Après sept saisons passées sous le maillot de Rouen, depuis la signature de Matija Pintaric en Isère, la date de ce match a été cochée sitôt la parution du calendrier de ligue Magnus par tous les habitués des gradins de l’île Lacroix. La foule n’a finalement pas aperçu « son » Pinta – malade – devant la cage de sa nouvelle équipe, Grenoble, le leader du championnat. Frustrant. Son absence empêchant un assentiment collectif.
Les autres Brûleurs de Loups ont été accueillis par une bordée de sifflets aussi attendus qu’inutiles, mélange intempestif de déception et de jalousie lancé par un public impuissant à tourner la page et d’aller de l’avant.
Grenoble n’a finalement pas tremblé de tout le match. Simplement ils n’ont pas fait preuve d’un réalisme qui leur auraient permis un succès plus confortable, sans remise en cause à cinq minutes de la sirène. Les coéquipiers de Sacha Treille ont été menés au total qu’un tout petit peu plus de sept minutes. Sans paniquer, maniant l’art des changements de rythme et des dégagements flippés, les Isérois sont parvenus deux fois à égaliser rapidement. Ils se sont préservés ainsi de toute pression rouennaise. Bien organisés, les BDL n’ont accordé qu’un seul contre surnuméraire. Les visiteurs ont trouvé des lignes de passes et surtout dominé le slot adverse et les duels. Le plus important, ils ont montré du caractère au moment où tout s’est joué.
Rouen a fait illusion pendant les cinq premières minutes de la rencontre. Malgré le retour de Glad, les Rouennais, sans l’agressivité nécessaire, n’ont pas su, ensuite, enchaîner les moments forts. Les partenaires de Loïc Lampérier ne se sont jamais libérés totalement. Pourtant, le palet a bien circulé en zone neutre mais ils n’ont pas réussi à emballer le match parfois à cause des différences d’impacts de leurs trios. Les Normands ont, en revanche, résisté. Ils n’ont pas entendu bourdonner autour de leur cage. Les noir-et-jaune et Setänen n’ont pas permis un match facile à leurs adversaires.
Les Seinomarins ont su être opportunistes à trois reprises. Mais ils ont fini par craquer. Les tribunes se sont trompés d’objectif. Elles n’ont pas transmis l’énergie nécessaire aux Dragons pour palier leurs faiblesses dans la bande, dans leur enclave et pousser leurs favoris à être plus consistants en fin de match. Pourquoi pas jusqu’à ce qu’ils renversent la table dans les cinq dernières minutes de jeu. Malgré tout, à trois partout, rien n’était encore joué.
À la faveur de sa très bonne entame de match, Le RHE a été le premier à se montrer dangereux. Dylan Yeo a ouvert le score d’un tir frappé de la pointe (1-0 à 4’15). Moins de deux minutes plus tard, Alexandre Mallet a égalisé. Devant la cage, l’ailier a eu du temps de pousser le rebond d’un tir frappé par Hardy (1-1 à 5’22).
Oskari Setänen, brillant, a maintenu à flot ses coéquipiers jusqu’à la fin de la première période sur les tirs dangereux de Deschamps (6’13), Farnier (7’13), Dair (14’05), Beauchemin (15’32) et Boivin (16’07).
En attaquant le deuxième tiers en supériorité, les locataires de Péchalat ont repris l’avantage grâce un palet bondissant entre Stepanek et Lampérier après un lancer pris du cercle droit par Rolands Vigners dans un jeu installé (2-1 à 20’21). L’avance des locaux n’a pas prolongé les sept minutes et aurait pu durer moins longtemps. En haut du cercle droit, Antoine Fertin a eu du temps pour égaliser au bout d’une passe en retrait de Beauchemin. Le deuxième but de la saison de l’arrière de 21 ans est passé entre les jambières non décisives de Setänen (2-2 à 26’16, photo ci-dessous).
Ensuite, les deux équipes ont quasiment fait jeu égal. Pourtant, Oskari Setänen s’est un peu plus employé que son vis-à-vis à cause d’une prison rouennaise et des lancers de Dair (28’08) et de Binner (35’53). Le gardien finlandais a bien étiré sa botte gauche lorsque deux belles lignes de passes consécutives ont été trouvées par Treille et Gueurif à travers un carré mal positionné. Cela n’a pas suffi face à Aurélien Dair, devant la cage, à la réception du centre de l’ancien Cergypontain (2-3 à 36’43). Pour la seconde fois de la soirée, un Grenoblois a hérité d’une échappée. Après Christophe Boivin frustré par Setänen au premier tiers, François Beauchemin est malheureux. Le tintement du caoutchouc frappé dans une feinte sur un poteau sonne la fin de la période (38’35).
Dans le dernier vingt, cela aurait pu se jouer sur un jeu de puissance classique. Mais les deux équipes ont résisté en infériorité. Leurs portiers ont été solides. Finalement, dans la partie de poker menteur à laquelle on finissait d’assister, Rouen, avec un Chakiachvili diminué depuis la fin du tiers intermédiaire, a égalisé. Les Dragons, opiniâtres, ont joué à fond une pénalité différée sur laquelle Dylan Yeo a frappé de la pointe un nouveau coup de canon (3-3 à 55’24).
Les Normands n’ont pas eu le temps de saisir le momentum qui s’offrait à eux. Grenoble a pris un avantage définitif au bout de plusieurs circonstances favorables. Saisissant un rebond à l’oreille droite, François Beauchemin a vu son tir aboutir dans la cage de Setänen (3-4 à 56’42). Le remplacement du gardien rouennais par un attaquant n’a pas eu d’effet positif pour les locaux. Un but en cage vide de Beauchemin pris devant son banc clôturait les débats (3-5 à 58’46).
Les ex-Rouennais de la saison 2022-23, présents sur quatre des cinq buts grenoblois, ont pris le pas sur l’inutile et mauvais accueil dont ils ont été la cible. Avec leurs coéquipiers, ils ont été en contrôle durant la partie sans donner de chance aux Dragons. C’est de bon augure 72 heures avant d’aller, en solide leader, à Angers, un autre ambitieux prétendant au titre.
La façon de travailler des Rouennais ce soir peut laisser un goût d’inachevé. Cependant les Dragons ont pu évaluer le travail qui leur reste à effectuer pour être au niveau d’un prétendant sérieux à leur succession. L’opportunisme des coéquipiers de Loïc Lampérier a permis de donner le change face à une équipe en pleine confiance. Rouen ne réduit pas ce soir son retard sur une équipe qui domine la ligue Magnus (et bientôt l’Europe de la Continental Cup ?). Alors, il lui faudra essayer de consolider sa place dans les huit qualifiés lors de la réception de Briançon, la lanterne rouge, vendredi. Sautant d’un extrême à l’autre.
Commentaires d’après-match (dans Paris-Normandie) :
Fabrice Lhenry (entraîneur de Rouen) : « On est déçu du résultat, bien sûr, mais on a montré qu’on était proche, proche de cette équipe de Grenoble qui caracole en tête du championnat. Il y a du mieux de notre côté. On joue plus ensemble, on défend mieux, on commence à trouver des combinaisons, à voir un peu notre style de jeu. Dans l’ensemble, il y a eu des bonnes choses ce soir mais on est encore en construction. On n’est pas encore à 100%, on n’est pas encore au niveau de Grenoble, mais on progresse doucement. La décision arbitrale sur le 4e but est difficile à accepter car il y a une obstruction et il marque là-dessus. C’est frustrant. »
Rouen – Grenoble 3-5 (1-1, 1-2, 1-2)
Mardi 3 décembre 2024 à 20h00, à la patinoire Nathalie Pechalat. 3029 spectateurs.
Arbitres : Alexandre Bourreau et Cyril Debuche assistés de Thomas Caillot et Thomas Simon
Pénalités : Rouen 6′ (2′, 2′, 2′) ; Grenoble 8′ (4′, 0′, 4′)
Tirs : Rouen 33 (14, 11, 8) ; Grenoble 31 (13, 10, 8)
Supériorités : Rouen 1/4, Grenoble 1/3
Évolution du score :
1-0 à 04’15 : Yeo assisté de Bengtsson et Perret
1-1 à 05’22 : Mallet assisté de Boivin et Binner (sup. num.)
2-1 à 20’21 : Lampérier assisté de Vigners et Perron (sup. num.)
2-2 à 26’16 : Fertin assisté de Beauchemin et Leclerc
2-3 à 36’43 : Dair assisté de Gueurif et Treille
3-3 à 55’24 : Yeo assisté de Lindelöf et Rech
3-4 à 56’42 : Beauchemin assisté de Boivin et Mallet
3-5 à 58’46 : Beauchemin (cage vide)
Rouen
Attaquants :
Loïc Lampérier (C) – Milan Kytnar(A) – Rolands Vigners
Sebastian Bengtsson – Vincent Nesa – Tommy Perret
Robin Colomban – Jordan Hervé – Tomas Simonsen
Anthony Rech (A) – Francis Perron – Quentin Tomasino
Arrières :
Florian Chakiachvili – Juho Tommila
Dylan Yeo – Alexander Lindelöf
Daniel Glad – Guillaume Naud
Gardien :
Oskari Setänen (26 arrêts) sorti de 58’40 à 58’46 puis de 59’11 à 60’00
Remplaçant : Gaëtan Richard (G). Absents : Noa Goncalves Nivelais, Enzo Cantagallo et Jared Dmytriw (blessés).
Grenoble
Attaquants :
Christophe Boivin – François Beauchemin – Alexandre Mallet
Sacha Treille (C) – Adel Koudri – Aurélien Dair
Valentin Grossetete – Théo Gueurif – Loïc Farnier
Matias Bachelet – Nicolas Deschamps (A) – Guillaume Leclerc
Arrières :
Kyle Hardy (A) – Alexis Binner
Jacob Andersson – Jarold Hilderman
Jordon Southorn – Charles Schmitt
Antoine Fertin
Gardien :
Jakub Stepanek (30 arrêts)
Remplaçant : Isidore Agnel (G). Absents : Matija Pintaric (malade), Hugo Nogaretto (?), Samuel Regis, Damien Fleury et Pierre Crinon (blessés).