Vainqueurs aux pénaltys face à la Finlande sans avoir marqué le moindre but dans le jeu, les Tchèques veulent profiter du match contre la Norvège pour débloquer leur offensive. De qui viendra ce but libérateur ? De qui d’autre que du capitaine Roman Červenka, le jour où il atteint les 200 sélections ! Après six minutes de jeu, il revient de l’arrière la cage, suivi mais peu gêné par Christian Kåsastul, et tire en pivot dans le haut du filet (0-1, photo ci-dessous).
Mais les Norvégiens ont un jeune atout de 18 ans : Stian Solberg. Déjà leur meilleur défenseur hier, il s’avance dans l’axe et prend un lancer qui passe entre les jambes de Dominik Kubalik puis du gardien Petr Mrázek (1-1).
Un cinglage de Krogdahl sur Flek doit permettre à la Tchéquie de reprendre les devants. Lukáš Sedlák est bien placé face au but sur un rebond et met le palet sur son revers, mais Johannes Johannesen le bloque. Toujours sur le même avantage numérique, une passe-abandon douteuse de David Špaček en zone neutre met son coéquipier Ondřej Kaše en difficulté. Mathias Trettenes s’empare du palet et fait un centre parfait pour Noah Steen, dont le revers à ras glace passe sous Mrázek qui n’a pas su bloquer ce palet sous sa jambière (2-1). Cela fait 2 buts en 3 tirs pour Petr Mrázek, dont un qu’il finit de se mettre lui-même. Sans compter sa sortie lointaine ponctuée d’un dégagement maladroit… sur le banc norvégien et sur l’arcade du malheureux responsable du matériel, qui a un énorme pansement. Ce n’est pas avec cela que Mrázek concurrencera Dostál, plus blanc que blanc hier.
En revanche, Henrik Haukeland marque des points dans sa concurrence avec Arntzen pour le poste de gardien titulaire de la Norvège. Sur un one-timer de Tomášek, il signe un arrêt de classe avec une étonnante habileté des deux bras, d’abord du bouclier puis de la mitaine pour contrôler et relancer vite ! De quoi rendre envieux Mrázek dont les ennuis ne sont pas finis : il s’incline à nouveau sur un lancer parfait en angle très fermé d’Eirik Salsten (3-1). Il a été superbement décalé par… Stian Solberg qui voit très bien le jeu. Est-ce bien lui que des experts de la prochaine draft décrivaient comme très solide défensivement mais encore un peu timide offensivement ?
Beaucoup moins bon dans sa lecture du jeu, Christian Kåsastul. Le défenseur de Pustertal se fait contrer le palet dans la crosse par Kaše derrière sa cage et Lukáš Sedlák peut alors servir en retrait Červenka pour un doublé (3-2). Ce but permet à Červenka d’égaler le record de buts détenu par Jágr avec l’équipe tchèque (post-partition tchécoslovaque). Il devrait permettre à l’équipe locale de rentrer aux vestiaires dans de meilleures dispositions… mais elle va gâcher la pause par son indiscipline.
La charge à la hanche à l’ancienne de Kempný, qui fait voler Rønnild, lui vaut d’abord un séjour en prison pour obstruction. Puis les échauffourées à la sirène devant le banc tchèque entraînent une pénalité de plus contre Hájek que contre Thoresen (et rien contre le très agité Zuccarello). La Norvège revient sur la glace avec une minute à 5 contre 3, elle s’installe vite en zone offensive… mais elle n’arrive à prendre aucun tir et Jakub Krejčík finit par dégager le palet !
Quand on revient à 5 contre 5, les attaquants tchèques arrivent à entrer en zone offensive avec de plus en plus de vitesse. Les Norvégiens sont contraints de les retenir avec des moyens à la limite de la légalité. Vesterheim s’en sort avec un casier vierge, pas Kåsastul qui a rudoyé Beránek. Mais le powerplay tchèque n’arrive pas à convertir. Quand Eirik Salsten part en prison pour un coup de crosse sur Ondřej Kaše, celui-ci pense pouvoir se faire justice lui-même en reprenant une belle passe transversale de Červenka… mais Haukeland s’illustre encore avec un arrêt exceptionnel !
Il n’y a qu’une équipe sur la glace… mais elle est toujours menée au score. Et puis, finalement, un lancer excentré d’Ondřej Beránek passe sous la mitaine de Henrik Haukeland, qui faisait un si bon match jusqu’ici (3-3).
Lors d’une très rare apparition des Norvégiens dans la zone tchèque, Thomas Olsen se place devant la cage et fait une clé de bras à Radko Gudas en lui enlevant son casque. Le défenseur tchèque ramasse son casque et le remet, ce qui est interdit dans les règles IIHF (mais pas NHL). La foule hue. La pénalité est inévitable, certes Olsen n’aurait pas dû être absous, mais Gudas n’a qu’à attacher correctement son casque ! À 5 contre 4, Patrick Thoresen passe de derrière la cage pour Michael Brandsegg-Nygård dans le cercle droit : barre transversale ! Mrázek a de la chance dans sa mauvaise soirée : son pourcentage d’arrêts a bien failli pu redescendre à 50% sur cette action…
Une accélération d’Ondřej Palát envoie Martin Rønnild en prison pour un clair accrochage. Les Tchèques retournent cette fois aux vestiaires en sachant qu’ils reprendront le jeu en supériorité numérique. revenus sur la glace, ils entrent aussitôt en zone et Kåsastul retient alors Červenka… qui n’est curieusement pas aligné pendant la minute jouée alors à 5 contre 3. Deux tirs y sont déclenchés : un lancer de Kubalik est repoussé par Haukeland, une volée puissante de Tomášek est bloquée par Krogdahl qui a fait sacrifice de son corps.
Le but de la délivrance apparaît… comme par magie. Après un lancer de Jakub Krejčík avec Stránský en écran, le palet disparaît pendant plusieurs secondes de tous les regards – même des nombreuses caméras en ralenti – puis réapparaît soudain en direction des filets (3-4). Peut-être était il coincé sous le bras du défenseur Isak Hansen, c’est la seule explication vaguement plausible.
Zuccarello est sanctionné pour une rudesse sur Gudas.. et ce n’est pas une blague ! Il lui a enlevé son casque, après quelques provocations antérieures évidemment. Gudas, bien sûr, ne l’a pas remis ce coup-ci. Mais le jeu puissance tchèque ne tranche toujours pas. Le compteur de tirs affiche 45 à 7… mais il n’y a toujours qu’un petit but d’écart.
Le match peut encore basculer sur une action, par exemple quand Stian Solberg met la misère à Kaše à la ligne bleue… Le lancer du phénomène est alors bloqué par Kundrátek. C’est que les Norvégiens commencent à s’installer en zone offensive dans cette fin de match, alors que la glace y était encore toute propre. On se demande si les Tchèques ne vont pas payer cette soudaine passivité, mais non. C’est à l’issue de ce temps faible qu’ils se mettent à l’abri, par un slap croisé de Libor Hájek qui bat Haukeland côté mitaine (3-5). Tobias Johansson sort son gardien quinze secondes plus tard et Palát clora la marque en cage vide (photo ci-dessous).
Désignés joueurs du match : Stian Solberg pour la Norvège et Roman Červenka pour la Tchéquie.
Commentaires d’après-match :
Petr Mrázek (gardien de la Tchéquie) : « La première période a été difficile, je n’avais pas grand-chose à offrir. Je peux me reprocher les deux premiers buts. Sur le deuxième, j’aurais dû rester debout et patiner, mais je suis tombé très vite et le palet a dévié de mes jambières dans le filet. Je n’ai pas soutenu les gars, mais mentalement, je suis resté fort. Lorsque vous encaissez trois buts sur vos cinq premiers tirs, n’importe quel arrêt est bon. À la fin de la première période, j’ai eu un tir sur la mitaine du cercle, puis Zuccarello a tiré sur le bouclier. Ces deux arrêts m’ont aidé, puis le désavantage numérique à 3 contre 5 en deuxième période. »
Radko Gudas (défenseur de la Tchéquie) : « Nous étions meilleurs, les Norvégiens bloquaient des tirs dans leur dernier souffle, ils manquaient d’énergie. Cela s’est vu vers la fin quand ils n’entraient pas dans notre zone. Les gars ont très bien joué en zone neutre, nous y avons enfermé les Norvégiens. Quand tout le stade saute, c’est génial de voir comment il bouge. J’aimerais que tout le monde fasse l’expérience d’un tel soutien. Malheureusement, j’ai affaibli l’équipe une fois par une pénalité, mais j’en ai tiré des leçons. La prochaine fois que quelqu’un enlèvera mon casque, je change. [Les batailles avec Zuccarello] Ce n’est pas un hasard, je l’attaque en tant que défenseur défensif. Je suis content d’avoir réussi, j’ai même eu un avantage numérique quand il m’a fait une faute. Si vous pouvez vous mettre dans sa peau, tant mieux pour vous. […] Il y a une raison pour laquelle Červenka a joué son 200e match en équipe nationale et pourquoi il est notre leader. Il a été capable de nous dynamiser au début, il a marqué deux buts rapides et a été là pour nous. Il est l’un des meilleurs capitaines que nous puissions demander. S’il n’avait pas si bien joué aujourd’hui, je ne sais pas si nous aurions pu renverser la vapeur. »
Radim Rulík (entraîneur de la Tchéquie, au centre sur la photo) : « Nous voulions enfin marquer parce que nous pensions que cela aiderait l’équipe, ce que nous avons fait. Malheureusement, nous avons ensuite pris un peu de recul par rapport à notre jeu. Nous avons fait confiance à Petr [Mrázek]. Nous n’avons pas vu le problème en lui, mais dans notre jeu. La pause nous a aidés, nous nous sommes dit des choses et nous avons travaillé pour que notre jeu soit un peu plus direct. L’élément clé était le 3 contre 5 au début de la deuxième période. Si nous avions concédé là, cela aurait été très difficile. Nous avons joué tous les tirs et fait ce qu’il fallait pour renverser la situation. Notre domination était frappante. Mais ce n’était pas facile, c’était un adversaire tenace qui jouait très physique. Lorsque nous avons choisi les joueurs, nous avons examiné leur résistance mentale. La première situation critique a été gérée, mais c’est un long chemin. »
photos : Český hokej
Norvège – Tchéquie 3-6 (3-2, 0-1, 0-3)
Samedi 11 mai 2024 à 20h20 à la O2 Arena de Prague. 17 413 spectateurs.
Arbitres : Tomáš Hronský (SVK) et Sean MacFarlane (USA) assistés de Tim Heffner (ALL) et Ludvig Lundgren (SUE).
Pénalités : Norvège 16′ (6′, 6′, 4′) ; Tchéquie 10′ (8′, 2′, 0′).
Tirs : Norvège 11 (6, 1, 4) ; Tchéquie 49 (13, 21, 15).
Évolution du score :
0-1 à 06’06’’ : Červenka assisté de Kundrátek et Kaše
1-1 à 06’37’’ : Solberg assisté de Thoresen et Zuccarello
2-1 à 12’10’’ : Steen assisté de Trettenes (inf. num.)
3-1 à 16’32’’ : Salsten assisté de Solberg et Zuccarello
3-2 à 17’12’’ : Červenka assisté de Sedlák et Kaše
3-3 à 35’54’’ : Beránek assisté de Kempný
3-4 à 45’19’’ : Stránský assisté de Krejčík et Kämpf
3-5 à 56’59’’ : Hájek assisté de Palát
3-6 à 59’06’’ : Palát assisté de Kämpf et Voženílek (cage vide)
Norvège
Attaquants :
Patrick Thoresen (C, +1, 2′) – Eirik Østrem Salsten (2′) – Mats Zuccarello (+1, 2′)
Thomas Berg-Paulsen (A) – Markus Vikingstad (-1) – Thomas Olsen (-1)
Noah Steen (-1) – Petter Versterheim (-1) – Michael Brandsegg-Nygård (-2)
Andreas Martinsen (-3, 2′) – Havard Østrem Salsten (-1) – Martin Rønnild (-2, 2′)
Mathias Trettenes (-2)
Défenseurs :
Stian Solberg (+1) – Johannes Johannesen (+1)
Mattias Nørstebø (A, -1) – Isak Hansen
Christian Kåsastul (-3, 4′) – Max Krogdahl (-2, 2′)
Sander Vold Engebråten (-1… en une seule présence)
Gardien
Henrik Haukeland [sorti de 57’14’’ à 59’06’’]
Remplaçant : Jonas Arntzen (G).
Tchéquie
Attaquants :
Roman Červenka (C, +1) – Lukáš Sedlák (+1) – Ondřej Kaše (+1)
Ondřej Palát (A, +1) – David Tomášek – Dominik Kubalík (-1)
Daniel Voženílek (+2) – David Kämpf (+2) – Matěj Stránský (+1)
Ondřej Beránek – Jáchym Kondelík – Jakub Flek
Défenseurs :
Jakub Krejčík (+2) – Radko Gudas (A, +2, 4′)
Michal Kempný (+2, 2′) – Jan Rutta
Libor Hájek (+1, 4′) – Tomáš Kundrátek (+1)
David Špaček (-1)
Gardien :
Petr Mrázek
Remplaçant : Lukáš Dostál (G). En réserve : Karel Vejmelka (G).