Pendant que Kevin Pasche est en train de débuter par une victoire en équipe de Suisse, le second gardien du Lausanne Hockey Club, Antoine Keller, prend place dans les cages de l’équipe de France. Le portier de 20 ans est un peu éclipsé en club par mes performances de son presque aussi jeune collègue et la rumeur helvétique a suggéré pendant les fêtes qu’il était en disgrâce et qu’il avait été proposé à d’autres clubs. Peu après, il a été prêté deux rencontres à La Chaux-de-Fonds, ce qui l’a bien relancé après plus d’un mois sans jouer. Cette titularisation en bleu lui fait du bien pour ne pas trop perdre le rythme sur le banc lausannois.
Malheureusement, cette finale du tournoi d’Oslo débute mal pour Keller. À la quatrième minute, la quatrième ligne française est coincée dans sa zone et seuls les ailiers peuvent changer. Un slap puissant mais non cadré de Petter Birkheim Andersen frappe la balustrade et la paire défensive Coulaud-Thiry est éliminée en tentant de bloquer l’infiltration du grand gabarit Andreas Martinsen. Pendant ce temps-là, juste devant la cage, Patrick Elvsveen a le temps de prendre deux tirs du revers à bout portant sans que Kaylian Leborgne n’intervienne. Antoine Keller semble avoir réussi le double arrêt mais après avoir consulté la vidéo les arbitres estiment que le palet a franchi la ligne sous lui (1-0, ci-dessous).
But ou pas, le fait est que la France est totalement dominée dans cette première période. Elle n’arrive jamais à passer des Norvégiens bien plus costauds qui bloquent complètement l’accès aux zones de vérité. Les Bleus n’obtiennent leur premier tir cadré qu’après 17 minutes, un tir excentré du petit Paul Joubert qui a débordé Jonas Myhre en vitesse sur l’aile droite. La Norvège rejoint les vestiaires à 2-0, logiquement, après un tir à mi-distance du talent défensif Stian Solberg qui nettoie la lucarne gauche.
Le deuxième tiers-temps commence par un gros arrêt de la botte droite d’Antoine Keller face à Simon Edvardsen laissé tout seul au rebond, mais 17 secondes plus tard, Myhre fait trébucher Guillaume Leclerc. Après 35 secondes d’avantage numérique, Petter Birkheim Andersen fait obstruction sur Kevin Spinozzi derrière la cage. Impuissants offensivement depouis le début, les Bleus ne laissent pas passer cette opportunité de jouer à 5 contre 3 : à l’issue d’une combinaison rapide initiée par Enzo Guebey, Aurélien Dair reprend dans l’angle ouvert la passe transversale devant le but d’Enzo Carry (2-1). La France peine cependant à se réinstaller et concède même un 2 contre 1 à Edvardsen et Solberg, qui tire à côté. Carry signe une autre passe transversale pour la reprise dans le cercle gauche de Quentin Tomasino, mais Tobias Normann s’interpose.
Au complet, la Norvège remet la main sur le match. Eirik Salsten s’infiltre entre les cercles entre Guebey et Carry et décoche un tir du poignet qui passe sous le bras droit de Keller (3-1). Son frère Havard est proche de faire de même sur l’action suivante, mais son tir est bloqué par le gardien lausannois. Mais une minute plus tard, Guillaume Leclerc lance par une sortie de zone lobée, déposée dans la crosse de Prissaint, la meilleure présence bleue du match. Une présence conclue par Leclerc lui-même, au rebond d’un lancer de la bleue d’Axel Prissaint avec la complicité de Baptiste Bruche pour masquer le gardien (3-2).
D’entrée au troisième tiers, Enzo Carry va à la conquête du palet en fond de zone et prend un coup de coude de Solberg. Les arbitres vont vérifier les images avant d’infliger simplement deux minutes de pénalité. En powerplay, une longue relance de Spinozzi lance Aurélien Dair qui rate le palet au moment de tirer. Les Norvégiens ont aussi deux occasions en infériorité sur deux palets interceptés face à Guillaume Leclerc par Thomas Olsen et par Birkheim, mais Keller capte parfaitement les tirs d’Olsen et d’Eirik Salsten. Ce dernier sera encore frustré par un magnifique déplacement du gardien à dix minutes de la fin alors qu’il pensait avoir la cage ouverte sur une passe transversale de Martinsen.
Agressif sur le palet, audacieux dans ses sorties, Antoine Keller dégage une belle confiance dans son langage corporel et s’installe dans son rôle de gardien international. On peut le ranger au rang des satisfactions du week-end, avec les débuts internationaux réussi d’Enzo Carry et la révélation de Paul Joubert, dont la vivacité menace encore la défense norvégienne dans cette troisième période où les Bleus rivalisent de mieux en mieux. Décalé par Leclerc après un beau travail de Fabien Colotti, Kevin Spinozzi a le palet d’égalisation à trois minutes de la fin mais n’arrive pas à transpercer les jambières de Normann. Pas plus que Baptiste Bruche à une minute et demie de la sirène sur un palet sorti du coin par Leclerc.
Qu’importe. Si la victoire d’une Norvège à l’effectif plus étoffé à domicile ne souffre pas de discussion, ce tournoi aura dégagé beaucoup de positif pour les Bleus. Et cette grosse pression en fin de match en fait partie. Quand à l’entraîneur local, il peut se moquer des commentaires de plusieurs anciens joueurs et experts sur sa sélection grâce au doublé d’Elvsveen, le joueur dont l’appel comme substitut avait déclenché des critiques.
Désignés joueurs du match : Patrick Elvsveen pour la Norvège et Antoine Keller pour la France.
Commentaires d’après-match :
Tobias Johansson (entraîneur de la Norvège) : « Encore une fois, c’est une victoire à domicile, on prend volontiers tous les jours. Mais je souhaiterais que nous aurions pu tuer ce match après deux périodes. Nous étions un peu lents dans le mouvement, mais cela fait deux bonnes victoires chez nous. Tout le monde veut que nous choisissions des joueurs offensifs, c’est pour ça que nous avons pris Patrick [Elvsveen]. »
Norvège – France 3-2 (2-0, 1-2, 0-0)
Samedi 8 février 2025 à 18h00 au Jordal Amfi d’Oslo. 3 494 spectateurs.
Pénalités : Norvège 6’ (0’, 4’, 2’) ; France 2’ (0’, 2’, 0’)
Tirs : Norvège 28 (6, 15, 7) ; France 19 (1, 7, 11)
Évolution du score :
1-0 à 03’48” : Elvsveen assisté d’Andersen et E. Salsten
2-0 à 19’22” : Solberg assisté de Vikingstad et Berg-Paulsen
2-1 à 22’43” : A. Dair assisté de Carry et Guebey (double sup. num.)
3-1 à 33’00” : Elvsveen assisté de E. Salsten
3-2 à 34’42” : Leclerc assisté de Prissaint et Bachelet
Norvège
Attaquants :
Patrick Elvsveen (+2) – Eirik Østrem Salsten (+2) – Andreas Martinsen (+2)
Martin Johnsen – Håvard Østrem Salsten (-1) – Eskild Bakke Olsen
Thomas Berg-Paulsen (C, -1) – Markus Vikingstad – Simen Andre Edvardsen
Noah Steen – Petter Vesterheim – Thomas Olsen
Défenseurs :
Stian Solberg (+1, 2′) – Johannes Johannesen (+1)
Adrian Saxrud Danielsen – Sander Vold Engebråten (+1)
Jonas Myhre (2′) – Petter Birkheim Andersen (2′)
Jesper Lilleberg
Gardien :
Tobias Normann
Remplaçant : Jonas Arntzen (G), Martin Rønnild (A).
France
Attaquants :
Baptiste Bruche – Aurélien Dair (-2) – Flavian Dair (-1)
Guillaume Leclerc (+1) – Matias Bachelet (+1) – Fabien Colotti
Paul Joubert (-2) – Robin Colomban – Enzo Carry (-2)
Kévin Bozon – Kaylian Leborgne (-1) – Quentin Tomasino
Défenseurs :
Kevin Spinozzi – Enzo Guebey
Yohan Coulaud (-1) – Thomas Thiry (-1)
Axel Prissaint – Charles Schmitt (-1)
Fabien Bourgeois (+1)
Gardien :
Antoine Keller [sorti à 58’22”]
Remplaçant : Julian Junca (G), Théo Gueurif (A).