La DEL nous offre une compétition de haut niveau depuis de nombreuses années mais ce championnat propose aussi une bataille où chaque équipe a les moyens de se hisser vers la conquête du titre. Derrière les immenses favoris que sont Berlin, Munich et Mannheim, on retrouve des clubs capables de perturber la hiérarchie. Et cette saison c’est Ingolstadt, le club bavarois, cité du Danube, qui atteint la finale en écartant Mannheim en demi-finale.
Ce club, dont la ville est le siège du grand conglomérat automobile Audi, atteint l’excellence en matière de jeu collectif et d’organisation. Les Panthères d’Ingolstadt ont intégré la DEL en 2002 après un titre de champion de Bundesliga 2, et ont régulièrement atteint le dernier carré du championnat. En point d’orgue il faut souligner les deux années fastes avec le titre de champion de DEL en 2014 et la finale perdue contre Mannheim en 2015. Deuxièmes en saison régulière cette année, les joueurs de Mark French ont tenu le rythme et le niveau face aux deux colosses que sont Munich et Mannheim. Le groupe s’appuie sur un duo de gardiens de très bon niveau avec Mike Garteig et Kevin Reich qui tient la cage durant cette phase de play-offs. Le danger offensif est présent à chaque instant, mais c’est le secteur défensif qui impressionne aussi avec entre autres Matt Bodie, Leon Hüttl et Maury Edwards, celui-ci toujours prompt à porter le jeu vers l’avant.
De plus il s’agit d’un derby bavarois, pour cette finale contre Munich, ce que le championnat n’a jamais connu depuis l’instauration des play-offs. Fabio Wagner, le défenseur et capitaine de l’ERC, exprime son impatience : « Le fait qu’il y ait un derby en finale est formidable pour les joueurs et les fans. L’ambiance dans les patinoires va certainement bouillir. » Daniel Pietta, l’expérimenté attaquant avec ses 939 matchs de DEL, est déjà prêt et serein : « Une touche de relâchement est cruciale pour pouvoir jouer avec succès, car si tu es trop tendu, c’est désavantageux. Mais nous avons trouvé une bonne alchimie dans ces séries éliminatoires. »
Munich accueille ce match n°1 dans son ancienne Olympia Eishalle. L’ambiance est déjà chauffée à blanc avant le début de la rencontre. Inutile de présenter cette équipe devenue légendaire dans le championnat d’Allemagne. Mais du côté de la capitale bavaroise, on cherche à reconquérir le titre qui échappe à l’équipe de Don Jackson depuis le triplé de 2016-2017-2018. L’attaquant munichois Patrick Hager, qui a remporté le titre de champion de 2014 avec Ingolstadt, est méfiant : « Le patinage d’Ingolstadt est incroyablement intense et ils ont probablement l’équipe la plus rapide de la ligue. Il faut trouver le juste équilibre et ne pas se laisser surprendre par leur rythme élevé. Ce derby en finale, c’est une nouveauté dans l’histoire de la DEL. Il n’y a jamais eu de derby bavarois en finale auparavant. Il n’y a rien de mieux pour les fans. »
Après cette séquence d’émotion pour les fans, la partie s’engage avec deux kops de supporters assourdissants. Le bruit est infernal. C’est dans ce chaudron que le coup d’envoi est donné. Ty Ronning lance la première attaque pour les visiteurs. Mathias Niederberger ne peut pas capter le puck correctement pour son premier arrêt (0’52). La réponse vient d’Ortega qui nous gratifie d’un fabuleux palet dévié avec la crosse entre les jambes (1’23). Trevor Parkes est, lui, efficace avec une reprise devant la cage après une belle passe de Varejcka (1’33 : 1-0). Le public est en transe. Munich a mis la machine en route et impose son défi physique. DeSousa envoie un palet qui passe au ras du montant.
L’équipe d’Ingolstadt s’accroche et fait ce qu’elle sait faire : subir et défendre sans le palet. Dans l’autre sens, Munich subit trois pénalités successives et les blancs ne parviennent pas à installer le moindre jeu de puissance. Il faut attendre la troisième séquence pour voir l’installation dans la zone offensive. Daniel Pietta y va seul mais Niederberger dit non ! Les tirs se multiplient et traversent le slot juste devant la cage. Le tiers se termine sur cette sensation d’énorme solidité munichoise.
En deuxième période, Charles Bertrand provoque la première occasion mais son tir va dans les bottes du gardien (23’00). L’ERC Ingolstadt parvient à hisser le jeu vers l’avant et passer plus de temps dans le camp adverse. Après une infériorité encore bien maitrisée, les coéquipiers de Bertrand repartent à l’attaque et le jeune Stachowiak, très en vue dans ces play-offs, s’infiltre et envoie sur Ty McGinn. Mais la reprise à pleine vitesse n’est pas assez dangereuse. Et c’est dans cette séquence de domination que le revirement s’effectue à grande vitesse. Là aussi, un 2 contre 1 s’engage. Schütz offre le palet à Frederik Tiffels qui crucifie Kevin Reich (27’34 : 2-0).
Le but fait mal car Ingolstadt était dans de bonnes dispositions. Mais c’est encore le jeune Germano-Polonais Stachowiak qui pousse et oblige Niederberger à un double arrêt (31’23). Les défenses se renforcent et le jeu se stabilise dans cette deuxième moitié de tiers. C’est en toute fin que Ty Ronning trouve la barre lors de son infiltration dans le slot (36’12). Chris DeSousa, lui, est complètement oublié devant la cage mais Reich ne cède pas (36’40). Enfin Maury Edwards conclut le tiers pour les visiteurs avec un missile que Niederberger ne peut bloquer, vu la violence du tir. C’est Le géant défensif Abeltshauser qui nettoie la cage munichoise. Ingolstadt est revenu mieux dans le match et a créé de réels dangers qui augurent de bons espoirs pour la suite.
En troisième période, à peine le temps de revenir du bar pour finir les frites-saucisses-bière que l’infernal Stachowiak débloque la situation. Il part depuis la bande, effectue une conduite de palet parfaite et repique devant la cage pour battre Niederberger. C’est de la folie pour les nombreux supporters de la Panthère (42’01 : 2-1). Ce but renforce encore la détermination des blancs qui accélèrent encore. La détermination se lit dans les gestes des joueurs de la cité danubienne avec Ty Ronning qui subit le pressing du gigantesque Abeltshauser qui le gêne totalement. Mais Ronning parvient à shooter, le genou à terre, en pleine glissade (47’42).
Munich subit et est en difficulté. La hargne des joueurs de French oblige tous les Munichois à se jeter sur les tirs et les lignes de passes. C’est l’urgence qui prédomine et la défense à outrance. Pourtant le solide Trevor Parkes parvient, tout de même, à créer un danger avec un tir à bout portant (51’30). Les gardiens tiennent leur équipe. Niederberger, dans une séance de quatre contre quatre, tient la baraque. Car Ingolstadt prend des risques et subit des contres. Celui de Ben Street est annihilé par un repli défensif ultra-rapide de Maury Edwards qui lui chipe le palet (55’05). Pourtant la fin approche et Don Jackson fait monter son équipe pour porter le jeu dans le camp adverse. Le jeune Varejcka trouve le poteau de la cage de Reich, gêné à l’origine du tir par l’intenable Stachowiak que l’on retrouve partout. Mark French fait sortir Reich de ses cages à 58’10. Sur la dernière mise eu jeu en zone offensive, la reprise directe sur Niederberger ne permet pas d’égaliser.
Quelle finale, quelle intensité, la série commence sur les chapeaux de roues. Munich a impressionné encore une fois, mais Ingolstadt a eu une bonne partie de la deuxième moitié du match à son avantage. Rien n’est joué et le match 2 sera une toute autre histoire dans la Saturn Arena au milieu du bouillonnant public d’Ingolstadt.
Commentaires d’après-match :
Mark French (entraîneur d’Ingolstadt) : « Nous savions que le début de partie serait très important. Ils ont pris le départ souhaité. Mais avec deux buts de retard, nous sommes revenus mieux dans le deuxième tiers et avons poursuivi cela dans le troisième. Nous avons obtenu de bonnes opportunités mais n’avons pas été en mesure de nous procurer une deuxième chance pour scorer. »
Don Jackson (entraîneur de Munich) : « Oui nous avons bien débuté et marqué deux fois, mais nous avons dû tuer six pénalités et cela a eu un impact dans la troisième période sur notre intensité et notre énergie. Nous avons bien défendu et fait du bon travail pour sortir les rondelles de la zone. Il y une journée de repos entre les deux matchs. Donc on va rester là, prendre du repos, il y aura un entraînement optionnel. Mais nous chercherons à récupérer. »
Maximilian Kastner (attaquant de Munich) : « Nous sommes sortis comme nous l’avions prévu. Nous ne leur avons laissé ni temps ni espace et avons très bien joué les deux premiers tiers. Mais nous devons jouer comme ça pendant 60 minutes. »
Munich – Ingolstadt 2-1 (1-0, 1-0, 0-1)
Vendredi 14 avril 2023 à 19h30 à la Olympia Eishalle. 5728 spectateurs.
Arbitres : Andre Schrader et Marian Rohatsch assistés de Marius Wolzmüller et Tim Heffner
Pénalités : Munich 8′ (6’, 0’, 2’) ; Ingolstadt 8′ (2’, 4’, 2’)
Tirs : Munich 19 ; Ingolstadt 29.
Évolution du score :
1-0 à 01’33 : Parkes assisté de Varejcka
2-0 à 27’34 : Tiffels assisté de Schütz et Niederberger
2-1 à 26’28 : Stachowiak assisté de Wagner et Bodie
Munich
Attaquants :
Chris DeSousa – Patrick Hager – Maximilian Kastner (+1)
Filip Varejcka – Ben Street – Trevor Parke
Yasin Ehliz (2’) – Ben Smith (2’) – Austin Ortega
Frederik Tiffels (+1) – Andreas Eder – Justin Schütz (+1)
Défenseurs :
Maximilian Daubner (+1) – Daryl Boyle (+1)
Konrad Abeltshauser – Jonathon Blum
Ryan McKiernan – Emil Johansson (2’)
Maksymilian Szuber (2’)
Gardien :
Mathias Niederberger
Remplaçant : Danny Aus Den Birken (G). Absent : Zach Redmond.
Ingolstadt
Attaquants :
Tye McGinn (-1, 2’) – Daniel Pietta (-1, 2’) – Ty Ronning
Wayne Simpson (+1, 2’) – Wojciech Stachowiak (+1) – Charles Bertrand (+1)
Marko Friedrich – Justin Feser (-1) – Stefan Matteau (-1)
Enrico Henriquez Morales – Mirko Höfflin – Frederik Storm (-2)
Défenseurs :
Matthew Bodie (+1) – Leon Hüttl
Maury Edwards (-2) – Colton Jobke (2’)
Emil Quaas (-1) – Fabio Wagner
Phillip Krauss
Gardien :
Kevin Reich
Remplaçant : Michael Garteig (G). Absents : Ben Marshall (genou, saison terminée), Brian Gibbons (genou, saison terminée), Jerome Flaake.