Les quarts de finale de DEL ont rendu leurs conclusions. Munich et Bremerhaven sont déjà en attente de leurs adversaires. Mannheim n’a pas réussi à faire plier les Berlinois (4 manches à 1). Mais le duel entre Schwenningen et Straubing est passionnant. Chaque équipe s’est rendue coup pour coup et il faut en arriver au septième match pour les départager.
Les Wild Wings ont infligé une sévère défaite aux Bavarois (4-0) et ont égalisé à trois manches chacun. Ils espèrent conclure mais il faudra vaincre au Pulverturm (la patinoire de Straubing prend le nom de la Tour Poudrière voisine) avec son public chaud bouillant. Les joueurs de Steve Walker n’ont réussi qu’une seule fois à gagner sur cette glace dans la série. Steve Walker, entraîneur de Schwenningen, revient sur ce match 6 victorieux : « Straubing est très bien sorti des vestiaires et nous a mis beaucoup de pression. C’était fondamentalement le même scénario que lors du dernier match. Cette fois, nous avons marqué sur la première bonne occasion. C’est la dynamique particulière du hockey sur glace. Je pense que nous nous sommes améliorés dans les cinq dernières minutes du premier tiers, puis avons continué sur notre lancée en seconde période. C’était une image miroir : dans les premières minutes, ils nous ont vraiment poussés. Avec deux bons remplacements, nous avons pu contrôler le rythme et désormais aussi le jeu. Nous ne voulions pas laisser de grosses occasions dans le dernier tiers-temps. C’est vraiment une série folle qui repose tellement sur la dynamique et les buts au bon moment. »
Oui, cette série est folle et repose sur deux immenses gardiens que sont Joacim Eriksson et Hunter Miska. Mais loin de s’affoler Tom Pokel, le coach de Straubing, compte bien en terminer à domicile : « Nous avons joué un bon premier tiers (match 6), nous avons malheureusement commis une erreur et avons parfois été meilleurs dans le deuxième tiers. Tous les buts encaissés aujourd’hui étaient des cadeaux à l’adversaire. Nous connaissons notre force à domicile et nous le ferons samedi. »
Et c’est ce qui se passe immédiatement. Les joueurs de Straubing se jettent à l‘assaut et mettent tout de suite la pression en zone offensive. Ils envoient de la vitesse et des tirs à la cage. Parker Tuomie est pénalisé mais cela ne gène pas les Bavarois pour se jeter en contre à deux joueurs. Ericsson stoppe le tir d’une mitaine déterminée (5’00). La partie est dans une tension positive ou tout le monde est dans une concentration ultime et très appliquée pour exécuter chaque geste. On assiste à un modèle de hockey impressionnant, tant les joueurs ne laissent aucun détail au hasard. Le jeu va rapidement d’une cage à l’autre. La pénalité est tuée et Straubing applique un échec-avant très solide. Les joueurs de la Forêt-Noire se jettent à l’avant à 2 contre 1. Platzer et Senyshin jouent finement le décalage mais Hunter Miska nous gratifie d’un arrêt en grand écart, tout en mouvement, hallucinant ! (7’39)
Deuxième pénalité de Tyler Sheehy. Cette fois les blancs parviennent à s’installer. Cela crée du danger mais sans convertir. Schwenningen reprend l’avantage dans cette partie. Au retour à cinq, les blancs remportent la mise au jeu dans leur zone. Le palet est remonté à grande vitesse et Tyson Spink part comme une flèche pour décocher un « carreau ». Miska, imperturbable, ne laisse aucun rebond (11’10). Et c’est sur une erreur magistrale que le score est défloré. Schwenningen laisse Stephan Daschner, seul, faire le tour de cage. Toujours pas attaqué, il repique devant la cage et un loge un revers qui finit sous la barre (13’59 : 1-0).
À partir de là, le forcing de Straubing est énorme devant la cage adverse. Schwenningen est acculé dans sa zone. Les blancs sont pris de vitesse. Ça tourne autour de la cage, le tir puissant de Klein à la bleue se fracasse dans la bande derrière les buts. Tuomie fait la passe et le palet libre devant une cage vide trouve Cole Fonstad qui se jette au sol pour le pousser dans les filets. Personne n’a rien vu à Schwenningen et ça fait 2-0 (17’45). Encore une fois c’est lors d’une bonne séquence des blancs que Straubing parvient à utiliser les erreurs et faire basculer la partie. Steve Walker rentre au vestiaire avec du boulot en perspective.
En deuxième période, on a droit à une séance de gifles entre Tyson Spink et Tyler Sheehy suite à une charge près du banc des joueurs. Et sur une nouvelle pénalité différée, le 6 contre 5 est concrétisé par J.C. Lipon sur un tir à mi-distance (23’17 : 3-0).
La situation devient compliquée mais les blancs ne lâchent rien et se créent un temps fort. Pourtant les locaux tiennent avec une solide défense et un effort constant pour évacuer le palet de la zone défensive. Les tirs ne mettent pas Miska en danger. Et ce sont même les bleus qui se procurent les plus grosses occasions en profitant par deux fois de trajectoires de passes coupées. La période est vite passée et a démontré une totale étanchéité du système monté par Tom Pokel.
La troisième période débute et la partie va dans le même sens. Straubing repart très fort et très vite. Même en infériorité, les Tigres proposent un dynamisme qui perturbe l’adversaire. Straubing gagne la majorité des duels. Joacim Ericsson sauve son équipe par une déviation de l’épaule sur un tir (50’10). On ne voit pas comment les blancs pourraient desserrer l’étau et se trouver une opportunité. Le kop des supporters tourne à pleine puissance avec l’appui de tout le public de la patinoire. Schwenningen est au fond du trou. Dans une bataille dans la bande, Marshall remporte le duel et extrait le palet de ce groupe de joueurs. Mais sa passe est coupée, une nouvelle fois, par Parker Tuomie qui s’enfuit pour défier Ericsson. Le portier dévie des bottes (52’47). Sur l’action suivante c’est Thomas Larkin qui hérite du palet. Le géant italien envoie un puissant tir dans le trafic qui passe entre Miska et le poteau (53’29 : 3-1).
Il reste encore du chemin à faire pour revenir mais ce but relance totalement les blancs qui reprennent espoir. La vitesse de patinage devient affolante. Neumann fait un énorme travail en zone offensive pour déborder et repiquer vers le slot. Il alimente Marshall, d’un palet qui passe devant le gardien. La reprise au second poteau fait mouche (56’28 : 3-2). Marshall était totalement abandonné devant la cage.
C’est la folie dans la tribune des supporters des Wild Wings. Le match est relancé, et Tom Pokel harangue ses joueurs pour ne rien lâcher. La pression bascule sur le banc bavarois où Tom Pokel a maintenant le visage fermé. Ericsson, de son côté, sauve son équipe avec un double arrêt sur les tirs de Scott et Fonstad avec un trafic incroyable devant les cages (57’40). Miska fait lui aussi deux arrêts déterminants. Temps mort demandé par Steve Walker, le gardien sort et Thomas Larkin a bien failli tout faire rater quand il chute avec le palet devant ses propres buts et sous pression adverse. Il parvient à dégager la rondelle et, dans la glissade, il percute la cage qui se désocle. La tension est incroyable. Schwenningen est dans la zone offensive, remporte la mise au jeu et fait tourner la rondelle jusqu’à un mauvais contrôle du puck qui fait sortir la rondelle de la zone offensive. Tout est à refaire mais cela désorganise tout le jeu des blancs qui ne parviennent plus à reconstruire un jeu de puissance. Straubing a tenu et jouera les demi-finales contre Berlin.
Les joueurs de Schwenningen ont tout donné pour se qualifier et ont même réussi à revenir dans la partie. Mais cela n’a pas suffi. Clairement, à ce niveau, se sont bien les détails qui ont fait la différence. A contrario, les joueurs de Tom Pokel ont appliqué un système solide et profité des erreurs adverses sans hésiter. L’émotion est énorme du côté des Wild Wings. Steve Walker est très ému, Phil Hungerecker a bien du mal a répondre aux questions et doit se retenir pour ne pas craquer devant les caméras.
Lors des poignées de main, le respect entre tous est incroyable et quand Steve Walker s’arrête au niveau de Tom Pokel, on est dans l’émotion et l’échange de deux entraîneurs de très haut niveau.
Le dernier carré va donc offrir deux duels passionnants. Bremerhaven et son jeu sérieux affronteront le renouveau de Munich sans Don Jackson. Enfin le chaudron du Pulverturm et son puissant public tenteront de faire chuter les favoris berlinois. On en salive déjà !
Commentaires d’après-match :
Tom Pokel (entraîneur de Straubing) : « Au final, ce sont la confiance, la foi, la volonté et l’énergie de cette équipe qui ont gagné. Je suis très fier des garçons et de l’équipe pour ce qu’ils ont accompli cette année et nous n’avons pas encore fini. Il y a encore plus à venir ! C’est un test. Ce match et cette situation ne font que nous rendre meilleurs pour les demi-finales, pour toute cette équipe, pour tout ce groupe, pour ce noyau construit pendant 4 ou 5 ans. Maintenant, cet obstacle est surmonté et nous voulons juste regarder vers l’avenir. Avec toute la puissance et toute l’ambition. Nous n’avons rien à perdre. On y va ! Allons-y ! »
Parker Tuomie (attaquant de Straubing) : « Sandro (Schönberger) a vraiment créé une super ambiance dans le vestiaire. Il a regardé tout le monde dans les yeux et a déclaré : Nous allons gagner ce match aujourd’hui. Cela nous a vraiment donné confiance en nous. C’était énorme. C’était une grande tâche pour nous. Même avant le début de la série, nous savions que nous devions gagner un match là-bas, quoi qu’il arrive. »
Steve Walker (entraîneur de Schwenningen) : « Nous avons ramené Schwenningen dans les séries éliminatoires. Nous avons eu un grand soutien toute l’année. Ils ont cru en nous et nous ont poussés. J’espère que nous pourrons désormais construire quelque chose à partir de cela pour l’avenir. »
Phil Hungerecker (attaquant de Schwenningen) : « Merde. C’est amer. C’est nul d’être éliminé comme ça. La saison que nous avons livrée a été incroyable. Nous méritions bien plus que d’être éliminés comme ça lors du septième match aujourd’hui. Mais je pense que cela montre, que même à 3-0, nous pouvions ne pas être éliminés. On voyait bien qu’on avait une chance d’égaliser à la fin. C’est un peu difficile en ce moment. Je suis un peu déçu, mais aussi fier d’avoir fait partie de cette équipe cette année. »
Straubing – Schwenningen 3-2 (2-0, 1-0, 0-2)
Samedi 30 mars 2024 à 15h00 à l’Eisstadion am Pulverturm. 5635 spectateurs.
Arbitres : Reid Anderson (CAN) et Martin Frano (TCH) assistés de Kai Jürgens et Patrick Laguzov
Pénalités : Straubing 13′ (4’, 5’, 4’) ; Schwenningen 13’ (0’, 2’+5’, 4’)
Tirs : Straubing 18 ; Schwenningen 23.
Évolution du score :
1-0 à 13’59 : Daschner assisté de Zengerle et Klein
2-0 à 17’45 : Fonstad assisté de Tuomie et Klein
3-0 à 23’17 : Lipon assisté de Connolly et Mattinen
3-1 à 53’29 : Larkin assisté de Neumann et Dziambor
3-2 à 56’28 : Tys. Spink assisté de Marshall et Neumann
Straubing
Attaquants :
JC Lipon – Joshua Samanski (2’) – Michael Connolly
Cody Lampl – Tim Brunnhuber (-1) – Sandro Schönberger (-1)
Tyler Sheehy (+1, 4’) – Mark Zengerle (+1, 2’) – Michael Clarke
Parker Tuomie (2’) – Justin Scott – Cole Fonstad
Défenseurs :
Nicolas Mattinen (+1) – Adrian Klein (+1)
Justin Braun – Mario Zimmermann
Marcel Brandt (-1) – Philip Samuelsson (-1)
Stephan Daschner
Gardien :
Hunter Miska
Remplaçant : Florian Bugl (G). Absents : Marcel Müller (genou), Benedikt Kohl, Matt Bradley.
Schwenningen
Attaquants :
Zach Senyshyn (-1) – Kyle Platzer (-1) – Alexander Karachun (-1)
Tyson Spink (+1, 2’+5’) – Daniel Neumann (+1) – Boaz Bassen
Christopher Brown (+1) – Daniel Pfaffengut (+1) – Phil Hungerecker (+1)
Philip Feist (-1) – Ken Andre Olimb (-1) – Sebastian Uvira
Défenseurs :
Daryl Boyle (-1) – Alex Trivellato (-1)
Benjamin Marshall (+1) – William Weber (+1, 6’)
Thomas Larkin – Johannes Huß (-1)
Arkadiusz Dziambor (+1)
Gardien :
Joacim Ericsson [sorti de 57’36 à 57’48 et de 58’08 à 60’00]
Remplaçant : Cody Brenner (G). Absents : Tylor Spink (blessé), Peter Spornberger, Max Görtz, Filip Reisnecker (surnuméraires).