L’affiche n’avait, a priori, aucun enjeu vital puisque les deux adversaires étaient d’ores et déjà assurés de leur maintien sportif en D2 pour la saison prochaine. Ni même d’enjeu de classement puisque, quel que soit le résultat, Valence resterait troisième de cette poule de relégation et Colmar probablement deuxième. Il restait donc à aborder cette rencontre comme un dernier enjeu pour la gagne et terminer si possible par une belle victoire après une saison pas forcément simple à vivre pour les deux clubs.
On pourra d’ailleurs remercier les deux protagonistes d’avoir respecté le contrat jusqu’au bout puisque la partie fut globalement tendue, enjouée et palpitante jusqu’à son terme.
Elle fut tout d’abord si crispée et tendue que l’arbitre préféra rapidement mettre les points sur les « i » quant au comportement déjà agressif de certains joueurs, principalement valentinois. Les échanges sont âpres. Peu de tirs sont vraiment cadrés avant cet envoi de la bleue de Valentin Mallet pour l’ouverture du score (1-0 à 8’55). Le Lynx valentinois se projette alors plus hardiment sur la cage d’Anatoli Sizov, qi connaît déjà quelques sueurs froides lorsqu’un palet passe juste à côté de son montant (10’57). Ce ne sera que partie remise puisque Rudi Maarni, omniprésent durant ce premier tiers, remonte ensuite vers la cage de l’Estonien et offre une jolie mise en retrait que Franck Amouriq conclut de près (1-1 à 15’54). Colmar souffre à ce moment de la partie, commet des « bonnes » fautes pour pallier ses retards, comme ce cinglage d’Enzo Labat. Il n’a que le temps de rentrer en prison pour en ressortir aussitôt, la remise en jeu servant Noé Villain, lequel décoche prestement un tir tendu de la bleue (1-2 à 16’46). Les Titans ont bien compris le risque de la partie et reprennent leurs esprits, toutefois sans trouver encore de solution car le rebond d’un tir de Félix Rousseau ne trouve pas d’acquéreur devant la cage ouverte de Théo Gautero (19’56).
Il leur est encore plus ardu de reprendre la partie en main en début de deuxième période puisque leurs adversaires continuent de presser haut, permettant à Marius Roudadoux de chauffer la mitaine de Sizov (23’50). Les Drômois ne sont pas exempts de nonchalance en repli défensif, mais pour l’heure, Colmar n’est est toujours qu’à tenter une ébauche de reconquête, et vit en même temps quelques frayeurs devant sa cage, comme cette relance hasardeuse de Quentin Zimmerman devant son gardien, heureusement sans conséquence. Dans la continuité de l’action, Ludovic Vinals remonte le long de la bande et relaie avec Filipp Lapkov. Celui-ci envoie un centre idéal au deuxième poteau pour Milo Avoine qui a suivi (2-2 à 30’48). Le temps d’engager que les « mômes » Demarcy et Commusset se font leur petit frichti en faisant fi d’une défense valentinoise on ne peut plus mollassonne en repli. Le second nommé finit son action d’une petite feinte pichenette victorieuse (3-2 à 31’02).
Le doute est subitement passé dans l’autre camp, contraint désormais de courir après le score, tout en agrémentant son effort de charges de nouveau plus « senties ». La tension monte donc d’un gros cran, le temps pour Félix Rousseau et Enzo Jay d’échanger quelques séries de pif paf lors d’un affrontement plutôt spectaculaire. Cette séquence a le mérite de casser le rythme de la partie et de faire retomber la pression. Colmar, plus en confiance, se permet de reprendre enfin le contrôle du match, notamment par ce lancer lointain de Mallet qui passe juste au-dessus de la cage de Gautero (34’51). Valence remonte plus laborieusement vers Sizov, même si ce dernier épate toute la patinoire sur cet arrêt désespéré face à Roudadoux (38’39).
Il reste encore un tiers à jouer, que Mallet débute infructueusement en face-à-face contre Gautero (40’22). On sent que Colmar a verrouillé plus sûrement sa zone et laisse passer moins de trafic devant sa cage. Toutefois, la partie reste alerte de part et d’autre des zones de défense, quand bien même Sizov devra à de nombreuses reprises sortir le match des grands soirs pour tenir le résultat. Son numéro 71 rencontre notamment à de nombreuses reprises Dmitrii Dudkin et son numéro 71 (lui aussi). Mais à chaque fois, le Russe, sur-employé durant cette partie, bute sur le portier local, que ce soit lors d’un tir qui frôle le montant colmarien (43’27), lors d’un rush déjoué par un poke-check magistral de l’Estonien (46’11), ou sur cette crosse qui repousse on ne sait comment ce nouveau tir russe (47’03). On vous le dit, Sizov est partout et sauve tout en cette fin de partie, notamment sur cette série en rafale de près (54’28) après que le duo Commusset-Goncalves a grillé (presque) toutes les priorités, puis dans la foulée quand un nouveau tir de Mallet ricoche sur le bout de la mitaine de Gautero (52’35).
Il ne reste plus beaucoup de temps pour que les Lynx, malgré un temps mort demandé, s’installent en zone colmarienne. Mais les Drômois n’y arrivent pas, considérablement empêtrés à contenir notamment le travail de sape des Commusset, Goncalves et Demarcy le long des bandes visiteuses. Les jeunes Colmariens tiennent tant bien que mal en zone adverse, avant de finalement commettre un trébuché dans les trente dernières secondes. Gautero sort de sa cage, permettant aux siens d’assiéger le camp local (59’26). C’est Fort Alamo devant Sizov, mais le palet est constamment écarté jusqu’à la sonnerie finale et un dernier palet capté en zone médiane, le temps pour les acteurs de se décharger de toute l’adrénaline accumulée jusqu’à cet instant. Une énorme mêlée de bourre-pifs se crée durant quelques secondes, tous les Colmariens sont venus au secours des leurs le long de la bande, avant que les esprits s’éclaircissent et se séparent aussi rapidement… et plus sportivement ! Colmar peut alors fêter cette dernière victoire, acquise avec détermination.
Au final, on pourra remercier les deux équipes d’avoir joué le jeu jusqu’à la dernière seconde d’une partie qui aura tenu en haleine l’une des plus grosses affluences colmariennes de la saison.
D’un côté, des Drômois au jeu âpre, physique mais aussi très rapide, avec une force de projection offensive intéressante, mais qui auront, en échange, mal pallié leurs errements défensifs, notamment en repli et devant leur propre cage (beaucoup de rebonds offerts).
Tarik Chipaux, de son côté, aura pu enfin voir se concrétiser tout le travail effectué depuis le début de saison, et notamment depuis début janvier. La venue du joker Filipp Lapkov fut indéniablement la clé qui a débloqué toute l’envie et tout le culot de ce très jeune collectif. Avec patience, discipline et détermination, l’effectif colmarien a pu préparer cette poule de relégation et sauver ainsi sa peau, d’un point de vue sportif, pour la prochaine saison. Il reste désormais à préparer la prochaine. Des contacts ont d’ores et déjà été pris avec la mairie pour régulariser le point dérogatoire des protections en plexi le long de la bande. En parallèle, le club va devoir commencer à appliquer du mieux possible son souhait de faire évoluer des jeunes locaux et quelques recrues extra-alsaciennes, en complément d’une partie de l’effectif provenant de l’entente des trois clubs alsaciens. Rendez-vous en septembre prochain pour voir le nouveau cru colmarien.
(photos Christel Nicolino)
Colmar – Valence 3-2 (1-2, 2-0, 0-0)
Samedi 13 avril 2024 à 19h30 à la patinoire de Colmar. 420 spectateurs.
Arbitres : Sébastien Geoffroy assisté de Sueva Torribio et Johan Kirschenbaum.
Pénalités : Colmar 21 (6′, 6’+5′, 4′) ; Valence 13′ (4′, 2’+5′, 2′).
Tirs : Colmar 29 (10, 10, 9) ; Valence 26 (8, 8, 10).
Évolution du score :
1-0 à 08’55 : Mallet assisté de Commusset et Avoine (sup. num.)
1-1 à 15’54 : Amouricq assisté de Maarni
1-2 à 16’46 : Villain assisté de Clément (sup. num.)
2-2 à 30’48 : Avoine assisté de Lapkov et Vinals
3-2 à 31’02 : Commusset assisté de Demarcy
Colmar
Attaquants :
Renaud Studer – Valentin Mallet – Nino Abdelali
Ludovic Vinals (A) – Filipp Lapkov – Enzo Labat
Nathan Goncalvès – Flavio Commusset – Mathéo Demarcy
Thimothée Manjard – Mathis Joly (C) – Yann Quiniou
Défenseurs :
Owen Dugas – Milo Avoine
Félix Rousseau (A) – Noah Wendling
Matteo Ricou – Quentin Zimmermann
Gardien :
Anatoli Sizov
Remplaçant : Gauthier Siegel (G).
Valence
Attaquants :
Dmittrii Dudkin – Marius Roudadoux – Enzo Jay
Kevin Richard – Valentin Clément (C) – Alexis Pelisse (A)
Jules Plenet – Andry Grolleau – Franck Amouriq
Défenseurs :
Tom Berard – Rudi Maarni
Noé Villain – Alban Rodriguez
Quentin Rodriguez – Pierre-Louis Appaix
Gardien :
Theo Gautero
Remplaçant : Nans Blanc (G).