Ingolstadt a réussi à faire la bascule à domicile (4-1) avec une sévère efficacité. Il aura fallu 8 secondes à Ty Ronning pour ouvrir la marque sur un palet « aérien ». Le problème de l’efficacité offensive est récurrent et durant ces play-offs, les Adler éprouvent les pires difficultés à franchir le mur des portiers adverses.
L’attaquant Stefan Loibl précise parfaitement les problèmes que Mannheim a rencontrés : « Nous n’avons pas joué un mauvais match, mais nous produisons trop peu de tirs et ne sommes pas assez présents dans le slot pour inscrire des buts pourris (…) Cependant cette série est loin d’être terminée. »
Le duel s’annonce intense mais surtout décisif et Mark French plante déjà le décor : « Nous savons que le sixième match à Mannheim sera très difficile, parce que les Adler sont dos au mur. Ils feront tout ce qu’ils peuvent pour éviter d’être éliminés. Nous avons réalisé une bonne performance mais nous devons le refaire dans le prochain match. » Pour ce match 6, l’ERC Ingolstadt peut conclure la série et Ty Ronning qui vient d’inscrire le but le plus rapide de l’histoire d’Ingolstadt est déjà prêt : « Nous avons un travail à faire lundi. »
C’est encore à guichets fermés à la SAP Arena, que la partie débute avec une équipe de Mannheim surmotivée. Tout en vitesse, les bleus prennent à bras le corps ce match ! Thomas Larkin décoche le premier missile dans le trafic et l’impact avec la rondelle est tellement violent que Kevin Reich met plusieurs minutes pour se relever (1’20). Et les tirs se multiplient. C’est un feu nourri contre la cage. Mais à ce jeu-là les Bavarois sont des malins. Wojtech Stachowiak remporte une bataille de conquête dans la bande, et transmet à Wayne Simpson qui entre à pleine vitesse dans le slot. Le tir fait mouche (3’25 : 0-1). Il aura fallu un tir pour marquer un but. Et une nouvelle fois, comme dans de nombreuses situations cette saisons, dans les séries, Mannheim va devoir courir après le score.
La partie s’équilibre, cela va d’une cage à l’autre. Mais au fil des minutes, le naturel revient. Ingolstadt reprend de la vitesse dans ses projections vers l’avant, plus de vitesse et d’habileté pour conquérir les pucks, et enfin l’échec-avant gène considérablement la construction du jeu de Mannheim.
Pourtant, les joueurs de Bill Stewart ne lambinent pas et sont même près d’égaliser sur un tic-tac-toe que Nico Krämmer dévie devant Reich. Le gardien écarte le palet avec sa botte (10’55). Mais le danger est immédiat lors des échappées bavaroises, les espaces se créent et Matt Bodie en profite. Il contourne Arno Tiefensee, mais le jeune gardien a le réflexe d’exécuter un poke-check avec sa crosse et annihile cette chaude alerte (11’43). De l’autre côté, Kevin Reich est impeccable et tient l’avance de son équipe. La situation ne s’arrange pas pour les locaux, le pressing sur le porteur du palet est intenable et bloque Mannheim jusqu’à la fin de la période.
La deuxième période ne déroge pas à la règle. Mannheim développe un gros volume de jeu, Ingolstadt maintient son intensité et son dispositif qui verrouille les accès au slot. L’attraction bavaroise, c’est le jeune Stachowiak qui, à 23 ans, dévie le puck dans les bottes de Tiefensee (22’37). Il est encore présent pour une nouvelle pression sur Tiefensee à la 31e minute. Le palet est nettoyé dans l’urgence.
Pourtant, Mannheim est toujours dans le match et ne lâche pas. Un seul but permettrait de revenir dans la partie, et en troisième période Adler Mannheim s’emploie pour revenir. Pourtant Ingolstadt maintien son échec avant perturbateur. Une chaude alerte de Daniel Pietta provoque un rebond pour Ty Ronning (50’33). Stachowiak est intenable et on le retrouve au combat pour capter des pucks, au sol, dans la zone offensive.
La fin du match approche rapidement et Mannheim bénéficie d’une pénalité de Charles Bertrand. Mais la mise en place n’est pas concluante. Manque de vitesse en entrée de zone et hors-jeu annihilent ce power-play. La raison est aussi à chercher du côté de la boîte bavaroise bien organisée qui coupe les lignes de passes et vide la zone défensive.
Bill Stewart fait sortir son gardien à 57’40 et prend son temps mort peu de temps après. Kevin Reich est impérial et réalise deux arrêts successifs sur des tirs puissants (58’41). Ingolstadt tente de viser la cage vide mais échoue et retrouve des engagements dans sa zone. L’égalisation est toujours possible. L’action suivante en devient le symbole de toute cette série de demi-finale. L’engagement en zone offensive est remporté par Mannheim, Borna Rendulic envoie un tir puissant qui traverse le trafic et se fracasse contre la barre transversale. C’est Gaudet qui reprend le rebond et Kevin Reich fait l’arrêt de la botte. Stefan Matteau hérite de la rondelle et envoie le palet dans les filets vides. Les arbitres vérifient le tir de Rendulic à la vidéo. Verdict : le palet n’est pas entré dans la cage et le but de Matteau est validé (59’59). Ingolstadt est en finale !
Les Adler viennent de conclure leur saison de la plus cruelle des manières en ayant tout donné. Mais tout donner est-il un gage de réussite, apparemment pas ! Déjà, contre Cologne en quarts, on sentait bien que les difficultés pour concrétiser les actions étaient perceptibles. Contre Ingolstadt ce n’est pas passé. La faute à une intensité, une organisation bien huilée par Mark French et enfin un Kevin Reich impérial.
Pour les Adler on retiendra une saison mi-figue mi-raisin avec des blessures, des creux dans la vague et une offensive pas aussi efficace que voulue dans les moments-clés. Derrière un Matthias Plachta toujours aussi dominant, c’est la jeunesse qui a éclaté aux yeux de tout le monde. Avec en premier lieu un gamin de 20 ans devant les filets – Arno Tiefensee – capable de tenir le choc du haut niveau de la DEL. Ensuite Taro Jentzsch a confirmé les espoirs et deviendra sûrement un très bon attaquant vers l’équipe nationale.
Ingolstadt, de son côté, retrouve le sommet après sa belle séquence de 2014 et 2015 : champion et finaliste. Les Panther sont bien l’équipe surprise cette saison qui pourrait aller au bout. Mais reste à savoir contre qui ? Munich, l’éternel favori, affrontera Wolfsburg, un outsider impressionnant, dans un septième match de tous les dangers !
Réactions d’après-match :
Bill Stewart (entraîneur de Mannheim) : « La série a été passionnante, je suis fier de l’équipe qui a grandi au cours de cette saison. Bien sûr, perdre n’est jamais amusant. Mais si vous ne marquez pas, vous ne pouvez pas gagner. Et pourtant nous avons essayé. Nous joué physique et avec passion. Nous avons tout donné, comme Ingolstadt, mais la meilleure équipe a gagné. Nous n’avons pas réussi à faire basculer de notre côté. »
Tim Wohlgemuth (attaquant de Mannheim) : « Aujourd’hui, nous étions peut-être de loin la meilleure équipe pour la première fois. Dans les autres matchs nous étions compétitifs, aussi bons voir moins bons. Mais les meilleurs l’ont emporté. »
Mark French (entraîneur d’Ingolstadt) : « Mannheim a joué de manière très agressive et a passé beaucoup de temps dans notre zone. Nous aurions pu nous faciliter la tâche, mais les gars ont tout donné et ont travaillé extrêmement dur. »
Daniel Pietta (attaquant d’Ingolstadt) : « J’ai toujours dit que je voulais arriver en Finale un jour et entendre l’hymne avant le match. Mais pour l’instant je n’arrive pas vraiment à mettre la main dessus. Nous avons utilisé toutes nos forces tout au long de la série et avons également prouvé lors des séries que nous pouvions nous adapter à différentes situations et défis. »
Mannheim – Ingolstadt 0-2 (0-1, 0-0, 0-1)
Lundi 10 avril 2023 à 16h30 à la SAP Arena. 13 600 spectateurs.
Arbitres : Andris Ansons (LET) et André Schrader assistés de Patrick Laguzov et Jan Philipp Priebsch.
Pénalités : Mannheim 2′ (2’, 0’, 0’) ; Ingolstadt 4′ (2’, 0’, 2’)
Tirs : Mannheim 53 ; Ingolstadt 27.
Évolution du score :
0-1 à 03’25 : Simpson assisté de Stachowiak
0-2 à 59’59 : Matteau assisté de Simpson et Reich
Adler Mannheim
Attaquants :
Markus Eisenschmid (-1) – Jordan Szwarz (-2) – Nicolas Krämmer (-1)
Taro Jentzsch – Ryan McInnis – Borna Rendulic (-1)
David Wolf (-1) – Stefan Loibl – Matthias Plachta (-1, 2’)
Joseph Cramarossa – Tyler Gaudet (-1) – Tim Wohlgemuth
Défenseurs :
Matt Donovan (-2) – Korbinian Holzer (-1)
Fabrizio Pilu – Thomas Larkin
Sinan Akdag – Denis Reul
Arkadiusz Dziambor [3 présences]
Gardien :
Arno Tiefensee [sorti de 57’40 à 57’54]
Remplaçant : Felix Brückmann (G). Absents : Mark Katic, Joonas Lehtivuori, Phillip Preto, Nigel Dawes, Lean Bergmann
Ingolstadt
Attaquants :
Tye McGinn – Daniel Pietta – Ty Ronning
Wayne Simpson (+2) – Wojciech Stachowiak (+1) – Charles Bertrand (+1, 2’)
Marko Friedrich – Justin Feser (+1) – Stefan Matteau (+1)
Enrico Henriquez Morales (2’) – Mirko Höfflin – Frederik Storm
Défenseurs :
Matthew Bodie (+1) – Leon Hüttl (+2)
Maury Edwards – Colton Jobke
Emil Quaas – Fabio Wagner (+1)
Phillip Krauss [2 présences]
Gardien :
Kevin Reich
Remplaçant : Michael Garteig (G). Absents : Ben Marshall, Louis Brune, Brian Gibbons, Jerome Flaake.