L’équipe-type des play-offs consacre souvent le gardien champion. L’an dernier avait fait exception puisque Jakub Stepanek n’avait été choisi sur aucune des deux équipes-types, Grenoble ayant obtenu surtout son titre sur sa force offensive. Cette année, l’heureux élu n’a même pas joué la finale. La dernière fois que le cas s’était présenté, c’était avec Henri-Corentin Buysse (alors à Dijon) en 2015. Cette année, c’est Evan Cowley qui est sélectionné. Le portier des Ducs d’Angers – en photo ci-dessous – a réussi plus de 94% d’arrêts en play-offs, très loin au-dessus de ses confrères (91,3% pour Pintaric deuxième).
Il faut dire que, longtemps, la finale a donné l’impression de ne pas se donner à un match de gardiens mais plutôt à une litanie d’erreurs parfois inhabituelles. Jakub Stepanek, qui avait déjà connu une alerte avec sa sortie en cours de match en quart de finale contre Mulhouse, avait récupéré sa place de titulaire au cours du match suivant et semblait rassurer ensuite, notamment pendant les deux premières manches de la finale. Mais ses faiblesses ont ensuite précipité la chute des Brûleurs de Loups (notamment le but-gag du match 4) et il a donc donné de nouveau l’impression de ne pas être au niveau attendu dans les grands rendez-vous (comme en CHL). Même si Matija Pintaric a lui aussi connu quelques mauvais buts et un remplacement au match 1 de la finale, le Slovène a su être décisif quand il le fallait, notamment dans les deux dernières rencontres quand la tension et la vigilance sont montées d’un cran.
La meilleure défense de saison régulière avait été Grenoble, devant Angers et Rouen. Mais les arrières normands ont su élever leur niveau en play-offs. La progression la plus spectaculaire a été celle de Florian Chakiachvili (photo ci-dessous). Après une saison précédente polluée par les blessures, le défenseur de l’équipe de France avait laissé planer le doute mais ses récentes prestations font l’unanimité. Il a été absolument décisif avec ses buts en prolongation qui ont fait basculer la demi-finale puis la finale.
L’ultime but en prolongation, celui du titre, c’est un autre défenseur qui l’a marqué, Dylan Yeo, grâce à sa qualité de tir du revers. On a parfois pu lui reprocher ses excès de rudesse ou d’allant offensif qui mettaient le collectif en danger, mais il a été irréprochable lors de la finale où il n’a même pas pris la moindre pénalité, tout en s’occupant à tuer celles des autres.
En tant que défenseur défensif, Aleksi Elorinne a été impeccable. Toujours intraitable dans sa zone avec sa puissance physique, il comprend aussi très bien le jeu. Il aura finalement été plus efficace dans son registre que ses compatriotes finlandais de Grenoble (Rouhiainen ou Jalasvaara). Le seul représentant des Brûleurs de Loups dans les lignes arrières des équipes-types, c’est donc l’offensif Kyle Hardy, qui a même longtemps porté le casque d’or dans ces play-offs qu’il termine avec des stats impressionnantes (16 points et +16).
Grenoble a sans doute eu les deux plus fortes individualités de ces play-offs, deux ailiers. Le casque doré du top scorer, distinction interne aux BDL et copiée sur la mode suisse, c’est Brent Aubin qui l’a récupéré. Il a inscrit 15 buts en 15 matches de play-offs, et surtout il a su trouver le chemin des filets lors de chaque match de la finale ! Une telle réussite aux tirs (24% après avoir déjà atteint un respectable 19% en saison régulière) conduit normalement une équipe à soulever la coupe. L’investissement du Canadien a parfois paru inconstant en saison, mais le vétéran aura vraiment tout donné lors des séries… En vain !
Même impression de domination individuelle pour Dylan Fabre (photo ci-dessous). Les défenseurs adverses ont eu toutes les peines du monde à contrôler le jeune Français, avec sa vitesse de patinage mais aussi sa rapidité d’exécution technique rarement vue à son âge en France (22 ans). Et ce ne sont pas des actions pour la galerie, car elles se concluent souvent par un tir d’une précision redoutable. Fabre a reçu le trophée Jean-Pierre Graff de meilleur espoir cette saison, mais il a déjà dépassé ce stade et est un des meilleurs joueurs du championnat. Ses qualités sont telles qu’il donne une impression de facilité. Il suffisait de voir son visage lessivé à l’issue d’une finale à l’intensité rare pour comprendre néanmoins l’effort qui se cache derrière.
Avant la finale, tout laissait à penser que ce sont les centres qui feraient pencher la balance en faveur des Grenoblois. Ils disposaient en effet d’une profondeur à ce poste. Le quatrième centre Adel Koudri a réussi d’excellents play-offs (meilleure fiche absolue avec +19) avant malheureusement de se blesser au cours du cinquième match de la finale. Le vétéran Joel Champagne est toujours très fort dans les blocks et les engagements… mais il a été totalement muet en points sur les quatre victoires rouennaises consécutives en finale ! Nicolas Deschamps, qui avait marqué pendant 9 matches consécutifs jusqu’au premier match de la finale, a été moins décisif ensuite (trahissant encore sa faiblesse aux mises au jeu) mais reste le seul centre grenoblois honoré, sur la seconde équipe-type.
Le centre dominant a incontestablement été rouennais. Sur les trois centres de la rotation régulière, un a vu sa saison s’arrêter sur blessure en demi-finale (Valentin Claireaux). Un autre, François Beauchemin, a été diminué pendant tous les play-offs, finis avec apparemment une entorse aux deux genoux. Quand il a repris le jeu au match décisif malgré la douleur, il a cédé son poste habituel à son ailier (un Alexandre Mallet toujours prêt à rendre service) car il n’était plus en état physique de défendre normalement. Il ne restait donc qu’un seul centre habituel chez les Dragons, Kelsey Tessier (avec le cigare en bas d’article). Transcendé par les play-offs, le Canadien a pleinement assumé ses responsabilités dans une équipe moins fournie en leaders, avec une combativité à toute épreuve.
Même sans avoir un Beauchemin à 100% à ses côtés, Christophe Boivin a continué de produire du jeu et a confirmé sa solide fin de saison. Les deux ailiers de la deuxième équipe-type des play-offs sont d’ailleurs les mêmes que ceux de la dernière équipe-type de saison régulière puisque Samuel Salonen représente l’autre demi-finaliste Cergy-Pontoise. Même si les Jokers n’ont ensuite rien pu faire contre l’armada grenobloise, c’est bien le Finlandais qui a été le joueur dominant du quart de finale contre Gap, le plus incertain a priori mais qui a été remporté en cinq manches par les hommes de Jonathan Paredes grâce aux 10 points de Salonen.
Première équipe-type : Evan Cowley (Angers) / Florian Chakiachvili (Rouen) – Dylan Yeo (Rouen) / Dylan Fabre (Grenoble) – Kelsey Tessier (Rouen) – Brent Aubin (Grenoble).
Deuxième équipe-type : Matija Pintaric (Rouen) / Kyle Hardy (Grenoble) – Aleksi Elorinne (Rouen) / Christophe Boivin (Rouen) – Nicolas Deschamps (Grenoble) – Samuel Salonen (Cergy).