Le champion en titre, Munich, a dû faire face à la retraite du coach légendaire Don Jackson. Bien sûr il n’est pas resté trop éloigné du club pour pouvoir distiller quelques conseils et aider Toni Söderholm qui a obtenu la lourde tâche de reprendre le flambeau. Les Red Bulls ont terminé la saison régulière en meilleure forme pour conclure à la peu habituelle cinquième place. En quart de finale, l’affrontement contre Wolfsburg a été réduit au strict minimum soit quatre victoires à zéro.
Mais pour cette demi-finale, le défi est de taille. Bremerhaven, l’équipe du nord de l’Allemagne, est dans la meilleure forme de son histoire. Les Fischtown Pinguins n’avaient jamais fini premiers de la saison régulière, ni atteint le seuil des demi-finales, auparavant. Elle comprend les deux meilleurs marqueurs du championnat, tous deux slovènes, Jan Urbas (52 points) et Žiga Jeglič (50 points). De plus l’équipe a terminé en tête des power-plays les plus prolifiques avec 25,3%.
Alors serait-ce l’année de Bremerhaven pour créer la surprise en DEL ? Lors du tour précédent, les matchs ont été accrochés contre Ingolstadt mais les joueurs de la ville portuaire n’ont pas lâché une seule partie.
Dans cette demi-finale, on retrouve l’outsider contre le multi champion : Bremerhaven a remporté la première manche (3-0) avec 25 tirs à 30. Toni Söderholm : « Bremerhaven a largement contrôlé le match après avoir pris l’avantage. C’est une équipe très disciplinée qui défend bien avec cinq joueurs. Il faut être patient pour se créer des occasions de marquer et prendre le contrôle du jeu en zone offensive. Je pense que le contact physique et le rythme vont augmenter lors du prochain match. Nous devons veiller à ne pas appuyer simultanément sur les pédales d’accélérateur et de frein, mais plutôt à appuyer davantage sur la pédale d’accélérateur. »
Dès le départ, Bremerhaven déroule bien son jeu et démontre d’énormes qualités de conservation du palet. Physiquement c’est très bon également avec une bonne capacité à « bouger » les joueurs munichois. Bref, les joueurs du Nord dominent. Le défenseur danois Phillip Bruggisser conclut un temps fort avec un shoot dangereux (9’55). On est impressionné et peu habitué à voir le Red Bull courir après le palet, Bremerhaven est impressionnant de fluidité et de précision dans le jeu. Le danger se rapproche avec un tir qui passe au ras du poteau, avec le duo Jan Urbas – Miha Verlič. Sur une action en zone offensive, les blancs impressionnent encore. Markus Vikingstad conserve le puck alors qu’il a Emil Johansson sur le dos, qui s’accroche. Le Norvégien, derrière la cage, joue en une-deux avec Colt Conrad. Le temps de revenir devant les cages. Malgré la présence de Johansson, qui ne l’a pas lâché, Vikingstad fait passer la rondelle entre les jambes de Niederberger. Mais à y regarder de plus prêt c’est le patin de Johansson qui dévie (6’13 : 0-1).
La domination continue et Munich ne semble pas capable de capter les rondelles et gagner les duels. Il faut attendre 17’13 pour que les bleus trouvent leur première réelle occasion avec une déviation de Patrick Hager. En fin de période, c’est encore le feu sur une reprise au second poteau de Jeglič. Niederberger exécute un rapide mouvement latéral et ferme la cage avec sa botte. Deuxième arrêt devant Verlič qui avait repris le rebond (17’31). En toute fin de période c’est le jeune Varejcka qui crée un danger en faveur du Red Bull. Il s’enfonce directement, et à pleine vitesse, dans le slot pour aller pousser le puck sur le gardien Gudlevskis (19’04).
Munich a de sérieux problèmes à régler, et profite des pénalités adverses en deuxième période. « Maxi » Kastner tire à bout portant (20’35). Même en infériorité, Trevor Parkes a été totalement oublié. À la bleue offensive, il réceptionne une passe et part en breakaway pour défier Gudlevskis. Le gardien qui a suivi referme l’espace avec sa botte (23’11). Le power-play « nordiste » frappe encore avec Wejse derrière la cage qui envoie devant les buts et Verlič fait la reprise en s’avançant devant le gardien (25’00 : 0-2).
Et ça continue. Sur une nouvelle pénalité, avec Kastner sur le banc, le power-play est insensé car Munich ne peut suivre le rythme des passes. À l’inverse Bremerhaven est agressif en infériorité et ne permet aucune ouverture aux Bavarois. Bref, Munich a la tête dans le seau et cherche désespérément une solution. Il ne reste qu’un moyen aux joueurs de Söderholm, augmenter la cadence. Et les joueurs de Red Bull envoient un patinage sur vitaminé. Ça patine très fort pour déborder Bremerhaven. La vivacité permet de se projeter rapidement à l’image du duo DeSousa / Kastner. Et ce temps fort va payer. Sur une mauvaise passe derrière la cage de Niederberger. Les bleus interceptent et se lancent dans une chevauchée rapide. Eisenschmid conclut la magnifique offensive en trois passes avec les jeunes Heigl et Varejcka. Extraordinaire jeu collectif (33’04 : 1-2).
Munich a retrouvé son jeu et c’est encore une phase à trois qui déboussole toute l’équipe de Bremerhaven. Du coup Daubner est seul devant une cage vide (36’23 : 2-2). Incroyable, le Red Bull a trouvé les ressources pour renverser la partie et revenir au score. À noter, la belle présence du tout jeune Nikolaus Heigl (21 ans) qui est sur deux assistances de suite. Formé à Bad Tölz, l’ex-international U20 est passé par la Red Bull Academy.
Les « pêcheurs » de la mer du Nord sont allés récupérer deux buts dans leurs filets et ont subi la tempête ! Yasin Ehliz conclut cette période avec une déviation qui percute le bouclier de Gudlevskis (38’23). Les joueurs de Tom Popiesch ont subi une puissante marée montante. Il est temps de reprendre ses esprits au vestiaire.
Clairement, Söderholm et ses joueurs ont renversé le match. En troisième période on retrouve l’équipe habituelle de Munich, faite de physique et de passes bien senties, pour déstabiliser son adversaire. Le 2 contre 1 avec Daubner et Hager permet un danger que Gudlevskis dévie (43’17). Il ne reste que peu de choses à faire pour les blancs hormis un tir de Wejse en zone offensive après une mise au jeu gagnée (44’34). Les pénalités s’enchaînent et chacune des équipes tient le choc. Le tiers est une longue lutte de possession et de conquête de territoire. Il faut en venir à la mort subite.
Phillip Brugisser part de derrière sa cage, exécute un une-deux avec Uher, le long de la bande, et à pleine vitesse il entre dans le slot et crucifie Niederberger (73’09 : 2-3). C’est le coup de poignard. Alors que Munich était dans les meilleures dispositions, c’est un exploit quasi-personnel qui fait basculer le match.
Le public munichois est abasourdi mais les chants reprennent tout de même. Chaque équipe a eu son moment de forte domination. Et même si Bremerhaven mène deux manches à zéro, le Red Bull a démontré qu’il pouvait dominer son adversaire. Bref, rien n’est joué dans cette demi-finale aux allures de finale.
Commentaires d’après-match :
Thomas Popiesch (entraîneur de Bremerhaven) : « Chaque équipe a eu des moments forts dans le match aujourd’hui. Nous avons essayé de rester compacts car nous connaissons la vitesse et la qualité de Munich. Nous n’avons pas complètement réussi. Mais surtout dans les prolongations, quand nous avions des périodes de pression contre nous, nous restions serrés et bloquions les tirs. Une solide performance individuelle nous a apporté la victoire. C’était une solide performance d’équipe aujourd’hui. Les unités spéciales et les gardiens de but ont été le facteur décisif. »
Phillip Bruggisser (défenseur de Bremerhaven) : « J’ai eu une énorme occasion plus tôt dans le match, mais j’ai seulement touché le poteau. Je suis d’autant plus heureux d’avoir pu décider du match avec mon but. Munich a eu de belles occasions, mais Gudlevskis, les défenseurs et les attaquants étaient au top. Nous sommes devenus plus matures ces dernières années. »
Toni Söderholm (entraîneur de Munich) : « Nous étions bien meilleurs aujourd’hui que lors du premier match. Nous étions plus présents émotionnellement et au patinage. Nous sommes revenus d’un score de 2-0 et avons eu de bonnes occasions en prolongation, mais nous avons ensuite brièvement perdu notre organisation, ce qui a conduit au but décisif. Mais si nous jouons comme nous l’avons fait aujourd’hui, nous méritons des victoires – y compris dans cette série. »
Markus Eisenschmid (attaquant de Munich) : « Au final, nous avons mis beaucoup de pression. Bremerhaven doit gagner quatre matchs, pas deux. Nous sommes revenus de 0-2 dans ce match. C’est une grande équipe, mais nous aussi. Nous continuerons désormais vendredi à Bremerhaven. »
Yasin Ehliz (attaquant de Munich) : « Au final, ce sont les petites choses – comme toujours. Bremerhaven était meilleur aujourd’hui. Nous devons rester à l’écart du banc des pénalités car ils ont un excellent avantage numérique. Nous savons que nous étions également menés 2-0 contre Bremerhaven l’année dernière. Mais nous avons définitivement le caractère et la qualité dans l’équipe pour pouvoir renverser cette série. »
Munich – Bremerhaven 2-3 après prolongation (0-1, 2-1, 0-0, 0-1)
Mercredi 3 avril 2024 à 17h30 à l’Olympia Eisstadion. 5728 spectateurs.
Arbitres : Andris Ansons (LET) et Andre Schrader assistés de Maksim Cepik et Tobias Schwenk
Pénalités : Munich 12′ (2’, 8’, 2’, 0’) ; Bremerhaven 10’ (0’, 6’, 4’, 0’)
Tirs : Munich 31 (5, 13, 5, 8) ; Bremerhaven 32 (14, 6, 7, 5)
Évolution du score :
0-1 à 13’47 : Conrad assisté de Vikingstad et Kälble
0-2 à 25’01 : Verlič assisté de Jeglič et Urbas
1-2 à 33’04 : Eisenschmid assisté de N. Heigl et Varejcka
2-2 à 36’23 : Daubner assisté d’Abeltshauser et N. Heigl
2-3 à 73’09 : Bruggisser assisté d’Uher
Munich
Attaquants :
Maximilian Kastner (2’) (-1) – Patrick Hager (2’) (-1) – Christopher DeSousa (-2)
Veit Oswald – Benjamin Smith – Yasin Ehliz
Trevor Parkes (-1) – Benjamin Street (-1) – Nicolas Krämmer
Markus Eisenschmid (+2) – Nikolaus Heigl (+2) – Filip Varejcka (+2)
Défenseurs :
Maximilian Daubner (2’) – Andrew MacWilliam (2’) (+1)
Jonathon Blum – Konrad Abeltshauser
Les Lancaster (2’) – Emil Johansson (-1)
Adam Almquist
Gardien
Mathias Niederberger
Remplaçants : Daniel Allavena (G). Absents : Dominik Bittner (opéré du « haut du corps » en janvier), Ryan McKiernan (« haut du corps »), Austin Ortega (choix du coach).
Bremerhaven
Attaquants :
Jan Urbas – Žiga Jeglič (2’) (-1) – Miha Verlič (2’) (-1)
Ross Mauermann (2’) (+1) – Markus Vikingstad (+1) – Colt Adam Conrad (+1)
Dominik Uher – Alexander Friesen (+1) – Skyler McKenzie (2’) (+1)
Justin Büsing (-1) – Christian Wejse (-1) – Nino Kinder (-1)
Défenseurs :
Anders Grönlund (2’) – Vladimir Eminger
Lukas Kälble (+1) – Phillip Bruggisser
Nicolas Appendino (+1) – Nicholas B. Jensen (-2)
Philip Preto
Gardien
Kristers Gudlevskis
Remplaçant : Maximilian Franzreb (G). Absents : Blaž Gregorc, Gregory Kreutzer, Felix Maegaard Scheel, Jake Virtanen.