Si la présence de la Russie aux JO reste inconnue, sa suspension et celle du Bélarus ont été prolongées jusqu’en 2026 par l’IIHF. Et si, par un pied-de-nez de l’histoire, leur absence permettait à l’Ukraine de faire son retour dans l’élite mondiale ? L’hypothèse paraissait un peu osée, puisque les Ukrainiens viennent tout juste de remonter de division IB. Deux promotions de suite, cela ne paraît plus si impossible depuis que la Grande-Bretagne l’a fait en 2018.
Jour après jour, les jaune et bleu se sont avérés très solides. Ils ont poussé aux tirs au but la Grande-Bretagne (défaite) puis l’Italie (victoire). Pour fêter l’anniversaire de leur capitaine Igor Merezhko, ils ont ensuite blanchi 4-0 leurs hôtes roumains – les organisateurs de la compétition chez qui ils ont mis en place toute leur préparation. Ils se retrouvent dans la course avant un match-clé contre la Pologne, leur voisin avec qui les rencontres sont toujours très serrées.
Róbert Kaláber, l’entraîneur slovaque de la Pologne, a cette fois choisi le vétéran canado-polonais John Murray dans les cages. Il a aussi modifié ses lignes après la défaite contre l’Italie, tant en défense qu’en attaque. Il a déplacé Kamil Sadlocha pour éviter qu’il se retrouve face au premier trio ukrainien qui fait très forte impression (Deniskin-Zakharov-Borodai), avouant espérer qu’il puisse faire la différence en deuxième ligne avec Alan Lyszarczyk. L’association de ces deux hommes ne se crée aucune occasion dans une première période fermée, où les Polonais pratiquent encore un jeu passif et peu créatif.
Dans cette véritable partie d’échecs, la moindre erreur compte. Impeccables défensivement pendant vingt minutes, les Polonais concèdent deux contre-attaques à la reprise, mais Murray s’interpose aussi bien devant Trakht que devant Zakharov. Et si l’Ukraine lève les bras après une action individuelle de haut vol d’Evgen Fadeyev qui a magnifiquement feinté Pas puis Ciura, les arbitres considère en regardant la vidéo que Denyskin a levé son patin pour reprendre le palet et que le but doit donc être annulé. Les évènements s’enchaînent en tout cas rapidement, loin du début de match ennuyeux. La première faute est sifflée contre Denyskin (faire trébucher). Une minute plus tard, Sadlocha reçoit une passe transversale de Dziubinski pendant un changement de ligne ukrainien puis effectue une passe abandon pour Alan Łyszczarczyk qui place son tir du poignet (photo ci-dessous).
Menant au score, la Pologne peut remettre les barbelés et son jeu conservateur. Mais l’Ukraine l’use sur une longue séquence installée en zone offensive. Viktor Zakharov finit par marquer alors que le gardien John Murray n’est plus en position et que Zygmunt a perdu l’équilibre et est tombé sur la glace (1-1).
Dès le début de la troisième période, un tir du poignet d’Igor Merezhko frappe le poteau. Ce n’est pas passé loin, mais ensuite l’Ukraine a une réussie maximale. Le lancer balayé à mi-distance de Viktor Zakharov, servi de derrière la ligne de but par Denyskin, bat Murray côté mitaine (1-2). La Pologne pousse pour revenir, mais en vain, même pendant une pénalité de Denyskin. Un palet envoyé en fond de zone est gagné trop facilement dans le coin par Korenchuk face à un Bizacki défensivement trop faible. Il peut donc profiter du mauvais placement de la défense pour centrer vers Stanislav Sadovikov, dont le but est facile car Murray est masqué par son propre défenseur Mateusz Bryk (1-3). Après une succession de maladresse de son trio, Lyszczarczyk donne le palet en retrait à Peresunko, le champion de… deuxième division slovaque, qui envoie Trakht clore le score en échappée sous les bottes de Murray (1-4). Les Polonais sont éliminés.
Endurants et impliqués, les Ukrainiens ont démontré une bonne condition physique et des qualités intéressantes. Mais rendons-nous compte de l’exploit ! Ces joueurs sont sous-cotés. Beaucoup d’entre eux jouent dans des deuxièmes divisions, comme le défenseur Artem Hrebenyk en France chez les Yétis du Mont-Blanc. Trois d’entre eux évoluent d’ailleurs chez leur adversaire du jour en Pologne… dans des clubs de bas de tableau. Cette semaine, ils se surpassent pour défendre les couleurs de leurs pays meurtri par la guerre.
Il suffit d’un tout petit point samedi face au Japon (qui a déjà assuré son maintien en battant la Roumanie ce soir) et l’Ukraine accèdera à l’élite mondiale. Les Britanniques ont aussi besoin d’un point, face à une Pologne quasiment éliminée, pour obtenir la promotion. Même si elle gagne son dernier match contre la Roumanie, l’Italie est donc cruellement dépendante donc de l’échec des autres si elle veut retourner au plus haut niveau…
Désignés joueurs du match : Mateusz Goscinski pour la Pologne et Bohdan Dyachenko pour l’Ukraine.
Pologne – Ukraine 1-4 (1-0, 0-2, 0-2)
Jeudi 1er mai 2025 à 16h00 à Sfântu Gheorghe (ROU). 2355 spectateurs.
Arbitres : Mark Pearce (CAN) et Marcus Wannerstedt (NOR) assistés de Renars Davidonis (LET) et Gasper Jaka Zgonc (SLO).
Pénalités : Pologne 4′ (0′, 4′, 0′) ; Ukraine 4′ (0′, 2′, 2′).
Tirs : Pologne 27 (7, 8, 12) ; Ukraine 21 (7, 7, 7).
Évolution du score :
1-0 à 25’28” : Łyszczarczyk assisté de Sadłocha et Dziubiński (sup. num.)
1-1 à 32’23” : Zakharov assisté de Denyskin et Sysak
1-2 à 43’08” : Zakharov assisté de Borodai et Denyskin
1-3 à 50’16” : Sadovikov assisté de Korenchuk
1-4 à 55’00” : Trakht assisté de Peresunko
Pologne
Attaquants :
Pawel Zygmunt (-1) – Dominik Paś (-2) – Bartlomiej Jeziorski (-1)
Alan Łyszczarczyk (-3) – Filip Komorski (A, -2) – Kamil Sadłocha (-3)
Patryk Krezolek – Damian Tyczynski – Krystian Dziubiński (C)
Mateusz Gosciński – Mikolaj Syty – Krzysztof Macias
Défenseurs :
Jakub Wanacki (-3) – Bartosz Ciura (A, -3, 2’)
Olaf Bizacki (-1) – Mateusz Bryk (-1)
Kamil Górny – Michal Naróg
Karol Biłas (2’) – Mateusz Zieliński
Gardien :
Tomas Fučík
Remplaçant : John Murray (G). En réserve : Maciej Miarka (G).
Ukraine
Attaquants :
Andriy Deniskin (+2, 4’) – Viktor Zakharov (+3) – Denys Borodai (+2)
Danylo Trakht (+1) – Evhen Fadeyev – Ilya Korenchuk (+1)
Vitaly Lialka (A, +1) – Stanislav Sadovikov (+1) – Oleksandr Peresunko (+1)
Oleksii Vorona – Ilarion Kuprianov – Oleksii Yanishevskyi
Défenseurs :
Ivan Sysak (+2) – Igor Merezhko (C, +2)
Artem Hrebenyk (+1) – Filyp Pangelov-Yuldahsev (A, +1)
Evheny Ratushny (+1) – Hlib Varava puis à 25’28” Oleksi Dakhnovsky (+1)
Gardien :
Bohdan Dyachenko
Remplaçant : Oleksandr Levshin (G). En réserve : Serhyi Pysarenko (G), Hlib Krivoshapkin (A, blessé).