L’Étoile noire fait de la résistance
Cette fois, les Strasbourgeois n’ont plus le choix. Une nouvelle défaite à l’Iceberg signifierait leur fin de saison sans autre forme de procès. La victoire est donc obligatoire pour l’Étoile noire, battue la veille, qui doit impérativement s’imposer pour gagner le droit de disputer une cinquième manche décisive à Poissompré. Mais encore faut-il venir à bout de Spinaliens désireux d’enfoncer le clou. Des Gamyo n’ayant plus besoin qu’un petit succès pour se débarrasser d’un adversaire n’ayant assurément pas dit son dernier mot.
Si Daniel Bourdages a choisi de permuter Julien Burgert et Sébastien Trudeau dans l’espoir de redynamiser ses deux premiers trios, Philippe Bozon a lui décidé d’interchanger Grégory Beron, Nicolas Leonelli et Pierre-Charles Hordelalay. Anže Kuralt, qui a participé à l’échauffement, faisant toujours défaut aux Gamyo, à l’instar d’un Peter Slovák commotionné la veille et toujours remplacé, au côté du capitaine Maxime Ouimet, par Martin Charpentier.
Les lignes spinaliennes vont toutefois évoluer au cours de la soirée, après la sortie prématurée de Nicolas Leonelli à la toute fin d’un premier tiers débordant d’engagement. Il ne fallait de toute façon pas en attendre moins des Alsaciens, rapidement menaçants (par l’intermédiaire d’un Preston Shupe s’essayant du revers, 00’53 ») et très présents physiquement à l’image d’un Julien Burgert secouant littéralement Vincent Kara (03’35 »). Une bonne « boîte » digne d’un vrai match de play-offs, comme l’est ce derby empreint d’intensité.
Il apparaît toutefois que les Strasbourgeois, conscients des tenants et aboutissants de cette soirée, s’avèrent bien plus entreprenants que les coéquipiers de Maxime Moisand, avant tout concentrés sur l’aspect défensif du jeu. Les Gamyo, sans vraiment bétonner, attaquant sans trop se livrer dès qu’ils parviennent à récupérer l’objet tant convoité. Aussi l’Étoile noire peine t’elle à se montrer véritablement dangereuse dans la zone de vérité. Même en supériorité ; la faute à un carré défensif agressif laissant peu de solutions au porteur du palet.
La pénalité concédée par Vojtěch Kloz (07’01 ») est donc tuée, non sans quelques tentatives des spécialistes du powerplay. On pense notamment à Jake Goldberg, qui œuvre à la pointe et arme un lancer à mi-hauteur bien bloqué par un Andrej Hočevar (07’47 ») captant, d’une solide mitaine, le puissant tir croisé déclenché par Ján Cibuľa (08’34 »). La reprise de Pardavý, repoussé par le portier, générant un rebond inexploité par Bruneteau (08’37 ») tandis qu’une relance ratée de Kloz, interceptée par Chipaux, débouchera sur une frappe détournée du bouclier (09’15 »). Autant d’actions éloignant le danger d’une cage strasbourgeoise rendue vulnérable par l’infiltration d’un Ken Ograjenšek se retrouvant déstabilisé par l’intervention illicite de Jordy Anglés (10’42 »).
Une bonne occasion de capitaliser pense-t-on, sans s’imaginer que le jeu de puissance spinalien se contenterait de deux tirs cadrés. Un slap d’Ograjenšek (11’05 ») suivi d’une tentative en angle fermé de Kara (12’43 »). Les Plch, Petrák, Beron, Moisand et autres Goulet (sans oublier les autres membres des deux unités spéciales employées en supériorité) s’étant, entre temps, attelé à faire circuler la rondelle en hésitant encore et toujours à lancer. Par manque de confiance, d’automatismes ou de lucidité ? Toujours est-il que les Strasbourgeois, déterminés, se montreront suffisamment soudés pour tuer cette pénalité…
Bien regroupés devant leur gardien, les Spinaliens contiennent bien les assauts alsaciens et ne leur laissent que la possibilité de tirer de loin. Au contre initié par Trudeau (et poursuivi par Danford, 15’29 ») succède cette récupération de Baazzi suivie d’un gros lancer excentré bien bloqué par Hiadlovský (14’00 »). Élie Marcos (14’37 ») voyant lui-aussi sa tentative maîtrisée par le gardien vosgien, contrairement à cette inspiration d’un Jake Goldberg parvenu à contourner la boîte pour adresser, en angle très fermé, un centre fuyant entre les bottes du portier (14’45 »). Mais sans personne, côté strasbourgeois, pour reprendre au second poteau…
La menace finit toutefois par se préciser. Les duels, s’ils sont âprement disputés aux quatre coins du glaçon (et notamment près des balustrades), nécessitent peu d’interventions des référés, qui finissent néanmoins par sanctionner Vincent Kara (15’50 »). Un accrocher ramenant durablement le danger aux abords de cette cage si bien gardée par l’international slovène, très réactif sur cette triangulation Pardavý-Marcos-Trudeau (un grand classique du powerplay strasbourgeois, 16’39 ») et chanceux sur cette ouverture de Shupe libérant totalement Burgert, légèrement excentré côté gauche, qui expédiera la rondelle loin de cette lucarne opposée tant recherchée (17’28 »).
Au final, plus de peur que de mal pour Épinal, qui se procurera une ultime occasion. Ján Plch lançant Nicolas Leonelli dans la profondeur, qui se présente seul face au gardien mais rate son revers avant de se faire durement secouer (19’55 »). L’ailier suisse prêté par Genève-Servette, qui montre de belles choses durant ces play-offs, regagnera difficilement son banc, soutenu par un coéquiper (l’imposant Vojtěch Kloz), et rentrera aux vestiaires sans revenir au jeu.
Un coup dur pour l’ICE, qui perd un attaquant d’impact, très précieux dans l’échec-avant. Un domaine dans lequel excelle Matthieu Le Blond, centre purement défensif affublé d’un gros temps de jeu sur une troisième ligne débutant très souvent en temps que premier trio. Mais lancé dans un duel épaule contre épaule avec Anthony Gonçalves, petit ailier teigneux à souhait, le Grenoblois se verra pénalisé d’une obstruction (20’28 »). Et si Trudeau viendra buter sur Hočevar (20’42 »), ses coéquipiers (notamment Peroff et Pardavý) échoueront dans leurs tentatives d’attraper le cadre, soignant ainsi les statistiques du jeu en désavantage numérique spinalien.
Il se fait désirer le premier but de la soirée. Ce n’est pourtant pas faute d’essayer côté strasbourgeois mais la tentative de Peroff, repoussée de la jambière, crée un rebond inexploité par Baeumlin, pourtant bien placé (24’13 »). Pierre Bougé réussit, lui, un superbe geste défensif en se couchant parfaitement pour contrer le centre de Yannick Offret destiné à Pierre-Charles Hordelalay (35e), presqu’aussitôt déséquilibré par un Élie Marcos se retrouvant invité à s’asseoir sur le banc des pénalités (26’00 »). C’est le premier tournant de la soirée. Le jeu de puissance spinalien, après avoir poussé Vlad’ à effectuer quelques acrobaties (27’06 »), arrivant (enfin !) à ses fins sur un centre plongeant d’Hordelalay imparablement dévié, du bout de la crosse, par Valier (0-1 à 27’44 »).
Libérés d’un poids, les boys du Boz’ poursuivent sur cette lancée. Ján Plch, après avoir temporisé, s’essayant d’un revers rasant le montant (29’19 ») avant que Michal Petrák (30e) et Ken Ograjenšek (30’15 ») ne poussent Vladimír Hiadlovský à jouer du bouclier. Mais tout bascule sur une grosse charge de Chipaux dans le dos d’Hordelalay, qui lui disputait le contrôle du palet (33’33 »). Une brutale intervention valant, à son instigateur, une expulsion assortie d’une pénalité majeure. Pierre-Charles Hordelalay, resté sans réaction, mettra lui de longues minutes à se relever (avant de reprendre le jeu).
Les Strasbourgeois n’avaient vraiment pas besoin de ça, eux qui jouent leur saison sur cette soirée. Mais à force d’abnégation, ils surmonteront sans encombre ces longues, très longues secondes d’infériorité, bien aidés il est vrai par l’inefficacité retrouvée d’un powerplay si balbutiant qu’il n’aura pas su tuer le match quand l’occasion s’est présentée. Car Épinal laissera passer sa chance d’asséner le coup de grâce en n’exploitant véritablement pas ces cinq minutes ininterrompues de supériorité. Les « boulets » d’Alain Goulet (34’03 » et 36’14 ») et la reprise (en angle beaucoup trop fermé) de Grégory Beron (37’56 ») n’ayant pas eu l’effet escompté.
La mort aux trousses
Les Marcos, Danford et autres Pardavý, toujours en sursis, s’en sont plutôt bien sortis. Mais le besoin de marquer comme à se faire urgent. Une épée de Damoclès planant au-dessus des casques jaunes de l’Étoile noire, pour qui le temps est désormais compté. En cela, débuter le troisième tiers en supériorité (suite à un accrocher d’Ouimet, 39’30 ») apparaît comme une excellente opportunité. Sauf qu’Épinal, toujours aussi solide défensivement, ne manque pas d’établir un périmètre de sécurité devant son gardien, contraignant les Alsaciens à chercher la faille sans la trouver.
Le couperet d’une élimination prématurée se rapproche dangereusement pour Strasbourg, engagé dans une véritable course contre la montre. Mais voilà, les Lorrains défendent bien leur maigre butin, sans pour autant profiter d’une sortie à la crosse mal négociée par Vladimír Hiadlovský, qui aura relancé en plein sur un Michal Petrák se montrant incapable de contrôler ce palet (42’29 »). Un raté d’autant plus malvenu, d’un point de vue spinalien, qu’il sera suivi d’un but que l’on espérait plus côté alsacien. Les hommes de Daniel Bourdages, qui redoublent d’efforts pour égaliser, voyant leur obstination récompensée sur une reprise déviée d’Élie Marcos filant entre les bottes d’Andrej Hočevar (1-1 à 45’55 »).
C’est amplement mérité pour l’Étoile noire, revenue avec l’énergie du désespoir. Une combativité exacerbée par l’enjeu « dramatique » de cette soirée où Strasbourg, qui n’a plus le droit à l’erreur, doit absolument l’emporter. Aussi les pénalités successivement récoltées par Pierre-Charles Hordelalay (48’42 ») et Vincent Kara (49’13 ») apparaissent t-elles comme l’occasion rêvée d’ôter tout suspens à cette partie.
Mais là encore, les Gamyo feront le nécessaire pour se tirer d’affaire, s’appuyant au besoin sur un très solide gardien. Un Hočevar stoppant Bruneteau, parvenu à s’infiltrer sur son revers (49’06 ») et à s’emparer du rebond d’un tir non cadré de Peroff fortement convoité par Trudeau (49’27 »). L’international slovène gardant également la porte fermée sur un « tic tac toe » (amorcé par Goldberg et relayé par Trudeau en direction de Marcos, 49’42 »)… ne s’inclinant que sur un rebond aérien smashé au prix d’une crosse exagérément levée (50’07 ») !
Un but évidemment refusé, ce qui rend l’issue de ce derby plus incertaine que jamais. Les Spinaliens, sans briller, se montrant occasionnellement menaçants à l’instar d’un percutant Valier (51’22 ») ou d’un Petrák servi trop près d’Hiadlovský pour en profiter (51’54 »). Mais qu’en serait-il advenu sans ce poke-check salvateur d’Alain Goulet, bien replié pour stopper l’avancée de Ján Cibuľa (lancé dans l’intervalle par Bruneteau, 55e) ?
Il s’avère, en tout cas, que Strasbourg va bénéficier d’une nouvelle pénalité (sifflée à l’encontre de Kara, 56’30 »). Une vraie balle de match pour Pardavý, Trudeau et compagnie, qui retourneront le problème dans tous les sens sans réussir à déjouer la vigilance d’un box-play se payant même le luxe de contre-attaquer. Matthieu Le Blond parvenant à s’échapper avant d’être rattrapé par Jake Goldberg, qui tendra suffisamment sa crosse pour dévier son tir au départ du lancer (58’10 »). Un repli réussi du jeune défenseur américain, encore loin de se douter qu’il sera bientôt le héros de la soirée…
Au bout du suspens
L’optimisme n’était pourtant pas spécialement de mise côté strasbourgeois. Les Gamyo ayant remporté six des sept prolongations qui leur fallut disputer cette saison. Une réussite manquant de changer de camp sur cette temporisation de Cibuľa permettant à Danford de s’en aller défier Hočevar. Mais sans en venir à bout, faute d’être parvenu à glisser la rondelle dans le cinquième trou (60’35 »).
Dos au mur, Strasbourg essaye encore et toujours, jetant ses dernières forces dans la bataille en prenant garde de ne pas totalement se découvrir. Des précautions n’empêchant pas l’ICE de récupérer le palet, comme sur cette remontée d’Ograjenšek mettant Goulet en bonne position. Mais c’étant sans compter sur Ken Peroff, bien présent pour bloquer ce lancer (65’38 »). Une intervention permettant à Valentin Michel de s’échapper, seulement rattrapé par un Grégory Beron ne prenant pas de gants pour l’arrêter (65’52 »). Pas de quoi toutefois justifier une pénalité à ce moment crucial de la partie, où tout peut se jouer sur un coup de dés.
Les deux gardiens ayant repoussé tous les lancers qui leur auront été adressés durant cet extra time (Hiadlovský étant sauvé par l’incapacité d’Ouimet à cadrer un lancer, alors qu’une cage s’était ouverte à sept secondes du terme), c’est à la « loterie » des penalties que tout allait se jouer.
L’Iceberg, qui ne reste pas de glace, retient son souffle au moment de voir le premier tireur s’élancer. En l’occurrence Ken Ograjenšek, qui enlève trop son palet. Ján Pardavý, qui lui emboîte le pas, feinte du revers mais ne cadre pas. Idem pour Ján Plch, qui va s’enfermer sur la droite du portier, contrairement à Jake Goldberg. L’Américain ne s’embarrassant pas de dribbles superflus, préférant tirer sèchement pour faire trembler la lucarne d’Hočevar. Michal Petrák, sous pression, expédiant son revers à côté… pour le grand bonheur de Strasbourgeois ne manquant pas d’exulter autour de leur exubérant portier !
Et à la fin, il n’en restera qu’un…
Ján Plch et Michal Petrák, qui sont loin d’être les meilleurs tireurs de penalties qui soient (mais semblent être les seuls, avec Ograjenšek, à avoir pris leurs responsabilités) ne paraissaient pas être les plus indiqués pour cet exercice si particulier. Une fusillade nécessaire pour départager deux rivaux appelés à en découdre une dernière fois, mardi, du côté de Poissompré. Un authentique match couperet, entre deux adversaires alternant victoires et défaites dans cette série se rapprochant lentement, mais sûrement de son dénouement…
Réactions d’après-match (dans Vosges Matin) :
Philippe Bozon (entraîneur d’Épinal) : « Franchement, je ne pense pas que nous en ayons fait assez pour gagner ce soir. Honnêtement, Strasbourg en voulait plus que nous et voulait sauver sa peau. Clairement, le tournant du match se situe en fin de deuxième tiers quand nous avons enfin connu un bon moment en mettant beaucoup de pression. Et puis, il y a ces cinq minutes où on ne fait strictement rien. Si on marque là, je pense que nous allons au bout. Tout comme Strasbourg qui n’a pas su concrétiser son cinq contre trois. »
Matthieu Le Blond (attaquant d’Épinal) : « Oui, on est déçu mais on ne peut pas dire que l’on a tout mis pour aller chercher cette victoire. On a joué un peu trop sur les talons alors que Strasbourg a tout donné. C’est peut-être le premier match de la série que Strasbourg mérite de gagner mais on est à 2-2. »
Daniel Bourdages (entraîneur de Strasbourg) : « Les deux équipes se connaissent bien et nous avions le couteau sous la gorge, ce qui n’était pas le cas d’Épinal. Dans ce genre de série, si on te propose un petit repos, tu sautes dessus. Ce n’était peut-être pas la même équipe d’Épinal qu’hier. »
Strasbourg – Épinal 2-1 après tir aux but (0-0, 0-1, 1-0, 0-0, 1-0)
Samedi 21 février à 17h30 à l’Iceberg. 1 500 spectateurs.
Arbitrage de Jimmy Bergamelli et Damien Bliek, assistés d’Anne-Sophie Boniface et Sébastien Geoffroy.
Pénalités : Strasbourg 31′ (2′, 5′ + 20′ + 4′, 0′, 0′) ; Épinal 16′ (4′, 6′, 6′, 0′)
Tirs : Strasbourg 37 (11, 10, 13, 3) ; Épinal 25 (9, 9, 3, 4)
Évolution du score :
0-1 à 27’44 » : Valier assisté d’Hordelalay et Moisand (sup. num.)
1-1 à 45’55 » : Marcos assisté de Goldberg et Pardavý
Tirs au but : Strasbourg : Pardavý (raté), Goldberg (réussi) ; Épinal : Ograjenšek (raté), Plch (raté), Petrák (raté)
Strasbourg
Attaquants :
Anthony Gonçalves – Tarik Chipaux [puis Baeumlin] – Valentin Michel
Ján Cibuľa (A) – Preston Shupe – Sébastien Trudeau
Ján Pardavý (A) – Élie Marcos (C) – Julien Burgert
Jordy Anglés – Julien Baeumlin – Peter Bourgaut
Défenseurs :
Matt Bruneteau – Ben Danford
David Stříž – Ken Peroff
Pierre Bougé – Jake Goldberg
Gardien :
Vladimír Hiadlovský
Remplaçants : Gilles Beck (G), Thomas Mathieu, Pierrick Hoehé.
Épinal
Attaquants :
Vincent Kara – Matthieu Le Blond – Peter Valier
Pierre-Charles Hordelalay – Michal Petrák – Ján Plch (A)
Aziz Baazzi – Ken Ograjenšek – Grégory Beron
Anthony Rapenne – Yannick Offret (A) – Nicolas Leonelli [jusqu’à 19’55 »]
Défenseurs :
Vojtěch Kloz – Maxime Moisand
Maxime Ouimet (C) – Martin Charpentier
Gašper Sušanj – Alain Goulet
Gardien :
Andrej Hočevar
Remplaçants : Pierre Mauffrey (G), Maxime Martin. Absents : Anže Kuralt (reprise), Peter Slovák (commotion), Nathan Ganz (choix de l’entraîneur).