Les organisateurs suédois avaient réservé quelques centaines de places pour les supporters des équipes participantes. Lorsque le Danemark s’est qualifié après avoir créé la sensation face au Canada, ils ont ouvert une section à la vente (sans passer par la fédération danoise débordée par les demandes) et les billets ont évidemment été pris d’assaut. Mais le petit groupe de supporters qui a réussi à obtenir les précieux sésames ne peut évidemment reproduire à Stockholm l’ambiance qui existait à Herning. Les fans suisses, en habitués, sont bien plus bruyants, dans une patinoire parsemée de maillots jaunes dont les porteurs doivent encore ruminer ce qu’ils ont vu lors de la première demi-finale.
Hors de son quartier général de Herning, sans l’atmosphère magique de son public qui l’a porté, le Danemark peut-il répéter ses exploits ? La Suisse n’a peut-être pas le prestige de la feuille d’érable, mais elle a remporté sa poule de manière au moins aussi convaincante. Et elle a passé l’époque où elle trébuchait en position de favorite en match éliminatoire, elle l’a montré lors de son quart de finale impeccable face à l’Autriche.
La Suisse donne vite une impression visuelle de domination, mais elle n’a pas la partie facile pour entrer dans l’enclave face à la défense danoise et se procurer de bonnes positions. Tyler Moy n’arrive pas à pousser dans la cage ouverte le palet le plus dangereux qui a été mis en retrait par Christoph Bertschy. Le Danemark joue dans la même veine que lors de son exploit contre le Canada, menant même aux tirs (avec des lancers extérieurs sans danger).
La Nati met toujours beaucoup de mouvement en zone offensive pour déstabiliser la défense et J.J. Moser centre pour Nino Niederreiter qui redirige le palet entre les bottes du gardien Fredrik Dichow… avec le mollet (1-0). Les arbitres décident de leur propre initiative d’aller dans le local vidéo, ils discutent entre eux pendant cinq minutes en mettant la main pour se couvrir la bouche… et ils finissent par accorder le but. Décision cohérente avec les standards actuels, puisqu’il n’y a pas eu de mouvement de la jambe vers l’avant.
En plus, la Suisse a la chance avec elle sur le deuxième but. Simon Knak est le premier derrière la cage sur un palet envoyé au fond par Damien Riat qui a eu un ralentissement opportun. L’attaquant de Davos passe aussitôt en retrait à Ken Jäger dont le tir repoussé par Dichow… rebondit sur l’épaule de Markus Lauridsen et entre dans les filets (2-0, photo ci-dessous).
La première pénalité est sifflée pour un coup de crosse de Patrick Russell sur les poignets de Sven Andrighetto au moment d’un tir. Nino Niederreiter impose son grand gabarit dans le slot à 5 contre 4. Après une reprise de volée de Malgin repoussée par les jambières de Dichow, il montre ses réflexes de buteur en rabattant le palet au sol d’un coup de gant puis en pivotant pour un tir du revers (3-0). Trois buts en huit tirs, l’efficacité suisse a été maximale pendant ses vingt premières minutes. Le Danemark n’a rien à se reprocher et fait son match, mais il n’y a rien faire contre cette mécanique implacable.
Le deuxième tiers-temps reprend dans les mêmes tons. Mais voilà que Denis Malgin prend une pénalité idiote quand il fait trébucher Koch en zone offensive… et que Bertschy le rejoint en prison après avoir accroché Ehlers au passage de la ligne bleue ! Après ces deux entorses d’un seul coup à la discipline suisse, le Danemark peut jouer pendant 1’25” à cinq contre trois. Les lances blancs sont cependant tous repoussés au loin par Leonardo Genoni (ou par la crosse de Glauser au passage). Même avec deux hommes en moins, la Nati n’a jamais paru ressentir de menace.
Jesper Jensen Aabo retient un peu trop longtemps Knak dans le coin, mais cette fois le Danemark tue la pénalité et maintint l’écart. Pas plus. Le jeu se maintient essentiellement le long des bandes, dans la zone danoise. Il ne se passe rien d’excitant. Et puis, en fin de tiers, après une charge suivie d’une récupération de palet de Timo Meier dans le coin, Denis Malgin dribble son vis-à-vis (Russell) en un contre un et marque son premier but du tournoi, à ajouter à ses 10 assists (4-0). Kevin Fiala charge Nicholas B. Jensen dans la bande mais l’avantage numérique prend fin quand Russell fait trébucher Malgin et la sirène retentit.
Bien loin du chaudron de Herning de jeudi, on entend chaque coup de patin et chaque contrôle de palet dans une patinoire de Stockholm également à guichets fermés. On sait d’avance que la suite sera sans histoires, on a déjà vu dans cette quinzaine ces troisième tiers-temps où la Nati lève gentiment le pied et s’économise sans laisser néanmoins la moindre fenêtre d’espoir à ses adversaires.
Les Suisses le font encore… en poursuivant quand même leur festival. Avec son coup de patin puissant, Christoph Bertschy bat tour à tour les deux défenseurs danois : il élimine Mathias Lassen en un contre un en sortie de zone puis déborde Markus Lauridsen le long de la bande sans se laisser coincer. L’attaquant de Fribourg-Gottéron passe ensuite en retrait pour Sandro Schmid qui conclut seul face à la cage (5-0).
Mikael Gath protège alors le héros Dichow et/ou relance Sebastian Dahm. Pas forcément un cadeau que de faire rentrer le vétéran à froid. Il concède un mauvais but à son poteau sur un lancer en angle de Jonas Siegenthaler qui a remonté facilement la glace sans être gêné. Par chance pour Dahm, son coach demande un challenge et la vidéo montre que Bertschy était nettement hors-jeu.
Baechler fait trébucher Ehlers, ce qui permet à Aagaard de prendre le premier tir cadré du Danemark dans ce dernier vingt. Mais dès que la Nati revient au complet, Damien Riat reprend de volée la petite passe en retrait de Christoph Bertschy. Nouveau but encaissé par Dahm… et nouveau challenge pour un hors-jeu de Bertschy ! Mais cette fois, image par image, le numéro 88 a bien tendu la jambe et maintenu la pointe de son patin sur la ligne bleue pendant que le palet la traversait. 6-0 pour de bon, donc.
Et deux minutes pour retard de jeu, bien sûr. Un slap puissant de Damien Riat fait résonner le poteau. Changement de ligne. Sandro Schmid fait sortir Dahm de sa cage, le contourne et passe en retrait à Tyler Moy qui a les filets offerts, la crosse au sol de Lassen ne faisant qu’y lever le palet (7-0, photo ci-dessous). Les supporters suisses chantent, les autres spectateurs attendent la fin.
La Suisse n’est pas l’équipe qui aura participé aux rencontres les plus palpitantes de ce tournoi, mais c’est parce qu’elle a souvent été tout simplement trop forte. Très sûre de son jeu, elle est aussi toujours première sur le palet par sa vitesse de patinage, surtout contre une équipe contre le Danemark qui ne peut rivaliser dans ce domaine. Leonardo Genoni y a récolté son quatrième blanchissage sur ses cinq dernières titularisations en faisant face à 17 tirs, dont seulement 5 depuis des zones à danger notable.
Cette rencontre était la première réédition d’un match de poule, et la Nati y a confirmé son succès de tout début de tournoi. La seconde revanche, ce sera la finale, et il est très difficile de battre deux fois une équipe de premier plan dans un même tournoi : aux Helvètes de confirmer la leçon qu’ils avaient donnée aux Américains à Herning… mais ceux-ci ont nettement élevé leur niveau dans les douze jours d’intervalle. Après l’équipe la plus âgée, la Nati devra affronter la formation la plus jeune et ce sera une autre paire de manches. Il ne fait en tout cas aucun doute que ce sont les deux meilleures équipes de la compétition qui se retrouvent en finale, n’en déplaise aux favoris initiaux.
Le Danemark, pour sa part, devra reprendre ses esprits dans un duel des pays-hôtes, face à une Suède sûrement plus déçue que lui de jouer la troisième place.
Désignés joueurs du match : Nikolaj Ehlers pour le Danemark et Leonardo Genoni pour la Suisse.
Trois meilleurs Danois du tournoi selon leurs entraîneurs : Oscar Fisker Mølgaard, Jesper Jensen Aabo et Nick Olesen.
Trois meilleurs Suisses du tournoi selon leurs entraîneurs : Denis Malgin, Leonardo Genoni et Sven Andrighetto.
Commentaires d’après-match :
Patrick Fischer (entraîneur de la Suisse) : « C’est très beau d’être en finale. C’était notre objectif aujourd’hui. Nous avons mis notre plan à exécution. Nous savions que ce serait difficile. Les Danois ont réalisé un moment fort il y a deux jours. Nous avons dû leur mettre la pression, patiner, jouer dur et ne rien leur laisser derrière. »
Jesper Jensen Aabo (capitaine du Danemark) : « Nous passons toujours un moment difficile contre la Suisse. Nous savons que c’est une grande équipe, nous espérions un match plus serré mais nous avons eu un départ compliqué et trois buts faciles, ensuite c’est dur. Nous devons juste oublier ce match. Nous avons un moment historique demain, nous devons avoir e sourire sur notre visage dès à présent après le match et, espérons-le, faire un grand match et faire l’histoire. »
Suisse – Danemark 7-0 (3-0, 1-0, 3-0)
Samedi 24 mai 2025 à 18h20 à l’Avicii Arena de Stockholm. 12 530 spectateurs.
Arbitrage de Christoffer Holm (SUE) et Jan Hribik (TCH) assistés de Nick Briganti et Jake Davis (USA).
Pénalités : Suisse 10’ (0’, 8’, 2’) ; Danemark 10’ (2’, 6’, 2’).
Tirs : Suisse 34 (8, 11, 15) ; Danemark 17 (6, 7, 4).
Évolution du score :
1-0 à 09’23” : Niederreiter assisté de Moser et Fiala
2-0 à 12’47” : Jäger assisté de Knak et Riat
3-0 à 17’23” : Niederreiter assisté de Malgin et Kukan (sup. num.)
4-0 à 37’38” : Malgin assisté de Meier
5-0 à 44’48” : Schmid assisté de Bertschy et Siegenthaler
6-0 à 52’02” : Riat assisté de Bertschy
7-0 à 53’26” : Moy assisté de Schmid et Meier (sup. num.)
Suisse
Attaquants :
Sven Andrighetto (A) – Denis Malgin (+2, 2’) – Timo Meier (+1)
Kevin Fiala (+1, 2’) – Andres Ambühl – Nino Niederreiter (+1)
Sandro Schmid (+1) – Tyler Moy – Christoph Bertschy (+2, 2’)
Simon Knak (+2) – Ken Jäger (+1) – Damien Riat (+2)
puis à 40’00” Nicolas Baechler (+2, 2’)
Défenseurs :
Jonas Siegenthaler (A, +2, 2’) – Dean Kukan (+3)
Janis Moser (+1) – Andrea Glauser (C, +1)
Christian Marti (+1) – Michael Fora (+1)
Tim Berni (+1)
Gardien :
Leonardo Genoni
Remplaçant : Stéphane Charlin (G). En réserve : Sandro Aeschlimann (G), Dominik Egli (D), Grégory Hofmann (A). Substitué sur blessure : Nico Hischier.
Danemark (2’ pour retard de jeu)
Attaquants :
Nick Olesen (-3) – Oscar Fisker Mølgaard (-1) – Nikolaj Ehlers (-1)
Jonas Røndbjerg (-1) – Patrick Russell (A, -1, 4’) – Nicklas Jensen (-1)
Mikkel Aagaard (-1, 2’) – Alexander True (-2) – Joachim Blichfeld (-1)
Morten Poulsen (-1) – Christian Wejse (-1) – Mathias Bau Hansen (-1)
puis à 20’00” Mathias From
Défenseurs :
Jesper Jensen Aabo (C, 2’) – Phillip Bruggisser (-2)
Mattias Lassen (-3) – Markus Lauridsen (-3)
Anders Koch – Oliver Lauridsen (A)
Nicholas B. Jensen (-2)
Gardien :
Frederik Dichow puis à 44’48” Sebastian Dahm
En réserve : Mathias Seldrup (G), Felix Maegaard Scheel (A), Nicolai Meyer (A).