La saison de DEL a maintenant basculé dans les séries éliminatoires. Le premier tour de play-offs permet de remettre en selle les équipes classées de 7 à 10 pour obtenir un espoir supplémentaire. Au final Bremerhaven a pris le leadership avec 5 points d’avance sur les solides leaders Eisbären berlinois. En embuscade et troisième, Straubing, est toujours solide. De plus les hommes de Tom Pokel viennent d’être invités à la Coupe Spengler 2024. Wolfsburg est encore là pour jouer les trouble-fête. Munich, 5e, est un peu en retrait et digère la succession de Don Jackson, même s’il est revenu en assistant pour filer un coup de main. Enfin, Schwenningen sort une copie de très haut niveau. Les joueurs de la Forêt Noire concluent leur parcours par trois victoires successives pour terminer 6e, un classement plus atteint depuis 1996. Alors pourquoi, les Wild Wings ne seraient pas l’équipe surprise de cette saison ? C’est aussi pour cela que leur coach Steve Walker a été élu meilleur entraineur.
Pour le reste, Mannheim sauve les meubles en réussissant à écarter la deuxième meilleure équipe du moment. Les Ice Tigers de Nuremberg ont accumulé 21 points sur les 10 derniers matchs. Mannheim passe ce tour (2 victoires à 0) dans un défi très compliqué.
Mais pour le choc de ce premier tour, entre Cologne et Ingolstadt, il faut en finir sur une troisième rencontre. Si les joueurs de Justin Schütz (élu meilleur attaquant de DEL) ont bien entamé le match 1 en Bavière (1-5), il leur faut conclure ce qui n’est jamais chose aisée. À Cologne, les rouges ont été défaits (2-3). avec l’avantage de la glace, Cologne peut s’en sortir mais l’efficacité offensive sera la clé du match. Et ce sont les coéquipiers de Charles Bertrand qui s’imposent dans ce registre, dès le début.
Une occasion = un but ! Charles Bertrand passe le puck pour un long envoi dans la bande, Matt Bodie réceptionne à la bleue, envoie un slap rapide et Jan Nijenhuis exécute une déviation d’un coup de crosse aérien (2’06 : 0-1). Clairement, on sent les rouges fébriles. Même en supériorité numérique, les qualités de contrôle du palet ne sont pas excellentes. À l’inverse, les blancs se déploient rapidement et efficacement avec entre autres Wojciech Stachowiak. Pourtant, sur une séquence à quatre contre quatre, un puissant tir depuis le cercle d’engagement en zone offensive crée le danger. Mike Garteig dévie le puck de la botte et laisse un gros rebond. Max Kammerer reprend la rondelle mais envoie… hors cadre. Cette action est symbolique du manque de précision. De chaque côté, le jeu est simple et direct. En infériorité, les joueurs de Mark French tiennent la baraque et repoussent les rouges. En fin de période, Tim Wohlgemuth rate une cage vide lors d’une reprise et son palet se loge dans le petit filet (16’00). De l’autre côté, Matt Bodie fait sonner le poteau de la cage de Tobias Ancicka (17’09).
La deuxième période débute avec une belle réaction des locaux avec de la vitesse, de l’agressivité. Les joueurs d’Uwe Krupp envoient plus de palets à la cage. Ce sont pour beaucoup des tirs venus de loin. Dès que les blancs pointent leur nez devant, il y a urgence. Cette fois c’est Wayne Simpson qui crée des sueurs froides avec un tir à bout portant sur Ancicka. De l’autre côté, Tim Wohlgemuth tente la solution individuelle et nous gratifie d’un superbe dribble mais Garteig capte son tir de la mitaine (26’37). Le travail paie forcément car sur une séquence menée par Louis-Marc Aubry, avec un tour de cage et un duel remporté, il alimente Brady Austin dont la reprise transperce Mike Garteig (30’00 : 1-1).
Le public reprend espoir, mais pas pour longtemps. Dans la foulée, Phillip Krauss déborde rapidement et éteint le public avec un shoot qui passe dans un trou de souris (31’20 : 1-2). Mais il faut préciser que l’erreur défensive initiale des rouges, c’est-à-dire une passe ratée en sortie de zone, a profité à Phillip Krauss. Les « Haie » répondent par du physique et de l’intensité dans la zone adverse et Wohlgemuth crée le danger sur le portier de l’ERC (34’41). Mais sur un nouveau débordement rapide, Casey Bailey traverse la zone et démontre la faiblesse adverse sur ce côté droit. Arrivé à hauteur de la ligne rouge de fond, il envoie le palet sur le gardien qui voit la rondelle passer entre ses jambes. Dans un angle incroyable et improbable, c’est le but (35’29 : 1-3). Cologne continue. MacLeod conclut cette période devant Garteig pour pousser le puck dans les filets, sans résultat.
Le défi est encore plus compliqué en troisième période. De nouveau le portier d’Ingolstadt fait l’arrêt sur un tir direct mais est déséquilibré et capte difficilement la rondelle (41’31). Après une pénalité de Matt Bodie, la mise en jeu dans la zone de l’ERC est gagnée par les rouges et Gregor MacLeod est rapidement alimenté en munitions. Son puissant tir traverse l’enclave et finit sa course dans les filets (41’44 : 2-3). La pression monte, les gestes sont plus violents, c’est l’explosion et on jette les gants. Alex Grenier et Maury Edwards sont envoyés en pénalité mais tout le monde reste à cinq. La pression est plus forte sur les lignes arrières d’Ingolstadt et Justin Schütz profite d’une erreur pour repartir à la cage avec le palet. Son revers, à pleine vitesse permet un tir (44’20). Pourtant le dispositif défensif de l’équipe bavaroise est hermétique et solide. Il n’y a aucun espace libre, appuyé d’un défi physique important.
C’est encore une erreur en zone défensive, lors d’une sortie de zone, que les rouges subissent. Pour Ingolstadt, Patrik Virta en profite et envoie un tir suivi d’un rebond. Il revient de derrière la cage mais Cologne est sauvé par le désoclage des buts (54’49). Le temps passe et Köln est obligé d’appuyer sur l’accélérateur. Uwe Krupp prend un temps mort et fait sortir son gardien. La partie est mal jouée avec des pertes de puck et des passes mal ajustées. Pire, ces maladresses profitent à l’adversaire. Nicholas Bailen perd la rondelle que Charles Bertrand récupère et envoie, de loin. Le palet passe au ras du montant (58’23). Sous pression de nouveau, Bailen ne peut dégager correctement. La rondelle est déviée et revient devant sa propre cage vide. Brandon Kozun qui arrive est prêt à pousser la rondelle dans les buts, mais il est fauché par Louis-Marc Aubry. La supériorité des rouges est annulée. Les espoirs s’envolent, la tension est énorme et Ancicka sort tout de même de la cage pour rééquilibrer l’effectif. Brandon Kozun se fait justice et envoie le puck dans la cage vide (59’23 : 2-4).
C’en est fini. Malgré l’avantage de la glace, Cologne s’arrête là et les fans sont meurtris par cette conclusion. Ingolstadt a été solide mais les soucis d’efficacité offensives du côté de Cologne n’ont pas été réglés. Cologne a eu ses chances et ne les a pas concrétisées. Clairement, la chance a aussi basculé du côté bavarois avec deux buts incroyables où le palet est passé par d’infimes espaces.
Longtemps après la fin de la partie, de nombreux supporters de Cologne restent assis en tribune, ne voulant pas quitter leur aréna, n’acceptant pas que la saison se termine aussi rapidement. Pour certains encore, ils sont à échanger les derniers mots entre passionnés. Cologne est une place importante du hockey allemand, avec une pression venue de toutes parts qui n’accepte pas l’erreur. Et depuis plusieurs saisons, les partisans attendent un résultat à la hauteur des ambitions. Ils n’ont plus rien vu depuis la demi-finale de 2019. La dernière finale, elle, date de 2014… dans une autre vie ! Mais il faut reconnaître que la compétition est rude et les « blockbusters » que sont Munich, Berlin et Mannheim prennent beaucoup de place sur la scène allemande. Ajoutez à cela les clubs outsiders que sont Wolfsburg, Ingolstadt, Straubing, Bremerhaven et vous avez un championnat très dense et ultra compétitif qui ne permet pas de tergiverser pour attendre la bonne carburation. Les points sont à prendre à chaque instant, ce qui rend ce championnat passionnant !
Il va falloir aux dirigeants de Cologne trouver de nouvelles armes et de nouvelles idées pour revenir au top niveau. Quant à Ingolstadt, ils vont devoir défier la très sérieuse équipe de Bremerhaven du stratège Thomas Popiesch.
Commentaires d’après-match :
Maxi Kastner (attaquant de Cologne) : « Extrêmement amer, vous arrivez à Cologne avec une victoire et vous n’arrivez pas à gagner ici. C’est très frustrant, nous avions de grandes attentes et maintenant c’est fini. »
Moritz Müller (capitaine de Cologne) : « Nous n’avons pas appris pendant toute la saison à gagner en équipe et à défendre notre propre but. Nous aurions pu faire quelque chose de grand ici avec nos fans qui nous ont soutenus si nombreux toute la saison. Nous aurions pu déclencher une euphorie. Mais nous nous sommes toujours précipités offensivement. Défensivement, ce n’était pas un hockey gagnant avec lequel on a du succès à long terme. Quand ça n’allait pas, nous sommes sortis d notre chemin et nous sommes retombés dans l’individualisme. S’il y a une chose que l’on a suffisamment eu dans cette saison, ce sont des meetings d’équipe. À la fin, ce sont les actes qui comptent. »
Fabio Wagner (capitaine d’Ingolstadt) : « Nous avons continué à croire en nous, nous sommes restés soudés en tant qu’équipe et avons trouvé le moyen de revenir dans la série. Pour nous, il est important de continuer à avoir confiance en nos forces. Nous n’avons rien à perdre. »
Daniel Pietta (attaquant d’Ingolstadt) : « Nous savions que nous devions réagir après le premier match au cours duquel nous n’étions pas dignes des séries éliminatoires. Mais on savait aussi que la pression était sur eux et on peut être fier de ces deux victoires. »
Cologne – Ingolstadt 2-4 (0-1, 1-2, 1-1)
Jeudi 14 mars 2024 à 19h30 à a Lanxess Arena. 12 610 spectateurs.
Arbitres : Reid Anderson (CAN) et Sean MacFarlane (USA) assistés de Patrick Laguzov et Jan Philipp Priebsch
Pénalités : Cologne 12′ (4’, 0’, 8’) ; Ingolstadt 10’ (6’, 0’, 4’)
Tirs : Cologne 32 (8, 10, 14) ; Ingolstadt 23 (6, 10, 7).
Évolution du score :
0-1 à 02’06 : Nijenhuis assisté de Bodie et Bertrand
1-1 à 30’00 : Austin assisté d’Aubry et Kammerer
1-2 à 31’20 : Krauss assisté de Pietta
1-3 à 35’29 : Bailey assisté de Wagner
2-3 à 41’44 : MacLeod (sup. num.)
2-4 à 59’23 : Kozun assisté de Bailey et Hüttl (sup. num., cage vide)
Cologne
Attaquants :
Frederik Storm (-2) – David MacIntyre (-1) – Håkon Hänelt (-1) (2’)
Maxi Kammerer (+1) – Louis-Marc Aubry (+1) (2’) – Tim Wolgemuth (+1)
Justin Schütz (-1) – Greg MacLeod (-1) – Alexandre Grenier (-1) (2’)
Robin Van Calster (-1) – Carter Proft – Elias Lindner (2’)
Défenseurs :
Moritz Müller (-1) – Patrick Sieloff (-1) (2’+2’)
Brady Austin – Nick Bailen
Stanislav Dietz (-1) – Jan Luca Sennhenn (-1)
Gardien
Tobias Ancicka
Remplaçants : Mirko Pantkowski (G), Nick Aichinger. Absents : Maximilian Glötzl (épaule), Mark Olver (genou), Andreas Thuresson (commotion), Andrej Šustr (appendicite), Jason Bast (blessé).
Ingolstadt
Attaquants :
Philipp Krauß (+1) – Daniel Pietta (+1) – Brandon Kozun (+1) (2’)
Jan Nijenhuis (+1) – Wojciech Stachowiak – Caisey Bailey
Wayne Simpson (2’) – Patrik Virta (+1) (2’) – Charles Bertrand (+1)
Marko Friedrich – Mirko Höfflin – Noah Dunham
Défenseurs :
Maury Edwards (2’) – Fabio Wagner (+1)
Leon Hüttl (+1) – Matt Bodie (+2) (2’)
David Farrance – Colton Jobke
Gardien
Michael Garteig
Remplaçants : Devin Williams (G), Daniel Schwaiger. Absents : Enrico Henriquez-Morales (commotion), Andrew Rowe (bras), Travis St Denis (choix du coach), Kevin Maginot (choix du coach).