Les classements étant déjà définitifs pour les deux équipes, on pouvait se demander comment allait être abordée cette rencontre. Chalons étant leader « incontesté » de la poule, c’est donc la conduite des Scorpions mulhousiens qui allait susciter la curiosité. Match de gala ? Ultime répétition avant les play-offs ?
Le score final pourrait laisser penser que le classement a été respecté et que Mulhouse a lourdement chuté face à plus fort que lui. La physionomie de la partie nuance pourtant cette première impression. En effet, Chalons a longtemps buté sur des Mulhousiens solidement regroupés dans leur entrée de zone. Certes, Julien Delanois, en échappée, bute rapidement sur le poteau de Mathiew Pommier (3’52 »), mais le reste du premier tiers est nettement plus disputé et surtout plus âpre. Les Alsaciens tirent sans doute un peu moins que leurs hôtes, éprouvant déjà des soucis d’efficacité comme le duo Ackermann/Da Silva de près face à Tom Charton (9’30 ») mais surtout lors de cette double supériorité stérile, ce tir lointain de Joachim Sonnet qui heurte le montant de la cage visiteuse (11’23’) ou ce break déterminé d’Ackermann (14’52 »). En face, les Gaulois champenois, peut-être surpris de la résistance défensive locale, laissent filer l’orage, se contentant de lancer de solides banderilles en contre, notamment en fin de tiers sur cet essai-reprise de Delanois (17’30 »), puis de Sylvain Loua (18’36 »).
La physionomie ne changera guère durant le début de second tiers, tant Mulhouse ne lâche rien, et ce malgré une poussée de Vladimir Mikula de près (24’32 »). On approche de la mi-match d’une partie qui tourne au chiantissime. Les deux protagonistes rivalisent de neutralisation en entrées de zone et se contentent alors de porter le danger via de longs envois, plus ou moins précis… L’absence de précision, c’est sans doute le défaut qui va le plus rapidement porter préjudice aux Haut-Rhinois. Un changement de ligne un poil trop lent à se terminer, et c’est le duo Perrenoud-Mikula qui en profite pour tromper de près Pommier d’un joli pif-paf (0-1 à 28’09 »). Une incompréhension lors d’une passe de relance et c’est le duo Pernot-Perrenoud qui refait la misère de la même façon au portier mulhousien (0-2 à 29’36 »). Un nouveau palet mal contrôlé en zone neutre et c’est le duo Sokolov-Logeat qui trompe Pommier de nouveau bien esseulé (0-3 à 30’08 »).
Incrédules devant autant de réalisme, les Scorpions peinent à recouvrer leurs esprits, face à des champenois pourtant encore prudents. Après tout, il ne leur reste plus, désormais, qu’à gérer le score. C’est toutefois le duo Kubovcik/Mikula qui alerte Pommier (37’03 »), avant que Julien Burgert ne tente de réveiller les siens, lui aussi de près (57’59 »). Dans la continuité de l’action, la partie, devenue relativement hâchée, connaît un rebondissement notable. Michael Deslauriers charge virilement Delaunois et se fait exclure durant 5 longues minutes pour pénalité majeure. Voilà de quoi mal finir la période et recommencer la dernière. Si on ajoute ce palet offensif de Burgert qui ricoche mal et laisse partir Kubovcik en contre pour un 0-4 vraiment opportun à 38’43 », voilà qui complique sérieusement les affaires des Mulhousiens, en panne de concentration, mais aussi de percussion offensive.
Au début de ce dernier tiers continue cette purge d’opportunisme : les Gaulois scorent dès le retour des vestiaires d’un tir de la bleue de Pernot, vraisemblablement dévié (0-5 à 40’39 »). Ce break de Quentin Mathez eût pû réveiller les Haut-Rhinois mais Tom Charton ne voulait visiblement pas manquer son retour en terre alsacienne par un blanchissage (41’25 »). La partie est devenue crispée, les locaux perdent progressivement leur calme et encaissent une nouvelle réalisation opportuniste de Perrenoud, décalé sur la gauche de Pommier, positionné de l’autre côté de sa cage (0-6 à 43 ’14 »).
Ajoutons une dose de filouterie des Champenois à amplifier les fautes, et nous obtenons un bouillon aigre en guise de fin de match, notamment pour des Scorpions désabusés. Captain Burgert aura beau tenter une nouvelle sortie solo face à Charton (46’53 »), la fin de match des siens est devenue bien trop brouillonne pour espérer une improbable remontada. C’est même Lepezron qui trompe de près Pommier lors d’une énième relâche locale (0-7 à 53’54 »), avant que Kubovcik ne close la partie d’un énième break dégoulinant d’opportunisme (0-8 à 58’57 »).
Au final, Mulhouse aura entretenu l’illusion durant 30 petites minutes, en tenant le choc lors d’un duel de neutralisation d’entrée de zone, ou de slot. Ce fait est d’ailleurs encourageant pour la suite des qualification de play-offs. Toutefois, il faudra aussi pallier ces fameux trous d’air de concentration, si préjudiciables durant cette partie. Sans compter travailler sur l’exploitation de tous ces mauvais rebonds, la statistique du soir à ce sujet doit sans doute être éloquente contre Mulhouse. Et enfin résoudre ce manque de percussion et de réalisme offensif, notamment lors de duels face au gardien. Toutes les parties encore à venir seront néanmoins du bonus pour la très jeune troupe du Bollwerk (et dont la partie U20 devait rejouer les deux jours suivants, dur dur d’être un « bébé » !). L’objectif play-offs est atteint, avec courage et fougue et enthousiasme. L’Illberg recommence enfin à regarnir ses travées, il faudra lui en savoir gré !
On étudiera en parallèle le parcours des Champenois avec intérêt, même si la partie de ce soir a pu faire douter de leur capacité à intégrer le Final four. On a, en effet, connu des leaders bien plus conquérants et dominateurs. On leur reconnaîtra une bonne installation en zone adverse, teintée toutefois d’un fort attentisme offensif, le tout sur fond de « break à la bleue », de papinades et autres comportements amplifiés qu’on pensait d’une époque révolue.
Récompensés à la fin du match : Mathis Guth pour Mulhouse et Anthony Pernot pour Châlons.
photos scorpionspictures.com
Mulhouse – Châlons-en-Champagne 0-8 (0-0, 0-4, 0-4)
Samedi 24 février 2024 à 18h15 à la patinoire de l’Illberg. 722 spectateurs
Arbitres : MM. Ludovic Pasian et Guy Zaegel.
Pénalités : Mulhouse 17′ (4′, 2’+5′, 6′) ; Châlons 6′ (4′, 0′, 2′).
Tirs : Mulhouse 23 (5, 9, 9) ; Châlons 41 (11, 14, 16).
Évolution du score :
0-1 à 28’09 » : Perrenoud assisté de Mikula et Delaunois
0-2 à 29’36 » : Pernot assisté de Perrenoud et Delaunois
0-3 à 30’08 » : Sokolov assisté de Logeat et Berthon
0-4 à 38’43 » : Kubovcik (sup. num.)
0-5 à 40’39 » : Pernot assisté de Kubovcik et Mikula (sup. num.)
0-6 à 43’14 » : Perrenoud assisté de Logeat et Pernot (sup. num.)
0-7 à 53’54 » : Lepezron assisté de Pernot et Sokolov
0-8 à 58’57 » : Kubovcik assisté de Mikula
Mulhouse
Attaquants :
Bastien N’Guiamba – Téo Haffner – Julien Burgert (C)
Bouba Sidibe – Tom Muller – Thomas Ackermann
Arnaud Fuss – Vincent Da Silva (A) – Quentin Mathez
Défenseurs :
Michael-Anthony Deslauriers – Joachim Sonnet
Linus Kaistila – Mathis Guth
Benjamin Adam – Félix Eitenscheck
Laurent Gerber – Valentin Poulain
Diego Zorita, Louis Bousquet
Gardien :
Matthiew Pommier puis Clément Pleau à 53’55 »
Châlons-en-Champagne
Attaquants :
David Kubovcik – Vladimir Mikula (A) – Sylvain Loua
Anthony Pernot – Julien Delaunois puis Horvath à 40’00 » – Theo Perrenoud
Kirill Sokolov – Radovan Horvath – Matteo Logeat ou Benoît Lepezron
Défenseurs :
Armand Coustenoble (A) – Aurélien Klesmann
Tristant Lohou – Remi Ruggirello
Benoit Girardin ou Nathan Dutat – Sylvain Berthon (C)
Gardien :
Tom Charton
Remplaçant : Adrian Eriksson (G)