Les Tchèques ont programmé par avance la rotation de leurs cinq lignes au cours du tournoi et ils se sont « tenus à leur plan » (au point d’avoir ulcéré les Suisses par la convocation forcée de Červenka. Mais les plans les mieux établis peuvent toujours être contrecarrés. Ronald Knot et Michal Řepík ont des petits problèmes de santé. Il n’y a donc plus que neuf défenseurs qui tournent, et il n’y a plus de mise au repos des ailiers droits.
Le plan tchèque prévoyait en particulier que les débutants convoqués dans la sélection regardent le premier match depuis les tribunes pour s’imprégner du système de jeu, du rythme et de l’environnement du match international avant de participer eux-mêmes. C’est le cas du défenseur de 22 ans Mikuláš Hovorka, révélé au Motor České Budějovice alors qu’il n’avait jamais été appelés dans les équipes nationales juniors, et de l’attaquant Jakub Rychlívský, énergique dans le patinage et dans les duels. Après le revirement sur la sélection de Roman Will à la suite des polémiques du début de semaine, le gardien réserviste initial Josef Kořenář – qui compte 12 matches de NHL pour San José et Arizona – fait aussi ses débuts internationaux à 25 ans.
Après les hymnes nationaux joués de manière original sur un dulcimer, c’est Kořenář qui a le plus de travail. Enzo Corvi le teste d’un tir du poignet du cercle gauche après une minute et demie, puis il est encore dangereux sur un centre pour Tyler Moy. Mais la plus belle occasion survient après 12 minutes avec un 2 contre 1 de Calvin Thürkauf et Damien Riat, mais celui-ci n’arrive pas à reprendre assez proprement la passe levée pour viser la cage ouverte. Les Tchèques répondent en fin de tiers par une autre passe levée en 2 contre 1, de Voženílek pour Stránský, mais la reprise échoue dans la botte de Leonardo Genoni, bien levée contre son poteau.
La Suisse n’a pas concrétisé sa domination en première période, et les Tchèques vont mieux à la reprise. Le tour de cage rapide d’Ondřej Beránek offre une première occasion à Ondřej Kovařčík dans le slot. Une minute plus tard, action similaire avec Michal Kovařčík pour le tour du filet et Rychlívský, dont le slot est la spécialité, qui accompagne instinctivement le palet du patin avant de conclure de la crosse. Le deuxième but arrive juste après à cause d’une pénalité pour dureté de Loeffel, et c’est l’homme en forme David Tomášek qui prend un rebond dans l’angle grand ouvert pour passer à 5 buts en 5 sélections dans cette saison (photo ci-dessous).
À 0-2, on ne donne plus cher des chances de la Nati pour le troisième tiers. Mais une pénalité immédiate de Kempný permet à Tyler Moy de décocher son tir précis au-dessus du gant de Kořenář seulement quatre secondes après l’engagement. Et là encore, les buts vont par paire. Fabrice Herzog attire la défense en entrée de zone et passe en profondeur pour Tristan Scherwey parti au but pour l’égalisation du revers. La ligne Scherwey-Richard-Bertschy continue de peser sur le match en provoquant des pénalités. Portée par son public, la Suisse finit fort. Un lancer de Sven Andrighetto fait résonner le poteau à mi-tiers. À la dernière minute, Christoph Bertschy part à 2 contre 1 et choisit le tir… détourné par Kořenář de justesse. Christian Marti se procure une dernière occasion.
Les Tchèques perdent leur premier point sous le mandat de Radim Rulík… mais ils poursuivent quand même leur série victorieuse. En prolongation à 3 contre 3, une glissade malheureuse de Ken Jäger face à lui permet en effet à Michal Kempný d’avoir un peu plus de champ pour un tir précis dans la lucarne opposée (2-3). C’est a contrario une cinquième défaite de la saison pour la Suisse, mais un premier point encourageant.
Désignés joueurs du match : Tristan Scherwey pour la Suisse et Michal Kempný pour la Tchéquie.
Commentaires d’après-match :
Patrick Fischer (entraîneur de la Suisse) : « Nous avons commencé le deuxième tiers par un powerplay où nous étions un peu nonchalants. Ensuite nous n’avons pas appliqué notre forechecking et nous ne sommes pas sortis de notre zone pendant 15 minutes. Quand on joue contre de tels adversaires, on doit jouer son jeu 60 minutes. C’est différent quand on joue contre la Slovaquie ou le Bélarus où l’on peut supporter des négligences. Nous avons déjà perdu tous nos matches devant notre public l’an passé. Nous devon en gagner au moins un. Mais nous n’y parviendrons qu’avec du bon hockey sur trois tiers-temps. »
Jakub Rychlívský (attaquant de la Tchéquie) : « Je suis surtout content qu’on ait gagné à la fin. Nous ne nous sommes pas rendu la tâche facile en troisième période. La foule encourageait les Suisses, mais je pense que ça nous a rassemblés, nous n’avons pas paniqué. C’était du hockey rapide sur une grande glace, avec beaucoup de patinage. Tous les gars m’ont dit de profiter de mon premier match. Pour être franc, je ne me rends pas encore compte, tout est allé si vite. J’ai essayé de rester concentré tout le match. La joie va sûrement venir. J’ai le palet de mon premier but, j’ai une vitrine dans la maison de ma mère où je les mets. Statistiquement, c’est dans le slot que la majorité des buts sont marqués et j’essaie toujours de trouver une ouverture pour être au bon endroit au bon moment. »
Josef Kořenář (gardien de la Tchéquie) : « Je l’ai pris comme tout autre match. C’est important pour un gardien, sinon on peut s’effondrer. Je n’étais pas nerveux de toute la journée, un peu en arrivant dans la patinoire. Mais je dois avouer que parfois je suis plus nerveux au Sparta. Je me suis senti bien, je suis content du match. Ils nous ont coincés en quatre minutes et tout était à refaire. Mais c’est important de gagner pendant longtemps. La première défaite est toujours la plus douloureuse et c’est long de s’en remettre. Plus on la repousse, mieux c’est. »
photos Jan Benes, Český Hokej
Suisse – Tchéquie 2-3 après prolongation (0-0, 0-2, 2-0, 0-1)
Samedi 16 décembre 2023 à 18h00 à la Swiss Life Arena de Zurich. 7125 spectateurs.
Arbitres : Lassi Heikkinen (FIN) et Christoffer Holm (SUE) assistés de Lauri Nikulainen (FIN) et Josef Špůr (TCH).
Pénalités : Suisse 4′ (2′, 2′, 0′, 0′) ; Tchéquie 8′ (2′, 0′, 6′, 0′).
Tirs : Suisse 23 (4, 9, 9, 1) ; Tchéquie 27 (5, 16, 5, 1).
Évolution du score :
0-1 à 25’15 : Rychlevský assisté de M. Kovařčík et Ticháček
0-2 à 27’03 : Tomášek assisté de Voženílek et Kousal (sup. num.)
1-2 à 41’11 : Moy assisté de Biasca (sup. num.)
2-2 à 43’00 : Scherwey assisté de Herzog
2-3 à 61’57 : Kempný assisté de Stránský et Voženílek
Suisse
Attaquants :
Calvin Thürkauf (C) – Denis Malgin (2′) – Tyler Moy (-1)
Sven Andrighetto (A, -1) – Enzo Corvi (-1) – Fabrice Herzog (+1)
Attilio Biasca – Ken Jäger (-1) – Damien Riat
Tristan Scherwey (A, +1) – Tanner Richard (+1) – Christoph Bertschy
Mike Künzle (-1)
Défenseurs :
Dean Kukan – Andrea Glauser
Christian Marti – Romain Loeffel (2′)
Michael Fora – Tobias Geisser
Tim Berni (-1) – David Aebischer
Gardien :
Leonardo Genoni
Remplaçant : Joren van Pottelberghe (G). En réserve : Lukas Frick, Fabian Heldner (D), Gaëtan Haas (A).
Tchéquie
Attaquants :
Roman Červenka (-1) – Michael Špaček (C, -1) – Jakub Flek
Daniel Voženílek – Petr Kodýtek – Matěj Stránský (A, +1)
Jakub Rychlevský (+1, 2′) – David Tomášek – Pavel Kousal
Ondřej Kovařčík – Michal Kovařčík (+1) – Ondřej Beránek (+1)
Défenseurs :
Michal Kempný (A, 2′) – Mikuláš Hovorka
Filip Pyrochta – Martin Jandus (+1, 2′)
Dominik Mašín – Libor Zábranský (2′)
Filip Král – Jiří Ticháček
Gardien :
Josef Kořenář
Remplaçants : Dominik Pavlát (G), Radan Lenc (A). En réserve : Ronald Knot, Tomáš Kundrátek (D), Tomáš Filippi, Michal Řepík (A).