La DEL a atteint le top niveau des affluences dans les patinoires en Europe. Avec 7160 spectateurs de moyenne, elle devance de peu la National League suisse (7131) et reléguant la SHL suédoise avec 6116. Bien sûr les nouvelles infrastructures y sont pour beaucoup, et ce n’est pas la livraison du SAP Garden de Munich qui va faire refluer ces chiffres. Mais la popularité du hockey en Allemagne est tout de même grandissante, par l’attractivité du championnat mais surtout par les résultats historiques de l’équipe nationale avec ses 2 médailles d’argent aux JO 2018 et au dernier Mondial.
Pour ce soir l’affluence à la Uber Arena (nouveau nom moins clinquant que Mercedes Benz Arena) est au taquet pour cette demi-finale face aux compétitifs Straubing Tigers. Si Berlin a écarté Mannheim quatre manches à une, les matchs ont été challengés à chaque fois. Bien heureux Serge Aubin qui a pu compter sur un Jake Hildebrand incroyable devant les filets.
Les Bavarois de Straubing, quant à eux, sont surmotivés par ce défi, car il s’agit de la seconde fois de son existence que le club atteint le stade des demi-finales. La dernière fois c’était en 2012 contre… les Eisbären Berlin, déjà !
C’est pourquoi l’entraîneur berlinois Serge Aubin prend très au sérieux l’affrontement : « Straubing a joué de manière très constante tout au long de la saison. Ce sont de bons patineurs et ils n’ont pas besoin de beaucoup d’occasions pour marquer. Nous devons donc veiller à agir de manière rapprochée et ordonnée en défense et à leur accorder peu de temps et d’espace. Ce sera un combat pour chaque centimètre. Je ne pense pas que ce soit important que les Tigers aient dû disputer sept matchs en quarts de finale. Nous avons pu recharger nos batteries ces derniers jours. Mais nous devons nous assurer que nous sommes prêts dès le départ. »
Manuel Wiederer, est déjà concentré également : « Les Tigres ont réalisé une très bonne saison. Straubing est une équipe très stable avec une bonne défense. Mais chaque équipe encore en course est dangereuse. Nous en sommes conscients. Mais nous nous concentrons sur nous-mêmes et voulons profiter avec nous de l’élan des quarts de finale. Si nous exploitons nos atouts et nous préparons aux petites choses que font nos adversaires, nous pouvons battre n’importe quelle équipe. »
Les joueurs de Tom Pokel ont dû aller jusqu’au match 7 pour en finir face à Schwenningen. Bien sûr Berlin devrait avoir plus d’énergie disponible pour ce premier défi. Par contre JC Lipon, incertain après une blessure, est remplacé par Matt Bradley. Et c’est Tyler Sheehy qui se positionne en première ligne à la place de Lipon.
La pression est mise d’entrée sur la zone bavaroise au coup d’envoi. Cette pression crée déjà des perturbations car Stephan Daschner rate sa passe de sortie de zone, ce qui crée un revirement que Blaine Byron utilise pour foncer au gardien. Hunter Miska se couche et ferme la porte avec sa botte collée au poteau (1’24). De l’autre côté Sandro Schönberger exécute une passe laser qui permet une contre-attaque mais Geibel stoppe l’attaque. On sent tout de même qu’il n’en faut pas beaucoup pour que les attaquants réussissent à s’infiltrer pour créer le danger. Straubing profite d’une pénalité et Bradley alimente Samuelsson au second poteau. Hildebrand se jette sur le tir et capte la rondelle en plein vol (5’42). Berlin s’en sort sans dommage mais par la suite les Bavarois continuent leur effort. Une mauvaise évacuation de la zone défensive berlinoise profite à Bradley. Son tir n’est pas gelé, c’est la panique car les défenseurs ne parviennent pas bloquer la rondelle. Dans l’action, Hildebrand en perd sa crosse. Tyler Sheehy tire dans le tas, Yannick Veilleux dégage mais le palet est de nouveau renvoyé dans le trafic par Mattinen qui trouve l’ouverture. C’est le but ! Dans cette séquence infernale, les arbitres consultent la vidéo et refusent le but, car le gardien était gêné.
Les Tigres ont des ailes, renforcent le physique, continuent la pression et envoient des tirs à la cage. Après un énorme boulot pour passer dans la bande et s’enfoncer dans le slot, Michael Clarke transmet à Matt Bradley qui fait la reprise. Et dans cette phase positive bavaroise, les Berlinois trouvent une faille. La bataille derrière la cage de Miska profite à Wissmann qui renvoie le puck dans le filet en ajustant son tir (11’04 : 1-0).
Patrick Cormier est par la suite pénalisé pour une charge à la tête sur Mattinen. Straubing est déjà prêt et, en supériorité, trouve le poteau sur le tir de Marcel Brandt. La suite est mal jouée car Tiffels peut s’enfuir avec la rondelle. Tout va bien pour des Ours dominés. Ils reprennent le jeu à leur compte. Le système défensif de Tom Pokel tient bon. Les blancs sont souvent sauvés par une crosse ou un patin. Berlin termine le tiers en force et la pression est intenable sur les cages de Miska. C’est sur un dernier rush que les Bavarois peuvent se dégager. Et quelle performance de Joshua Samanski. Le jeune joueur de Straubing nous illumine avec ses dribles et son mano a mano avec Fred Tiffels accroché à lui. Samanski parvient à traverser la patinoire et à se procurer une belle occasion sur son tir (18’27). Straubing a réellement dominé cette période mais n’a pas réussi à concrétiser.
Deuxième tiers : Straubing se crée un temps fort immédiatement mais au prix d’un gros effort pour se maintenir à l’avant. La lutte pour la conquête de la rondelle est intense. Et c’est une nouvelle fois dans un moment positif pour Straubing que la sentence tombe. Sur un revirement anodin, Wiederer produit un énorme travail pour passer la ligne bleue. Il envoie le palet « à l’aveugle » et double le score. Miska était masqué par le trafic (23’20 : 2-0).
Les Bavarois ne lâchent pas et Zimmermann, bien décalé, lance sur Hildebrand qui dévie de la botte. Straubing trouve bien le moyen de tirer à la cage mais ne crée pas de réel danger. Par contre, tout réussit aux Eisbären car Blaine Byron dévie « finement » la rondelle devant Miska alors qu’il est serré de près, concluant ainsi une séquence de domination dans la zone offensive (28’03 : 3-0).
Berlin est redoutable d’efficacité. Par contre, en supériorité, la vista bavaroise permet une contre-attaque que Wissmann doit stopper illégalement en accrochant. À la fin de ces deux unités spéciales, Straubing revient en supériorité et Cole Fonstad voit son tir se fracasser sur la barre. Les bleus parviennent à tuer cette pénalité par un harcèlement sur le porteur du palet rudement efficace. L’effort est concentré sur la capacité à « vider » la zone défensive. En fin de période le palet en possession des blancs est envoyé à la cage, parallèlement à la ligne rouge de fond. Le puck traverse Hildebrand et c‘est Marcel Noebels, devant les filets, qui évacue le danger (36’45).
La troisième période est reprise rapidement en jeu par Berlin qui envoie fort. Le jeu prend une teneur beaucoup plus physique. Les pénalités s’enchainent et les deux gardiens sauvent leur équipe par un arrêt réflexe de Miska et une mitaine solide de Hildebrand. Sur une infériorité, Frederik Tiffels exécute un tour de cage rapide et délivre la rondelle à Tobias Eder, seul, qui trouve le moyen de tirer à côté de la cage bien ouverte ! Il lève les yeux au ciel de dépit (49’38). Les batailles sont acharnées ! Personne ne veut laisser un pouce de terrain ni le moindre palet. On rentre dans le dur de la partie. Une charge terrible Cody Lampl atteint la tête de Zach Boychuk. N’ayant rien vu venir, il finit totalement sonné au sol. Après un visionnage vidéo, les arbitres envoient Lampl au vestiaire. La seule bonne nouvelle pour Tom Pokel est le courage et l’intensité de son unité d’infériorité qui permet de « sauver les meubles ». Le score en reste là pendant les cinq minutes passées à quatre. Il ne reste plus à l’entraîneur américain de Straubing qu’à faire sortir son gardien. Et la solution fonctionne car Tyler Sheehy conclut un très beau jeu de passe à trois (58’00 : 3-1). Tom Pokel réitère la situation du 6 contre 5 mais le dispositif resserré de Berlin est imprenable.
Tout le monde repart au vestiaire. Eisbären Berlin a démontré une solidité et une efficacité à toute épreuve. Mais le match 2 à Straubing pourrait être une tout autre histoire. Par contre il faudra faire sans Cody Lampl qui est suspendu pour trois matchs.
Commentaires d’après-match :
Serge Aubin (entraîneur-chef des Eisbären Berlin) : « Après notre pause, nous étions un peu rouillés dans le tiers de départ. Straubing a bien joué et il nous a fallu du temps pour entrer dans le match. Nous avons mieux joué dans la deuxième partie du match. Nous avons su capitaliser sur nos occasions et prendre une bonne avance. Nous devons mieux agir en équipe et nous assurer de rester en dehors du banc des pénalités. Mais ce n’était qu’un seul match de la série. […] Eric Hördler n’a pas encore beaucoup de temps de jeu [NDLR : 3’09 ce soir] mais il a brillé contre Mannheim et maintenant contre Straubing avec deux merveilleuses passes décisives. C’est fort pour un jeune joueur. »
Manuel Wiederer (attaquant des Eisbären Berlin) : « C’était un match un peu décousu, mais par moments c’était plutôt bon. Les choses auraient facilement pu se passer dans l’autre sens. Mais nous avons marqué les buts au bon moment. Mais en séries éliminatoires, seules les victoires comptent au final. Nous sommes heureux du succès. Mais nous savons que nous devons montrer des performances encore meilleures et plus constantes. »
Tom Pokel (entraîneur de Straubing) : « C’est incroyablement difficile de se procurer des occasions contre Berlin. Nous en avons eu beaucoup et nous allons encore nous améliorer. »
Eisbären Berlin – Straubing 3-1 (1-0, 2-0, 0-1)
Lundi 1er avril 2024 à 17h00 à Uber Arena. 14 200 spectateurs.
Arbitres : Sean MacFarlane (USA) et Marian Rohatsch assistés de Andreas Hofer et Marius Wölzmüller.
Pénalités : Berlin 14′ (4’, 4’, 6’) ; Straubing 23’ (0’, 4’, 9’+10’)
Tirs : Berlin : 20 (5, 8, 7) ; Straubing 29 (16, 7, 6)
Évolution du score :
1-0 à 11’04 : Wissmann assisté de Noebels et Byron
2-0 à 23’20 : Wiederer assisté de Hördler et Bergmann
3-0 à 28’03 : Byron assisté de Schemitsch et Noebels
3-1 à 58’00 : Sheehy assisté de Connolly et Zengerle (sup. num.)
Eisbären Berlin
Attaquants :
Leonhard Pföderl (+2) – Blaine Byron (+2) – Marcel Noebels (+2)
Ty Ronning – Zachary Boychuk (4’) – Frederik Tiffels
Tobias Eder – Patrice Cormier (4’) – Yannick Veilleux
Lean Bergmann (2’) (+1) – Manuel Wiederer (+1) – Eric Hördler (+1)
Défenseurs :
Kai Wissmann (2’) (+1) – Jonas Müller (+2)
Thomas Schemitsch (+1) – Julian Melchiori
Morgan Ellis (+1) – Korbinian Geibel (2’) (+1)
Michael Bartuli
Gardien
Jake Hildebrand
Remplaçant : Jonas Stettmer (G); Absents : Eric Mik, Marco Nowak, Jaedon Descheneau, Maximilian Heim, Ty Ronning (choix).
Straubing Tigers
Attaquants :
Tyler Sheehy (-2) – Joshua Samanski (-2) – Michael Connolly (-2)
Cody Lampl (5’+10’) – Tim Brunnhuber – Sandro Schönberger (2’)
Matt Bradley – Mark Zengerle – Michael Clarke
Parker Tuomie (2’) (-1) – Justin Scott (-1) – Cole Fonstad (-1)
Défenseurs :
Nicolas Mattinen (-1) – Adrian Klein (2’)
Justin Braun (-2) – Mario Zimmermann (2’) (-1)
Marcel Brandt – Philip Samuelsson
Stephan Daschner (-2)
Gardien
Hunter Miska
Remplaçant : Florian Bugl (G). Absents : Marcel Müller (genou), J.C. Lipon (blessé par une charge de Larkin au match 7 contre Schwenningen), Benedikt Kohl.