Cette 47e journée de DEL propose un duel de la mort. On parle souvent des eux ténors du classement général Berlin et Bremerhaven, avec dix points d’avance sur Straubing. Concernant la forme du moment, Berlin caracole en tête avec 21 points pris sur 30 possibles. Wolfsburg compte six victoires sur les 10 derniers matchs. Enfin Mannheim, avec le retour des blessés et deux recrues en défense, reprend un rythme plus en phase avec ses moyens disponibles : soit 5 victoires plus 1 en prolongation.
Cet après-midi le programme propose un duel de bas de classement : le 14e, Augsbourg, reçoit le 13e, Iserlohn. Le danger est ultime pour les Bavarois des panthers d’Augsbourg, car Iserlohn est la quatrième équipe la plus prolifique du championnat sur les dix dernières rencontres. Il s’agit d’une bataille de la survie pour éviter la relégation entre deux places historiques du hockey allemand et deux magnifiques publics.
C’est du côté des Panthers que l’inquiétude est la plus forte car sur les 10 derniers matchs, les verts n’ont plus gagné en temps règlementaire depuis un mois jour pour jour, et ce, face à Munich dans un derby endiablé (4-3). Même Si l’attaquant T.J. Trevelyan a passé la barre des 145 buts, soit le record historique du club en DEL, les points ne se sont pas accumulés à la même vitesse. L’expérience est importante dans le groupe avec beaucoup de trentenaires et en point d’orgue la légende Dennis Endras. Mais c’est Markus Keller qui prend place devant les filets cet après-midi.
Il faut bien reconnaître que les dirigeants ont un mal fou à trouver la solution pour endiguer cette baisse de performance avec pas moins de trois coachs utilisés en deux saisons. On a vu le britannique Peter Russell, le Finlandais Kai Suikkanen et cette saison c’est Christoph Kreutzer qui est passé de manager général à entraîneur-chef. Le groupe s’appuie sur l’offensive de Anrei Hakulinen (34 points), Chris Collins et Jere Karjalainen (31).
À Iserlohn le bilan est meilleur car les Roosters ont un retour de flamme dans cette fin de saison et il est à mettre au crédit de Doug Shedden qui a fait son retour en Allemagne, derrière le banc, après cinq saisons à Ingolstadt. Pierre Beaulieu est conservé en tant qu’assistant. L’attaque mise sur le Canadien Michael Dal Colle (36 pts) et Tyler Boland (35 points).
Le défi est pris très au sérieux car l’enjeu est crucial pour le maintien. Maximilian Renner, attaquant d’Augsbourg : « C’est le plus grand match pour nous jusqu’à présent. C’est un match éliminatoire. Tout le monde doit être prêt à se à donner à 100%. » Sven Ziegler, attaquant d’Iserlohn, a rapidement trouvé la raison de la défaite du dernier match à Nuremberg : « Nous avons exploité nos chances. Nous avons bien riposté même après les mauvaises 10 premières minutes et avons eu beaucoup d’occasions en avantage numérique que nous avons ratées. » Concernant le match du jour, il précise les enjeux : « C’est le sommet de la saison concernant la relégation. Il nous reste encore 6 matchs. Chaque game est une histoire de vie ou de mort. C’est encore mieux de jouer contre nos rivaux directs. C’est ce qu’on appelle le match à 6 points. Nous serons prêts. »
Les deux équipes sont bien en place et s’interceptent. Personne ne veut lâcher et perdre des pucks bêtement. Sur une mise au jeu en zone défensive remportée, Luke Esposito nous gratifie d’un coast-to-coast magistral avec juste un relais en une/deux avec Zach Mitchell. Esposito reçoit le puck à pleine vitesse et va battre Jenike (4’51 : 1-0). Augsbourg démarre de la meilleure des manières et envoi un bon signal à tout le monde. Le puissant kop vert et rouge exulte ! Les Bavarois continuent sur de bonnes dispositions. Chris Collins effectue une entrée de zone en rapidité et tire en pleine course. Jenike dévie de la botte (6’40). Le danger continue, les locaux sont les plus intenses.
Sur le même type d’action, un rush adverse, de Boland, se joue à deux avec Michael Dal Colle. Boland conclut d’une reprise en pleine course (7’53 : 1-1). C’est la douche froide, car sur sa première grosse occasion, Iserlohn revient au score. Du coup, les Roosters portent un pressing très haut et gène les relances bavaroises. Et un nouveau danger apparaît avec le tout jeune Maciek Rutkowski (21 ans) qui exécute un tour de cage rapide et dangereux. Le match vire de bord car les joueurs d’Iserlohn (une petite ville de Rhénanie-du-Nord-Westphalie) s’appliquent à de très efficaces sorties de zone défensive et de contrôle du puck. Le tiers se termine sur cette domination des blancs.
En deuxième période, Augsbourg revient avec de nouvelles intentions et attaque la cage directement. Mais les contres sont toujours tendus. Colin Ugbekile est présent, tout en vitesse, au second poteau de Markus Keller. À nouveau la formule est simple : un contre = un danger ! Iserlohn reprend sa domination avec un jeu installé en zone offensive. De l’autre, les rouges ont une belle opportunité avec T.J. Trevelyan qui place une reprise à bout portant, mais Jenike ne lâche aucun rebond. La plus chaude alerte intervient sur les cages de Markus Keller qui doit stopper deux shoots consécutifs de Boland (29’55). Cette alerte a le don de doper les blancs. Les attaques sont plus tranchantes pour traverser le rideau défensif. Et comme un symbole, Augsbourg hérite d’une pénalité différée. Mais il n’y a aucune installation de jeu de puissance. Pire les rouges en sont réduits à revenir dans leur zone. Il n’y a aucun danger par la suite. Iserlohn, tranquille, revient au complet.
Il ne reste aux Bavarois qu’à tenter de loin avec Tosto, Rantakari mais sans convertir. De nouveau, Iserlohn porte le jeu à l’avant et conclut cette période sans avoir concédé de but. En fin de tiers, Augsbourg ne voit plus le jour et subit même deux occasions dangereuses. L’une de Drew Leblanc (qui a quitté Augsburg pour Iserlohn), d’une déviation. Ensuite Ugbekile envoie un puissant tir, que Keller dévie du bouclier.
Le troisième jeu reprend et le pressing est énorme sur la cage de Keller. Dal Colle reprend un puck juste devant le portier (41’00). Il faut attendre plusieurs minutes pour que les rouges desserrent l’étau. Et c’est sur un jeu à trois que l’espoir renaît pour les locaux. Par contre, côté supporters, ça chauffe et ça pousse sans discontinuer. Sur un puissant shoot à mi-distance, au niveau du cercle d’engagement, Esposito est au rebond et transmet d’une passe dans le dos à Trevelyan. Il ne peut remettre le puck dans les filets. Cette action provoque une réaction générale de l’équipe qui multiplie les tirs. Toujours à l’affût, les blancs exécutent des contres dangereux comme Michael Dal Colle qui part solo. Keller fait l’arrêt et garde son équipe dans le match (48’40). Les joueurs de Christoph Kreutzer poussent pour forcer la décision.
Le public appuie et intensifie son aide. Le chaudron d’Augsbourg est en furie pour les dix dernières minutes. Luke Esposito est pénalisé et Drew Leblanc fait passer des sueurs froides aux supporters avec sa reprise bloquée par Keller, sous le bras… sans rebond. Ça tient ! Et la faute de Taro Jentzsch est lourde de conséquence. Sa crosse dans le visage du joueur d’Iserlohn est vérifiée à la vidéo et le duo arbitral inflige un 2’+2’ contre le jeune espoir allemand. Le public pousse encore plus fort, et la pression est telle que Brandon Gormley envoie, lui aussi, une violente crosse au visage. En double supériorité, l’occasion est unique de prendre les devants mais le power-play est inefficace, trop lent et en manque de créativité. Par contre, Trevelyan intercepte la rondelle et part avec Tosto, et quand il repique vers le slot il percute le gardien Jenike. La charge sur le gardien est pénalisée (56’42). On revient à quatre contre quatre. Les contres rouges sont mal joués mais Nick Ritchie part solo et oblige Keller à un arrêt compliqué (58’23). Malgré une dernière pression de folie sur le portier d’Iserlohn, on en reste là !
Augsbourg revient de loin mais peut regretter de ne pas avoir converti ses phases de supériorités. On attaque la mort subite et c’est Mick Köhler qui trouve l’équerre sur son tir (63’48). Encore une occasion ratée pour les rouges. De son côté, Iserlohn crée le danger avec Ritchie et Collins. Mais la troisième est la bonne, car Ugbekile s’arrache pour passer le long de la bande dans sa zone défensive. Il remonte le puck, distribue à Tyler Boland dont la reprise en plein élan transperce Markus Keller à la dernière seconde (64’59 : 1-2). C’est une énorme déception pour les Bavarois, mais les joueurs d’Iserlohn ont démontré des qualités d’efficacité pour remporter ce match à la toute dernière seconde de la prolongation !
Commentaires d’après-match (dans Eishockey News) :
Christoph Kreutzer (entraîneur d’Iserlohn) : « Prendre ça si près de la fin, c’est comme un coup de poignard. Mais cela peut aussi arriver juste avant la fin du temps réglementaire, donc nous avons au moins pris un point. Une victoire aurait sûrement été importante pour la tête, mais au classement c’est toujours serré. Rien n’est fini, nous avons encore beaucoup de choses dans la main. On s’est tous dit qu’on devait battre Iserlohn pour aller dans la bonne direction. Mais même en les battant, on ne serait pas sauvé, ce n’est pas le dernier match de la saison. […] Chris Collins par exemple est un très, très bon joueur, qui se crée beaucoup d’occasions par sa vitesse. Si c’était aussi un buteur, il ne serait probablement pas dans cette ligue. Où veux-tu trouver un buteur à cette période ? on avait un ou deux joueurs dans le viseur, mais ils n’ont pas pu être libérés. Les joueurs libres sur le marché jouaient dans des équipes de bas de tableau ou n’ont pas connu une bonne saison. »
Augsbourg – Iserlohn 1-2 après prolongation (1-1, 0-0, 0-0, 0-1)
Dimanche 18 février 2024 à 14h30 à Curt Frenzel Stadion. 6179 spectateurs.
Arbitres : Martin Rohatsch (ALL) et Sean MacFarlane (USA) assistés de Markus Merk et Tobias Schwenk (ALL)
Pénalités : Augsbourg 4′ (0’, 0’, 4’, 0’) ; Iserlohn 10’ (0’, 2’, 10’, 0’)
Tirs : Augsbourg 41 ; Iserlohn 30.
Évolution du score :
1-0 à 04’51 : Esposito assisté de Mitchell
1-1 à 07’53 : Boland assisté de Dal Colle
1-2 à 64’59 : Boland assisté d’Ugbekile et Cornell
Augsbourg
Attaquants :
Jere Karjalainen – Chris Collins – Anrei Hakulinen
Alexander Oblinger – Luke Esposito (2’) – T.J Trevelyan (2’)
Nicklas Andersen – Zack Mitchell – Samuel Soramies
Moritz Elias – Justin Volek – Luca Tosto
Défenseurs :
Otso Rantakari – Tim Schüle
Maximilian Renner – Jordon Southorn
Mirko Sacher – Mick Köhler
Gardien
Markus Keller
Remplaçant : Dennis Endras (G). Absents : David Warsofsky (commotion cérébrale), Simon Sezemsky, Nicholas Welsh, Matt Puempel.
Iserlohn
Attaquants :
Nick Ritchie – Balázs Sebők – Sven Ziegler
Michael Dal Colle – Éric Cornel – Tyler Boland
Cedric Schiemenz – Drew LeBlanc – Taro Jentzsch (2’+2’)
John Broda – Charlie Jahnke – Maciej Rutkowski
Florian Elias
Défenseurs :
Hubert Labrie – Ben Thomas (2’)
Brandon Gormley (2’+2’)– Colin Ugbekile
Tim Bender – Emil Quaas
Gardien
Andreas Jenike
Remplaçant : Kevin Reich (G). Absents : Mitch Eliot et Hunter Shinkaruk (étrangers surnuméraires).