Dans sa forteresse de l’île Lacroix, le Rouen Hockey Elite 76 a dominé dans la douleur les hommes de Frantisek Stolc et Stanislav Sutor. Les Normands, premiers au classement de la ligue Magnus, conservent leur avance de 6 points sur Angers et enchaînent avec un cinquième succès de rang à domicile depuis la défaite contre Amiens.
Le public de Péchalat a longtemps dû retenir son souffle avant de pouvoir exulter, ce soir, pour le premier match des Dragons à domicile en 2024. Avec des infirmeries bien chargées de part et d’autre (2 titulaires absents à Rouen contre 3 à Nice), les joueurs de Fabrice Lhenry, sans le joker rouennais Rob Flick non qualifié, venaient avec l’envie de laisser Angers leur sucer la roue, face à des Niçois motivés à l’idée de garder le contact avec le huitième, Cergy-Pontoise.
Très vite, les Noirs et Jaunes privent de palet leurs adversaires mais sans trouver le moyen (3’00 & 4’50) d’éviter le gardien estonien Conrad Molder.
Après un premier échec d’Emil Kristensen (3’00), puis un second de Vigners (4’50), plus tard, Vitou, en fin de présence, n’assurait pas une sortie de zone avant de quitter la glace. Le palet perdu en zone neutre profitait à une relance rapide qui, après un curieux rebond dans la bande, mettait Francis Perron sur orbite, jusqu’aux oreilles. Le joueur de centre ouvrait la marque à mi-hauteur côté plaque (1-0 à 8’19).
En bloquant un tir d’Anthony Rech dans l’enclave (9’19), Yohann Alzon ne le savait pas encore mais l’arrière venait à la fois de contrer une chance rouennaise et de permettre une longue relance de Lévesque, au bout de laquelle Abramov débordait sur la gauche une défense pas assez agressive, avant d’envoyer à la cage un palet qui fut dévié, au nez de Yeo, du bout de la crosse, par Rychagov, entre les jambières de Pintaric. Une égalisation qui survenait sur la première occasion des visiteurs (1-1 à 9’31) et qui coupait le tranchant des locaux. Même en supériorité (de 10’56 à 12’56). L’aiguisé était plutôt du côté des Azuréens et de Lucas Villain qui venait percer la défense rouennaise avant que Pintaric puisse s’interposer au lancer du natif de… Rouen ! (10’48)
Le RHE a ensuite conservé le disque sur les extérieurs sans vraiment aller à la cage, à part Fiorenzo Villard (17’25) et à un degré moindre Vigners. Les joueurs de Fabrice Lhenry ne trouvaient pas non plus de lignes de passes, ni de tirs. Les Aigles auraient même pu mener au premier repos car Andrei Rychagov a peut-être voulu trop en faire sur un contre surnuméraire mené avec Babka (19’45).
Des positions de lancer, les coéquipiers de Loïc Lampérier en trouvaient deux au retour sur la glace. Emil Kristensen, le joueur qui lance le plus en ligue Magnus, n’atteint que le plastron de Molder (20’34). Quant à Marcel Hascak, son geste heurte Nikiforov au visage. Le joueur le plus utile à l’équipe niçoise sera évacué au CHU de Rouen, sans pouvoir revenir sur la glace (21’37).
Après la blessure du Russe, Francis Perron, laxiste en zone neutre, néglige son marquage sur Kalan. Explosif, la dernière recrue niçoise se rend disponible dans le dos de Sotnieks attiré par Kopta. Servi par son ailier gauche, Luka Kalan déborde sur une attaque surnuméraire, menée avec Cip. La reprise du droitier sur le centre du Slovène est détournée par Pintaric. Mais Kalan, acharné, avait poursuivi son action au soutien devant la cage, et il parvient à pousser le retour de tir dans la cage ouverte (1-2 à 22’20).
Seulement les Dragons réagissent bien. D’abord par leur capitaine qui donne du travail à Molder (24’20). Puis ils égalisent. Grâce un bon échec-avant, les Normands récupèrent la rondelle derrière la cage adverse et offrent à leurs partisans un superbe tic-tac-toe (avec contrôles de puck) joué à trois et adroitement terminé par Francis Perron (2-2 à 25’15).
Les coéquipiers de Loïc Lampérier peuvent aussi compter sur l’indiscipline des Maralpins pour passer devant eux une seconde fois. À cinq contre trois, Anthony Rech est très inspiré en attaquant la cage et avec des poignets solides, feintant Molder, au second poteau, après une passe de Hascak à plat à travers le triangle des blancs (3-2 à 30’31).
Après une chance pour Tommy Perret (32’10), les Noirs-et-Jaunes doivent tuer une pénalité (de 32’48 à 34’48) sans être trop inquiétés puisque ce sont eux les plus dangereux lors d’un 2-contre-1, emmené par Milan Kytnar et Quentin Tomasino, sur lequel Molder est vigilant (33’39). Le gardien niçois peut aussi respirer lorsqu’il aperçoit Marcel Hascak en bonne position embarrasser avec le caoutchouc (35’42).
Malgré tout, Rouen recule parfois et les partenaires de l’international estonien restent vifs. Alors, quand Florian Chakiachvili perd sa crosse, la défense rouennaise est désorganisée, incapable de contester la possession du palet aux Aigles. En présence du trio Kopta-Kalan-Cip, cela n’a pas pardonné en fin de deuxième tiers. Matija Pintaric sort certes une très solide botte lors du lancer sur réception de Cip. Mais le Slovène ne pourra rien (masqué ?) sur la déviation de son compatriote Luka Kalan, 3 secondes plus tard, lors d’un tir fureteur de Cip à la ligne bleue (3-3 à 38’49).
Dans la dernière période, le RHE tremblera en infériorité (de 42’09 à 44’09) lors des tentatives de Kopta, cadrée (42’15), et de Vitou, hors du cadre (42’39). L’exercice, aller chercher un but sans en encaisser, était difficile pour les locaux.
À l’exception d’un rare momentum – Kristensen (45’03), Lampérier (46’25), Vigners (46’34) – les Seino-Marins ont eu la possession, mais ils ont souvent tourné autour des Provencaux sauf sur l’occasion du tout début de période de Marcel Hascak (40’19) et les efforts continus de Vigners, eux toujours contrés par les défenseurs.
À l’exception d’une chance pour Tomasino (50’50), les partisans d’une équipe toujours à la merci des Azuréens n’avaient pas vu grand chose de convaincant depuis presque 10 minutes lorsque Florian Chakiachvili est allé chercher la victoire quasiment à lui seul. Il a été aidé par Milan Kytnar qui a fait craquer Kalan, sous pression dans une mise au jeu en zone niçoise. Une haute lutte où le Slovène a été sanctionné d’une prison, jugée à cause d’un retard de jeu (« talonnage à la main » ?). Une supériorité pendant laquelle l’arrière international a réussi là où l’import, Francis Perron, a été incapable de trouver une ligne de tir (et de passe). Le lancer précis adressé avec conviction du haut de l’enclave par le meilleur pointeur des défenseurs de la ligue a percuté le dessous de la barre avant de finir dans le dos de Molder (4-3 à 56’55).
Ce but aura aussi sorti le gardien de 24 ans de son (pourtant solide) match. Énervé, peut-être plus à cause des circonstances de la pénalité de Kalan que celles du but rouennais, le portier est puni pour incorrection et saborde ainsi la fin de match de son équipe. Sur ce nouvel avantage numérique, Loïc Lampérier conclut la marque, de près au premier poteau, sur une remise de Joris Bedin après un gros travail dans la bande du « couteau suisse » normand (5-3 à 58’20).
Le NHE, qui peut être à la fois déçu par la tournure de la fin de rencontre et conscient de devoir améliorer son indiscipline et ses unités spéciales, rentre donc sans le moindre point de ce déplacement. Mais il pourra s’inspirer de son jeu à 5 contre 5 pour en gagner dès le week-end prochain à Cergy-Pontoise, dans un match important pour la huitième place.
Rouen, pour sa part, démarre dans la nouvelle année par une victoire sur sa glace, en attendant d’essayer de la valider à Anglet où il faudra mieux gérer les fulgurances offensives adverses, plutôt que de devoir compter sur un power-play en fin de match, ce qui n’arrivera pas à chaque fois.
Rouen – Nice 5-3 (1-1, 2-2, 2-0)
Mercredi 3 janvier 2024 à 20h15, à la patinoire Nathalie Pechalat. 3279 spectateurs.
Arbitres : Pierre Dehaen et Adrien Ernecq assistés de Joffrey Yssembourg et Jérémie Collin
Pénalités : Rouen 4’ (0’, 2’, 2’) ; Nice 10’ (2’, 4’, 4’)
Tirs cadrés : Rouen 44 (13, 18, 13) ; Nice 20 (6, 9, 5)
Supériorités : Rouen 3/5, Nice 0/2
Évolution du score :
1-0 à 08’19 : Perron assisté de Mallet et Fredriksen
1-1 à 09’31 : Rychagov assisté de Abramov et Levesque
1-2 à 22’20 : Kalan assisté de Cip et Kopta
2-2 à 25’15 : Perron assisté de Mallet et Hascak
3-2 à 30’31 : Rech assisté de Hascak et Perron (double sup. num.)
3-3 à 38’49 : Kalan assisté de Cip et Kopta
4-3 à 56’55 : Chakiachvili assisté de Perron et Tomasino (sup. num.)
5-3 à 58’20 : Lampérier assisté de Tomasino et Bedin (sup. num.)
Rouen
Attaquants :
Anthony Rech – Jordan Hervé – Quentin Tomasino
Loïc Lampérier (C) – Milan Kytnar – Rolands Vigners
Marcel Hascak – Francis Perron – Alexandre Mallet
Joris Bedin – Vincent Nesa – Tommy Perret
Arrières :
Florian Chakiachvili (A) – Emil Kristensen
Fiorenzo Villard – Dylan Yeo (A)
Mattéo Perdrix – Kristaps Sotnieks
Gardien :
Matija Pintaric (17 arrêts)
Remplaçant : Tonin Caubet (G). Absents : Noa Goncalves Nivelais (épaule), Sacha Guimond (genou), Enzo Cantagallo (?), Antonin Honejsek (départ) et Rob Flick (non qualifié).
Nice
Attaquants :
Norbert Abramov – Andrei Rychagov (A) – Evgeni Nikiforov (sorti blessé à 21’37)
Ondrej Kopta – Luka Kalan – Radek Cip
Louis Vitou – [Abramov] – Bryan Sautereau
Alexis Sutor – Daniel Babka – Kais Faure-Brac
Arrières :
Yoan Salve – Louis Belisle (C)
Lucas Villain – Marc-André Levesque (A)
Yohann Alzon
Gardien :
Conrad Molder (39 arrêts)
Remplaçant : Lou Silighini (G). Absents : Nikita Bespalov (?), Ivan Esipov (?), Jesper Larinmaa (?), Mikael Kuronen (?), Roope Reini (?), Joonas Larinmaa (départ), Theo Lanvers (départ) et Kasper Elo (?)