La glace de Brno était-elle la plus appropriée pour procéder aux dernières sélections avant le championnat du monde ? Sans doute pas. Les équipes n’ont cessé de se plaindre de la chaleur tout le week-end et on espère que les conditions de jeu seront meilleures à Prague et à Ostrava. Une mauvaise ventilation, une glace molle, et le dernier match de l’Euro Hockey Tour a donné lieu à un faible spectacle : 21 tirs pour les Tchèques, 16 pour les Suisses.
10 de ces tirs helvétiques sont survenus en première période. Le premier but est arrivé à la neuvième minute quand un palet a rebondi sur le patin de Herzog puis sur la crosse du gardien avant de parvenir à Dario Simion idéalement placé au second poteau. Deux minutes plus tard, un revers de Roman Červenka échoue sur le poteau et l’égalisation passe sous le nez des Tchèques. Au lieu de ça, à 16 secondes de la fin, Calvin Thürkauf conclut une contre-attaque suisse rapide par un beau tir du revers sous la transversale.
Certains spectateurs tchèques se mettent même à siffler après ce piètre premier tiers-temps. Le public ne s’est réjoui que d’une charge d’Ondřej Palát qui a envoyé Jung par-dessus la balustrade au milieu des photographes. Ce 0-2 en vingt minutes n’était pas idéal pour le gardien originaire de Brno, Lukáš Dostál, titularisé pour la seconde fois alors que le tout le monde s’attendait à ce que ce soit le tour de Karel Vejmelka. C’est peut-être ça qui rendait Dostál confiant après son match moyen jeudi : aurait-il eu des assurances sur la hiérarchie des gardiens ? Dostál aura peu de travail dans les quarante minutes suivantes, hormis un arrêt de l’épaule gauche devant Tobias Geisser.
En deuxième période, Romain Loeffel signe une intervention décisive en interceptant la passe entre Palát et Tomášek sur une contre-attaque rapide. Après cette action, les Tchèques prennent le contrôle du palet, mais si leurs lignes offensives ont été remaniées à la pause par leur entraîneur Radim Rulík, ils peinent toujours à se montrer dangereux. Aucun tireur d’élite, pour reprendre l’expression du coach, ne s’est manifesté depuis hier. Dominik Kubalík est normalement prédisposé à ce rôle, mais il n’arrive pas à mettre le palet au fond dans les positions les plus intéressantes.
C’est encore un tir de Červenka, légèrement dévié par Baragano, qui oblige Genoni à l’arrêt le plus difficile. En fin de compte, le deuxième but tchèque du tournoi – comme le premier jeudi – arrive très tard, à trois minutes de la fin. Le défenseur Jakub Krejčík fait un petit mouvement pour tromper le joueur chargé de bloquer le lancer et s’ouvre une trajectoire de tir depuis la ligne bleue (1-2). L’expulsion de Michael Fora à 35 secondes de la fin, pour une charge à la tête de Lukáš Sedlák, ne change plus rien.
Vient donc le temps du grand ménage de printemps dans le vestiaire tchèque encombré. À l’issue, il reste 26 joueurs, soit encore deux de trop avec l’arrivée annoncée de Kämpf. Mais douze joueurs ont dû faire leurs valises d’un coup : les défenseurs Mašín, Košťálek, Zábranský et Ticháček, les attaquants Chlapík, Kousal, Nosek, Radim Zohorna, Jakub Vrána, Ondřej Kovařčík et Michael Špaček.
Meilleur défenseur offensif d’Extraliga tchèque à 21 ans, Jiří Ticháček n’a donc pas été choisi. Pour autant, il ne s’agit pas juste d’une prime à l’expérience, sinon le centre Michael Špaček n’aurait pas aussi été remercié. L’autre décision qui fait débat est le renvoi assez inédit de trois joueurs de NHL (et même quatre si l’on se souvient que Zadina a déjà été éliminé jeudi). Radim Rulík, qui découvre le poste de sélectionneur, n’a pas idée que cela ne se fait pas d’habitude. Mais à vrai dire, Jakub Vrána n’a rien fait pour justifier sa nomination, inefficace offensivement et trop peu engagé dans les duels physiques pour un rôle plus défensif. La mise à l’écart la plus controversée en attaque est celle du centre défensif Tomáš Nosek, qui avait répété combien il espérait être pris et dont c’était sans doute la dernière chance de jouer un championnat du monde à 31 ans. Mais il n’y a pas eu de place non plus pour l’attaquant des New Jersey Devils.
La liste suisse a beaucoup moins fait parler. Il y a pourtant eu dix noms biffés (Aebischer, Baragano, Egli, Geisser, Kreis, Kessler, Künzle, Lehmann, Moy et Richard). Tobias Geisser, qui avait joué les trois derniers Mondiaux, a donc perdu sa place aux dépens de l’inattendu Sven Jung. L’offensif Dominik Egli – qui a signé avec le prestigieux club de Frölunda pour la prochain saison, peine toujours à trouver sa place, mais son renvoi signifie surtout une bonne nouvelle, qu’une place pour l’instant vacante est laissée exprès pour Roman Josi, dans l’attente des formalités avec son club. Dean Kukan, Andrea Glauser et Christian Marti arrivent aussi parmi les finalistes de NL.
En attaque, où Nino Niederreiter, Sven Andrighetto et Ken Jäger se joindront à la fête, c’est l’absence de Tanner Richard, centre défensif excellent aux mises au jeu, qui interpelle le plus, tandis que Thierry Bader a réussi à se frayer une place. Certains commençaient à se demander si Patrick Fischer oserait couper Anders Ambühl, qui n’est plus aussi indiscutable qu’autrefois et qui a dit qu’il ne prendrait jamais sa retraite internationale de lui-même, mais le Grison est toujours là et devrait donc battre le record international absolu de sélections.
Désignés joueurs du match : Ondřej Palát pour la Tchéquie et Leonardo Genoni pour la Suisse.
Commentaires d’après-match :
Radim Rulík (entraîneur de la Tchéquie, photo) : « En termes de résultats, c’était clairement un tournoi raté. Mais à l’exception d’un cas, nous n’avons pas changé le plan de travail, nous voulions être sûrs à 100% que les joueurs aient de l’espace pour que nous ayons une idée claire. Après le match, nous nous nous sommes assis et avons fait la composition finale. Nous l’avions un peu préparé, donc ça n’a pas pris longtemps. Nous avons annoncé la nomination aux joueurs et ceux qui n’ont pas été cités sont venus nous voir en personne pour des petits entretiens.
[Sur les joueurs de NHL retranchés] « J’ai décidé d’enlever Tomáš (Nosek) après le premier match. Je lui en ai personnellement donné les raisons, je ne les dirai pas ici. Nous avons choisi des joueurs différents, la performance contre la Finlande a été décisive. Jakub Vrána est un joueur talentueux qui a joué la plupart du temps en équipe-ferme cette saison et il n’est pas arrivé dans la forme espérée. Je connais Radim (Zohorna) personnellement, je l’ai entraîné à Boleslav. C’est similaire à d’autres joueurs venus d’outre-Atlantique. La forme actuelle a été décisive et il y a très peu de temps pour les mettre dans la forme nécessaire. »
[Sur la sélection des défenseurs] « Bien sûr, [l’entraîneur-adjoint chargé de la défense] Marek Židlický a des observations et des justifications pour les joueurs. C’est le résultat d’une décision commune, bien sûr que j’en suis responsable. Un élément est que David (Špaček) est droitier, Jirka (Ticháček) est gaucher. Ils sont au même niveau et je suis content que nous en ayons inclus un. Mais il n’y a pas de place pour deux. »
[Sur les derniers arbitrages] « Nous annoncerons la sélection finale lorsque la situation avec David Kämpf sera claire [l’examen médical NHL de sortie]. Jeudi, nous annoncerons les 22 joueurs qui seront nominés pour le championnat du monde, plus trois gardiens de but, puis nous annoncerons les joueurs qui seront sur la liste pour le premier match.
[sur David Pastrňák] « Bien sûr, je l’ai suivi et je le félicite de loin pour les progrès réalisés. Ils n’ont pas réussi l’an dernier, mais cette année, David a été le buteur heureux en prolongation [du match 7 de Boston contre Toronto] et a joué un rôle important dans la victoire de son équipe. Bien sûr, toutes les places ne seront pas occupées au début du tournoi. La série du deuxième tour des playoffs commence sous peu, nous verrons comment elle évolue. »
photos : Jan Beneš – Český hokej
Tchéquie – Suisse 1-2 (0-2, 0-0, 1-0)
Dimanche 5 mai 2024 à 16h00 à la DRFG Arena de Brno. 5521 spectateurs.
Arbitres : Andreas Härnebring (SUE) et Lassi Heikinnen (FIN) assistés de Lauri Nikulainen (FIN) et Petr Šimánek (TCH).
Pénalités : Tchéquie 10′ (4′, 2′, 4′) ; Suisse 33′ (0′, 4′, 4′+5′+20′).
Tirs : Tchéquie 21 (4, 9, 8) ; Suisse 16 (10, 3, 3).
Évolution du score :
0-1 à 08’23’’ : Simion assisté de Herzog et Fora
0-2 à 19’41’’ : Thürkauf assisté de Kurashev et Egli
1-2 à 56’43’’ : Krejčík assisté de R. Zohorna et Flek
Tchéquie
Attaquants :
Roman Červenka (C, -2) – Michael Špaček (-2, 4′) – Dominik Kubalík (-2)
Ondřej Palát – David Tomášek (A) – Ondřej Kaše (-1)
Daniel Voženílek – Lukáš Sedlák – Jakub Flek (+1)
Radan Lenc (+1, 2′) – Radim Zohorna (+1) – Jakub Vrána
Défenseurs :
Dominik Mašín (-1, 2′) – Jan Rutta
Jakub Krejčík – David Špaček (-1)
Jan Ščotka (2′) – Tomáš Kundrátek
Libor Hájek – Jan Košťálek
Gardien :
Lukáš Dostál [sorti de 58’35’’ à 60’00’’]
Remplaçant : Karel Vejmelka (G). En réserve : Petr Mrázek (G), Radko Gudas, Michal Kempný, Libor Zábranský, Jiří Ticháček (D), Ondřej Kovařčík, Filip Chlapík, Pavel Kousal, Tomáš Nosek, Michal Kovařčík, Ondřej Beránek, Jáchym Kondelík, Matěj Stránský (A).
Suisse
Attaquants :
Philipp Kurashev (+1) – Nico Hischier (C, +1) – Calvin Thürkauf (+1)
Fabrice Herzog – Sven Senteler (2′) – Dario Simion
Tristan Scherwey – Gaëtan Haas (A) – Anders Ambühl (A)
Mike Künzle (2′) – Thierry Bader – Tyler Moy
Christoph Bertschy
Défenseurs :
Jonas Siegenthaler (2′) – Romain Loeffel (-2)
Sven Jung – Dominik Egli (+1)
Tobias Geisser (+1, 2′) – Michael Fora (A, 5’+20′)
Iñaki Baragano
Gardien :
Leonardo Genoni
Remplaçant : Akira Schmid (G). En réserve : Reto Berra (G), David Aebischer, Samuel Kreis (D), Tanner Richard, Marco Lehmann, Tino Kessler (A).