Dominée à deux reprises en Suisse pour ses premières rencontres de préparation (2-1 et 6-0), l’équipe de France a changé de visage. Les jeunes joueurs inexpérimentés ne sont plus là et Philippe Bozon se rapproche de sa composition finale. Il devait recevoir l’influx de sept nouveaux attaquants. La bonne nouvelle de la liste est le retour Valentin Claireaux, victime d’une déchirure musculaire en demi-finale de Ligue Magnus et revenu d’un aller-retour à Saint-Pierre-et-Miquelon. Il doit se remettre au rythme du jeu après un mois d’inactivité et est aligné au centre du premier trio pour se tester, entre Tim Bozon et Alexandre Texier, rasséréné après son élimination en demi-finale suisse par une semaine de repos et l’annonce officielle par Columbus de son retour en NHL la saison prochaine. C’est une reprise en douceur car le remplacement de Claireaux (par Colotti) à la mi-match a été programmé d’avance par le staff.
La mauvaise nouvelle, c’est l’absence du défenseur Florian Chakiachvili, le meilleur joueur de la finale de Ligue Magnus. De plus, les deux attaquants blessés du week-end suisse, Anthony Rech et Justin Addamo, ne sont pas encore rétablis, sans que cela semble trop grave (Addamo s’est entraîné dans la semaine et Rech devrait pouvoir rejouer demain). Par conséquent, Loïc Farnier, non annoncé dans la convocation et que l’on pensait écarté, est toujours présent après avoir gardé sa place dans la semaine comme « partenaire d’entraînement ».
Quid de l’adversaire du soir ? La Slovénie reste sur deux victoires la semaine dernière sur l’Italie (4-2 et 4-1) et a marqué six de ses huit buts en supériorité numérique : preuve que cela aide d’avoir ses joueurs-clés à disposition.
Certains joueurs ayant fini leur saison ont rejoint l’équipe de France avec un peu de décalage. Le gardien de Mulhouse – et futur Bordelais – Quentin Papillon prend place dans les cages et se chauffe sur un premier tir après 20 secondes de jeu. Fabien Bourgeois, jouant avec une grille, manifeste des intentions résolument offensives au premier tiers-temps. Après deux minutes de jeu, le Gapençais monte au second poteau, reçoit une passe et semble jongler habilement avec le palet qu’il envoie sur l’angle entre poteau et la transversale. C’est déjà la deuxième grosse occasion des Bleus : auparavant, Loïc Farnier a fixé le défenseur Aleksandr Magovac et centré pour Dylan Fabre, arrivé seul face au but où il a échoué à bout portant sur Luka Gračnar, gardien slovène passé par Angers le temps d’une pige pour la Coupe Continentale.
Ce bon début de match tricolore est vite récompensé. Pressé par Dylan Fabre, Matic Podlipnik abandonne le palet dans son dos derrière le but, où Sacha Treille surgit pour le récupérer et le donner en retrait à Fabre, qui ajuste Gračnar côté mitaine (1-0). Décidément, l’Aren’Ice ne réussit guère à Podlipnik, dont le court passage à Cergy avait déçu à l’automne 2021…
La Slovénie réagit un peu par une bonne séquence en zone offensive de la ligne de Ticar, mais quand celle-ci revient sur la glace pour sa présence suivante, elle a un trou d’air et concède une grande occasion : Thomas Thiry fixe Stebih et Sabolic et centre pour Peter Valier. C’est encore un face-à-face remporté par Gračnar, mais la France est un cran au-dessus dans tous les secteurs : patinage, possession et positionnement défensif. Les visiteurs n’ont pourtant besoin que d’une occasion pour marquer. Blaž Tomaževic, très patient derrière la cage, attire Thiry et en profite pour servir Žiga Pance qui est démarqué pour reprendre instantanément. Le tir est dévié par Čimžar juste avant de franchir la ligne (1-1).
Cette égalisation est vraiment contraire au cours du jeu car les Bleus continuent de dominer. Leur jeu de passes est même étonnamment bon pour une équipe à ce point modifiée dans la semaine. Il est donc normal que la France repasse devant. Après un premier assaut sur la cage, Alexandre Texier ressort le palet d’une passe transversale vers Hugo Gallet. Le défenseur contrôle et lance vers l’enclave où Valentin Claireaux dévie en direction d’Enzo Guebey qui conclut en cage vide (2-1, photo ci-dessous).
La Slovénie passe la dernière minute du tiers en infériorité numérique après une projection d’Urbas contre la bande. Gračnar bouge sa cage en venant fermer son poteau sur une reprise de Leclerc servi de derrière la cage de Texier. La sirène retentit sur une passe de Jules Boscq déviée entre ses jambes par Pierre Crinon, qui frôle le poteau. Après vingt minutes, le compteur de tirs affiche 17 à 2.
Pendant la pause, la FFHG honore les jeunes retraités de l’équipe nationale Florian Hardy, Henri-Corentin Buysse, Kévin Hecquefeuille, Antonin Manavian (Anthony Guttig qui encadre l’équipe de France U18 et Damien Fleury sont absents). Ils reçoivent une médaille remise par Dave Henderson, qui fut leur sélectionneur pendant de longues années glorieuses à la tête des Bleus.
Aidée par une minute à 5 contre 4, la France revient sur la glace avec le même allant offensif. Un dangereux tir du poignet de Texier est dévié de justesse par le gant de Gračnar. La réplique vient de Ticar, également dans le cercle droit, et Quentin Papillon doit fermer les bottes d’un bon réflexe. La Slovénie connaît alors son premier temps fort durable. C’est le bloc de Nicolas Ritz – excellent aux mises au jeu – qui finit par ramener le jeu dans le camp adverse.
Les blancs concèdent alors deux pénalités : Miha Stebih fait trébucher Leclerc et Luka Maver dégage le palet en tribunes 7 secondes plus tard. Arrivant d’une grosse fin de saison en AHL à Laval (dans l’équipe-ferme des Canadiens de Montréal) sans avoir été drafté, Pierrick Dubé est doublement malchanceux pendant cette longue séquence à 5 contre 3 : il casse sa crosse sur un one-timer, puis lance sur le poteau après avoir changé de bâton. C’est Guillaume Leclerc qui conclut finalement en cage ouverte au poteau gauche, après un jeu en triangle né d’une passe d’un cercle à l’autre d’Alexandre Texier pour Tim Bozon (3-1, photo ci-dessous).
La première pénalité française (dureté de Guebey) est l’occasion pour les Bleus de se frotter à ce jeu de puissance slovène qui était en réussite. Les blancs contrôlent bien le palet pendant deux minutes mais Quentin Papillon est bien placé pour couvrir le tir à mi-distance de Jan Urbas et les gros slaps de la bleue de Blaž Gregorc. Les Bleus concèdent ensuite un surnombre quand le palet touche un joueur rentrant au banc pendant une séquence offensive, mais les piliers désignés de l’infériorité numérique tiennent encore bon avec l’expérience de Ritz, l’énergie de Kévin Bozon et la solidité de la paire Crinon-Thiry.
Le momentum a néanmoins changé de camp et la Slovénie reste en zone offensive à 5 contre 5. Nicolas Ritz, qui était à 10/13 aux mises au jeu à cet instant, perd pour une fois son duel face à Žiga Jeglic. Celui-ci envoie le palet à la ligne bleue vers Miha Stebih, dont le lancer est dévié dans le slot par Miha Verlič (3-2). Papillon doit même empêcher l’égalisation face à une échappée de Sabolič. Ce serait un comble au vu de la domination initiale de la France
Le troisième tiers-temps débute idéalement. En difficulté aux engagements ce soir (il avait perdu les six premiers et finira à 3/13), Peter Valier – photo ci-dessus – a un peu de réussite sur une mise au jeu en zone offensive. Le palet dévié arrive sur Pierrick Dubé qui décoche un tir instantané entre les jambières de Gračnar (4-2). La France semble maîtriser son sujet et doit s’acheminer vers une victoire à sa main, mais ce n’est toujours pas le cas. Elle n’arrive pas à exploiter deux nouvelles supériorités numériques.
À neuf minutes de la fin, le capitaine slovène Jan Urbas réduit la marque par un slap dans l’axe de la ligne bleue, dévié dans le trafic (4-3). Les Bleus tombent alors dans un faux rythme et se laissent endormir. Du coup, ils n’arrivent même plus à sortir de leur zone et passent les cinq dernières minutes à défendre et à souffrir. Pour voir le côté positif, c’est un bon entraînement des phases défensives et de la protection d’un score dans une fin de match tendue.
L’équipe de France aurait toutefois dû s’épargner ce suspense final. Elle est parfaitement entrée dans le match mais elle n’a pas su se mettre à l’abri. Or, il faut concrétiser sa domination dans ce genre de match qui constitue une répétition des batailles pour le maintien qui auront lieu à Tampere (contre l’Autriche et à la Hongrie). Les Bleus devront donc être plus affirmés et tranchants demain, en prouvant qu’ils ont appris mieux à gérer l’enchaînement de deux parties en deux jours que le week-end dernier.
Désignés joueurs du match : Jules Boscq pour la France et Blaž Tomaževic pour la Slovénie.
Commentaires d’après-match (sur Plan de match)
Philippe Bozon (entraîneur de la France) : « Il y avait plusieurs objectifs pour nous dans ce match : aller en s’améliorant dans notre système de jeu, prendre du rythme pour certains, et jouer pour la gagne. Il y a beaucoup de points remplis, ça ne peut pas être parfait car les gars qui arrivent ont eu une coupure, il faut les remettre dedans. Il y a des affinités à trouver. Très satisfait du premier tiers, totalement dominé, c’est ce qu’on veut essayer de faire. Ce sont plus les pénalités, des deux côtés, qui ont cassé le rythme. J’ai aimé la combativité pour tenir le score après. »
Pierrick Dubé (attaquant de la France) : « On a bien entamé le match avec une belle foule présente. Je pense que ça fait du bien de voir un bon public pour l’équipe de France. On se devait de commencer ce match de la bonne façon, il reste juste à effectuer le même travail pour les trois périodes au complet. C’est une petite période d’adaptation, le système de jeu est différent, la grandeur de la glace aussi. avec le rythme au fil des jours, ça va mieux aller. J’ai fait un bon premier match, je sais que je peux être meilleur encore. »
France – Slovénie 4-3 (2-1, 1-1, 1-1)
Vendredi 28 avril 2023 à 20h00 à l’Aren’Ice de Cergy. 2310 spectateurs.
Arbitres : Pierre Dehaen et Damien Bliek assistés de Johan Fauvel et Nicolas Constantineau (tous FRA).
Pénalités : France 4′ (0′, 4′, 0′) ; Slovénie 10′ (2′, 4′, 4′).
Tirs : France 34 (17, 6, 11) ; Slovénie 25 (2, 14, 9).
Évolution du score :
1-0 à 03’14 : Fabre assisté de S. Treille
1-1 à 13’24 : Čimžar assisté de Z. Pance et Tomaževic
2-1 à 17’13 : Guebey assisté de Claireaux et Gallet
3-1 à 26’41 : Leclerc assisté de T. Bozon et Texier (double sup. num.)
3-2 à 38’30 : Verlič assisté de Stebih et Jeglič
4-2 à 41’53 : Dubé assisté de Valier
4-3 à 51’16 : Urbas assisté de Jeglič et Verlič
France (2′ pour surnombre)
Attaquants :
Tim Bozon (A) – Valentin Claireaux puis Fabien Colotti – Alexandre Texier
Dylan Fabre – Louis Boudon – Sacha Treille (C)
Loïc Farnier (+1) – Peter Valier (+1) – Pierrick Dubé (+1)
Kévin Bozon (-1) [ou Colotti] – Nicolas Ritz (A, -1) – Guillaume Leclerc (-1)
Défenseurs :
Hugo Gallet (+1) – Enzo Guebey (+1, 2′)
Jules Boscq – Vincent Llorca
Pierre Crinon (-1) – Thomas Thiry (-1)
Kevin Dusseau – Fabien Bourgeois
Gardien :
Quentin Papillon
Remplaçant : Julian Junca (G). En tribune : Sébastian Ylönen (G), Anthony Rech (A), Justin Addamo (A)
Slovénie (2′ pour surnombre)
Attaquants :
Jan Urbas (C, +2, 2′) – Žiga Jeglič (+2) – Miha Verlič (+2)
Robert Sabolič (-1) – Rok Tičar (A, -2) – Anže Kuralt (-2)
Jan Drozg (-2) – Luka Maver (-1, 4′) – Ken Ograjenšek (-1)
Blaž Tomaževic (+1) – Tadej Čimžar (+1) – Žiga Pance (+1)
Miha Zajc
Défenseurs :
Blaž Gregorc (+2) – Žiga Pavlin (A, +2)
Aleksandar Magovac (-1) – Matic Podlipnik (-1)
Miha Stebih (-1, 2′) – Bine Mašič (-1)
Aljoša Crnovič
Gardien :
Luka Gračnar [sorti à 58’35]
Remplaçant : Žan Us (G). En tribune : Kristjan Čepon (D), Miha Beričič (A).