Les Tchèques ont-ils raté le train de la modernité ?
Les deux grands changements de sélectionneurs de l’été ont modifié le paysage du hockey européen. L’arrivée de l’ancien entraîneur des juniors Pär Mårts a extrêmement remarquée : le nouveau visage de la Tre Kronor, plus agressif et plus direct, est très apprécié en Suède, et est déjà cité en exemple à l’étranger, après seulement quelques mois, comme le prototype du hockey moderne.
On n’en dira pas autant de la République Tchèque, qui n’a pas vraiment ouvert une nouvelle ère puisqu’elle a rappelé un entraîneur du passé avec Alois Hadamczik. Elle est la grande nation d’Europe au jeu le moins actif, et certains sont déjà prompts à proclamer qu’elle a raté le train de la modernité. Ce n’est pas qu’un problème de sélectionneur : Hadamczik dénonçait hier un défaut culturel datant du plus jeune âge qui empêchait ses joueurs d’aller vraiment dans la zone de danger vers la cage adverse.

Un pressing mal coordonné lui coûte même le premier but. Les deux ailiers sont montés, mais Sebastian Erixon dégage sans trembler par la bande. Niklas Persson est à la réception en zone neutre, alors qu’il y a quatre Tchèques (!) en zone offensive. Le centre Rolinek et surtout l’arrière Karel Rachunek sont positionnés trop haut. Le défenseur restant Blatak fonce sur Persson, qui libère dans l’axe Dick Axelsson lancé seul vers le premier but – photo de droite – inscrit d’un revers à mi-hauteur (0-1, 10’44).
Leur meilleure occasion, les Tchèques se la créent sur une erreur suédoise : à l’avant-dernière minute du premier tiers-temps, Magnus Johansson cafouille le palet à l’entrée de la zone neutre, et permet à Petr Vampola de se présenter seul sur la gauche du but, sans grand danger pour un gardien bien placé. Les blancs bénéficient de nombreux avantages numériques, mais des joueurs comme Zackrisson et Warg mettent une pression si inlassable sur l’adversaire qu’ils deviennent dangereux même en infériorité.

Et contre toute attente, les Tchèques prennent l’avantage sur une action individuelle : Ivan Rachunek réussit un petit pont sur Fernholm à la ligne bleue, prend un premier lancer, puis transforme le rebond par un revers non cadré qui rebondit sur le masque du gardien en direction du but – photo de gauche (2-1, 31’44). Le jeu change du tout au tout, les Tchèques sont dans leur élan et ont maintenant l’avantage. Sur un palet remis de derrière la cage par Vasicek, la seule chose qui empêche Irgl de marquer après avoir contourné le gardien, ce sont… les patins de son coéquipier Kvapil ! Le croiras-tu, Alois, pour une fois il y avait trop de joueurs tchèques dans le slot !
Après une fin de deuxième période très difficile, la Suède se remotive à la reprise et repart de l’avant. Mais elle se crée peu d’occasions face à une défense bien organisée, et les tirs tchèques semblent plus incisifs. Une pénalité de Magnus Johansson est exploitée en quatorze secondes par un powerplay tchèque enfin efficace, pour la première fois du tournoi. Le tir de Karel Rachunek de la bleue est détourné par la botte du gardien sur Tomas Rolinek, oublié au second poteau par Staffan Kronwall, qui n’a plus qu’à pousser le palet dans les filets déserts – photo de droite (3-1, 46’20).

Pour la première fois depuis leur titre de champion du monde, les Tchèques ont donc gagné dans le temps réglementaire et font taire les critiques. Une vraie victoire, avec l’art et la manière. Ils ont joué en crescendo tout au long de la partie et ont semblé prendre confiance. Le déclic était sans doute plus mental que technique ou même tactique. Ils prennent la deuxième place du tournoi, leur meilleure depuis huit ans, alors que les Suédois n’arrivent toujours pas à en faire autant dans cette manche russe de l’Euro Hockey Tour.
Désignés joueurs du match : Jakub Stepanek pour la République Tchèque et Niklas Persson pour la Suède.
Commentaires d’après-match
Alois Hadamczik (entraîneur de la République Tchèque) : « Je suis content du résultat et du jeu. Nous avons pratiqué un bon hockey, la victoire n’était pas accidentelle. On a eu des leaders comme Tomas Rolínek ou Karel Rachunek. Je suis content des joueurs d’Extraliga : Adamsky a très bien joué, comme Jan Kovar et Ivan Rachunek. Aucun des défenseurs n’a déçu. Nous avions peut-être raté le premier tournoi, mais si nous n’avions pas perdu le premier match contre la Suède, tout aurait pu être complètement différent. Il s’avère que nous sommes capables de battre une très forte équipe, et j’aime ça. »
République Tchèque – Suède 4-1 (0-1, 2-0, 2-0)
Dimanche 19 décembre 2010 à 18h00 à l’Arena Khodynka « Megasport » de Moscou. 3000 spectateurs.
Arbitrage de Konstantin Olenin et Aleksei Ravodin (RUS) assistés de Viktor Birin et Andrei Putilin (RUS).
Pénalités : République Tchèque 12′ (2′, 2′, 8′) ; Suède 10′ (4′, 2′, 4′).
Tirs : République Tchèque 32 (10, 11, 11) ; Suède 26 (9, 7, 10).
Évolution du score :
0-1 à 10’44 : Axelsson assisté de Persson et Erixon
1-1 à 26’30 : Klepis assisté de Marek et Rolinek
2-1 à 31’34 : I. Rachunek assisté de Lojek
3-1 à 46’20 : Rolinek assisté de K. Rachunek (sup. num.)
4-1 à 57’14 : Vasicek (cage vide)
République Tchèque
Attaquants :
Tomas Rolinek (C) – Jan Marek – Jakub Klepiš (A)
Martin Adamský – Jan Kovár – Martin Ruzicka
Marek Kvapil (+1) – Josef Vašícek (+1, 2′) – Zbynek Irgl (+1)
Petr Vampola (+1) – Petr Koukal (+1) – Ivan Rachunek (+1)
Défenseurs :
Miroslav Blaták (+1) – Karel Rachunek (A, 2′)
Petr Cáslava (+2, 2′) – Martin Lojek (+1, 2′)
Michal Barinka – Lukáš Krajícek
Jakub Nakladal (4′)
Gardien :
Jakub Štepánek
Remplaçant : Miroslav Kopriva (G). En réserve : Jan Bulis (ménagé au dernier match, accord avec son club), Petr Hubacek (raisons médicales).
Suède
Attaquants :
Joakim Lindström (-1) – Niklas Persson (4′) – Dick Axelsson
Patrik Zackrisson (-1) – Mattias Sjögren – Daniel Brodin
Nicklas Danielsson (-1) – Fredrik Warg (-2, 2′) – Björn Melin (-1, 2′)
Jakob Silfverberg – Marcus Krüger (-1) – Martin Thörnberg (2′).
Défenseurs :
Mattias Ekholm (-1) – Magnus Johansson (C, -1, 2′)
David Petrasek (A) – Daniel Fernholm (-1)
David Rundblad (A) – Staffan Kronwall (-1)
Sebastian Erixon
Gardien :
Stefan Liv [sorti à 56’27]
Remplaçant : Daniel Larsson (G). En réserve : Jimmie Ericsson, Robert Nilsson.
 
			 
                                





























 
			








