Note de l’auteur : Ayant grandi en région frontalière de la Suisse, j’avais eu la chance capter la Télévision Suisse Romande (devenue depuis RTS) à la maison et de pouvoir regarder la Coupe Spengler pendant les fêtes de Noël. La tradition a perduré. Et bien des années plus tard, il était temps pour moi d’entreprendre ce voyage (initiatique) et de traverser la Suisse pour vivre la Coupe Spengler « en vrai ». Voici mon carnet de voyage. Pour revivre les demi-finales, cliquez ici
Jour 2, Finale : Davos – Pardubice
Après une courte et revigorante nuit de sommeil (la finale est programmée à 12h10), nous revoilà de retour dans le train en direction de Davos. Cette fois la plupart des voyageurs sont parés de jaune et de bleu, les couleurs du HC Davos. Arrivés aux abords de la Vaillant Arena, c’est déjà l’effervescence. Il y a déjà la queue devant le fanshop. Le coup d’envoi est dans une heure mais nous optons entrée précoce dans l’arène. Bien nous en a pris puisque la tribune debout est déjà remplie. Nous sommes toujours bien placés. Un peu plus en hauteur mais nous profiterons encore bien du spectacle. Cependant, pour les photos de match ce n’est toujours idéal puisque le filet de protection nous gêne. Hasard du placement, prennent place derrière nous un trio de Fribourgeois ce qui nous donne l’occasion d’échanger avec eux sur la probable participation des Dragons à l’édition 2024 (dans le cas où Fribourg-Gottéron ne se qualifierait pas pour la CHL, alors ils pourraient être invités à la Coupe Spengler. Dans le cas contre, c’est Langnau qui tiendrait la corde).
Le kop de Davos est déjà en place et lance les premiers chants. Quelques supporters de Pardubice sont présents plusieurs rangs au-dessus de nous, mais le gros des maillots floqués du « D » rouge sont regroupés à l’opposée dans un angle. La tribune se remplit rapidement et semble rapidement au complet : des enfants sont même assis au-dessus des issues de secours ! La ferveur est à un autre niveau par rapport à hier soir, la présence du HCD y est sans doute pour beaucoup. Les locaux n’ont pas été présents à ce stade de la compétition depuis 11 ans (défaite en 2012 face au Team Canada 7-2 malgré la présence de Patrick Kane dans les rangs davosiens) et n’ont pas remporté le tournoi depuis 12 ans (victoire en 2011 face au Dinamo Riga de Sandis Ozolins) et c’est déjà une grande fête.
L’attente est soigneusement meublée grâce à l’animation apportée par le speaker Dario Linder et par les pitreries de la mascotte Hitsch (inspirée par le Steinbock – en français : Capricorne – qui est l’emblème du Canton des Grisons et du HCD) qui se chargent de faire monter l’ambiance. L’atmosphère est festive et nous nous prenons volontiers aux jeux proposés par l’organisation sur l’écran géants ainsi qu’aux chants des supporters davosiens.
Quelques minutes avant le puck-drop les compositions sont annoncées. Côté Davos, le Romand Valentin Nussbaumer intègre le line-up à la place de Simon Knak. Enzo Guebey, le natif de Sallanches, est 7e défenseur et en cas de victoire du HCD, pourrait être le premier tricolore depuis Alexandre Texier en 2018 (il évoluait alors avec KalPa) à remporter la Coupe Spengler.
Du côté de Pardubice, Václav Varaďa reconduit le même effectif et retouche à peine ses lignes. Pour le club Tchèque, la question sera surtout celle de l’état de fraicheur puisque leur quart-de-final s’est terminé il y a à peine 13h. Davos qui a joué plus tôt hier, bénéficie de quelques heures de repos supplémentaires (et potentiellement d’une nuit complète). Sans doute le privilège de l’organisateur…
Les premières occasions sont à l’initiative de Davos. Chris Egli de près (3e minute) puis Dahlbeck de loin (6e minute) mettent à l’épreuve Klouček. À la 7e minute, Košťálek égare le puck en zone neutre, Bristedt part en contre, repique vers la cage et ajuste l’extérieur de la cage. Les Tchèques font le dos-rond et fonctionnent en contre. À la mi-tiers, le match s’équilibre. Pardubice pense même ouvrir le score à la 13e minute. Zohorna lance le palet contre la bande derrière le but de Davos, Kousal prolonge vers Bučko qui tire sur réception depuis la ligne bleue et bat Aeschlimann entre les jambes. Josh Holden fait usage de son coach challenge et après de longues minutes, les arbitres refusent la réalisation pour un hors-jeu de Hájek au début de l’action. Cette annulation semble briser le momentum de Pardubice. Stransky résiste à Adam Musil derrière le but, Haapala hérite du palet et trouve Rasmussen au point d’engagement dont le lancer balayé trouve le fond du filet (1-0, 12’55’’). C’est évidemment l’effervescence en tribune sous l’impulsion du kop Davosien qui redouble d’intensité dans ses chants et ses encouragements. Le score n’évoluera plus jusqu’au retours aux vestiaires.
Ce qui anime quel que peu les conversations durant la pause et refroidi un peu l’ambiance, ce sont les images du coach davosien passées sur les écrans géants de la patinoire juste après que les arbitres ont sifflé la fin de la période. On y voit Josh Holden attraper Tomáš Jurčo par l’encolure du maillot, le secouer et lui hurler dessus (on apprendra plus tard qu’Holden a crié à plusieurs reprises à Jurčo de « rester actif »). La scène digne d’un autre-temps a de quoi choquer. Toujours est-il que le Slovaque dispute son dernier match sous le maillot du HCD puisqu’il a été annoncé avant le début du tournoi qu’il allait terminer la saison en KHL à Omsk. Est-ce un élément d’explication ? Ou est-ce qu’Holden, en difficulté en championnat, a cédé à la frustration ou à la pression ? En tous cas, du côté du GM Jan Alston c’est un non-événement comme il l’a évoqué pour le média en ligne alémanique Watson : « (…) visuellement, cela semble beaucoup plus dramatique qu’il ne l’était en réalité. Josh a simplement encouragé Tomáš à rester actif ». Moralité : circulez, il n’y a rien à voir.
Poussés par leur public, les Davosiens appliquent une grosse pression d’entrée pour le 2e tiers. Suite à une mauvaise relance dans l’axe, Ambühl récupère et décale Bristedt dans la reprise de volée s’écrase sur le poteau de la cage de Klouček (26e). Le portier s’imposera en un-contre-un face à Nordström (31e) avant de concéder le 2-0 lorsque Corvi tire sur réception suite à bon décalage d’Olofsson (2-0, 31’17’’), provoquant par la même une effusion de joie dans les tribunes. Le 3-0 est tout proche lorsque Nussbaumer allume la transversale (34e).
Cependant il ne faudrait pas enterrer les Tchèques trop tôt comme peut en témoigner le Team Canada. Ils profitent d’une supériorité numérique pour réduire l’écart. Radil décale Hyka qui frappe du point d’engagement (2-1, 36’28’’). À peine le temps pour le speaker d’annoncer le buteur que Pardubice va égaliser. Zohorna met échec Fora dans l’arrondi et lui fait perdre le contrôle de la rondelle. Radil centre pour Kousal oublié par la défense (2-2, 36’41’’). En à peine 13 secondes, Pardubice a réussi à faire son retard ! Opposé à ses compatriotes, Stránský tente de secouer ses coéquipiers et chauffer le public en n’hésitant pas à déclencher un début de bagarre avec Radil. Le « geste » semble payant puisque Dahlbeck redonne un but à Davos grâce à un tir puissant – et la participation involontaire du patin de Poulíček – depuis la ligne bleue (3-2, 38’58’’).
Davos va rapidement tuer le suspense en début de troisième tiers. Stránský remporte son engagement en zone offensive. Haapala centre pour Rasmussen qui dévisse sa frappe mais le tape le patin Čerešňák et termine dans le but (4-2, 40’31’’). Le joueur de centre Suédois s’offre son 5e but du tournoi en 4 rencontres, soit deux réalisations de plus qu’en 31 matchs de championnat. Le HCD survole ce début de dernière période et va assommer la rencontre. Corvi force un revirement à la ligne bleue, Wieser s’échappe, butte sur Klouček mais Olofsson qui a bien suivi capitalise sur le rebond (5-2 à 42’25’’). Le kop bleu et jaune peut entonner à tue-tête le « Freed from desire » de Gala pour la 5e fois aujourd’hui.
Pardubice réduit la marque par l’intermédiaire de Mandát trouvé dans la profondeur de Pochobradský, mais les Tchèques ne parviendront pas à rééditer leur exploit de la veille. Solides, les Davosiens maîtrisent la fin de match. L’horloge s’égrène, l’issue du match ne fait plus aucun doute, toute la Vaillant Arena est debout et applaudit pour les dernières minutes de jeu.
C’est la folie dans la tribune debout qui saute comme d’un seul homme. Personne ou presque ne quitte l’enceinte, et pour cause, cela fait 12 ans que le HCD n’a pas brandi le trophée devant son public. C’est la liesse dans les travées de la Vaillant Arena. Cela sera chose faite après les traditionnels discours, remise des médaille et photos officielles. Le capitaine Ambühl offre à Wieser le plaisir de présenter la Coupe aux supporters. Chaque joueur profitera de ce moment avec le Trophée pour communier avec le public.
Ce fut une belle fête avec un dénouement idéal pour le centenaire du tournoi Grisons. Pour nous pas le temps de profiter des festivités dans la Fanzelt puisqu’à le train nous attend pour regagner la vallée. Il n’y a pas d’effervescence dans les rues aux abords de la patinoire, pas de concerts de klaxons ou de fans déchaînés. Seulement une longue file de voitures qui nous conforte dans le choix du train. Une fois à bord, nous profitons une dernière fois des paysages enneigés. Les visages des voyageurs (presque tous aux couleurs du HCD) sort forcément ravis et le voyage se fait dans le plus grand calme.
Commentaires d’après-match (spenglercup.ch & Blick) :
Andres Ambühl (attaquant, Davos) : « C’est comme dans un rêve. Nous avons connu une période de disette ces dernières années. C’est pourquoi c’est extrêmement agréable de remporter à nouveau la Coupe Spengler. Chaque titre est spécial à sa manière. Celui-ci vous encore faim pour d’autres titres. »
Josh Holden (entraîneur, Davos) : « [Les joueurs] ont fait un bel effort. Je suis fier d’eux. Nous avons travaillé dur ces derniers mois et nous n’avons pas toujours obtenu de résultats. Gagner à nouveau le titre après tant d’années était l’un de nos objectifs. »
HC Davos – HC Dynamo Pardubice 5-3 (0-1 ; 2-1 ; 1-3)
Dimanche janvier 2023 à 20h10 à la Vaillant Arena de Davos. 6 267 spectateurs (guichets fermés).
Arbitrage : Michael Tscherrig (SUI) et Stephan Fonselius (FIN), assisté de Dario Fuchs (SUI) et Onni Hautamäki (FIN)
Pénalités : Davos 14’ (0’, 4’, 0’) ; Pardubice 6’ (0’, 2’, 4’)
Évolution du score :
1-0 à 12’55’’ : Rasmussen assisté de Haapala
2-0 à 31’17’’ : Corvi assisté d’Olofsson et Wieser
2-1 à 36’28’’ : Hyka assisté de Radil et Čerešňák (sup. num.)
2-2 à 36’41’’ : Kousal assisté de Radil
3-2 à 38’58’’ : Dahlbeck assisté de Wieser et Olofsson
4-2 à 40’31’’ : Rasmussen assisté de Haapala
5-2 à 42’25’’ : Olofsson assisté de Wieser et Corvi
5-3 à 52’09’’ : Mandát assisté de Pochobradský et Košťálek
HC Davos
Attaquants :
Matěj Stránský – Dennis Rasmussen – Henrik Haapala
Marc Wieser – Enzo Corvi – Jesper Olofsson
Andres Ambühl – Joakim Nordström – Leon Bristedt
Tomas Jurco – Chris Egli – Valentin Nussbaumer
Défenseurs :
Dominik Egli – Klas Dahlbeck
Calle Andersson – Kristian Näkyvä
Michael Fora – Sven Jung
Enzo Guebey
Gardien :
Sandro Aeschlimann
Remplaçant : Gilles Senn (G), Yannick Frehner. Absents : Davyd Barandun (surnuméraire), Simon Knak (surnuméraire), Noah Schneeberger (blessé), Raphael Prassl (blessé).
HC Dynamo Pardubice
Attaquants :
Tomáš Hyka – Lukáš Sedlák – David Cienciala
Lukáš Radil – Tomáš Zohorna – Robert Kousal
Martin Kaut – Adam Musil – Matej Paulovič
Jan Mandát – Patrik Poulíček –Michal Pochobradský
Défenseurs :
Peter Čerešňák – Tomáš Dvořák
Jan Košťálek – Ondřej Vála
Michal Hrádek – Libor Hájek
Martin Bučko
Gardien :
Milan Klouček
Remplaçant : Roman Will (G). Absent : Robert Říčka (surnuméraire).