La finale de DEL est passionnante par l’engagement donné par les deux équipes. Bremerhaven n’a remporté qu’une seule manche et a subi trois défaites mais les Nordistes ne lâchent rien. Berlin, favori, ne peut se permettre aucune erreur car Bremerhaven a cette capacité à recoller au score à chaque fois. Ce soir Berlin peut conclure mais dans l’ambiance bouillonnante de la petite patinoire de Bremerhaven, rien n’est joué.
Ce duel met en lumière deux fantastiques gardiens. Berlin peut s’appuyer sur l’Américain Jake Hildebrand qui a éclaboussé de son talent dès son parcours universitaire à Michigan State, puis en ECHL. Il en est à sa troisième saison en DEL et en Europe, où il a évolué deux saisons à Francfort. Du côté de Bremerhaven, le Letton Kristers Gudlevskis a un autre parcours. Faisant partie du trio de l’équipe nationale (médaille de bronze au mondial 2023), il a connu la KHL avec le Dinamo Riga, l’AHL et a fait remonter Modo en élite suédoise.
Bremerhaven a remporté le premier match 4-2. Les trois matchs suivants ont été remportés par l’équipe de la capitale (5-3, 2-1 après prolongation et 4-1). Il faut gagner pour rester en vie dans cette finale. Sebastian Furchner, manager général, est plutôt optimiste : « Tant que vous faites un match, tout va bien. Nous voulons nous battre pour le prochain match. C’est exactement la mentalité actuelle. C’est tout ou rien maintenant et nous voulons passer à autre chose. Les garçons ont prouvé tout au long de la saison qu’ils pouvaient faire face aux revers. Dans les matchs, dans la saison. Ils ont toujours trouvé la bonne réponse. Et quand je regarde dans le vestiaire : il n’y a pas de visages déçus, il n’y a que des visages agressifs. Et cela me rend heureux. »
Les Eisbären Berlin disposent désormais de trois balles de match pour clôturer la série. Manuel Wiederer précise : « Notre état d’esprit n’a pas changé. Nous sommes conscients que l’opportunité est désormais grande. Nous devons utiliser cela comme motivation et comme énergie. Mais nous nous préparons comme n’importe quel autre match. Bremerhaven fera tout devant ses fans. Ils ont une équipe solide et jouent de manière très disciplinée. La dernière victoire est toujours la plus difficile. Nous nous sentons bien et sommes définitivement prêts. »
La partie commence comme elle a fini précédemment avec beaucoup de combats de conquête et deux équipes appliqués. La plus grosse occasion est à mettre au crédit de Bremerhaven avec une passe de Phillip Bruggisser vers Christian Wejse qui se dirige à la cage. Au passage, Morgan Ellis se troue pour bloquer la rondelle. Mais Wejse ne parvient pas à reprendre correctement la passe devant le gardien (16’07). Cette chaude alerte ouvre les vannes et Berlin réagit avec un puissant tir de la bleue par Cormier. Le rebond est repris par Tiffels, mais Gudlevskis revient à temps pour dévier des bottes (18’10).
Le match reste quand même très fermé et sécurisé par l’échec-avant et des défenses robustes. En deuxième période, il faut encore attendre pour que des espaces se créent. Lors d’un travail autour de la cage, c’est encore Bruggisser qui surgit, envoie la rondelle sur le gardien et la voit voler dans le slot (24’20). Bremerhaven pousse, et sur une passe lointaine, Jake Virtanen est alimenté, il s’avance en zone offensive et décoche un tir qui frappe le poteau (24’32). Hildebrand est bien présent et multiplie les arrêts car Bremerhaven fait le siège de la zone. En supériorité, Virtanen est oublié dans le slot et rabat le puck sur Hildebrand qui ferme la porte. Couché au sol, il capte même le palet de la mitaine sur le rebond que Virtanen a repris (28’42).
Passé ce moment de turbulence, Thomas Schemitsch envoie un palet qui glisse vers la ligne de but. Jeglič le dégage pour sauver la situation (30’06). Par la suite, les locaux en infériorité dégagent tout ce qui traîne grâce à un harcèlement défensif permanent. Le public est en transe et le jeu d’une incroyable intensité. Berlin a repris sa méthode d’échec-avant très haut et réduit Bremerhaven à des tirs de loin. Les Berlinois terminent très fort et Ronning hérite d’un palet, issu d’une bataille dans la bande. Il tire à bout portant (37’11). Bremerhaven est acculé et Gudlevskis est le dernier rempart.
En troisième période, la pénalité contre Jeglič se poursuit et Bremerhaven tient le choc. Mais Leo Pföderl se précipite à pleine vitesse vers l’avant côté droit au moment d’un changement de ligne : son tir côté bouclier est mesuré à 146 km/h (43’21 : 0-1). Les Eisbären continuent et sur une phase en zone offensive, Wiederer s’infiltre dans le slot, pousse sur la botte de Gudlevskis et s’acharne à pousser le puck entre le patin et le poteau. Il faut la vidéo pour valider le but (48’37 : 0-2).
La situation devient compliquée. Jan Urbas prend sa chance après une mise au jeu gagnée en zone offensive (49’22). Sur une nouvelle mise au jeu gagnée dans le camp berlinois, Tobi’ Eder se jette et capte le puck, il part en contre mais Gudlevskis dévie (50’49). Les palets sont perdus, les passes coupées, Bremerhaven est dans la nasse. C’est Lean Bergmann qui part en contre, le portier évite le danger d’un poke check. Cormier reprend le rebond mais c’est un deuxième arrêt du portier (51’11).
Les Nordistes font le forcing mais la défense berlinoise est impénétrable. Le temps passe, le palet est dans la zone berlinoise et Gudlevskis s’agace auprès du banc qui ne le fait pas sortir. La sortie est à présent effective mais la mise en place d’un jeu de puissance est rendue compliquée tant les blancs patinent fort et pressent à tout va. Le palet est même capté par Berlin, Friesen fait la faute pour ne pas subir un contre. Bremerhaven fait tout de même encore sortir le gardien avec l’énergie du désespoir. Rien n’y fait, Berlin remporte la partie.
Quelle finale ! Elle aura livré des émotions incroyables mais également démontré un haut niveau de hockey des deux côtés. Les qualités défensives, devenues vitales dans le hockey moderne, ont été hallucinantes avec la vitesse de jeu. Le repli défensif était un modèle du genre et les qualités des joueurs pour trouver les failles étaient d’un niveau international de très haut niveau.
Berlin mérite bien évidemment ce dixième titre de DEL même si Bremerhaven a réussi une saison historique et a réussi à rester au contact de la meilleure équipe du pays à chaque match. Bravo aux deux portiers qui ont porté leur équipe respective.
Leo Pföderl est élu MVP des play-offs. Son compère de ligne Marcel Noebels, blessé, n’a vu la finale que de l’extérieur, mais en tenue malgré tout.
Les Eisbären rentrent encore un peu plus dans l’histoire avec ce 10e trophée. Ils accentuent leur record de DEL et laisse Mannheim avec ses 7 titres et Munich 4. Mais dans toute l’histoire du hockey allemand, Berlin rejoint le club légendaire de Riessersee avec 10 trophées en Bundesliga. Le gratin du hockey est encore dominé par Füssen (15) et l’autre monument berlinois, le Berliner SC (19).
Bien évidemment, nous laissons ici de côté les 13 titres remportés en RDA par le SC Dynamo Berlin, dont les Eisbären sont les héritiers depuis la chute du mur de Berlin. Mais les fans dans le kop des Eisbären n’oublient pas et continuent à porter cette histoire avec les drapeaux à l’effigie du D rouge et de la date fondatrice de 1954. Bref, Berlin est une ville de hockey et le lieu où tout a commencé pour le hockey allemand. La boucle est bouclée.
La patinoire de Bremerhaven continue après le coup de sifflet final à fêter son équipe « battue ». Les tristes héros ont été célébrés par des milliers de fans dans la salle dans une ambiance incroyable.
Commentaires d’après-match :
Serge Aubin (entraîneur de Berlin) : « C’est incroyable. Je suis tellement content pour mes joueurs. Je ne pourrais pas être plus fier de mon équipe. Nous sommes comme une famille et avons un caractère incroyable dans l’équipe. Je suis heureux que mes joueurs aient été récompensés. Nous étions prêts dès le premier jour. En séries éliminatoires, tout le monde a fait un pas de plus. Je présente mes respects à Bremerhaven. Ils ont fait une excellente saison et ont été un adversaire incroyablement fort. Tout nous a été demandé à chaque match. »
Kai Wissmann (capitaine de Berlin) : « Beaucoup de respect pour Bremerhaven, ils nous ont exigé énormément de nous. C’était une dernière série de très haut niveau. Je ressens maintenant une pure joie et un soulagement. Nous sommes champions d’Allemagne et nous l’avons mérité. Nous nous sommes incroyablement battus tout au long des séries éliminatoires. Le début contre Mannheim était tout sauf idéal. Le début de finale ne s’est pas bien passé non plus. Mais nous avons toujours réussi à appuyer sur l’interrupteur. Nous avons toujours défendu solidement et nous n’avons pratiquement pas permis de rebondir. Jake Hildebrand a été incroyable en séries éliminatoires. Nous avons une qualité incroyable devant. Chaque individu a sa part. Même les gars qui n’ont pas joué tous les matchs. Maintenant, nous célébrons. »
Marcel Noebels (attaquant – blessé – de Berlin) : « Terrible ! Terrible ! Je suis content d’être sur la glace 90% du temps et de ne pas avoir à vivre cette merde… Nous avons gagné 4 fois de suite dans chaque série. Contre Mannheim, Straubing et Bremerhaven. Maintenant, nous sommes champions d’Allemagne, non sans raison et à juste titre. C’était ma 10e saison pour les Eisbären. C’est difficile à croire, mais je suis encore jeune. C’est quelque chose de spécial. Beaucoup de choses se sont passées ces dernières années. Nous sommes sur la bonne voie. Après l’année dernière, nous avons tout mis en œuvre. Et qui s’en souvient ? J’avais dit avant la saison que nous voulions atteindre les deux chiffres. (…) Je savais que nous avions une bonne équipe et que nous pouvions rivaliser avec n’importe qui. »
Thomas Popiesch (entraîneur de Bremerhaven), « vidé » : « C’est indescriptible. Les gens utilisent toujours des superlatifs. Mais je suis incroyablement fier des garçons. Nous avons joué un match où nous avons eu la chance de continuer dans la série. Maintenant, nous sommes tous tristes et déprimés. Mais nous pouvons aussi être incroyablement fiers. »
Bremerhaven – Eisbären Berlin 0-2 (0-0, 0-0, 0-2)
Vendredi 26 Avril 2024 à 19h30 à l’Eisarena. 4647 spectateurs.
Arbitres : Reid Anderson (CAN) et Sean MacFarlane (USA) assistés de Marius Wölzmüller et Andreas Hofer
Pénalités : Bremerhaven 6′ (0’, 4’, 2’) ; Berlin 6’ (2’, 4’, 0’)
Tirs : Bremerhaven 26 (6, 12, 8) ; Berlin 25 (6, 14, 5)
Évolution du score :
0-1 à 43’21 : Pföderl assisté de Mik
0-2 à 48’37 : Wiederer
Bremerhaven
Attaquants :
Jan Urbas – Žiga Jeglič (2’) – Miha Verlič (-1)
Ross Mauermann (-1) – Markus Vikingstad (-1) – Colt Adam Conrad
Jacob Virtanen (-1) – Alexander Friesen (2’) (-1) – Dominik Uher (-1)
Justin Büsing – Christian Wejse – Nino Kinder
Défenseurs :
Gregory Kreutzer (-2) – Vladimir Eminger
Lukas Kälble (-1) – Phillip Bruggisser (2’)
Nicolas Appendino – Nicholas B. Jensen (-1)
Philip Preto
Gardien
Kristers Gudlevskis
Remplaçant : Maximilian Franzreb (G). Absents : Anders Grönlund, Marat Khaidarov, Skyler McKenzie (blessés), Blaž Gregorc, Felix Maegaard Scheel (surnuméraires).
Eisbären Berlin
Attaquants :
Leonhard Pföderl (2’) (+1) – Zachary Boychuk – Ty Ronning (2’)
Tobias Eder – Blaine Byron (+1) – Frederik Tiffels (+1)
Maximilian Heim – Manuel Wiederer (+1) – Lean Bergmann (+1)
Erik Hördler – Patrice Cormier (+1) – Yannick Veilleux
Défenseurs :
Kai Wissmann (+1) – Jonas Müller (2’)
Thomas Schemitsch – Julian Melchiori
Morgan Ellis (+1) – Erik Mik (+2)
Korbinian Geibel
Gardien
Jake Hildebrand
Remplaçant : Jonas Stettmer (G). Absents : Marcel Noebels (genou), Marco Nowak, Jaedon Descheneau, Michael Bartuli.