La finale de Ligue Magnus a opposé sans contestation possible les deux meilleurs portiers des playoffs. Matt O’Connor a surclassé le meilleur gardien de saison régulière Quentin Papillon lors de la demi-finale contre Bordeaux, mais il a trouvé son maître en finale avec Matija Pintarič, qui a pris sa revanche sur la finale de Coupe. Vrai gardien de play-offs, le Slovène a encore montré à quel point il est capable de hisser son niveau de jeu quand ça compte vraiment. Ses deux blanchissages au match 2 et au match 3, tous deux dominés par Angers, ont été décisifs en finale. Toujours impeccable dans sa lecture du jeu et dans ses déplacements, Pintarič a donc réussi l’exploit d’être élu MVP de la finale deux ans de suite avec deux clubs différents. Il est toujours la référence du championnat à son poste.
En défense, Jere Rouhiainen (+10) et Ethan Cap (+5) sont tous deux sortis du lot à Angers alors que tous leurs autres collègues ont fini les play-offs avec des fiches négatives (« tous », ce n’est jamais que trois personnes puisque les Ducs tournaient à cinq derrière depuis la blessure d’Onno). On ne présente plus Rouhiainen, un des meilleurs défenseurs du championnat depuis son arrivée en France il y a quatre ans. Avec son aisance technique et sa vision du jeu, Le Finlandais a joué de grosses minutes dans les matchs à enjeu tout en maintenant sa qualité de patinage dans les deux sens de la glace. Ethan Cap est moins connu et a mis du temps à faire parler de lui, car c’est le prototype de l’arrière discret mais efficace. Le Canadien est solide en un contre un, il s’impose physiquement dans son enclave, il bloque les tirs et les lignes de passe, et il a une relance sûre. Toutes les qualités essentielles d’un défenseur dans sa zone, qui ont éclaté dans ces play-offs et lui valent une sélection dans la première équipe-type.
Il y retrouvera Alexis Binner, qui a réalisé des play-offs dans la lignée de la saison régulière. C’est un peu le joueur surprise de la saison des Brûleurs de Loups mais une sacrée trouvaille, tant défensivement qu’offensivement avec des stats impressionnantes (15 points en séries). Mais le duo Hilderman-Andersson a aussi joué un rôle discrets mais tellement essentiel. La paire défensive la plus solide des BDL était toujours la première envoyée sur la glace en infériorité numérique ou dans les dernières minutes d’un tiers. Difficile de les départager, priorité au droitier Jarod Hilderman – le plus physique des deux – pour la complémentarité de notre deuxième équipe-type.
Le poste de centre est dominé par le seul représentant d’une équipe non finaliste à être sélectionné. Julien Tessier est un joueur complet, constant aux engagements, capable de bien défendre. Au cours de ces play-offs, il est devenu le vrai leader de l’attaque d’Amiens avec 8 buts… dont 6 inscrits lors des trois victoires picardes sur l’île Lacroix. Cela inclut son but décisif à six minutes de la fin du match 2 (hat-trick) puis ses deux buts pour ressusciter son équipe au bord de l’élimination dans les sept dernières minutes du match 5, qu’il a clos en inscrivant en prime le dernier pénalty. Le cauchemar des Rouennais portait le numéro 19.
Après une saison régulière en demi-teinte, François Beauchemin a pesé dans le titre des Brûleurs de Loups. En ayant hissé son pourcentage d’efficacité aux mises au jeu au-dessus du 60%, il a été le pourvoyeur des palets de son trio, et particulièrement du buteur Boivin dont il anticipe parfaitement les mouvements par son intelligence de jeu. La complémentarité technique des ex-Dragons québécois (sans oublier le travail de l’ombre et la présence de Mallet) est évidente.
Christophe Boivin, donc, a confirmé en play-offs sa saison exceptionnelle et est l’évident premier choix à l’aile gauche. Pur buteur tant par la précision que par la vitesse de déclenchement de son tir, il est toujours là pour marquer dans des angles impossibles avec une régularité impressionnante. Ce joueur d’impact a sans doute été le meilleur Grenoblois cette saison avec sa vivacité mais aussi son activité inlassable qui use les défenses.
L’autre attaquant dominant de la saison régulière était Brady Shaw, mais en finale, il a été régulièrement neutralisé par le trio Dair-Koudri-Treille. Un argument qui justifie son éviction de la deuxième équipe-type, qui fait la part belle à ces deux ailiers grenoblois. Le capitaine exemplaire Sacha Treille a été décisif par son égalisation dans le dernier match de la finale et Aurélien Dair a lui aussi appris à monter en intensité dans les grandes occasions. Sa puissance de lancer a été un grand atout avec 7 buts en play-offs.
Le seul attaquant angevin de nos équipes-types est donc Sami Tavernier. Les forces des Ducs étaient concentrées sur son trio que Grenoble s’est appliqué à bloquer, mais ce guerrier déterminé qui aime quand l’enjeu s’élève a su être le joueur décisif de l’unique victoire angevine en finale. Le Franco-Finlandais avait déjà excellé en quart de finale contre Chamonix, qu’il avait éliminé en prolongation. Attaquant complet, remarquable par son abattage et son patinage, ce travailleur-modèle a été le meilleur marqueur des play-offs et un choix incontournable, qu’il faudra malheureusement patienter encore trois ans pour voir en équipe de France puisqu’il a représenté la Finlande à un Mondial U18.
Première ligne-type : Matija Pintarič (Grenoble) / Ethan Cap (Angers) – Alexis Binner (Grenoble) / Christophe Boivin (Grenoble) – Julien Tessier (Amiens) – Sami Tavernier (Angers).
Deuxième ligne-type : Matt O’Connor (Angers) / Jere Rouhiainen (Angers) – Jarod Hilderman (Grenoble) / Aurélien Dair (Grenoble) – François Beauchemin (Grenoble) – Sacha Treille (Grenoble).