Deux pays habitués à se rencontrer en quart de finale (six fois sur leurs dix dernières confrontations, dont la victoire tchèque 1-0 l’an passé) se retrouvent pour une fois au dernier match de poule.
Les Tchèques visent la première place du groupe en cas de victoire, ce qui les assurerait de rester à Herning et d’affronter l’Autriche (ou éventuellement le Danemark qui ne peut affronter l’autre pays organisateur). Dans le cas contraire, ils auront un adversaire bien plus difficile. Les États-Unis ne peuvent plus finir premiers, mais ils peuvent passer devant leur adversaire du jour en cas de succès dans le temps réglementaire.
Le match démarre fort, dans une belle ambiance assurée par les supporters tchèques : de la vitesse, des mises en échec et une intensité tout de suite maximale. Les Américains obtiennent les premiers tirs, les rouges mettent ensuite une forte pression sur la cage de Jeremy Swayman. Les deux équipes essaient d’imposer leur loi à chaque arrêt de jeu. Les arbitres ont du travail pour maintenir l’ordre. Ils essaient d’abord de partager les pénalités, mais quand David Pastrňák envoie un direct du droit à McCarron devant la cage américaine, il part tout seul en prison. Vejmelka capte son rebond le tir de Conor Garland et la puissante reprise de Tage Thompson, puis ses coéquipiers maintiennent le jeu hors de la zone pendant la seconde minute d’infériorité, sous les ovations du public.
On revient à cinq, Andrew Peeke balance au fond de toutes ses forces et ses collègues bossent dans les balustrades. Peeke envoie à la cage, le palet frappe Josh Doan qui se retourne pour un tir du revers au moment où Vejmelka soulève sa botte droite et marque son premier but en championnat du monde (0-1, photo ci-dessous).
Filip Hronek est à son tour pénalisé pour un geste après le coup de sifflet. Vejmelka doit parer de la botte droite le rebond pris à bout portant par Conor Garland. Quand la pénalité s’achève, Ticháček fait trébucher Buium… mais Cutter Gauthier commet un accrochage quelques mètres plus loin et empêche l’avantage numérique qui se profile.
On reprend le jeu à 5 contre 5, et ça vaut mieux pour les Américains car Martin Nečas est fait trébucher par Skjei à la ligne bleue. À 4 contre 5, les blancs se procurent deux occasions : d’abord, Matty Beniers prend son propre rebond en contre-attaque, puis Frank Nazar vole le palet dans la crosse d’Adam Klapka et remet en retrait à Josh Doan qui tire sur le poteau, passant tout près du doublé.
Les Américains affamés se sont vraiment jetés sur leur proie, avec 23 tirs en vingt minutes. Le dernier, signé Mike McCarron, a été détourné par le haut du masque de Vejmelka.
Le niveau s’est clairement élevé en préparation des phases finales. La moindre erreur est interdite, de part et d’autre. Au début de la deuxième période, la mauvaise passe de Tage Thompson en zone offensive est interceptée dans l’axe par Roman Červenka. Le capitaine lance aussitôt David Pastrňák qui est parti en échappée et signe un tir magistral de finesse en pleine lucarne (1-1).
Le premier trio tchèque est toujours aussi dangereux à chaque présence. Passe du coin de Červenka pour Pastrňák et rebond pour Lukáš Sedlák qui oblige Swayman à son meilleur arrêt. Le jeu repart dans l’autre sens mais Jackson Lacombe commet une faute en zone offensive lorsqu’il accroche Ticháček. En supériorité numérique, Maître Pastrňák s’avance le regard bien droit sur le gardien et fait soudain une passe aveugle vers Martin Nečas tout à gauche qui a l’angle grand ouvert (2-1). Pastrňák a retourné le score.
Le premier bloc tchèque est dominant, mais les Américains ont une production offensive plus homogène. Shane Pinto décale sur le côté droit Jackson Lacombe dont le lancer frappe l’extérieur du poteau. C’est déjà la deuxième fois que celui-ci sauve Vejmelka.
Adam Klapka et Conor Garland ne se lâchent pas, les arbitres mettent longtemps à les séparer et les deux hommes continuent de s’invectiver depuis les bancs des prisons. La longue interruption qui s’ensuit n’endort pas les spectateurs tchèques : c’est toute la patinoire qui saute pour rappeler l’atmosphère de Prague 2024 !
Une passe à une touche de palet de Will Smith en zone neutre envoie Cutter Gauthier en 2 contre 1 avec Pinto, mais sa passe est contrée par l’intervention décisive du défenseur David Špaček.
À force de multiplier les intimidations, ce qui devait arriver arrive. Face-à-face derrière la cage, Jakub Krejčík et Logan Cooley s’envoient des cross-checks mutuels en tenant leur crosse à la même hauteur. Sauf que Krejčík est plus grand et atteint à la tête son adversaire qui s’effondre. Conclusion des arbitres : 2’+2’ pour le défenseur tchèque pour crosse haute. Vejmelka réussit un arrêt réflexe de la botte sur un rebond en angle de Zach Werenski et préserve l’avantage avant de rentrer aux vestiaires.
La seconde partie de la pénalité se déroule au troisième tiers, et les Américains sont aussi dangereux avec leur seconde unité de powerplay. Le one-timer de Will Smith dans le cercle gauche est dévié dans le slot par Frank Nazar (2-2, photo ci-dessous). L’indiscipline de Krejčík (qui était le défenseur au marquage sur l’ouverture du score américaine) commence à dépasser les bornes et a coûté cher.
La loi du talion continue de régner sur la glace. Mis en échec par Sedlák, Logan Cooley lui donne un vilain coup de crosse alors qu’il est au sol, puis Krejčík – encore lui – vient s’en mêler… et annule une supériorité numérique potentielle de son équipe. Pour se faire l’avocat du récidiviste tchèque, l’Américain a amplifié la portée de son geste par une grossière simulation.
À 5 contre 5, Nečas décale Tomáš Kundrátek qui a la cage ouverte… mais tire dans le patin du défenseur Skjei. Puis, sur un rebond près de la cage américaine, Matěj Stránský fait trébuchr Skjei. L’accumulation des pénalités tchèques est une bénédiction pour Frank Nazar, qui fait écran et dévie le tir de Gauthier pour s’offrir un doublé (2-3).
Les Tchèques ont de nouveau glissé en troisième position de la poule et doivent réagir. La protection de palet de Pastrňák peut y aider, Drew O’Connor le retient. Les Américains tuent cette pénalité sans dommage, puis repassent à l’action, s’offrant à leur tour un but de toute beauté : passe du coin de Clayton Keller pour la déviation en lucarne de Logan Cooley (2-4, photo ci-dessous). Sur l’engagement, Will Smith fonce à la cage et Kundrátek le fait trébucher. Aucun but ne résulte de cette nouvelle faute mais le temps file. Quand Vejmelka quitte sa cage, Andrew Peeke vise les filets déserts depuis sa zone défensive (2-5).
Les supporters tchèques semblent effondrés, mais ce n’est qu’un match de poule, même si l’invincibilité des champions du monde prend fin. Leur équipe, qui était la deuxième plus disciplinée avant ce match, a appris à ses dépens qu’elle ne pouvait pas se permettre de prendre autant de pénalités et qu’il y avait une ligne à ne pas franchir dans les intimidations mutuelles. C’est sûrement une bonne leçon avant les phases finales. Une leçon contre qui ? À cet instant, trois options sont possibles (Suède, Finlande et Canada). Ils apprendront dans la soirée qu’ils devront aller à Stockholm affronter le pays hôte, un challenge bien différent d’un match face à l’Autriche.
D’ici là, un renfort doit arriver. On savait que ce ne pourrait pas être Tomáš Hertl, blessé à l’épaule, mais en fin de compte, le centre défensif David Kämpf est peut-être finalement une option toute aussi valable pour donner un peu de densité à cette équipe tchèque.
Les Américains, eux, hériteront de la Finlande, un match qu’ils aborderont en favoris après cette démonstration de puissance offensive.
Désignés joueurs du match : David Pastrňák pour la Tchéquie et Frank Nazar pour les États-Unis.
Commentaires d’après-match :
Radim Rulík (entraîneur de la Tchéquie) : « Ils étaient clairement meilleurs. Ils avaient plus de mouvement, des qualités de vitesse, ils se sont créé des occasions et ils nous ont dominés aux tirs à chaque période. C’était une victoire bien méritée pour les Américains. Nous avons perdu de l’énergie dans les pénalités. Chaque faute était un peu différente. Nous n’en voulons pas dans la moitié de terrain adverse. Globalement, si on veut un match équilibré contre un tel adversaire, il faut prendre deux pénalités. Cela vient de la frustration et de la perte de force. Nous ne voulions certainement pas concéder autant de tirs. Mais ce sont tous des joueurs de NHL, ils ont de la qualité. Et quand ils patinent mieux après avoir eu un jour de repos… Un tel match peut se produire. Nous ferons en sorte que cette défaite nous aide. Nous n’allons pas la décortiquer, nous dirons l’essentiel. Elle nous a montré que ça ne peut pas se passer ainsi en quart de finale. Si nous voulons réussir, nous devons jouer un match complètement différent. »
République tchèque – États-Unis 2-5 (0-1, 2-0, 0-4)
Mardi 20 mai 2025 à 16h20 à la Jyske Bank Boxen de Herning. 8441 spectateurs.
Arbitres : Tobias Björk (SUE) et Mike Langin (CAN) assistés d’Onni Hautamäki (FIN) et Tarrington Wyonzek (CAN).
Pénalités : Tchéquie 6’ (4’, 0’, 6’) ; États-Unis 8’ (0’, 4’, 4’).
Tirs : Tchéquie 27 (8, 8, 11) ; États-Unis 56 (23, 15, 18).
Évolution du score :
0-1 à 09’25” : Doan assisté de Peeke et Pinto
1-1 à 20’41” : Pastrňák assisté de Červenka
2-1 à 28’33” : Nečas assisté de Pastrňák et Sedlák (sup. num.)
2-2 à 41’35” : Nazar assisté de Smith et Buium (sup. num.)
2-3 à 47’01” : Nazar assisté de Gauthier et Buium (sup. num.)
2-4 à 53’29” : Cooley assisté de Keller et Werenski
2-5 à 57’06” : Peeke assisté de O’Connor (cage vide)
Tchéquie
Attaquants :
Roman Červenka (C) – Lukáš Sedlák – David Pastrňák (A, 2’)
Ondřej Beránek – Martin Nečas (-1) – Jakub Flek
Jakub Lauko (-2) – Petr Kodýtek – Matěj Stránský (2’)
Daniel Voženílek (-1, 4’) – Michael Špaček (-2) – Adam Klapka (-2, 2’)
Défenseurs :
Jakub Krejčík (-1, 6’) – Filip Hronek (A, 2’)
Libor Hájek – Tomáš Kundrátek (2’)
Filip Pyrochta – David Špaček (-2)
Jiří Ticháček (2’)
Gardien :
Karel Vejmelka [sorti de 56’50” à 57’06”]
Remplaçants : Daniel Vladař (G), Filip Zadina (A). Absents : Josef Kořenář (G), Daniel Gazda (D), Jáchym Kondelík (A, main cassée).
États-Unis
Attaquants :
Clayton Keller (C, +1) – Logan Cooley (+1, 4’) – Conor Garland (+1, 4’)
Drew O’Connor (+1, 2’) – Matty Beniers (-1) – Tage Thompson (A, -1)
Cutter Gauthier (2’) – Shane Pinto (+2) – Will Smith
Mikey Eyssimont (2’) – Michael McCarron – Frank Nazar
Josh Doan (+2)
Défenseurs :
Zach Werenski (A, +1) – Jackson LaCombe (2’)
Brady Skjei (A, +1, 2’) – Andrew Peeke (+2)
Alex Vlasic – Michael Kesselring
Zeev Buium
Gardien :
Jeremy Swayman
Remplaçant : Joey Daccord (G). En réserve : Hampton Slukynsky (G), Mason Lohrei (D), Isaac Howard (A).