Quelle leçon tirer du succès acquis vendredi soir, déjà à domicile, contre Marseille (3-2) ? Si les plus pragmatiques regardent les points, la cinquième place qui se rapproche de la validation à sept journées de la fin et une spirale de défaites enfin stoppée, les plus critiques se sont surtout attardés sur la qualité – à l’image de Mario Richer – puisque les Gothiques ont été ultra-dominés et ne s’en sont sortis que par la grâce d’un Clément Fouquerel exceptionnel et d’un Stefan Stéen plutôt coupable.
Mais peu de temps pour tergiverser pour Amiens qui rejoue immédiatement à domicile contre un adversaire d’un calibre bien supérieur, Grenoble, qui se rend au Coliseum. Après une expérience douloureuse à Cardiff (1-6) en finale de la Coupe Continentale, les Brûleurs de Loups ont bien redressé la barre, écrasant Marseille à Pôle Sud (8-2) avant de s’imposer du côté de Briançon, un peu plus dans la douleur (3-2). Cette nouvelle partie au cœur d’un rythme effréné va-t-elle confirmer les tendances ou permettre une surprise en terre samarienne ?
Débuts en fanfare
Apathiques pendant une très grande partie de la rencontre vendredi, les Picards affichaient un tout autre visage d’entrée de jeu ce dimanche. Intenses et tout en vitesse, ils prenaient à la gorge des Brûleurs de Loups attentistes. La bonne entame était rapidement récompensée : Svanenbergs tentait un tir légèrement excentré et – avec la réussite d’une déviation de Deschamps – trompait Pintarič (1-0, 1’15). Malgré un léger sursaut d’orgueil amenant un raté de près de Koudri, bien gêné par Bergeron (3’30), Grenoble semblait aux abonnés absents et pliait de plus en plus.
Sur une incursion depuis la droite, Tessier trouvait Plagnat pour un bon “one timer” difficilement repoussé par Pintarič qui était tout heureux de voir le rebond de Besson passer à côté (4’). Impeccable face à Svanenbergs en toute fin de supériorité (6’30), le gardien slovène l’était beaucoup moins devant Roussel dont le tir au ras de la glace trouvait la mire sans que Pintarič ne soit masqué (2-0, 6’49). Déjà battu à deux reprises, l’ancien Rouennais réussissait un arrêt mitaine de qualité pour maintenir l’écart (7’) et permettre à l’actuel leader de ne pas s’enfoncer.
Si Deschamps s’offrait – en contre – une superbe occasion de piquer contre le cours du jeu, l’excellente défense de Lepage le mettait en échec au moment de tirer après une subtile rotation pour s’ouvrir le but (9’). Dès lors, qui d’autre que l’intenable Kyle Hardy pour relancer une machine apparaissant grippée ? En conclusion d’une belle possession en zone offensive, le défenseur envoyait – depuis la bleue – un lourd lancer dévié par l’ancien Gothique Guillaume Leclerc qui trouvait le fond des filets (2-1, 10’00). Coup dur pour des Amiénois pourtant dominateurs jusqu’à présent.
Toujours dans la partie malgré un départ de piètre qualité, les visiteurs faisaient même taire les tribunes dans les instants qui suivaient sur un lancer de la bleue de Mallet qui bénéficiait d’une déviation pour finir sa course à l’intérieur du poteau (2-2, 11’16). Tout était à refaire pour les joueurs de Mario Richer qui ne méritaient alors pas un tel sort. Pas abattus malgré le scénario, les locaux repartaient à l’assaut, Čepon, depuis la gauche, mettait un palet devant le but qui était touché par Larinmaa et finissait au fond des filets, dans la confusion (3-2, 14’29). Un nouvel avantage presque de courte durée car dans la foulée, Treille tentait sa chance de près par deux fois, mais Kozun s’interposait sur les deux tentatives (15’).
Les Gothiques ne fléchissent pas
Pleins de bonnes intentions dans l’intensité et le jeu, les Gothiques ne se contentaient pas d’un unique but d’avance. Ils le montraient sur une phase de jeu rapide et technique digne de leurs meilleurs moments de la première moitié de saison avec Svanenbergs et Djemel qui combinaient. Le Letton était trouvé en zone offensive, contournait Pintarič et glissait la rondelle entre le patin et le poteau du Slovène (4-2, 15’54). L’avantage de deux buts restauré, quelle réaction pour Grenoble ? Si l’on pensait les Isérois en mode Diesel après l’égalisation, il n’en était finalement rien.
Malgré une supériorité en entame de tiers médian, où Kozun réalisait tout de même cinq arrêts, les joueurs de Per Hånberg ne semblaient clairement pas dans un grand soir, faisant preuve de beaucoup de déchet technique et d’incompréhension dans les intentions. C’est sur une de ces dernières que Roussel contrait un lancer à la bleue, permettait à Bergeron de partir en contre pour tenter de creuser encore un peu plus l’écart, mais c’était sans compter sur l’intervention idoine de Grossetête pour empêcher le but (23’30).
En dépit de leur performance compliquée, les Brûleurs de Loups pouvaient bénéficier d’une supériorité numérique pour espérer réduire l’écart. Mais seule une tentative de Fleury – trouvé au cœur de la défense – faisait passer un frisson dans l’arrière-garde picarde (26’). Capables de s’offrir une longue séquence de domination et de contrôle en zone offensive à cinq contre cinq, les Amiénois affichaient un niveau de jeu bien différent d’il y a 48 heures, digne d’une équipe du top 4 comme ils le faisaient jusqu’à la fin novembre. Et sur les moments plus faibles, Taran Kozun se montrait impeccable.
Sur une longue passe de Régis pour Boivin dans le dos de la défense, le gardien canadien faisait l’arrêt (34’), avant d’en faire de même par deux fois devant Leclerc, trouvé près de son but (36’). Toujours en tête de deux buts – en toute logique au regard de la partie – à l’entame du tiers médian, les joueurs de Mario Richer continuaient de s’employer physiquement tout en utilisant une de leurs armes favorites : les transitions rapides. À ce petit jeu, Bastien Maïa s’offrait deux opportunités en or (43’30, 49’30), similaires à celle ayant valu un but contre Marseille, tentait de trouver la faille côté mitaine mais Pintarič – à l’inverse de Stéen – gardait la rondelle dans son gant et faisait les arrêts.
Logique mais non sans peur
Entre temps, un léger frisson avait parcouru les spectateurs du Coliseum sur un lancer du poignet à la bleue d’Andersson qui semblait anodin mais n’était stoppé que par le poteau de Kozun. Récemment devenu papa, le gardien canadien saupoudrait sa très belle prestation face au leader d’un brin de réussite quelques minutes plus tard. Le capitaine Lavigne en prison, Grenoble augmentait la pression, pensait réduire l’écart mais le “top scorer” Christophe Boivin touchait à son tour le poteau (52’). Frustré de ne pas trouver la faille, l’ancien Rouennais le montrait sur le banc et sur la glace comme nombreux de ses coéquipiers.
Et alors que la fin de match approchait, les fautes grenobloises s’accumulaient, donnant deux supériorités numériques aux Gothiques dans les cinq dernières minutes. S’ils ne parvenaient pas à accentuer l’écart et tuer la rencontre, les Picards se dirigeaient tranquillement vers un succès logique et de prestige.
Avec cette deuxième victoire du week-end, les Amiénois valident quasiment la cinquième place du classement, profitant des revers de Chamonix et Marseille pour accentuer leur avance à treize points à six journées du terme. Surtout, après la prestation en demi-teinte face aux Phocéens, ils ont affiché un tout autre visage face à la meilleure équipe du championnat, retrouvant ce qui avait fait leur force trois mois durant et leur avait fait côtoyé les sommets de la Ligue Magnus avec un jeu rapide de transition et de la qualité technique, bien loin des standards des dernières semaines où le physique primait. Confirmation attendue à Bordeaux, mardi, et surtout lors du derby, vendredi soir, à domicile.
Côté grenoblois, si la fatigue était certainement présente, elle n’explique pas une prestation globalement décevante. Dépassés tactiquement et jamais vraiment en mesure de répondre à la domination amiénoise, affichant bien trop de déchet technique pour espérer quoi que ce soit. Réaction attendue dès mardi avec un nouveau déplacement, à Anglet, pour clore un très long “road trip”, avant de recevoir Bordeaux et se rendre à Briançon en conclusion d’une troisième semaine à trois matches de rang.
Élus meilleurs joueurs du match : Kristjan Čepon (Amiens) et Christophe Boivin (Grenoble)
Amiens – Grenoble 4-2 (4-2, 0-0, 0-0)
Dimanche 26 janvier 2025 à 18h00 au Coliséum. 3029 spectateurs.
Arbitres : Cyril Debuche et Julien Peyre assistés de Thomas Caillot et David Tchekachev
Pénalités : Amiens 8’ (0′, 4’, 4′) ; Grenoble 10′ (2′, 2’, 6′).
Tirs : Amiens 31 (10, 8, 13) ; Grenoble 32 (14, 10, 8).
Évolution du score :
1-0 à 01’15” : Svanenbergs assisté de Lavigne
2-0 à 06’49” : Roussel assisté de Čepon et Tessier
2-1 à 10’00” : Leclerc assisté de Farnier et Hardy
2-2 à 11’16” : Mallet assisté de Régis et Boivin
3-2 à 14’29” : Larinmaa assisté de Čepon et Le Lem
4-2 à 15’54” : Svanenbergs assisté de Djemel et Mony
Amiens
Attaquants :
Zachary Lavigne (C, +1, 2’) – Janis Svanenbergs (+1) – Ilies Djemel (+1)
Noa Besson (-1, 2’) – Julien Tessier (A) – Bastien Maïa (A, +1)
Paul Le Lem (+1, 2’) – Jesper Larinmaa – Antonin Plagnat (-1)
Guillaume Roussel (+1) – Raphaël Opoma (+1)
Défenseurs :
Aleksandar Magovac (+1) – Kristjan Čepon (+2)
Josh Brittain – Jordan Lepage (+1)
Justin Bergeron – Mathieu Mony
Gardien :
Taran Kozun
Remplaçants : Clément Fouquerel (G), Rafaël Duvallon. Absents : Gauthier Gibert, Ugo Tocquin (blessés), James Phelan (suspendu), Rudy Matima (malade), Anatole de Mali (choix)
Grenoble
Attaquants :
Christophe Boivin (+1, 4’) – Théo Gueurif (+1) – Alexandre Mallet
Mathias Bachelet (-3, 2’) – Nicolas Deschamps (-3) – Damien Fleury (A, -2)
Sacha Treille (C, -1, 2’) – Adel Koudri (-1) – Aurélien Dair (-1)
Valentin Grossetête (+1) – Loïc Farnier (+1) – Guillaume Leclerc (+1)
Défenseurs :
Kyle Hardy (-1) – Alexis Binner (A, 2’)
Jacob Andersson – Samuel Régis (-2)
Jordon Southorn – Charles Schmitt (-1)
Gardien :
Matija Pintarič
Remplaçant : Isidore Agnel (G). Absents : Jakub Štěpánek, Jarod Hilderman, François Beauchemin, Pierre Crinon, Antoine Fertin