C’est la reprise après la première pause internationale de la saison. Les Brûleurs de Loups ont redressé la barre en Ligue Magnus et juste avant de disputer la demi-finale de Coupe Continentale ce week-end ils doivent passer l’obstacle des Spartiates en huitième de finale de la coupe de France. Un tirage difficile à ce stade de la compétition et un premier match couperet pour les Grenoblois qui ne doivent pas se rater. Les deux équipes se sont déjà affrontées à deux reprises cette saison en championnat lors d’un « back to back » mi-octobre et les hommes de Jyrki Aho se sont imposés à chaque fois (6-3 à Pôle Sud puis 3-1 au POMGE). La méfiance est tout de même de mise dans ce qui ressemble bien à un match-piège après une longue pause et avant une compétition européenne vers laquelle sont tournés tous les esprits.
Ce match marque les débuts du joker russe Roman Lyubimov qui jouait la saison dernière au Spartak Moscou en KHL. On notera également le retour d’Aurélien Dair, un mois après sa blessure subie à Bordeaux. En revanche Charles Schmitt, Lucien Onno et Markus Søberg sont toujours à l’infirmerie. Marseille se présente avec sa dernière recrue, le Suédois David Åslin, arrivé fin octobre en provenance de Norvège, mais sans Louis Cirgues, Fabien Colotti ni Patrik Machac.
Les trois premières minutes ressemblent à un round d’observation entre deux équipes qui ne veulent pas commettre d’erreur dans ce début de match couperet. Une accélération de Deschamps côté droit constitue la première vraie occasion mais son centre devant la cage pour Farnier ne trouve pas preneur. Le palet reste dans la zone offensive et Farnier parvient à prendre un bon lancer repoussé de l’épaule par Marek Ciliak. Les Spartiates réagissent avec un lancer lointain de Tommy Parran bloqué tranquillement par Stepanek. Les Marseillais connaissent une bonne période dans la zone grenobloise. Une relance manquée de Lamarche directement sur Dvorak aurait pu coûter cher mais Stepanek sort une belle mitaine.
Les Brûleurs de Loups sont dominateurs à l’image d’un bon lancer de Fleury puis c’est au tour de Daneau de prendre sa chance mais Ciliak repousse. La dynamique grenobloise est interrompue par une crosse haute de Lavoie sur Dvorak. Première supériorité numérique du match pour les Spartiates mais ces derniers se font surprendre dès le premier engagement par un contre grenoblois : Treille s’échappe sur l’aile gauche et centre pour Adel Koudri qui marque à bout portant (1-0, 09’38).
Ce but en infériorité numérique fait du bien aux Grenoblois qui font le dos rond à quatre contre cinq. Une crosse haute contre Stolyarov permet d’ailleurs de ramener le jeu à égalité numérique. Une tentative de Fleury à bout portant est bloquée en deux temps par Ciliak. Le portier s’illustre face à Lavoie et Marseille fait un bon travail pour tuer la pénalité. De retour à cinq contre cinq, Aubin est tout près d’exploiter un palet mal dégagé par la défense marseillaise.
Les Brûleurs de Loups parviennent à doubler la mise : Deschamps gagne le palet et trouve une belle transversale devant la cage pour Quattrone dont le joli tir du revers surprend Ciliak (2-0, 16’02). Marseille essaie de réagir avec un double lancer de Parran mais Stepanek parvient à geler la rondelle. Au terme d’une période où ils ont fait preuve d’une grande efficacité, les Brûleurs de Loups ont déjà fait un pas important vers la qualification.
Les Grenoblois sont entreprenants au début de la deuxième période avec une bonne occupation de la zone offensive. Une passe de Hardy dans le slot aurait pu être reprise par Fleury mais une bonne intervention de Rockwell permet d’écarter le danger. Le bon travail des Isérois en zone offensive est récompensé par un troisième but sur une belle passe d’Alexandre Lavoie devant le slot, reprise à bout portant par Aurélien Dair (3-0, 21’50, photo ci-dessus). Les affaires des Spartiates ne s’arrangent pas alors que le score commence à enfler.
David Åslin accroche Aubin. Les Brûleurs de Loups peuvent tuer le suspense en supériorité numérique. Fleury arrive à avancer vers le slot au milieu de la défense marseillaise mais il relève trop le palet au moment d’arriver face à Ciliak. Malgré deux minutes d’occupation et de circulation du palet en zone offensive, les hommes de Jyrki Aho n’arrivent pas à percer le verrou marseillais. Les Spartiates peuvent encore y croire et tentent leur chance à cinq contre cinq par Siraudin. Parfois la défense grenobloise se relâche et provoque des turnovers dont les Marseillais ne profitent pas. Siraudin, encore lui, s’illustre sur une bonne accélération mais Ciliak est vigilant. Et les Grenoblois profitent des espaces : Farnier déborde côté gauche, il centre devant la cage pour Deschamps qui reprend et marque à bout portant (4-0, 27’26).
La joie grenobloise n’est que de courte durée : suite à une déconcentration au coup d’envoi, le palet est perdu dans la défense grenobloise, le tir de Djigaouri, contré, trompe Stepanek (4-1, 27’44). Ciliak réalise un bel arrêt face à Rouhiainen alors que les Grenoblois étaient repartis à l’assaut de la cage marseillaise. Roberts Kalkis est pénalisé pour avoir joué avec sa crosse cassée. Pendant deux minutes, le palet circule de manière stérile, sans pouvoir trouver de situation de tir intéressante. Pire, à sa sortie de prison, Kalkis hérite du palet et s’échappe tout seul pour défier Stepanek qui réalise un arrêt spectaculaire de la jambière en se couchant de tout son long sur la glace.
Les Brûleurs de Loups doivent rester vigilants et continuent de mettre la pression en zone offensive. Sur une contre-attaque rapide, Hardy sert Lyubimov qui se présente face à Ciliak mais le tir n’est pas cadré et le palet passe juste au ras du poteau. Ce n’est que partie remise, Hardy trouve Aurélien Dair sur une passe lointaine ; l’attaquant grenoblois part tout seul et parvient à déjouer Ciliak d’un tir du revers (5-1, 37’14). Marseille essaie de réagir avec Martin Kadlec qui s’avance vers la cage mais bute sur Stepanek. Ciliak évite le naufrage à son équipe sur une reprise à bout portant de Sacha Treille. Les Brûleurs de Loups peuvent rentrer sereinement au vestiaire avec la qualification en vue.
Avec quatre buts de retard, les Spartiates sont dos au mur et il leur faut réaliser un petit exploit pour atteindre les quarts de finale. Mais c’est Adel Koudri qui d’entrée aurait pu alourdir le score en se faufilant dans la défense marseillaise pour finalement buter sur Ciliak. Les Grenoblois se montrent toujours les plus offensifs : à deux contre un, Koudri laisse le palet à Treille qui reprend à bout portant mais Ciliak a eu le temps de revenir in extremis. C’est le moment des occasions manquées puisque de l’autre côté de la glace, Nicolas Ruel manque une cage grande ouverte. Les Spartiates manquent d’envie dans ce troisième tiers et semblent déjà résignés. Flavian Dair parvient à récupérer le palet mais sa passe pour Daneau n’est pas suffisamment ajustée alors que la défense marseillaise était en difficulté.
Après une charge de Crinon sur Ten Braak sanctionnée par l’arbitre, Fleury se fait pénaliser à son tour pour avoir protesté. C’est donc une double supériorité numérique pour Marseille qui a une belle opportunité de réduire l’écart. Le palet tourne autour de la cage de Stepanek mais Grenoble parvient à écarter le danger. Une faute de Da Costa sur Lamarche vient réduire l’infériorité numérique grenobloise, à 3 contre 4. Finalement les deux pénalités sont tuées par les Brûleurs de Loups qui peuvent voir venir sereinement la fin de match. Lavoie tente de trouver Koudri juste devant le slot mais ce dernier n’arrive pas à contrôler le palet. Sur un 2 contre 1, Farnier sert Deschamps alors qu’il aurait pu tenter le tir direct. Deschamps ne réceptionne pas le palet mais Rockwell l’accroche. C’est une supériorité numérique pour les Brûleurs de Loups. Le palet circule bien mais une nouvelle fois les Grenoblois n’arrivent pas à marquer en jeu de puissance, un des points noirs de la soirée. De retour à cinq, les Spartiates manquent de peu de réduire le score mais Stepanek détourne le tir de Parran. Munoz accroche Ruel et part à son tour en prison mais il ne reste que quatre minutes de jeu. Stepanek sort une belle mitaine contre Parran. La pénalité est tuée assez facilement et les deux équipes peuvent attendre tranquillement la fin.
Les Brûleurs de Loups ont bien géré ce match piège au retour de la trêve internationale. Ils s’imposent assez facilement sans se faire de frayeur et se sont bien préparés à leur week-end européen. Stepanek a été solide dans les cages en empêchant tout retour marseillais. À 4-1 à la mi-match, la messe était déjà dite grâce à une belle efficacité offensive, notamment sur des contre-attaques rapidement jouées. Aurélien Dair a pu fêter son retour après un mois d’absence avec deux buts. Roman Lyubimov a fait des débuts discrets mais laisse entrevoir un potentiel intéressant avec un gabarit qui apporte un plus devant le slot et dans l’attaque grenobloise. La qualification pour les quarts de finale est acquise, il reste maintenant à se consacrer à la Continental Cup.
Du côté marseillais on peut être déçu du résultat et de la prestation d’ensemble. Les Spartiates ont vite sombré, ne laissant pas l’impression de se battre vraiment pour la qualification jusqu’au bout du match. Marek Ciliak a été présent mais laissé souvent trop seul par une défense approximative, notamment lors de la première moitié du match. Seule satisfaction ce soir : la gestion des infériorités numériques. Après un match décevant, Marseille va désormais reporter ses ambitions cette saison sur la Ligne Magnus.
Désignés meilleurs joueurs du match : Aurélien Dair (Grenoble) et Sasha Djigaouri (Marseille)
Commentaires d’après-match :
Jakub Stepanek (gardien de Grenoble) : « On s’est dit que ça se jouait sur un match. On le savait mais tout le monde voulait aller au tour suivant. Nous avons gagné et je suis content que nous l’ayons fait. Cela fait un moment qu’on se prépare pour cela, nous avons profité de la pause internationale, on savait ce qui nous attendait. Nous avons joué un match solide, nous avons marqué des buts et nous n’avons pas eu beaucoup de difficulté en défense donc c’est bien. J’aurais aimé éviter de prendre le but mais après j’ai fait plusieurs arrêts, je pense que j’ai fait un bon match aujourd’hui comme l’ensemble de l’équipe. Nous nous sommes soutenus les uns les autres. Le hockey est un sport rapide, on ne sait jamais ce qui peut se passer. Ce n’est pas un problème de marquer trois buts en une minute au hockey. Donc j’ai essayé d’être concentré tout le temps. Sur l’arrêt [face à Kalkis], vous devez trouver le bon moment pour faire cela. Mais je ne veux pas dire à quel moment, j’ai décidé de le faire parce que c’est mon secret et mon expérience donc je vais le garder pour moi. Mais l’important c’est de le faire au bon moment, si vous le faites tout le temps après tout le monde le sait et une fois j’aurais l’air stupide. Je trouvais que c’était dur de jouer dès le deuxième tour contre une équipe de Ligue Magnus mais après je me suis dit que c’était mieux de jouer aujourd’hui contre une équipe de Magnus plutôt qu’une D1 ou une D2 pour passer ensuite à la Continental Cup ce week-end. C’était une bonne préparation. Marseille a un jeu solide et l’a montré à plusieurs reprises pendant la saison. Pour nous c’était un bon test. Nous allons jouer des styles de jeu différents de la Magnus. Je n’ai jamais joué la ContiCup avant donc j’ai mes attentes aussi. »
Adel Koudri (attaquant de Grenoble) : « On a reçu une bonne équipe de Marseille qui s’est bien battue jusqu’au bout. On savait que c’était one shot et que si on perdait c’était fini. On a été sérieux du début à la fin. Et c’est pour ça qu’on a cette victoire. Ils étaient bien rentrés dans la partie, c’est vrai que le but en infériorité numérique nous amène de la confiance et leur met un petit coup derrière la tête. Et ça prouve que même en infériorité numérique, on est dangereux et on peut marquer des buts. Ça nous met un peu en confiance parce que la structure est là, le système défensif aussi. […] Personnellement je n’ai pas d’équipe qui fait plus peur, j’ai juste entendu parler de Cardiff parce qu’Amiens les a joués en préparation mais j’ai juste eu des échos sans plus. Ça nous motive parce que c’est une coupe d’Europe, on joue des grosses équipes. Et on a envie de la gagner parce que c’est un titre en plus, ce n’est pas négligeable. Pour nous, trois matchs en trois jours, c’est rare. Surtout en club. Là il va falloir être bien préparé, bien récupérer après les matchs, c’est très important. Personnellement j’ai envie de gagner ces trois matchs et de découvrir ce qu’est la finale de la Continental Cup parce qu’on n’a pas eu la chance de la découvrir en CHL. L’équipe est prête, on s’est adapté sur toutes les failles du début de saison. Kouba en ce moment est vraiment serein dans les cages, ça nous aide énormément de savoir qu’il est confiant et qu’il est en forme surtout. Il a la banane, il a le sourire. Là il prend un but de merde sur un contre parce qu’on n’était pas directement prêt juste après le but. Mais il nous sort un gros match encore ce soir et je pense qu’il va être prêt et que c’est un objectif aussi pour lui malgré son palmarès de gagner la Continental Cup. »
(Photos de Philippe Crouzet)
Grenoble – Marseille 5-1 (2-0, 3-1, 0-0)
Mardi 14 novembre 2023 à 20h15 à Pôle Sud. 3967 spectateurs.
Arbitres : Nicolas Barbez et Alexandre Bourreau assistés de Clément Goncalves et Alexia Cheyroux
Pénalités : Grenoble 18’ (2’, 0’, 6’+10’), Marseille 10’ (2’, 4’, 4’)
Tirs : Grenoble 32 (11, 15, 6), Marseille 21 (8, 6, 7)
Engagements : Grenoble 22 (9, 7, 6), Marseille 42 (16, 13, 13)
Évolution du score :
1-0 à 09’38 : Koudri assisté de Treille et Hardy (inf. num.)
2-0 à 16’02 : Quattrone assisté de Deschamps et Racine
3-0 à 21’50 : A.Dair assisté de Lavoie et Koudri
4-0 à 27’26 : Deschamps assisté de Farnier et Munoz
4-1 à 27’44 : Djigaouri assisté de Stolyarov
5-1 à 37’14 : A.Dair assisté de Hardy et Lamarche
Grenoble
Attaquants :
Loïc Farnier – Nicolas Deschamps (A) – Damien Fleury (A) (2’+10’)
Sacha Treille (C) – Adel Koudri – Alexandre Lavoie (2’)
Aurélien Dair – Roman Lyubimov – Brent Aubin
Flavian Dair – Zackary Daneau – Julien Munoz (2’)
Défenseurs :
Jere Rouhiainen – Pierre Crinon (2’)
Kyle Hardy – Maxim Lamarche
Jonathan Racine – Timothée Quattrone
Gardien :
Jakub Stepanek
Remplaçant : Raphaël Garnier (G). Absents : Lucien Onno (scaphoïde), Charles Schmitt (adducteurs), Markus Søberg (adducteurs), Matias Bachelet (repos).
Marseille
Attaquants :
Gennadi Stolyarov (A) (2’) – Filip Dvorak – Jan Dufek
David Åslin (2’) – Martin Kadlec – Teddy Da Costa (C) (2’)
Paul Siraudin – Nicolas Ruel – Aurélien Serres
Lucas Colombin – Maxence Leroux – Bryan Ten Braak (A)
Défenseurs :
Tyler Rockwell (2’) – Colin Morillon
Tommy Parran – Guillaume Roussel
Roberts Kalkis (2’) – Sasha Djigaouri
Gardien :
Marek Ciliak
Remplaçant : Florian Gourdin (G). Absents : Louis Cirgues, Fabien Colotti, Patrik Machac