Comme de coutume, Allemands et Tchèques commencent leur préparation aux Mondiaux sans les demi-finalistes de leurs championnats respectifs. Avec l’élimination précoce, on pouvait s’attendre à ce que les joueurs de Munich forment déjà la colonne vertébrale de l’équipe allemande. Si l’on compte l’expérience internationale, c’est le cas avec Patrick Hager (155 sélections), Nico Krämmer (64) et Maximilian Kastner (55). Mais d’autres cadres du Red Bull sont absents : Yasin Ehliz et le gardien Mathias Niederberger sont blessés, Tobias Rieder est absent pour raisons personnelles. Leur arrivée n’est pas exclue, mais elle interviendra plus tard.
C’est donc le « petit club » de Straubing qui fournit le plus de hockeyeurs, 8 au total mais tous inexpérimentés. Le plus capé, le défenseur Mario Zimmermann, ne compte que 21 sélections. Parmi eux, on trouve l’unique débutant, le rapide Elis Hede. Doté de la double nationalité finlandaise et allemande, il était éligible pour les deux pays, et a d’autant plus logiquement répondu à l’appel de la DEB qu’il ne semble pas avoir le niveau pour les Leijonat.
Il a été annoncé par avance que les trois gardiens actuels de l’effectif joueraient chacun un match, et que le meilleur d’entre eux aurait le droit de jouer le quatrième match. Ils ne jouent au mieux que pour la position de numéro 3 aux Mondiaux, d’autant que le gardien de NHL Philipp Grubauer a déjà annoncé son arrivée. Soumis à cette concurrence rude, le jeune Florian Bugl subit une soirée cauchemardesque. Avant même d’avoir fait face à une véritable occasion, il concède un tir anodin du coin de la ligne bleue de David Moravec, dévié au passage.
L’Allemagne réagit avec deux occasions du débutant Elis Hede, à l’énergie très remarquée mais trop imprécis dans le dernier geste. Mais juste avant la pause, une relance désastreuse de Roman Kechter – pressé par Daniel Kurovský – offre le palet face au but à Jiří Černoch qui le reprend directement dans le faut du filet (0-2). Le compteur ne cesse d’enfler dans les deux périodes qui suivent : tir lointain de Cibulka dévié par Ondřej Beránek (0-3), lancer ouvert de Martin Adámek qui s’avance seul dans l’axe sur un centre de Kubík car les cinq Allemands sont du même côté (0-4), one-timer pourtant un peu écrasé de Daniel Kurovský dans le cercle gauche (0-5), lancer de la bleue de Tomáš Kundrátek en avantage numérique avec écran total de Beránek devant la cage (0-6) et enfin ultime but d’Adam Kubik qui vole le palet à Luis Schinko à la ligne bleue (0-7).
Les Tchèques font donc le plein de palets-souvenirs pour les trois joueurs qui ont marqué un but dès leur premier match en équipe nationale, Daniel Kurovský mais aussi les défenseurs David Moravec et Marian Adámek. De quoi rendre jaloux les deux attaquants débutants qui n’ont pas marqué, Ondřej Rohlík (1 assist) et Vít Jiskra ?
Même s’il n’est pas le seul coupable de la débâcle, Bugl a compris que ce camp 2025 restera un mauvais souvenir. Maximilian Franzreb le remplace pour le second match, avec cette fois des tribunes pleines dans la patinoire de Ratisbonne. Le gardien de Bremerhaven bénéficie heureusement pour lui d’un meilleur soutien de sa défense, comme en témoignent les deux tirs bloqués par Daniel Pfaffengut lors de la première infériorité numérique, et il réalise aussi une bien meilleure prestation personnelle. Son double arrêt devant Ondřej Rohlík et son face-à-face remporté avec Daniel Kurovský (il ouvre la porte sur la feinte de l’attaquant mais la referme au bon moment sur le tir du revers entre ses jambes) le prouvent lors de la deuxième période). Franzreb a aussi la réussite avec lui quand la transversale repousse un lancer d’Adam Kubík au début du troisième tiers. Le 0-0 tient ainsi longtemps, même si les Tchèques dominent la possession et ont plus de longues séquences en zone adverse.
Ce second match est décidé par un accident. La pénalité pour dureté Filip Přikryl semble une occasion idéale pour l’Allemagne si près de la fin du match (57’40”). Mais sur l’engagement, le dégagement tchèque frappe en pleine face le malheureux défenseur allemand Colin Ugbekile, qui part aussitôt vers le banc. Il n’y a alors plus personne pour empêcher Ondřej Kovařčík de partir seul au but et de marquer sous la botte droite de Franzreb, qui craque donc in extremis (0-1).
Ce dénouement est triste pour une équipe qui a livré un bien meilleur match avec beaucoup plus d’engagement. Mais si l’amélioration défensive a été indéniable, cela ramène l’attention sur les difficultés offensives. Les joueurs qui se sont retrouvés dans les meilleures positions (Kastner ou encore Ehl après une bonne interception) ont à chaque fois manqué le cadre. Le talent offensif fait défaut, et il ne faudra pas compter sur Peterka (en fin de contrat NHL) selon son agent. Le sélectionneur Harold Kreis réfléchit à l’ajout plus rapide que prévu des joueurs de Mannheim pour animer cette attaque impuissante.
L’attaquant germano-tchèque de Mannheim, Kristián Reichel, rejoindra pour sa part mardi l’équipe de Tchéquie, où il remplacera Oscar Flynn blessé. Le défenseur Radek Kučeřík arrivera pour sa part de Finlande. Ce seront les seuls changements avant une double confrontation face à l’Autriche, car les joueurs sortis des play-offs d’Extraliga auront droit à quelques jours de pause. Pourquoi précipiter des changements après une performance aussi solide ?
Les Tchèques, champions du monde l’an passé avec trois portiers NHL dont le héros Lukáš Dostál, comptent maintenant quatre gardiens différents ayant réussi un blanchissage pendant l’actuelle saison internationale (Zajíček et Kořenář l’avaient fait contre la Suisse dans le cadre de l’Euro Hockey Tour). Ondřej Kacetl a remporté sa troisième victoire en trois titularisations en équipe nationale. C’est encore mieux pour Dominik Frodl qui totalise quatre victoires en quatre sélections, dont deux blanchissages.
Commentaires d’après-match :
Radim Rulík (entraîneur de la Tchéquie) : « C’est une démonstration que nous avons aussi des gardiens de qualité en Europe. »
Dominik Frodl (gardien de la Tchéquie) : « Les Allemands ont eu des occasions mais les gars ont bloqué trois tirs dangereux du slot. Nous avons contrôlé le match différemment, nous étions meilleurs. La concentration est maximale, l’enjeu est le match entier. Les Allemands n’ont pas eu beaucoup de tirs, mais il y aurait pu avoir des erreurs. Néanmoins, nous avons bien communiqué. Le gardien est aussi dans le jeu. Je laisse de côté pour le moment les chances de jouer le championnat du monde. On sait quels gardiens ont disputé l’Euro Hockey Tour, ceux qui jouent encore, ceux qui pourraient venir de NHL. Je garde les pieds sur terre, on veut rester dans ce camp le plus longtemps possible. On verra. »
Match 1
Allemagne – Tchéquie 0-7 (0-2, 0-2, 0-3)
Jeudi 10 avril 2024 à 19h30 à la Donau-Arena de Regensburg. 3503 spectateurs.
Pénalités : Allemagne 12′ (4′, 4′, 4′) ; Tchéquie 10′ (4′, 6′, 0′).
Tirs : Allemagne 29 (7, 14, 8) ; Tchéquie 34 (8, 16, 10).
Évolution du score :
0-1 à 08’48” : Moravec assisté de Beránek et Černoch
0-2 à 18’36” : Černoch
0-3 à 25’41” : Beránek assisté de Cibulka et Košťálek
0-4 à 36’28” : Adámek assisté de Kubík et Beránek
0-5 à 49’34” : Kurovský assisté de Přikryl et Rohlík
0-6 à 54’40” : Kundrátek assisté de Cibulka (sup. num.)
0-7 à 57’07” : Kubík
Joueurs du match : Alexander Ehl pour l’Allemagne et Ondřej Beránek pour la Tchéquie.
Match 2
Allemagne – Tchéquie 0-1 (0-0, 0-0, 0-1)
Samedi 12 avril 2024 à 17h30 à la Donau-Arena de Regensburg. 4650 spectateurs (guichets fermés).
Arbitres : Kilian Hinterdobler et Lukas Kohlmüller assistés de Maksim Cepik et Vincent Brüggemann.
Pénalités : Allemagne 6′ (2′, 0′, 4′) ; Tchéquie 4′ (0′, 2′, 2′).
Tirs : Allemagne 15 (3, 8, 4) ; Tchéquie 37 (14, 9, 14).
Évolution du score :
0-1 à 57’48” : Kovařčík (inf. num.)
Joueurs du match : Maxmillian Franzreb pour l’Allemagne et Daniel Voženílek pour la Tchéquie.
Composition des équipes
Allemagne
Attaquants :
Nicholas Krämmer (-2) – Patrick Hager (C, -3, 2’) – Maximilian Kastner (-3)
Elis Hede (-2) – Joshua Samanski (-1, 4’) – Luis Schinko (-1, 4’) puis au match 2 Alexander Ehl
Roman Kechter (-2, 2’) – Daniel Pfaffengut (-2) – Alexander Ehl (-1, 2’) puis au match 2 Nino Kinder
Danjo Leonhardt (-2, 2’) – Tim Brunnhuber (-1) – Tim Fleischer (-1) puis au match 2 Filip Varejcka
Défenseurs :
Colin Ugbekile (-4, 2’) – Daniel Wirt (-1)
Adrian Klein (-4) – Mario Zimmermann (-3)
Julius Karrer (-1) – Dominik Bittner
Luca Münzenberger (-1)
Gardien au match 1 :
Florian Bugl (remplaçant : Leon Hungerecker)
Gardien au match 2 :
Maximilian Franzreb (remplaçant : Florian Bugl)
Non aligné : Maxim Rausch (problèmes musculaires, rentré chez lui)
Tchéquie
Attaquants :
Vít Jiskra (+2) – Jiří Černoch (+3, 2’) puis au match 2 Petr Kodýtek – Ondřej Beránek (+4, 2’) puis au match 2 Daniel Voženílek
Oscar Flynn puis au match 2 Radan Lenc – Filip Přikryl (+1, 2’) – Daniel Kurovský (+2)
Radan Lenc puis au match 2 Ondřej Kovařčík (+1) – Vojtěch Hradec (+1) – Ondřej Rohlík (+1)
Adam Kubík (+3) – Matyáš Filip (+1) – Jaromír Pytlík (+1)
Défenseurs :
Jiří Ticháček (+1) – Tomáš Kundrátek (C, +1, 4’) [puis Košťálek]
Tomáš Cibulka (+2) – Jan Košťálek (+1) [puis Kundrátek]
Dominik Mašín (+2, 2’) – Marian Adámek (+3) puis au match 2 Filip Pyrochta
Jakub Galvas (+2, 2’) – David Moravec (+2)
Gardien au match 1 :
Ondřej Kacetl (remplaçant : Dominik Frodl)
Gardien au match 2 :
Dominik Frodl (remplaçant : Šimon Zajíček)