Un duel de lions !
Zurich – Lausanne, c’est l’affiche de la finale de National League pour la saison 2023/24. C’est à la fois un affrontement inédit (le LHC n’a jamais atteint ce stade de la compétition dans son histoire) mais également un duel de lions, puisque le roi des animaux est l’emblème des deux équipes (il figure même dans le nom officiel du club de la capitale économique helvétique). Alors, qui du lion zurichois ou du lion vaudois règnera sur l’élite du hockey suisse ?
Premiers de la saison régulière, restant sur 8 victoires en autant de matchs de playoffs, les ZSC Lions apparaissent comme les favoris des pronostics. Après la défaite tragique en finale en 2022 et une piteuse élimination en quarts-de-finale en 2023 à Bienne, l’équipe entraînée par Marc Crawford semble en mission et d’apparence sans grand point faible, tant elle regorge de joueurs de talent et de précieux joueurs de rôle. Enfin, les joueurs zurichois sont plus rodés aux titres (16 sacres en cumulé pour Patrick Geering, Reto Schäppi, Chris Baltisberger, Phil Baltisberger, Christian Marti, Simon Bodenmann et Yannick Zehnder) que leurs homologues lausannois (6 titres répartis entre Ronalds Kenins, Fabian Heldner, Aurélien Marti et Christian Djoos). Faut-il pour autant déjà graver le nom des ZSC sur le trophée avant même si le coup de sifflet inaugural ? Pas si sûr…
En effet, Lausanne possède des arguments à faire valoir. Tout d’abord le LHC a terminé une excellente 3e place lors de la phase de championnat et a prouvé sa valeur en s’imposant en costaud face à Davos en quart-de-finale (4-3 après avoir pourtant fait face à l’élimination à l’acte VI) puis en écartant avec autorité Fribourg-Gottéron, le dauphin de Zurich en saison régulière. Plus encore, ayant dépassé les attentes, les Vaudois n’ont d’une part rien à perdre et d’autre part les arguments pour faire déjouer Zurich. En effet, ils sont réputés pour leur jeu physique (flirtant parfois avec les limites) qui pourrait faire déjouer les « artistes » zurichois. Ces derniers, en affrontant une équipe de Bienne décimée et une équipe de Zoug en fin de cycle n’ont pas été habitués à un fort niveau d’intensité depuis le début des séries.
Pour ce match 1, Marc Crawford maintient sa confiance en les jeunes Baechler (20 ans) et Rohrer (19 ans) dans son alignement au détriment des plus expérimentés Zehnder et Bodenmann. Côté Lausanne, Geoff Ward doit composer avec l’absence de Djoos (malade) et doit modifier son effectif et opère un choix surprenant en faisant appel à Haapala (qui n’a plus joué depuis près de deux mois) en tant que 6e joueur étranger à la place de Kovács, pourtant déjà aligné deux fois depuis le début des séries. Comme ce dernier est doué offensivement mais peu fiable sur un plan défensif, il est possible que Ward – qui n’a pas le dernier changement à l’extérieur – souhaite éviter un match-up défavorable en prenant le risque d’exposer Kovács à l’une des deux premières lignes zurichoises.
Les deux équipes semblent se jauger en début de match et évitent de trop se livrer. Conséquence les occasions sont rares. À la 8e minute, Malgin déclenche un tir des poignets depuis le point d’engagement, Hughes accorde le rebond, Grant ne capitalise pas. À la 10e minute, Holdener profite de l’espace dont il dispose devant lui pour s’avancer, mais Hrubec ferme bien les bottes sur sa tentative rapprochée du revers à ras glace. À la 11e minute, Fröden résiste à la charge de Glauser mi-glace et poursuit son action. Il déborde Heldner mais son tir excentré ne trouve que le torse de Hughes. Lausanne parvient à ouvrir la marque en jeu de puissance. Alors que les ZSC se dégagent de leur camp, Hughes est contraint de sortir très loin de sa cage pour éviter que Grant ne se saisisse du palet. Le poke-check du portier lausannois est capté par Fuchs qui veut remettre à Glauser. Le numéro 14 tente une passe qui manque d’un rien d’être interceptée par Marti, qui aurait pu ainsi lancer directement dans le filet désert. Au lieu de cela, Marti rate son contrôle, le palet termine dans la palette de Riat qui peut partir dans le dos de la défense et loger le palet dans la lucarne de Hrubec côté bouclier (0-1, 14’40’’). Sur la lancée, le LHC presse. Suomela d’abord puis Rochette sur le rebond qui s’ensuit mettent le feu sur la cage zurichoise.
L’ascendant lausannois se confirme en début de 2e période. Une tentative contrée de Pilut termine sur la lame du patin de Marti qui est près de marquer contre son camp. Puis Raffl parti dans le dos de Weber échoue seul face à Hrubec. Un lancer balayé de Riat depuis le haut du cercle d’engagement s’écrase sur la transversale de la cage des ZSC. Lausanne pousse mais ne parvient à accroître son avantage. Pire, les Vaudois sont à deux doigts de se faire surprendre à lorsque Rohrer part seul en breakaway alors que le LHC joue en supériorité numérique (25e). Dominant pendant le début de la période, Lausanne va être puni pour son manque de réalisme. Alors que les ZSC terminent un jeu de puissance, Lammikko repère Weber qui vient de sortir du banc et offre sur une solution de tir dans l’axe au niveau de la ligne bleue. Le lancer frappé du défenseur surprend Hughes, gêné par la présence de Chris Baltisberger et Heldner devant lui (1-1, 28’34’’). Groggy par l’égalisation, le LHC encaisser rapidement le but suivant. À la suite d’une longue présence, la ligne Salomäkki – Suomela – Haapala se trouve acculée dans les bandes. Grant plaque Haapala dans l’arrondi, récupère le palet avec la complicité de Marti et peut lancer le contre. Les jambes fatiguées du trio finlandais laissent à Grant l’espace nécessaire pour prendre de la vitesse. Jelovac attiré au centre de la glace par le déplacement de Hollenstein, Grant a tout loisir d’ajuster son tir pour ponctuer son coast-to-coast (1-2, 31’37’’). Les trois minutes de flottement du LHC ont été parfaitement exploitées par Zurich qui a fait preuve de l’implacable réalisme qu’on lui connaît depuis le début de séries.
Mené à la marque, Lausanne impose son pressing. Salomäkki (43e), Jäger (45e), Bozon (45e) ou encore Sekáč (46e) obligent Hrubec à se mettre en valeur. Le portier tchèque sera d’ailleurs le grand bonhomme de ce dernier tiers, repoussant les 13 tirs Lausannois, dont une déviation d’Holdener à la 52e minute. Le siège de la cage de Zurich dans les dernières minutes ne donnera rien, les ZSC Lions s’adjugent l’acte I, sans avoir particulièrement brillé. Lucide, Yannick Weber déclarera d’ailleurs au micro de MySports que c’était leur « plus mauvais match des play-offs. Rien n’est encore gagné et rien n’est perdu pour Lausanne. ». C’est d’ailleurs le sentiment général qui prédomine. Les Lausannois peuvent quant à eux nourrir des regrets, ils auront globalement été dominants mais ils n’auront pas su capitaliser sur leurs moments forts, notamment en début de 2e tiers.
Commentaires d’après-match (Le Matin, Blick et Watson)
Igor Jelovac (défenseur de Lausanne) : « On a eu un petit trou d’air dans le deuxième tiers et Zurich a pleinement profité de ses chances. Sur le deuxième but, on laisse un peu trop d’espaces au milieu, là où ils sont bons. On va devoir se montrer plus attentifs à l’avenir et fermer le milieu de la zone. Mais globalement, je nous ai trouvés vraiment proches. On est clairement capables de faire quelque chose. (…) On a les capacités de jouer très physique, autant devant que derrière. Comme on a su le faire contre les autres équipes. De mon côté, je vais devoir utiliser mon gabarit, me montrer dur et me focaliser là-dessus. »
Damien Riat (attaquant de Lausanne) : « C’est un acte 1 et ça se joue au meilleur des 7. On ne peut pas avoir de regret pour l’instant. On a donné le meilleur de nous-mêmes. »
Lucas Frick (défenseur de Lausanne) : « Nous n’avons pas joué notre jeu dans le deuxième tiers, donc nous avons pris du retard. Nous ne pouvions pas nous rattraper. (…) Ce qui est positif, c’est que nous avons des opportunités. »
Christian Marti (défenseur de Zurich) : « On peut s’estimer chanceux d’avoir gagné ce match. Mais les choses ne se sont pas très bien passées (…) Il suffit d’améliorer encore les détails. (…) Nous ne jouons pas contre une équipe de concombres (sic). C’est bien que nous gagnions des matchs comme celui-ci, mais nous ne pouvons pas simplement supposer que cela finira par fonctionner d’une manière ou d’une autre. »
Illustrations de Pierre Maillard (P.m_photos)
ZSC Lions – Lausanne 2-1 (0-1, 2-0, 0-0)
Mardi 16 avril 2024 à 20h00 à la Swiss Life Arena (Zürich). 12 000 spectateurs (guichets fermés)
Arbitres : Marc Wiegand et Cedric Borga, assistés de Dario Fuchs et David Obwegeser
Pénalités : Zurich 12’ (4’, 2’, 6’) ; Lausanne 35 (2’, 2’, 8’)
Tirs : Zurich 28 (11, 10, 7) ; Lausanne 35 (12, 10, 13)
Évolution du score :
0-1 à 14’40’’ : Riat assisté de Fuchs et Hughes (sup. num.)
1-1 à 28’34’’ : Weber assisté de Lammikko
2-1 à 31’37’’ : Grant assisté de Marti
ZSC Lions
Attaquants :
Rūdolfs Balcers – Denis Malgin – Sven Andrighetto
Denis Hollenstein – Derek Grant – Jesper Frödén
Nicolas Baechler – Juho Lammikko – Vinzenz Rohrer
Reto Schäppi – Justin Siegrist – Willy Riedi
Défenseurs :
Dean Kukan – Yannick Weber
Patrick Geering – Mikko Lehtonen
Christian Marti – Dario Trutmann
Phil Baltisberger – Chris Baltisberger
Gardien :
Šimon Hrubec
Remplaçant : Robin Zumbühl (G). Absents : Scott Harrington (étranger surnuméraires) Yannick Zehnder et Simon Bodenmann (surnuméraires).
Lausanne
Attaquants :
Miikka Salomäki – Antti Suomela – Théo Rochette
Jiří Sekáč – Jason Fuchs – Damien Riat
Michael Raffl – Ken Jäger – Tim Bozon
Henrik Haapala – Cody Almond – Makai Holdener
Ronalds Kenins
Défenseurs :
Igor Jelovac – Andrea Glauser
Lukas Frick – Fabian Heldner
Joël Genazzi – Lawrence Pilut
Gardien :
Connor Hughes
Remplaçants : Kevin Pasche (G), Virgile Thévoz. Absents : Christian Djoos (malade), Robin Kovács (étranger surnuméraire), Aurélien Marti et Nicolas Perrenoud (blessés), Michael Hügli, Matthias Mémeteau, Benjamin Bougro, Marco Pedretti et Léonard Fuhrer (surnuméraires).