En ce dimanche pluvieux à Prague, la patinoire est remplie pour un affrontement a priori peu attractif entre deux nations anonymes du hockey mondial. L’Autriche tient une chance historique d’aller en quart de finale et doit impérativement s’imposer dans le temps réglementaire pour mettre la pression sur la Finlande, mais elle n’est pas mathématiquement sauvée. Les Norvégiens ont encore une chance théorique d’aller en quarts, mais jouent surtout le maintien.
Les Autrichiens sont les premiers à se porter en attaque. Henrik Haukeland est mis à contribution et repousse, avec difficulté, les tentatives de Rossi puis Nissner (03’30). Vêtus de rouge, les Norvégiens entrent peu à peu dans leur rencontre et entrent en zone offensive. À l’instar du match contre le Danemark, les Scandinaves sont portés offensivement par la ligne de Zuccarello, Thoresen et Brandsegg-Nygård, toujours aussi à l’aise.
Sander Vold Engebråten est chassé pour retenir (10’30). Regroupé au tour de son gardien, le bloc norvégien tient tête à une unité spéciale autrichienne peu inspirée. Haukeland s’impose face à Vinzenz Rohrer et, si le rebond reste dans la peinture, Stian Solberg dégage les siens. Les minutes qui suivent sont équilibrées et les deux formations se rendent coup pour coup. Solidaires avec les peuples frontaliers, les Tchèques présents en ce milieu d’après-midi encouragent chaudement les Autrichiens. Ceux-ci subissent et partent à la faute (Dominique Heinrich pour accrocher, 16’00). Le jeu de puissance norvégien déroule et pousse David Kickert à sortir le grand jeu pour empêcher le palet de franchir la ligne. Celui-ci prend fin et Noah Steen va s’asseoir à son tour, se rendant coupable d’un faire trébucher (18’01). Malgré la panique qui s’installe dans la défense norvégienne, Haukeland dit non aux offensives des aigles et ce tiers se termine sur ce score vierge.
Ce deuxième tiers débute sur un faux rythme alors que Steen sort de la boite aussitôt le palet lâché. Les deux équipes s’offrent une lutte appuyée dans les règles du jeu et les gardiens ne sont pas encore sollicités. Un duel le long de la bande s’éternise et l’Autriche profite d’une erreur de jugement adverse pour alerter Haukeland une première fois. Celui-ci repousse de la crosse et le jeu repart côté opposé (23’52). Ce match est marqué par les approximations techniques des deux formations qui s’offrent des revirements à tour de bras. Stian Solberg tente d’alerter Kickert mais son tir trouve le trafic (26’13). En contre attaque, Johannes Johannesen est pénalisé pour faire trébucher et l’Autriche à une occasion de débloquer la situation (26’49). Peu inspiré et approximatif, le jeu de puissance autrichien bégaie et les lignes de tirs ne trouvent pas la cage de Henrik Haukeland qui veille au grain. Le premier tir à la cage trouve son casque mais le cerbère garde son sang-froid et repousse l’action qui continue, de la jambière (28’00). Le circuit de passe retrouve son efficacité et Peter Schneider fusille le portier norvégien d’un tir de la bleue qui termine sa course dans le filet, côté bouclier (0-1 à 28’14). Stian Solberg tente de l’imiter mais ne trouve que la mitaine de Kickert, serein (28’45).
Une fois de plus, les approximations techniques coûtent cher. Dominic Zwerger accélère et cherche à trouver Schneider, il trouve le patin de Johannesen qui, dans la course, oriente le palet vers sa propre cage. Haukeland, occupé à couvrir le premier poteau, ne peut rien faire et l’Autriche double la mise (0-2 à 28’54). Alors que le gardien norvégien fait un nouvel arrêt, les coups s’échangent entre Lucas Thaler et Johannes Johannesen (30’48). Sur l’action qui suit, Dominic Zwerger et Michael Brandsegg-Nygård les rejoignent en prison pour comportement antisportif (31’12). On joue toujours à 5 contre 5, une faute est appelée contre la Norvège (faire trébucher), la pénalité est différée et l’Autriche tourne en zone offensive alors que Kickert déserte son filet. Avec un attaquant de plus, le schéma de passe fonctionne de nouveau et Peter Schneider, qui allume la mèche, trouve le fond du filet (0-3 à 33’53). Voilà de quoi tuer le suspense pour le plus grand plaisir du public du jour. Les Scandinaves tentent de réagir mais sont coup sur coup repris pour hors-jeu. Après une obstruction de Johannes Johannesen (37’37), l’unité défensive, active et mobile, gêne la supériorité numérique adverse et provoque une crosse haute de Mario Huber qui a perdu le contrôle de son bâton (38’33). Vinzenz Rohrer est sanctionné pour avoir retardé le jeu (39’20). La situation est contestée par le public qui conspue la décision jusqu’à ce que la sirène ne renvoie les deux formations aux vestiaires.
Il n’y a guère de suspense au moment où le palet est lâché pour la troisième et dernière fois de la rencontre. D’entrée de jeu, Mario Huber casse une passe téléphonée à la bleue et s’échappe en contre-attaque. Il tente un semblant de Forsberg mais bute sur la jambière gauche de Haukeland (40’29). Les défenseurs scandinaves sont trop attentistes et perdent de nombreux palets inutiles qui offrent des munitions supplémentaires à des aigles qui n’en demandent pas tant (42’58, 43’30 puis 44’05). Les erreurs techniques et tactiques norvégiennes se multiplient mais leur cerbère ferme le dernier rideau (45’49). La première tentative scandinave est l’œuvre de Sander Vold Engebråten qui, depuis la bleue, tente de profiter du trafic, en vain (46’58). La Norvège joue son va-tout mais Kickert répond présent. Huber, décidément sur des roulettes, profite d’une perte de palet pour faire route en solitaire jusqu’à la cage adverse. Haukeland, qui a bien suivi, sort de sa cage et dispute le palet, privant l’attaquant adverse d’une nouvelle opportunité (49’21).
Passifs, les aigles reculent et finissent par céder. Mats Zuccarello fixe à droite du but, se retourne vers son coéquipier et sert Sander Vold Engebråten qui reprend de volée et trompe le gardien (1-3 à 53’06). Les espaces se libèrent. Zwerger bute sur Haukeland une nouvelle fois et le jeu se concentre désormais en zone offensive norvégienne. Les coéquipiers de Noah Steen tournent en zone offensive mais peinent à faire plier le système défensif adverse. La Norvège prend son temps mort et Haukeland déserte son filet (57’04). L’engagement, perdu, renvoie le filet en fond de zone norvégienne. Zwerger tire le maillot de Zuccarello (sans sanction arbitrale) puis gagne son duel dans le coin avec le joueur de NHL pour servir Mario Huber seul face au but vide (1-4 à 57’24).
L’Autriche glane trois points et met la pression sur la Finlande, qui doit encore affronter la Suisse. Dos au mur, la Norvège jouera un match capital pour sa survie face à la Grande-Bretagne demain après-midi.
Désignés hommes du match : Christian Kåsastul pour la Norvège et Peter Schneider pour l’Autriche.
Commentaires d’après-match :
Roger Bader (entraîneur de l’Autriche) : « À la fin, on peut dire que c’était souverain. Mais nous étions préparés à un match très difficile et équilibré, et c’était absolument le cas en première période, à part peut-être les cinq premières minutes pour nous. Nous savions que nous aurions besoin de beaucoup de patience et de discipline. Nous savions que les Norvégiens commenceraient à jouer dur voire trop dur à un moment donné, que nous devions le prendre et jouer tactiquement discipliné. Bien sûr, le momentum passe de notre côté quand on a des joueurs comme Marco Rossi, qui crée du jeu, ou Dominic Zwerger et Peter Schneider, qui font la conclusion. Mais après avoir mentionné ces trois joueurs, je veux dire que la force de l’équipe d’Autriche est le collectif, encore une super performance des gardiens, et la quatrième ligne qui a encore incroyablement bien joué. Cela nous met donc en joie ! Je suis très heureux, j’encourage sur mon banc et j’en profite avec mon staff, mes adjoints, qui ont joué un rôle énorme dans tout ce succès. Le soir à l’hôtel, des émotions vont encore resurgir ! »
Marco Rossi (attaquant de l’Autriche) : « Nous sommes très satisfaits, le premier objectif était le maintien. Et maintenant, nous avons la conviction de pouvons faire toujours plus. Bien sûr, nous devons nous concentrer pour gagner contre la Grande-Bretagne. Ensuite, nous verrons ce qui arrivera à la Finlande après ça. C’est incroyable, ce que nous pouvons faire en équipe, il y a tellement de fans qui nous supportent, nous sommes tellement reconnaissants. J’ai dit avant le début du tournoi que la foi déplace des montagnes. Si on y croit, alors beaucoup de choses sont possibles. Nous avons joué très intelligemment aujourd’hui, nous savions avant le match que les Norvégiens sont très bons avec le palet. Ils veulent jouer très vite. Nous savions que s’ils venaient avec beaucoup de vitesse, nous devions tenir et rester patients. Avec le premier but, l’élan était de notre côté, puis le deuxième et le troisième sont arrivés, il a été difficile pour la Norvège de rattraper ça ! »
photos IIHF – Andrea Cardin
Norvège – Autriche 1-4 (0-0, 0-3, 1-1)
Dimanche 19 mai 2024 à 16h20 à l’O2 Arena de Prague. 16 565 spectateurs
Arbitres : Tobias Björk (SUE) et Michael Tscherrig (SUI) assistés de Darius Fuchs (SUI) et Emil Yletyinen (SUE)
Pénalités : Norvège 12′ (4′, 8′, 0′) ; Autriche 10′ (2′, 8′, 0′)
Tirs : Norvège 27 (6, 9, 12) ; Autriche 27 (9, 10, 8)
Évolution du score :
0-1 à 28′14′′ : Schneider assisté de Heinrich et Rossi (sup. num.)
0-2 à 28′54′′ : Zwerger assisté de Schneider et Rossi
0-3 à 33′53′′ : Schneider assisté de Rossi et Brunner
1-3 à 53′04′′ : Vold Engebråten assisté de Zuccarello
1-4 à 57′24′′ : Huber assisté de Zwerger (cage vide)
Norvège
Attaquants :
Mats Zuccarello (-2) – Patrick Thoresen (C, -2) – Michael Brandsegg-Nygård (-2, 2′)
Andreas Martinsen (-1) – Eirik Østrem Salsten (+1) – Emilio Pettersen
Thomas Berg-Paulsen (A, -1) – Markus Vikingstad – Noah Steen (2′)
Martin Rønnild – Håvard Østrem Salsten – Thomas Olsen
Eskild Bakke Olsen (-1)
Défenseurs :
Johannes Johannesen (-1, 6′) – Stian Solberg (-2)
Mattias Nørstebø (A) – Isak Hansen (-1)
Max Krogdahl – Christian Kåsastul
Sander Vold Engebråten (+1, 2′)
Gardien :
Henrik Haukeland (23/26) [sorti de 57′04′′ à 57′24′′]
Remplaçants : Jonas Arntzen (G). Réservistes : Tobias Normann (G), Sander Hurrød, Petter Vesterheim (A). Substitué sur blessure : Mathias Trettenes (A).
Autriche
Attaquants :
Ali Wukovits – Benjamin Nissner (-1) – Mario Huber (+1, 2′)
Dominic Zwerger (+2, 2′) – Marco Rossi (+3) – Peter Schneider (A, +1)
Manuel Ganahl (C) – Benjamin Baumgartner – Lukas Haudum
Paul Huber (+1) – Lucas Thaler – Vinzenz Rohrer (+1)
Défenseurs :
Thimo Nickl (-1) – Dominique Heinrich (A, 2′)
Bernd Wolf (+2) – Clemens Unterweger (+1)
David Maier – Steven Strong
Paul Stapelfeldt – Nico Brunner (+1)
Gardien :
David Kickert (26/27)
Remplaçant : David Madlener (G). Non équipés : Thomas Höneckl (G), Kilian Zündel (D), Thomas Raffl (A).