attaquante de la France) : « C’est difficile, on manque d’opportunisme ce soir. On avait réussi à reprendre le momentum, sans réussir à mettre le palet au fond. C’est difficile à encaisser. On peut quand même être fières de nous. Je me suis sentie plus à l’aise ce soir, le jeu était plus à notre vitesse, et on a pu mettre en place certains jeux. On ne lâchera rien sur les deux derniers matchs. »
Grégory Tarlé (entraîneur de la France) : « La défaite est frustrante, car nous n’avons pas fait le début souhaité. Mais on reste dans le match, on joue notre jeu petit à petit même si tout n’était pas parfait. La Hongrie marque le troisième contre le cours du jeu, mais il restait du temps. Les cinq minutes nous mettent dedans, mais on aurait aimé quelques coups de sifflets dans notre sens aussi, car notre jeu de puissance était bien présent. Les joueuses y croyaient tout du long. Ne rien lâcher c’est l’ADN de l’équipe et même à 3-0 on y croyait. On voyait que la Hongrie baissait de rythme, que la gardienne commençait à lâcher des rebonds. Cela n’a pas tourné dans notre sens et laisse beaucoup de déception, mais ce n’est pas fini, on est encore en vie. L’Allemagne est une équipe bien structurée défensivement, je n’ai pas été surpris de leur niveau, juste de l’ampleur du score. Elles ont acquis beaucoup d’expérience en profitant de la période covid pour jouer en élite ; elles sont prêtes pour ce niveau. On va analyser tout cela et se préparer à leur jeu physique, à leur efficacité notamment en supériorité. »
France – Hongrie 2-4 (0-2, 0-1, 2-1)
Jeudi 6 avril 2023, 19h. CAA Centre de Brampton, Ontario. 1072 spectateurs.
Arbitres : Brandy Dewar et Elizabeth Mantha (CAN) assistées de Sarah Buckner (USA) et Anna Hammar (SUE)
Pénalités : France 31′ (2′, 4′, 25′), Hongrie 6′ (0′, 4′, 2′)
Tirs : France 34 (17, 9, 8), Hongrie 32 (13, 12, 7)
Récapitulatif du score
0-1 à 05’46 : Huszak assistée de Toth et Kiss-Simon
0-2 à 11’41 : Metzler assistée de Kiss-Simon et Mayer (sup. num.)
0-3 à 37’50 : Huszak assistée de Dabasi
1-3 à 42’59 : Duvin assistée de Rozier et Vaananen
2-3 à 48’07 : Locatelli assistée de Duvin et Baudrit (sup. num.)
2-4 à 52’40 : Dabasi assistée de Huszak et Kiss-Simon (sup. num.)
France
Attaquantes :
Chloé Aurard (A) – Estelle Duvin (A, +1) – Clara Rozier (25′, +1)
Manon le Scodan (-2) – Jade Barbirati (-2) – Lore Baudrit (C, -1)
Lisa Cedelle – Betty Jouanny (2′) – Margot Desvignes (2′)
Anaé Simon [1 présence] – Emma Nonnenmacher [1 présence] – Shana Casanova [3 présences]
Défenseures :
Lucie Quarto (-2) – Marie-Pierre Pelissou (2′, -2)
Mia Väänänen (+1) – Athena Locatelli (+1)
Sophie Leclerc – Perrine Lavorel (4 présences au 1er tiers)
[en tenue, n’a pas joué]
Gardienne :
Caroline Lambert
Remplaçante : Margaux Mameri (G), Louanne Mermier (D), Léa Berger (D). Réserviste : Justine Theode-Crousy (G)
Hongrie
Attaquantes :
Fanni Gasparics (C) – Mira Seregely – Emma Kreisz
Hayley Williams (-1) – Zsofia Pazmandi (-1) – Kinga Jokai-Szilagyi (2′)
Reka Dabasi (A, +2) – Alexandra Huszak (2′, +2) – Regina Metzler (+2)
Petra Szamosfalvi – Imola Horvath – Lara Strobl
Alexandra Ronai
Défenseures :
Bernadett Nemeth – Lotti Odnoga (-1)
Taylor Baker (2′, +1) – Sarah Knee
Franciska Kiss-Simon (A, +1) – Fruzsina Mayer
Eniko Toth (+1)
Gardienne :
Aniko Nemeth
Remplaçante : Zsuzsa Revesz (G). Réserviste : Bianka Bogati (G)