Dans ce deuxième volet de notre bilan de KHL, on s’intéresse aux clubs éliminés au premier tour des play-offs. Parmi eux, on retrouve une ville de hockey qui ne veut pas mourir, et un Larionov qui fait des émules, y compris chez un ancien joueur de Ligue Magnus qui diffuse son message de liberté.
Mais il y a aussi les deux finalistes de la saison précédente qui ont vécu une immense désillusion. Le favori Kazan s’est complètement planté avec des stars et un entraîneur plus vraiment à la plage. Le plus grand club de l’histoire européenne, le CSKA Moscou, s’est engagé pour sa part dans une impasse et continue d’accélérer, cherchant le conflit total avec l’IIHF. Beaucoup de voix russes demandent de quitter définitivement le giron de la fédération internationale (la KHL se jouera ainsi jusqu’à fin mai la saison prochaine, pendant les championnats du monde).
Salavat Yulaev Ufa (9e) : quand élimination rime avec pétition
Pour la seconde année consécutive, le Salavat Yulaev Ufa a été éliminé au premier tour des play-offs par un adversaire moins bien classé. Ses fans ont aussitôt relancé une pétition demandant la démission de l’entraîneur et de tous les dirigeants. Ce fut vite fait, il n’y avait qu’à reprendre le texte de la pétition de l’an dernier… Et pourtant, cette équipe mise en condition par « l’autre Français de KHL » (le préparateur physique Adrien Valvo) donne le sentiment d’avoir progressé cette saison. Elle avait un vrai numéro 1 de confiance devant le filet, Aleksandr Samonov, sans doute le meilleur gardien de KHL.
L’équipe bachkire a aussi trouvé en cours de saison des Canadiens qui complétaient bien le dispositif : le défenseur Nicolas Meloche et l’attaquant Joshua Leivo sont deux droitiers qui ont donc offert plus d’options en powerplay. Comme ils savent assurer la maîtrise du palet, ils ont permis à l’entraîneur Viktor Kozlov d’affirmer une philosophie de jeu plus tournée vers la possession.
Il manque néanmoins encore un vrai centre de deuxième ligne à cette formation. Le premier trio composé d’Alexander Chmelevski, de Leivo et du Biélorusse Ivan Drozdov a continué de porter l’équipe en play-offs, mais il a malheureusement été trop seul. Les lignes « russes » ont calé et ont été parfaitement contrôlées par le Traktor, adversaire alors au meilleur de sa forme. La première place de division – gagnée à la différence de buts l’an passée mais perdue pour deux points cette année – aurait sans doute plus protégé le club cette fois. Mais ce regret ne fera qu’amplifier la frustration des supporters pétitionnaires…
Ak Bars Kazan (10e) : l’immense gâchis du favori de la ligue
Ce qui peut consoler ces supporters bachkirs, c’est que le grand rival, l’Ak Bars Kazan, a fait bien pire. Cité comme favori par la majorité des managers des équipes de KHL en début de championnat, le club tatar n’a jamais été digne de ce statut. Son élimination cinglante au premier tour contre l’Avtomobilist (4 victoires à 1) a été une conclusion logique. Au lieu de prendre sa retraite en pleine gloire (la défaite au match 7 en finale 2023 après avoir redressé une saison compromise, l’entraîneur Zinetula Bilyaletdinov, figure majeure du club depuis 20 ans, a donc annoncé son départ après un échec cuisant.
L’ancien sélectionneur national reste encore une idole tatare pour certains, mas ses schémas de jeu défensifs représentent pour le reste de la Russie un passé révolu, comme son entêtement et son incapacité à s’adapter aux évolutions du hockey. Qu’il soit vrai ou non qu’il n’ait pas été impliqué dans le recrutement (cette thèse est contestée), il savait bien en re-signant tardivement quelle équipe il prenait en mains : une formation de stars vieillissantes, souvent rétives à son hockey d’effort et de défense à l’image du créatif Vadim Shipachyov (finalement bouté hors du club cet été).
La meilleure illustration de cette inadaptation entre le coach et le profil des joueurs fut le traitement de Damir Zhafyarov, une recrue majeure de l’intersaison (53 points en 2022/23 avec le SKA, play-offs inclus). Superflu dans le dispositif, cet ailier passa l’essentiel du temps sur le banc, voire en tribunes, jusqu’à ce que son agent Shumi Babaev dépose une procédure fin décembre auprès de la KHL afin de rompre son contrat pour « discrimination sportive ». C’était un moyen de mettre la pression : deux jours plus tard, les trois clubs les plus riches de la Conférence Est (Magnitogorsk/Kazan/Omsk) s’entendaient sur un échange tripartite dans lequel Ak Bars cédait Zhafyarov et récupérait l’ailier besogneux – formé au Kazakhstan – Semyon Koshelev.
Bilyaletdinov peine à travailler avec les stars, on le sait. Dans sa vision du hockey, ce sont des joueurs comme Nikita Dynyak – réputé pour ses mises en échec redoutables – qui sont mis en avant. L’autre recrue majeure en plus de Zhafyarov, Dmitrij Jaškin, n’a pas rendu efficace un powerplay en panne en prenant le rôle de joueur de slot et s’est blessé trois mois entre décembre et février. Quant à Aleksandr Radulov, dont la hargne semblait correspondre à la philosophie de jeu, il a « lâché » l’équipe par une expulsion suivie d’une suspension en play-offs. Pendant que l’un était puni par les instances, l’autre était puni par son coach : le dernier ailier vedette Dmitri Kagarlitsky a perdu sa place à son tour pendant cette série perdue. Vraiment un gâchis sur toute la ligne…
Severstal Cherepovets (11e) : ennuyeux dans le discours, audacieux sur la glace
Ancien défenseur qui avait débuté sa carrière professionnelle au Serverstal Cherepovets (avant notamment un passage à Gap), Andrei Kozyrev a été embauché comme entraîneur-chef. Il s’est inscrit dans la nouvelle tendance professée par Igor Larionov – dont il a été l’adjoint pendant un an au Torpedo – en mettant en place un hockey offensif, favorisant les passes courtes. Le spectacle reste exclusivement sur la glace, car contrairement à son prédécesseur Razin ou à Larionov (l’un dans un langage plus brut et l’autre dans un style plus intellectuel), Kozyrev déprime les journalistes par ses conférences de presse ternes.
Kozyrev – comme Larionov – a dit à ses joueurs d’oublier tout l’enseignement qu’ils avaient reçu et de se sentir libres de pratiquer le hockey qui leur plaisait. Le jeune Daniil Aimurzin a parfaitement compris le message, lui qui sait tenter des gestes inattendus, tout en prenant le plus souvent des décisions pertinentes. Il a inscrit 48 points, plus 7 en 7 matches de playoffs, pour sa première saison complète en KHL à 21 ans, ce qui en a fait le deuxième marqueur de son équipe derrière un excellent Kirill Pilipenko. Le Severstal voulait vraiment Aimurzin – talent qui peinait à percer dans son club formateur – et a été prêt à céder le gardien Samonov à Oufa l’été dernier dans un arrangement qui a convenu aux deux clubs.
La position de gardien paraissait certes fragilisée à Cherepovets, mais c’était un risque calculé avec un style de jeu qui impliquait des erreurs de temps en temps. Dmitri Shugaev et le Biélorusse Konstantin Shostak ont tous deux souffert avec des pourcentages d’arrêts en dessous de 90%. Et puis, lorsqu’ils se sont blessés tous les deux, le numéro 3 Aleksandr Samoilov s’est révélé : ce gardien moscovite avait été un performant champion du Bélarus depuis deux ans avec Zhlobin (ce à quoi personne n’avait prêté la moindre attention en Russie) et quand il a enfin eu sa chance en KHL, il a mis plus de 130 minutes à encaisser son premier but et obtenu 4 blanchissages sur ses 8 premières titularisations. Impressionnant dans une équipe au style offensif ! En fin de compte, le Severstal a marqué 21 buts de plus que l’an passé… et a même encaissé 2 buts de moins. L’audace paye !
Lada Togliatti (12e) : le retour réussi d’une ville de hockey
Le Lada Togliatti a parfaitement réussi son retour en KHL. Les journalistes russes s’étaient moqués de son recrutement dans des championnats d’Europe centrale qu’ils méprisent comme étant de seconde zone avec une condescendance déplacée (arrogance qui dépasse de nos jours celle des Nord-Américains). Résultat : Ostap Safin, ex-international junior tchèque qui a abandonné son passeport pour jouer en KHL, a fini meilleur marqueur du Lada alors qu’il était onzième compteur du Sparta Prague. Troy Joseph, étranger moyen en Suisse, a fini meilleur buteur de l’équipe, alors qu’il est arrivé après le camp de pré-saison de deux mois et qu’on doutait de sa condition physique, et de son adaptation dans un vestiaire où tout le monde ne parle pas anglais.
L’équilibrage des roues était bon dans cette Lada parce que l’entraîneur Oleg Bratash a veillé à la répartition des rôles. Chacun savait son domaine de responsabilité. Le talent parfois réputé ingérable Sergei Shumakov a ressuscité à 31 ans parce qu’on a utilisé ses points forts – sa technique et son tir de droitier dans le cercle gauche en powerplay – en connaissant son point faible en patinage. La formation ne manquait pas par ailleurs de travailleurs endurants comme le capitaine Mikhaïl Fisenko, un athlète qui participe à des triathlons Iron Man.
Le SKA Saint-Pétersbourg a fourni le gardien Vladislav Podyapolsky (photo). Ses 93% d’arrêts ont aidé à la confiance tactique de la défense. Mais cette aide ne se reproduira pas, c’était une opportunité ponctuelle pour le SKA de placer ses joueurs. Togliatti devra retourner en play-offs par ses propres forces. Elle en a la capacité car c’est une ville de hockey. Son avenir est en KHL, dont elle avait été chassée par manque d’infrastructures. Sa patinoire de 6000 places, construite entre temps, est souvent pleine. Son école de hockey a résisté à cette exclusion du haut niveau et fournit encore des internationaux juniors à la Russie dans les différentes classes d’âge.
CSKA Moscou (13e) : le jusqu’au-boutisme dans l’impasse
Les deux premières années de Sergei Fedorov comme entraîneur avaient été une réussite presque miraculeuse : deux titres de champion jalonnés de victoires impressionnantes de confiance en match 7. Mais pendant la troisième saison, il n’est plus rien reste de cette magie. Le CSKA Moscou a été éliminé à plate couture au premier tour (4 victoires à 1) par le Lokomotiv de son ex-entraîneur Igor Nikitin, l’homme que Fedorov avait remplacé, et qui lui a donné la leçon. Il y a un an, on imaginait une invitation de Fedorov sur un banc de NHL. Aujourd’hui, il a perdu sa place dans « son » club, remplacé pour la saison prochaine par Ilya Vorobyov. L’ancien joueur de Détroit n’en est pas forcément mécontent : le calendrier toujours plus astreignant de la KHL lui pesait, et il a compris qu’il n’avait plus rien à gagner et tout à perdre à prolonger un mandat qui avait si bien – presque trop bien – débuté.
Le club double champion en titre a passé toute la saison au milieu de tableau, devenant une équipe très moyenne. Il a pâti des performances médiocres du gardien Ivan Fedotov, qui a perdu le rythme de compétition durant son année de service militaire forcé destinée à l’empêcher de partir en NHL. Il n’y a que des perdants dans cette affaire. Fedotov tout d’abord, un hockeyeur de haut niveau au développement brisé. Les Russes aussi, qui espéraient garder de force une star, et qui l’ont vue partir à Philadelphie sitôt sa saison terminée, sans que plus personne ne le retienne. Tout ça pour ça ! Les Flyers ne sont pas gagnants, ils ont récupéré avec deux ans de retard un joueur qui a psychologiquement souffert de cette punition exemplaire censée faire peur à ses camarades.
Mais le plus grand perdant est le CSKA Moscou lui-même, qui s’est engagé dans un bras de fer avec l’IIHF en ne respectant pas un arbitrage en faveur de Philadelphie, et qui a aligné un Fedotov en méforme au lieu d’accepter la suspension de quelques mois (pendant laquelle il aurait pu travailler à un retour). L’obstination n’a rien apporté sportivement, et elle pourrait coûter cher. Un million de francs suisses, c’est l’amende infligée à la FHR, qui devra certainement être payée avant que la fédération russe ne puisse retourner dans les compétitions internationales. Cette amende n’est pas si exorbitante quand on sait que le CSKA s’exposait à huit fois plus quand on calcule la pénalité qui aurait dû infligée à chaque match joué par Fedotov pendant sa suspension…
Si la fédération internationale ne peut infliger d’amende qu’à son homologue russe (qui peut la répercuter), le CSKA a bien plus à perdre de son interdiction de transferts internationaux : elle devait d’abord durer 1 an, jusqu’au 10 août 2024, et a été prolongé de deux années supplémentaires, jusqu’en 2026. Cette sanction survient alors que la KHL repassera de 3 à 5 étrangers, et que le CSKA perd déjà son meilleur joueur : Mikhaïl Grigorenko, le seul joueur qu’on pouvait vraiment exempter de critiques cette saison, était en effet en fin de contrat. Aucun moyen de le remplacer, sinon en engageant un étranger hors-la-loi qui serait alors menacé d’être banni par l’IIHF. Autrement dit, en s’engageant dans une nouvelle fuite en avant qui ne ferait qu’empirer la situation. Ce jusqu’au-boutisme qui a mené le CSKA où il en est, c’est-à-dire nulle part.
Torpedo Nijni Novgorod (14e) : la liberté vue par Larionov
Igor Larionov a continué à professer son discours de liberté, aussi bien dans le jeu en zone offensive que dans l’entraînement. Le préparateur physique qui l’accompagne depuis longtemps, Filipp Arzamazov, considère la filière aérobie – et en particulier les courses de cross qui ont fait la légende des séances estivales russes – comme inadaptée au hockey. Il privilégie plutôt des exercices de force, et donne des programmes estivaux aux joueurs en vérifiant leur forme à leur arrivée, comme cela se fait dans le reste du monde. C’est une position presque politique pour Arzamazov d’après ses déclarations à Sport Express : « C’est mieux de ne pas mettre un Russe en cage. Même s’il y a cette opinion que nous ne pouvons rien faire sans un fouet. L’histoire de la Russie est telle que le peuple exprimait le besoin d’une personne avec des méthodes quasi-dictatoriales. Nous prouvons que ce n’est pas vrai. »
Le refus de la gestion à la cravache se traduit aussi par la confiance donnée aux jeunes. Nouvel exemple, Vasily Atanasov, qui a signé des stats incroyables avec 38 points en 38 parties jusqu’à la trêve de décembre. Très léger avec ses 67 kg, Atanasov a été solide sur ses appuis pour imposer la possession avec ses bonnes mains. Malheureusement, Atanasov s’est blessé au genou début janvier quand un adversaire est retombé sur sa jambe. Après cet accident, le Torpedo a perdu 12 des 14 matches restants de saison régulière. Atanasov était revenu pour les trois derniers… mais l’ambiance avait changé entre-temps.
L’homme fort de l’équipe (sur le plan physique), le défenseur Anton Sizov, toujours bien placé pour sa part, s’était excédé des erreurs de ses camarades. Il avait mis en cause deux d’entre eux dans le vestiaire : le prometteur ailier de 18 ans Nikita Artamonov et le fils de l’entraîneur Igor Larionov junior. Sizov a alors été écarté de l’équipe : saison terminée pour lui puisque la limite des transferts était passée ! Une mesure radicale, mais Larionov – père – a considéré que son défenseur avait failli au devoir de solidarité. Fidèle à ses principes, l’entraîneur était conforté puisqu’il venait de signer un nouveau contrat de trois ans (avec une grosse augmentation). Et il a été débarrassé du directeur général qui ne partageait pas son avis : Maksim Gafurov – profit atypique venu de la société Instat – a été sorti du club en fin de saison par une promotion comme chargé du sport pro au sein du gouvernement régional.
S’étant privé de Sizov, Igor Larionov n’a pas hésité à aborder les play-offs avec une défense inexpérimentée : 4 des 5 arrières les plus utilisés avaient 22 ans ou moins ! Parmi eux, le technique Bogdan Konushkov, capitaine à 20 ans et quatrième défenseur de la KHL en temps de glace, ou encore Anton Silayev, à la carrure impressionnante à seulement 17 ans (2 mètres et 94 kg).
Amur Khabarovsk (15e) : le poste de Ministre permet d’échapper à sa promesse
Le kraï de Khabarovsk est une région rebelle qui se sent loin du pouvoir central et avait osé voter pour un gouverneur d’opposition. Après l’arrestation de celui-ci, le gouverneur chargé par Moscou de mettre ce territoire au pas, Mikhaïl Degtyaryov, a utilisé le club du hockey sur glace comme outil de propagande. Chaque article sur un transfert ou une victoire se termine par les remerciements obligés aux autorités, et le visage de Degtyaryov ne cesse d’apparaître sur le cube vidéo de l’aréna. L’homme chargé de diriger effectivement l’Amur, le « vice-gouverneur » Aleksandr Nikitin, qui avait fait du club de bandy local le meilleur de Russie, a bien géré son nouveau poste, en ne prétendant pas tout savoir et en faisant confiance à la compétence.
Le pari sûr et gagnant a été le rappel d’Andrei Martemyanov, déjà passé au club (2016/17 comme adjoint puis 2017/18 comme coach). Il sera le premier entraîneur depuis cette époque à conserver son poste pour une seconde saison. Il a en effet obtenu de haute lutte une qualification en play-offs, où son équipe a même poussé le futur champion Magnitogorsk à un match 6 et donc à se déplacer deux fois en Extrême-Orient. Un défi pour les adversaires, mais surtout pour l’Amur. Ses étrangers peinent souvent à s’adapter à ces conditions difficiles… et le pur Moscovite Aleksandr Khoklachyov aussi. L’Américain avec qui il s’était vite entendu sur la glace – Alex Broadhurst – s’est rapidement blessé, et Khoklachyov n’a pas trouvé de collègues habitués au hockey technique qu’il pratiquait au Spartak. Principale recrue de l’intersaison, Khoklachyov a même scandale quand une vidéo a circulé le montrant monter sur le toit d’une voiture à 4 heures du matin. Le club a bien géré cet incident par une sanction pas trop méchante, et juste après, Khoklachyov a enfin marqué son premier but de la saison, à son 14e match. Il a appris à travailler dans le slot adverse pour s’insérer dans le système. Martemyanov fait en effet la part belle aux joueurs qui se sacrifient pour le collectif.
Plusieurs joueurs se sont dépassés pour connaître la meilleure saison de leur carrière. C’est le cas en particulier de deux ailiers convertis au centre par Martemyanov au cours des premières semaines du championnat : Dmitri Shevchenko, ex-international du Kazakhstan (avant que le double passeport n’y soit prohibé) qui a mis 33 points alors qu’il n’avait jamais dépassé 14 points au Barys, et surtout la surprise Vladislav Barulin, qui n’avait joué que dix matches au centre dans sa vie. Révélé sur le tard, Barulin, 27 ans, n’a que deux saisons de KHL au compteur mais a inscrit 17 buts cette année en menant la première ligne entre le vétéran Stanislav Bocharov et le meilleur marqueur Egor Korshkov. Néanmoins, l’agent libre Korshkov a signé à Kazan dès le premier jour de l’ouverture des transferts d’intersaison.
C’est la limite de Khabarovsk, que les joueurs quittent à la première occasion pour ne plus subir les contraintes des déplacements à travers sept fuseaux horaires. L’objectif d’être champion en 2026 reste donc improbable. Degtyaryov, qui l’avait énoncé, ne sera plus là pour le suivre… puisqu’il a été promu Ministre des Sports de la Russie ! Les dirigeants du club maintiennent néanmoins que la cible du titre 2026 est toujours valable.
Dinamo Minsk (16e) : des espoirs qui intéressent les équipes de NHL
Le Bélarus, même exclu des compétitions internationales, produit autant – et même plus – de talents. L’inattendu Vitali Pinchuk a ainsi commencé la saison sur des bases stratosphériques (9 points en 6 matches) avant de connaître une première blessure mineure, puis une autre plus sérieuse (4 points à ses 23 derniers matches). N’était-il plus à 100% de ses possibilités, ou son début de championnat n’était-il qu’un feu de paille ? Le plus sûr espoir reste l’ailier Vadim Moroz, 20 ans, bien plus régulier et surtout bien plus physique.
Ces joueurs locaux sont encore jeunes et les leaders du Dinamo Minsk restent nord-américains, à l’instar du défenseur canadien Kodie Curran qui est le recordman de la saison KHL en nombre de tirs bloqués en KHL (157 !). Les sept premiers marqueurs de l’équipe sont étrangers (en comptant Roman Gorbunov qui est un naturalisé même s’il joue pour l’équipe nationale du Bélarus). Ils ont permis à Minsk de se qualifier assez tranquillement pour les play-offs – face à une adversité faible en Conférence Ouest – et de s’y présenter dignement. Le contrat de l’entraîneur Dmitri Kvartalnov a donc été automatiquement prolongé.
Remettra-t-il ça sans son gardien prodige ? Alors qu’il n’a atteint 22 ans qu’en janvier, Aleksei Kolosov n’a jamais été inquiété pour sa place de numéro 1 par son concurrent canadien Dylan Ferguson, qui avait joué en AHL et même 2 matchs en NHL la saison précédente. Kolosov est parti se frotter à l’AHL dès la fin de saison, où il aurait connu des problèmes d’adaptation et souhaiterait revenir en KHL (mais les Flyers de Philadelphie ne l’ont prêté que pour cette saison). Même si ce cas reste en suspens, il semble bien que l’avenir des nombreux espoirs du hockey biélorusse se joue de plus en plus en Amérique du Nord (à l’image du tout récent numéro 2 de la draft 2024 Artyom Levshunov), surtout que les ligues Junior Majeur du Canada leur ont rouvert leurs portes.