Malgré l’écart de résultats dans la série avec trois victoires à une pour les Munichois, Ingolstadt se montre réellement compétitif et challenge les leaders de la saison régulière à chaque match. Mais cette fois il n’y a plus d’erreur possible. Munich peut se voir sacré cet après-midi sur sa glace en cas de victoire.
Dans le match 4 remporté à Ingolstadt (0-3), Mathias Niederberger, le portier munichois, s’est montré déterminant. D’ailleurs, c’est toute l’équipe qui a cette qualité de conserver son avance et peut s’appuyer sur un groupe très solide. De son côté, les joueurs de Mark French surprennent avec la capacité de faire jeu égal, créer le danger et proposer un collectif bien huilée. Mais la concrétisation n’est pas à la hauteur des enjeux. Pour le reste, la révélation du jeune gardien Jonas Stettmer est un sacré frisson dans cette finale.
Mark French, dos au mur, ne relâche pas la pression : « Nous devons jouer nos actions offensives plus simplement et plus efficacement. Bien sûr, nous sommes maintenant dos au mur, mais cette équipe a fait face à tant d’adversité et de résistance au cours des dernières semaines et des derniers mois qu’elle a toujours trouvé une solution. Concernant les mises au jeu, c’est quelque chose qui affecte non seulement nos centres, mais que nous devons améliorer, car il faut souvent courir après la rondelle en premier, c’est particulièrement difficile contre une équipe aussi forte que Munich. »
Les joueurs ne comptent pas lâcher prise, surtout qu’ils ont déjà réussi à vaincre sur la glace de la patinoire olympique munichoise. Selon l’international danois Frederik Storm : « Notre volonté est intacte. Ce sont sur les détails que nous devons travailler pour aller encore plus fort vers le but et shooter plus dans le slot. »
Autant le match 4 était basé sur la prudence et le réalisme défensif, autant ce match 5 part sur de bonnes bases offensives avec de la vitesse et du dynamisme. Munich compte bien prendre les devants et se procure une réelle occasion suite à une mise au jeu en zone offensive gagnée. Après le passage derrière la cage, Ortega remet le palet juste devant les filets pour Ben Smith. Le jeune Stettmer est vigilant (3’18). La réponse ne se fait pas attendre avec une belle reprise de McGinn. La lutte pour la possession du rebond est âpre entre Daniel Pietta et Daryl Boyle (4’40). Mark French avait pointé les faiblesses de conquête des face–offs. Cette fois l’engagement est à l’avantage des blancs et sur une erreur de contrôle dans la bande de la part de Szuber, McGinn récupère et place le palet dans un trou de souris (6’12, 0-1).
Ce but a le don d’accentuer la domination des visiteurs. Les blancs multiplient les tirs à la cage. Mais les Munichois ne comptent pas lâcher la pression, Patrick Hager envoie une lourde charge dans la bande. Max Kastner vient aussi percuter Stachowiak en sortie de zone et le jeune germano-polonais, après un soleil, chute lourdement sur la glace. Matteau se précipite pour faire justice et l’arbitre envoie tout le monde sur le banc des pénalités. La mise en échec de Kastner est visionné en vidéo et on engage une séquence de quatre contre quatre. À son retour sur la glace, Kastner est surveillé comme le lait sur le feu et subit une charge qui l’envoie glisser sur les fesses. Mais le temps de revenir devant la cage et le Munichois exécute une reprise « one-timer » gagnante sur un caviar de Smith passé derrière la cage (12’42, 1-1).
Munich a repris les choses en main et impose son pressing. Ingolstadt est acculé devant ses cages et éprouve les pires difficultés pour sortir de sa zone. Les blancs bénéficient d’une pénalité de Blum mais Munich s’appuie sur 91,7% de réussite en infériorité numérique. Et même Stachowiak, seul devant la cage, est surpris d’obtenir le puck de Simpson, il rate son contrôle pour shooter. Munich a donc forcé son destin mais a aussi trop forcé physiquement, en concédant des pénalités.
En deuxième période, on reprend sur les mêmes bases. Défensivement sur un contre, Jonathon Blum se jette au sol pour couper la passe, crosse au sol (25’45). Pourtant Ingolstadt ne laisse pas tomber et tente des tirs mais sans parvenir à convertir les actions. La pression augmente encore, la tension est perceptible. Krauss et DeSousa sont envoyés sur le banc après une explication. Storm, au pressing, parvient à chiper le palet mais l’arbitre le pénalise pour un retenir pas très évident. À 4 contre 3, le danger est permanent sur Jonas Stettmer. Il réagit même en urgence en se jetant sur le palet. Ensuite c’est Pietta qui bloque un tir. Sauvé ! L’ERC est encore dans la partie. Les pénalités se succèdent et Ronning hérite d’un palet gagné en mise en jeu, bien décalé, il ne peut malheureusement pas reprendre la rondelle dans les meilleures conditions. Niederberger capte de la mitaine ce tir (32’28).
Malgré les difficultés, Ingolstadt parvient à se créer un temps fort avec plus de combat pour trouver des espaces. La pression est forte et les arrières munichois subissent. Abeltshauser plie par deux fois, envoyé en pénalité. Daryl Boyle envoie un violent coup de crosse dans le nez de Matteau. En sang, il regagne le vestiaire. Et Munich doit de nouveau défendre pendant 4 minutes et subir une double infériorité numérique. Les supporters d’Ingolstadt poussent, Munich plie mais ne casse pas. Le jeu de puissance, manquant de vitesse et pas toujours bien organisé, est inopérant face à la rudesse défensive des Red Bulls. Le tournant du match n’en fut pas un et les joueurs regagnent le vestiaire sur ce score nul (1-1).
A la reprise du troisième tiers, Ingolstadt a encore du temps pour finir la supériorité. Mark French prend son temps mort pour forcer la décision. Niederberger est impérial et exécute trois arrêts successifs solides. Munich s’en sort bien et Ingolstadt pourrait regretter cette inefficacité offensive. Par la suite c’est Stettmer qui nous gratifie de trois arrêts de suite, dont un arrêt réflexe impressionnant sur un shoot de Blum et un arrêt de la mitaine sur le tir de Schütz. Les deux équipes sont prudentes et renforcent le repli défensif car on sent que la décision peut venir des deux côtés. Tout paraît bloqué, et à ce moment l’arbitre pénalise les visiteurs pour un surnombre qui tombe très mal ! La sanction est immédiate. Andreas Eder envoie un puissant shoot qui traverse le trafic (51’53, 2-1).
Le jeu se libère et gagne en vitesse. Niederberger, encore lui, ferme la porte sur un tour de cage de Feser (54’10). La contre-attaque de Varejcka est déviée par Stettmer. Ingolstadt joue le tout pour le tout. En situation de quatre contre quatre, Munich bétonne la défense et monte un mur devant sa ligne bleue. Il n’y a plus le choix ; Mark French sort son gardien à 57’34. Niederberger capte le palet, et comme un symbole, brandit la mitaine bien haut, pour signifier qu’il a remporté ce duel. Ensuite Varejcka parvient à envoyer le palet au fond, en cage vide (58’25, 3-1). Avec l’énergie du désespoir, French fait de nouveau sortir Stettmer, mais Munich verrouille tout et remporte le titre de champion d’Allemagne.
La réalité a de nouveau sauté aux yeux. Ingolstadt a été une fois encore compétitif, mais n’a pas trouvé la solution pour concrétiser les nombreuses possibilités de supériorité numérique et a buté sur la lourde et dynamique organisation munichoise.
Munich fait un très beau champion et a éclaboussé de sa puissance ces play-offs. Ingolstadt fut un très beau finaliste, qui a déjoué les pronostics et présenté une belle jeunesse avec Stachowiak et Stettmer. Mais les détails qui font la différence et l’expérience de la victoire ont été primordiales pour aller au bout dans ce duel passionnant.
Don Jackson établit un nouveau record en remportant son 9e titre de champion : 5 avec Berlin et 4 avec Munich. Mais, loin d’être blasé, la joie l’a emporté avec les larmes pour le légendaire entraineur canadien.
La DEL a été créée en 1994/95 et avait débuté dans le doute avec des armadas d’étrangers, des problèmes financiers récurrents et une image écornée en remettant en cause les célèbres blasons des équipes historiques. 28 ans plus tard c’est une toute autre facette qui révèle le hockey allemand, avec des émotions, une compétition passionnante, et de nombreux jeunes joueurs allemands qui renouvellent le hockey national et alimentent les équipes nationales. Comme le disait le joueur légendaire Patrick Reimer à son départ : « La DEL a définitivement réussi ».
Commentaires d’après-match :
Mark French (entraîneur d’Ingolstadt) : « Notre foi était grande. Nous avons pris les devants et avons eu nos moments pour marquer des buts. Mais les garçons peuvent quitter cette saison la tête haute. Il y a de quoi être fier. Nous avons développé une culture de grande éthique de travail, de grand esprit d’équipe et d’altruisme. Les gars ont vécu notre identité à 100 pour cent. »
Fabio Wagner (capitaine d’Ingolstadt) : « Nous nous sommes encore battus et aurions pu gagner le match. Malheureusement, nous n’avons pas marqué de buts. Au final, les unités spéciales ont fait la différence. Ça fait très mal en ce moment et c’est difficile à mettre des mots sur cela, mais nous pouvons être incroyablement fiers de ce que nous avons accompli. Sur le plan sportif, nous sommes sur la bonne voie. Nous devons continuer dans cette direction dans les années à venir. La saison prochaine, nous repartirons plus fort encore. »
Munich – Ingolstadt 3-1 (1-1, 0-0, 2-0)
Dimanche 23 avril 2023 à 19h30 à la Olympia Eishalle. 5728 spectateurs.
Arbitres : Marian Rohatsch et André Schrader assistés de Andreas Hoffer et Marius Wolzmüller.
Pénalités : Munich 18′ (4’, 10’, 4’) ; Ingolstadt 12′ (4’, 4’, 4’)
Tirs : Munich 27 ; Ingolstadt 29
Évolution du score :
0-1 à 06’12 : Ronning assisté de Pietta
1-1 à 12’42 : Kastner assisté de Smith et Boyle
2-1 à 51’53 : Eder assisté de Johansson et Street (sup. num.)
3-1 à 58’25 : Varejcka assisté de Boyle et Smith (cage vide)
EHC Munich
Attaquants :
Chris Desousa (2’) – Patrick Hager (-1) – Max Kastner (2’)
Frederik Tiffels – Andreas Eder – Justin Schütz
Yasin Ehliz (+1, 2’) – Ben Smith (+2) – Austin Ortega
Filip Varejcka (+1) – Ben Street (+1) – Trevor Parkes
Défenseurs :
Ryan McKiernan (-1) – Maksymilian Szuber (-1)
Konrad Abeltshauser (4’) – Jonathon Blum (2’)
Maximilian Daubner (+2, 2’) – Daryl Boyle (+2, 4’)
Emil Johansson
Gardien :
Mathias Niederberger
Remplaçant : Daniel Allavena (G). Absents : Zach Redmond, Julian Lutz (surnuméraires).
ERC Ingolstadt
Attaquants :
Tye McGinn (+1) – Daniel Pietta (-1) – Ty Ronning (-1)
Wayne Simpson (-1) – Wojciech Stachowiak – Charles Bertrand (2’)
Stefan Matteau (-1, 2’) – Justin Feser (-1) – Frederik Storm (-1, 2’)
Enrico Henriquez Morales – Mirko Höfflin – Marko Friedrich
Défenseurs :
Maury Edwards (2’) – Fabio Wagner
Matthew Bodie (-1, 2’) – Colton Jobke
Emil Quaas – Leon Hüttl
Philipp Krauss (2’)
Gardien :
Jonas Stettmer
Remplaçant : Kevin Reich (G). Absents : Michael Garteig (cheville), Ben Marshall (genou), Brian Gibbons (genou), Jerome Flaake.