Après la victoire de la France en prolongation hier, les deux équipes reposent leurs capitaines, Robert Sabolič et Sacha Treille (qui fait ce soir fonction d’assistant-coach, tablette à la main. Le meilleur Slovène hier (Bine Mašič) et Anthony Rech sont aussi laissés en tribunes. La bonne nouvelle pour les Bleus est surtout le retour au jeu d’Enzo Guebey, qui n’avait pas pu jouer depuis le début de la préparation.
L’évènement est le premier match en équipe de France senior pour Antoine Keller (19 ans) qui a passé la saison en Ligue Junior Majeur du Québec.
La vie en bleu peut difficilement plus mal débuter pour Antoine Keller puisqu’il concède un but sur son premier tir, un revers de Rok Macuh – servi par un centre de Crnovič joliment dévié en retrait par Mahkovec – qui entre à mi-hauteur côté mitaine. Mais on se gardera de critiquer le gardien sur cette action où les Français ont eu un temps de retard au repli. Si Macuh était anormalement seul dans le slot, son vis-à-vis au centre Valentin Claireaux en porte la responsabilité principale (0-1, photo ci-dessous).
La France peut se rattraper avec un premier avantage numérique. Baptiste Bruche fait encore un bon écran devant la cage (comme hier sur le but d’Auvitu) lorsque Loïc Farnier envoie un tir croisé depuis le haut du cercle gauche : poteau ! La France continue de pousser à 5 contre 5 avec une action entre Ritz et Thiry, mais les blancs reprennent le momentum grâce à un forechecking à deux. Lucien Onno fait trébucher un Slovène pour interrompre une contre-attaque, et cette pénalité coûte un but : le tir du cercle droit de Jan Drozg, parfaitement masqué par Macuh, trouve la lucarne opposée (0-2).
Tomas Simonsen tente de réagir avec sa qualité technique et dribble Stebih en un-contre-un, le palet est passé mais le défenseur parvient à bloquer l’homme. La dernière action dangereuse est encore slovène. Antoine Keller doit s’interposer face à Jan Drozg, servi seul face au but sur une passe de derrière la cage.
Robin Colomban accélère sur le côté gauche et centre pour Quentin Tomasino qui ne redirige pas le palet assez fort entre les jambières de son coéquipier rouennais Matija Pintarič. Les occasions viennent toutes de transitions rapides de part et d’autre : Rok Macuh, encore trop seul (c’est cette fois Ritz qui a été débordé en patinage sur l’action), vise à côté de la lucarne sur une bonne passe en retrait, tandis que Pintarič referme bien les jambes sur le tir d’Enzo Guebey, bien lancé par Loïc Farnier.
Miha Stebih fait trébucher Charles Bertrand mais les Bleus n’arrivent pas à s’imposer dans les coins pour maintenir leur jeu de puissance installé. Au retour à 5 contre 5, une passe aveugle d’Auvitu derrière sa cage est interceptée par Anže Kuralt qui donne à Mahkovec seul face à Keller. Le gardien de 19 ans évite le pire et est bien resté dans son match malgré le sort contraire.
Les Bleus ont de plus en plus de contre-attaques. Kevin Bozon intercepte un palet et se procure un breakaway, mais il n’a pas les mains pour déjouer Pintaric. À 2 contre 1, Quentin Tomasino effectue une passe levée par-dessus la crosse du défenseur mais Loïc Farnier la reprend hors cadre.
Žiga Mehle se fait exclure de la patinoire pour avoir chargé Florian Chakiachvili dans la bande au niveau de la tête en décollant les patins. Hormis le bon écran de Robin Colomban sur un lancer de Boudon, l’équipe de France donne très peu de satisfaction pendant ces cinq minutes d’avantage numérique, à cheval sur deux périodes. Sa prestation offensive devient déprimante avec beaucoup trop de passes mal ajustées et/ou mal coordonnées.
Dans le dernier quart d’heure, les Français prennent trois pénalités (dont deux de Peter Valier pour une crosse qui traîne en zone neutre puis pour un pied laissé sur le banc à sa sortie de prison), ce qui leur donne l’occasion de travailler leur infériorité numérique après la mauvaise expérience du début de match. Ils s’en sortent bien, notamment grâce à Keller qui remporte un face-à-face avec Anže Kuralt arrivé seul après un engagement. Durant un phase à 5 contre 5, Louis Boudon dévie même un centre de Simonsen… sur le haut de la barre transversale ! Décidément, la réussite fuit les Bleus jusqu’au bout ce soir. Philippe Bozon sort son gardien même si son équipe joue en infériorité numérique et Matic Török clôt la soirée dans les filets déserts (0-3).
Après une préparation très convaincante, la Slovénie se présentera en favorite pour la remontée dans l’élite mondiale à partir de dimanche à Bolzano. Edo Terglav a fait ses derniers choix et retranché Podrekar, Štebih, Maver et Ograjenšek (ce dernier étant blessé). On remarquera que Jaka Sodja, renvoyé chez lui puis rappelé une semaine plus tard, a finalement gagné sa place. N’oublions pas que cette Slovénie retrouvera la France au tournoi de qualification olympique fin août à Riga. Elle aura alors la première ligne (Miha Verlič, Žiga Jeglič et Jan Urbas) et le défenseur (Blaž Gregorc), que Terglav a renoncé à attendre même si la finale de DEL prenait fin vendredi, tant ils risquent d’arriver usés physiquement et mentalement.
L’équipe de France a quant à elle plus de temps pour intégrer ses derniers renforts. Dans le leadership, dans la volonté, dans les mises au jeu, dans les situations d’infériorité numérique, on attend particulièrement Pierre-Édouard Bellemare au poste de centre. Espérons qu’Alexandre Texier puisse ranimer l’offensive, en attendant des nouvelles des blessés, ou des instances officielles sur le « cas » Da Costa. Enfin, Julian Junca, éliminé des play-offs d’ECHL lundi soir, devrait rejoindre le groupe.
Désignés joueurs du match : Kévin Bozon pour la France et Matija Pintarič pour la Slovénie.
Commentaires d’après-match :
Philippe Bozon (entraîneur de la France) : « Les résultats ne me préoccupent pas. Ce qui me préoccupe, c’est la situation physique des joueurs. Notre préparation a été délicate car il y a eu beaucoup de blessés. Il y a des gars que j’aurais aimé avoir ici et il a fallu remettre des joueurs qui n’étaient pas dans le bain depuis longtemps. Ce soir, on a eu des chances, mais on n’a pas marqué. C’est dommage. Antoine [Keller] n’a pas eu un début facile. Mais il a été assez propre dans ce qu’il a eu à faire. En même temps, il n’a pas eu énormément de travail. C’est dur d’évaluer comme ça. »
Antoine Keller (gardien de la France, en photo) : « C’était beaucoup d’excitation quand j’ai su il y a un ou deux jours que j’allais jouer ce soir. Ma première en pro sous le maillot bleu, j’étais vraiment très fier de moi. J’étais évidemment un peu nerveux au début, mais c’était la nervosité du niveau international tout simplement. C’est sûr que c’était assez compliqué de prendre deux buts, je n’ai pas eu beaucoup d’occasions pour me mettre dedans, mais je me suis repris et ça allait beaucoup mieux. Les mecs étaient vraiment cool et m’ont vraiment bien accueilli dans le groupe. Très content d’intégrer l’équipe de France, que ce soit en junior ou en senior c’est toujours un moment de plaisir. Beaucoup de leçons apprises cette saison avec le niveau de jeu, la façon de jouer nord-américaine, la façon aussi de gérer avec ces histoires de trade où un joueur n’est plus au final qu’un chiffre quelquefois. Je suis aussi dépendant de Washington, ils m’ont drafté, c’est eux qui décideront un peu la voie à prendre et je devrai les écouter. Je suis content d’avoir joué devant le public français pour ma première malgré ma défaite. »
Edo Terglav (entraîneur de la Slovénie) : « Après la défaite d’hier, nous voulions apporter une réponse positive. Nous avons travaillé comme il le fallait en défense pendant toutes les 60 minutes. Je suis très satisfait de notre approche, mais maintenant ça commence pour de vrai. Les préparations se sont déroulées comme nous le souhaitions, de la préparation physique et mentale aux idées tactiques. Nous voulions être meilleurs de match en match, nous avons eu des résultats positifs. Nous avons aussi donné assez d’opportunités à des jeunes et ils on démontré leur valeur. La première partie est derrière nous, et maintenant nous attendons le championnat du monde. »
photos : Emmanuel Giraudeaux
France – Slovénie 0-3 (0-2, 0-0, 0-1)
Jeudi 25 avril 2024 à 20h00 à l’Aren’Ice de Cergy. 2174 spectateurs.
Arbitres : Damien Bliek et Jérémie Collin assistés de Pierre Mercier-Landry et Quentin Cady (FRA).
Pénaités : France 10′ (2′, 2′, 6′) ; Slovénie 35’ (2’, 6’+5’+20′, 2’).
Tirs : France 32 (11, 14, 7) ; Slovénie 23 (8, 10, 5).
Évolution du score :
0-1 à 03’37’’ : Macuh assisté de Mahkovec et Crnovič
0-2 à 12’26’’ : Drozg assisté de Ćosić et Mahkovec (sup. num.)
0-3 à 59’33’’ : Török assisté de Tičar (sup. num., cage vide)
France
Attaquants :
Kévin Bozon – Nicolas Ritz – Aurélien Dair
Peter Valier (-1, 4′) – Valentin Claireaux (A, -1) – Charles Bertrand (-1)
Baptiste Bruche – Louis Boudon – Tomas Simonsen
Loïc Farnier (2′) – Robin Colomban – Quentin Tomasino
Défenseurs :
Yohann Auvitu – Enzo Guebey
Pierre Crinon (2′) – Thomas Thiry (C)
Florian Chakiachvili (A, -1) – Enzo Cantagallo (-1)
Yohan Coulaud – Lucien Onno (2′)
Gardien :
Antoine Keller [sorti de 58’53 à 59’33 et de 59’45 à 60’00]
Remplaçant : Quentin Papillon (G). En réserve : Sebastian Ylönen (G), Axel Prissaint (D), Anthony Rech, Sacha Treille (A).
Slovénie
Attaquants :
Jan Drozg – Rok Tičar (C) – Anže Kuralt (2′)
Marcel Mahkovec (+1) – Rok Macuh (A, +1) – Blaž Tomaževič (+1)
Žan Jezovšek (4′) – Nik Simšič – Matic Török
Luka Maver – Miha Beričič – Žiga Mehle (5’+20′)
Jaka Sodja
Défenseurs :
Rožle Bohinc – Aleksandar Magovac
Jan Ćosić (+1) – Aljoša Crnovič (+1)
Kristjan Čepon – Matic Podlipnik
Miha Štebih (2′) – Urban Podrekar
Gardien :
Matija Pintarič
Remplaçant : Žan Us (G). En réserve : Gašper Krošelj (G, malade), Bine Mašič (D), Robert Sabolič (A), Ken Ograjenšek (genou).