Après la victoire des Dragons 6-3 dans le 3e match, les deux équipes se retrouvent à un nouveau tournant de cette finale. Une seconde victoire de suite pour Rouen changerait sans doute la dynamique de la série, une troisième victoire bordelaise les mènerait à une encablure d’un titre historique.
La veille, les Rouennais avaient débuté tambour battant, mettant Bordeaux au supplice sur son pressing désorganisé. Les visiteurs avaient capitalisé sur les errements défensifs locaux et pris une avance de trois buts que les Boxers n’ont jamais pu reprendre.
Une autre entame
Le mot d’ordre côté bordelais en ce mercredi soir était donc : Réussir l’entame. La consigne est claire, et appliquée à la lettre dès les premières secondes. Baptiste Bruche, Nikita Jevpalovs, ou Loïk Poudrier, Bordeaux est aux manettes et récupère des palets très hauts en zone offensive.
Sur une occasion de Mathieu Pompei après plusieurs coups de boutoir, les Boxers poussent, et Matija Pintaric met quelques secondes à se relever, preuve que le rythme est élevé et le bonhomme essoufflé. Les Rouennais se rendent coupable d’une première faute sur une charge jugée illégale sur Bastien Lemaître. Peu de chances précises mais une pression bordelaise.
Quentin Papillon veut participer au jeu et s’investit dans les relances au maximum en se déplaçant énormément autour de sa cage, prenant même quelques risques pour accélérer le jeu. Il a malgré tout du travail de pur gardien, et sauve la baraque plusieurs fois, notamment aidé par un sauvetage in extremis de Kevin Spinozzi qui vient empêcher un Rouennais de pousser la rondelle au fond, seul devant une cage vide.
Florian Chakiachvili écope d’une nouvelle pénalité pour cinglage et Bordeaux continue à tenter de percer le coffre-fort slovène des Dragons. Le palet circule dans les périodes de supériorité numérique sans de réelles énormes occasions.
À l’inverse, quand Rouen se montre incisif, cela met encore Quentin Papillon à contribution, notamment sur ces phases d’échec-avant rouennaises, où il décide encore de couper les transversales le long de la bande. Iil gicle donc assez rapidement de sa cage et sur l’une d’entre elles, il vient même au contact avec un rouennais dans la balustrade, mi mise en échec, mi blocage de relance. Une action somme toute très rare chez un gardien, qui tentent en principe de prendre un minimum de risques, loin de ses bases.
On va s’acheminer vers un score nul et vierge en cette fin de première période, même si l’intensité continue de monter de plusieurs crans au fur et à mesure que la partie avance. Des charges parfois limites, des embrassades quasi-systématiques sur les phases d’arrêts des gardiens, les défenseurs venant brasser les attaquants souhaitant mettre des coups de pression aux portiers adverses.
Recherche de dynamique au deuxième tiers
Enjeu du début de deuxième période, remettre la même intensité pour tenter de s’approprier le momentum. Les deux équipes alertent gentiment les portiers respectifs, et la première occasion sérieuse est à l’actif de Baptiste Bruche, sur Pintaric. La zone neutre est également un objectif de conquête ostensible, et les lignes de passes sont quasi toutes coupées. Enzo Carry envoie une énorme charge contre la bande sur Emil Kristensen qui en perd sa crosse.
Rouen reprend une pénalité et Kevin Spinozzi inquiète par deux fois Pintaric qui s’en sort miraculeusement, et que dire des deux suivantes par Julius Valtonen que le gardien slovène des Dragons stoppe comme il peut. Bordeaux pousse. Antti Kauppila obtient une chance sur une incursion facilitée par un changement de lignes raté par Rouen, Samuel Salonen tente également sa chance mais M. Pintaric re-sauve la patrie.
En contre, de retour à égalité numérique, c’est Perron qui remet Quentin Papillon dans le match, tout comme Rolands Vigners qui a tenté la lucarne en angle fermé. Une déviation ratée de justesse de Christophe Boivin jette un frisson dans Mériadeck et Rouen entame une période favorable.
Quentin Tomasino trouve une nouvelle fois Paps et sur le rebond, cela revient du coin de la bande vers Anthony Rech qui remet superbement vers Jordan Hervé, seul dans l’enclave qui marque du revers. C’est quasiment pile la mi-match et Rouen ouvre le marque dans ce match bien plus fermé que les précédents.
Bordeaux réagit via Samuel Salonen qui entre à droite de la zone offensive, temporise et décale Enzo Carry seul sur la gauche, mais Matija Pintaric a bien fermé l’angle et s’impose. Même sentence quelques secondes plus tard, avec Pompei qui sert à l’inverse Salonen, qui contrôle et bute sur Pintaric.
Rouen veut temporiser un peu pour calmer les ardeurs adverses et FloChak trouve Paps. Sur un échec avant rouennais, Kevin Dusseau veut dribbler son vis-à-vis et touche un adversaire à la tête avec sa crosse, les arbitres ne sifflent pas malgré les vives contestations rouennaises. En revanche sur l’action suivante, et ce déboulé d’Anthony Rech, il s’écroule et Bordeaux évoluer en désavantage numérique après un retenir de Niki Blomberg. Vigners, Rech, Boivin, Kristensen ou Flick ont des occasions, mais Quentin Papillon se dresse face à eux. La pénalité est tuée, mais les rouennais continuent par vagues, et seul Paps les empêche de faire le break.
Baptiste Bruche tente de réveiller ses troupes, tout comme Kevin Spinozzi qui repique dans l’enclave depuis l’aile droite quelques secondes plus tard, à l’instar de ce qu’avait fait Anthony Rech en face peu avant. Enzo Carry remet le couvert mais Pintaric reste en éveil.
Le tiers se termine là-dessus et Rouen a donc pris l’ascendant au score, et même si Bordeaux a de quoi revenir, les Dragons sont sur le bon chemin. Dominant également aux tirs cadrés, Rouen donne l’impression de mettre la main sur le match petit à petit.
T3 : Rouen contrôle mais …
Jordan Hervé allume la première banderille du dernier tiers, mais Paps repousse de la botte gauche. Bordeaux tente de relancer et de mettre de la vitesse mais Rouen est solide à la bleue.
Cela donne le sentiment de flotter un peu côté bordelais, ce qui arrange Rouen qui égrène le chronomètre. Une ou deux mèches sont allumées, suite à des mises en jeu remportées par Bordeaux en zone offensive, permettant à Pintaric de rester dans son match, mais le temps avance et les Dragons sont à leur main.
Rouen paraît techniquement supérieur, surtout dans sa capacité à entrer en zone offensive, là où les Boxers doivent vraiment s’employer. Les Dragons trouvent de plus en plus de solutions. Une déviation d’Alexandre Mallet échoue hors cadre. Un rush et une frappe normande pour finir jettent le trouble, avant qu’en contre, ce soit au tour de Nikta Jevpalovs et une toupie de mettre Pintaric au travail.
Les visiteurs contrôlent et sur les relances bordelaises, Rouen les oblige soit à prendre des risques sur des tentatives individuelles de remontées de pucks, ou via des passes allongées qui terminent en dégagements interdits.
8’30 à à jouer et on ne voit pas Bordeaux déjouer le piège tactique tendu par les hommes de Fabrice Lhenry. Sur une mise au fond, les Rouennais arrivent même avant la défense locale par Boivin, qui remet dans l’enclave pour Tommy Perret, seul, qui bute sur un Quentin Papillon miraculé. S’ensuit une chiffonnade entre Bruche et Perret (photo ci-dessous).
Le contre bordelais suivant est peut-être le tournant du match, Nikita Jevpalovs part à droite, bat Sacha Guimond en vitesse, dribble Pintaric et s’apprête à égaliser dans le but vide, mais le gardien slovène met sa crosse sur la glace et empêche le but. Arrêt exceptionnel, pour sûr l’arrêt du match, et peut-être même celui de la série pour le moment.
Samuel Salonen a une opportunité hors cadre ensuite, et on rentre dans cinq dernières minutes haletantes. Nesa est sanctionné pour un genou qui traîne en zone offensive et voilà Bordeaux en supériorité à trois minutes de la fin.
Les Boxers s’installent rapidement et une magnifique action à trois entre Loïk Poudrier, Rudolfs Polc et Julius Valtonen, de bas en haut, finit sur le Finlandais qui bat enfin Pintaric et égalise dans un vacarme de circonstance.
Rouen voit son plan mis à mal, mais remet une petite couche pour forcer la décision. Chakiachvili ou Boivin alertent Papillon mais cela tient et on va en prolongation.
Une prolongation irrespirable
Ne pas perdre le puck. Et se procurer des occasions « sûres », voici les enjeux d’une prolongation à 3 contre 3. Rouen gagne la mise en jeu, mais Valtonen coupe l’action dans la foulée.
Après des minutes de possession prudente pour chacun des deux camps, Roland Vigners obtient une énorme occase qui termine à côté, et sur le contre c’est Loïk Poudrier qui rate le cadre. Le palet repart dans l’autre sens, et Chakiachvili met en profondeur pour Anthony Rech qui part seul face à Quentin Papillon. Il le dribble et marque du revers le but de la victoire malgré une révision vidéo sur un potentiel hors-jeu.
La victoire des Dragons est méritée, tant ils ont semblé contrôler une bonne partie de la rencontre. Si Bordeaux s’est procuré des occasions dans la première partie du match, ils se sont englués petit à petit dans le piège normand, mais, au courage, sont revenus en fin de match. Le talent individuel de Toto Rech aura fait la différence en prolongation pour les Dragons.
Commentaires d’après-match (recueillis par le 7e Dragon) :
Fabrice Lhenry (entraîneur de Rouen) : « C’est une belle victoire d’équipe, on a été disciplinés dans la tactique surtout. Bordeaux a commencé très très fort, les trois-quatre premières minutes ont été très dures. On a su faire le dos rond, on s’attendait à ce qu’ils sortent comme ça. Ça s’est joué à quelques détails, on a profité d’avoir marqué les premiers et on a essayé de gérer le score jusqu’à la fin. Ça se passait bien, je trouve qu’on a joué intelligemment. On n’a pas donné grand-chose à part un débordement au troisième tiers, et puis une pénalité fait un peu revenir Bordeaux. Les joueurs sont restés concentrés pour chercher la victoire dans cet overtime. On fait une bonne opération, on revient à 2-2 et puis on reprend l’avantage de la glace. On espère pouvoir en profiter cette fois-ci. […] On a joué presque tout le temps à quatre lignes, c’est sûr que des joueurs ont un peu de plus de temps de jeu, ça dépend de la forme et du mérite. Quand on joue deux matches en deux jours comme ça, si au premier match on tire beaucoup sur 10-15 joueurs le lendemain c’est dur pour eux. […] À partir de la mi-saison ça ressemblait plus à l’arbitrage des autres ligues, je pense que c’est bien, ça fait plus d’engagement de part et d’autre. Il y a eu des contacts mais c’est resté dans les règles, ça plaît un peu au public. Tant qu’il n’y a pas de coups dangereux et de charges dangereuses, je pense que c’est bien et que les nouveaux responsables canadiens font du très bon boulot. »
Jordan Hervé (attaquant de Rouen) : « On savait que Bordeaux allait réagir. C’était un peu plus compliqué qu’hier mais on a bien réagi après les cinq premières minutes même si on a galéré au début. Le but, c’est bien mais c’est pour les gars, c’est qu’un détail. C’est un travail d’équipe, tout le monde se la donne pour tout le monde, on est en finale. Je regarde un peu les matches que j’ai fait pour voir comment améliorer certaines choses, mais je sais si j’ai fait un bon ou un mauvais match. Ce n’est pas grave si tu fais un mauvais match, faut juste passer au prochain parce que si tu restes, c’est mort, ça te mange mentalement. Cela ne sert à rien de se prendre la tête avec les stats, tu joues comme tu joues. Mentalement, c’est dur quand c’est jeune, tu veux avoir du temps de jeu. Mais en globalité c’est bien que les jeunes aient du temps de jeu, c’est juste du travail. Si tu mérites, tu joues. »
Bordeaux – Rouen 1-2 après prolongation (0-0, 0-1, 1-0, 0-1)
Mercredi 9 avril 2024 à 20h30 à la patinoire Mériadeck. 3312 spectateurs.
Arbitres : Geoffrey Barcelo et Pierre Dehaen assistés de Quentin Ugolini et Cyril Debuche.
Pénalités : Bordeaux 4’ (0’, 2’, 2’, 0’) ; Rouen 10′ (4’, 2’, 4’, 0’)
Tirs cadrés : Bordeaux 29 (12, 11, 6, 0) ; Rouen 38 (11, 17, 6, 4)
Évolution du score :
0-1 à 29’37 : Hervé assisté de Rech et Tomasino
1-1 à 57’29 : Valtonen assisté de Polcs et Poudrier et Polcs (sup. num.)
1-2 à 64’15 : Rech assisté de Chakiachvili et Hervé
Bordeaux
Attaquants :
Aina Rambelo – Julien Guillaume (A) – Maxime Legault (C)
Enzo Carry – Mathieu Pompei – Samuel Salonen
Nikita Jevpalovs (-1) – Loik Poudrier (A, -2) – Julius Valtonen (-2)
Matteo Mahieu – Rudolfs Polcs – Baptiste Bruche (2′)
Arrières :
Kevin Dusseau – Axel Prissaint
Kevin Spinozzi (-1) – Bastien Lemaitre (-1)
Niki Blomberg (2′) – Antti Kauppila (-1)
Gardien :
Quentin Papillon
Remplaçant : Victor Bodin (G). Absents : Charles-David Beaudouin (commotion), Alexei Polodyan (étranger surnuméraire), Rudy Matima (malade).
Rouen
Attaquants :
Loïc Lampérier (C) – Milan Kytnar – Rolands Vigners (2′)
Christophe Boivin – Francis Perron – Tommy Perret (2′)
Anthony Rech (+2) – Jordan Hervé (+2) – Quentin Tomasino (+1)
Vincent Nesa (2′) – Rob Flick – Alexandre Mallet
Marcel Hascak
Arrières :
Florian Chakiachvili (A, +1, 2′) – Enzo Cantagallo
Dylan Yeo (A, +1) – Emil Kristensen (+1)
Sacha Guimond (2′) – Noa Goncalves Nivelais
Gardien :
Matija Pintaric
Remplaçant : Julien Gaubert (G). Absents : Tonin Caubet (hanche), Kristaps Sotnieks (bras), Fiorenzo Villard et Joris Bedin (choix).