En haut de l’affiche !
Qu’il paraît loin le temps où Tommie Hartogs (le coach morzinois) et Stéphane Barin (l’entraîneur spinalien) faisaient front commun, performants chez les Brûleurs de Loups (1997/98) avant d’enfiler les points outre-Rhin. Les Krefeld Pinguine avaient tout simplement recruté, durant l’été 1998, le meilleur trio grenoblois dans son intégralité. Une triplette (complétée par le Franco-Canadien Robert Ouellet) qui opéra là-bas jusqu’en 2001. Le Néerlandais rejoignit alors un autre club de DEL, laissant Barin disputer deux dernières saisons à Krefeld, au sein d’une formation quittée, au printemps 2003, sur un titre de champion…

Suivant une trajectoire opposée, les Spinaliens continuent d’engranger de leur côté. Trois précieux points viennent d’ailleurs d’être ramenés d’Angers (4-3), où un but gagnant de Maxime Moisand leur a permis d’empocher un huitième succès d’affilée. Une belle victoire en appelant logiquement d’autres. Les Gamyo, bien ancrés dans le haut du tableau, ont clairement le vent dans le dos…
C’est donc tout un défi qui attend les Pingouins, venus tout droit de Haute-Savoie pour un match qui aurait normalement dû permettre à Florian Sabatier d’affronter Jérémy, son frère aîné (parti, comme lui, de Reims cet été). Mais si Florian a réussi des débuts fracassants parmi l’élite du hockey français, Jérémy a subi deux commotions l’ayant poussé à prématurément stopper sa saison…

Si Raphaël Corriveau (blessé) fait défaut aux Morzino-gêtois, Martin Charpentier est lui le seul absent des Spinaliens, dont l’ailier torontois Dorian Peca a fait ses grands débuts vendredi au Haras. L’Italo-canadien, auteur d’un passage remarqué à Caen l’an passé (mais sans club depuis son départ des Drakkars en avril dernier), évolue au sein d’un quatrième trio partagé avec Hugo Vinatier et Yannick Offret. Deux éléments combatifs à souhait, connus pour se battre comme des morts de faim sur tous les palets.
D’un extrême à l’autre, les Gamyo passent donc d’un duel au sommet à la venue d’un mal classé, ce qui doit normalement leur permettre d’enchaîner. Mais ce qui paraît simple sur le papier ne l’est pas toujours en réalité, d’autant que les hommes de Tommie Hartogs, revanchards après leurs déboires du vendredi soir, ne sont pas venus en victimes expiatoires. L’entame est pourtant très compliquée. Les Spinaliens signent leur première présence d’un tir cadré (Klouček), repoussé sur un Anže Kuralt bousculé par Numa Besson… jugé coupable d’une obstruction (00’27 ») !

Morzine prend les devants…
L’emprise vosgienne est totale sur cette première supériorité, toutefois inexploitée. Les visiteurs, au courage, tuent cette pénalité avant de jeter un premier froid. Jiří Klimíček voit sa longue relance interceptée en zone neutre par Peter Holečko, qui remet aussitôt sur Josselin Besson. Le rapide ailier se joue de Klimíček en flippant son palet, qu’il parvient à rapidement récupérer. Un trois-contre-un se dessine alors face au gardien, avec le seul Vojtěch Kloz pour faire opposition. Mais au lieu de trouver Laplace à l’opposé, le centre de Besson se voit dévié au premier poteau. Kloz prend involontairement Hočevar à contre-pied (0-1 à 04’02 »)…

Les Pingouins, pas manchots, ont refroidi Poissompré, qui attendait beaucoup mieux de ses Gamyo. Et il suffit d’une relance mal assurée pour que Nicolas Deshaies ramène le danger. L’ancien Caennais voit son tir, bloqué, aussitôt repris par McIntosh, qui expédie son lancer dans la mitaine (08’16 ») d’un Hočevar repoussant ensuite l’incursion d’Homjakovs (08’26 »). Mais s’ils peinent à serrer les rangs (en dépit d’un Moisand toujours taille-patron), les Spinaliens, comme à leur habitude, vont retrouver toute leur solidité en infériorité (pendant la pénalité infligée à Sabatier, 08’31 »), faisant preuve d’abnégation pour bloquer un maximum de lancers.
Certains, comme McIntosh, parviennent néanmoins à passer entre les mailles du filet. Une vivacité partagée par un Josselin Besson aussi remuant qu’un Ján Plch s’évertuant, du haut de ses 41 ans, à débloquer une situation très compliquée. Mais loin de chercher l’exploit individuel, le vétéran tire profit de sa dexterité (il est toujours aussi difficile de lui prendre le palet) pour faire valoir son intelligence de jeu. Plch n’a pas son pareil pour mettre ses coéquipiers en bonne position, comme sur cette échappée avortée par Numa Besson. Ce bon retour n’empêche pas le Slovaque de remiser sur Cacciotti, qui échoue dans son entreprise d’aller glisser la rondelle entre les grands compas d’Odrobny (11’23 »).
Gêné sur cette action par le repli d’Holečk
Les pénalités vont dès lors pleuvoir sur les Haut-Savoyards. Les deux minutes d’infériorité découlant d’une obstruction d’Hugues Cruchandeau (13’25 ») sont presque écoulées lorsque Vojtěch Kloz, sur jeu placé, dribble habilement Nicolas Deshaies. Un « café crème » que ce dernier sanctionne d’une charge dans le dos du défenseur tchèque, qui sera néanmoins parvenu à trouver Sabatier, bien placé, dont la reprise appuyée heurte Odrobny de plein fouet (15’11 »).
À la parade devant le meilleur compteur français de Ligue Magnus, l’international polonais n’aura en revanche pas à trop s’employer sur cette pénalité. Le jeu de puissance vosgien trouve, comme souvent, peu de possibilités d’adresser de bons lancers. Kuralt et Ograjenšek, s’ils apportent de la percussion et du mouvement, ont – il est vrai – parfois beaucoup de mal à lâcher leur palet, ce qui nuit à la spontanéité d’un powerplay gagnant à s’appuyer sur le gros slap de Moisand.

Poissompré peut souffler. Les Gamyo, sans briller, ont rétabli la parité. De bon augure avant ce deuxième tiers-temps débuté sur un bon pressing exercé par ce duo Kuralt-Ograjenšek n’ayant pas son pareil pour les mettre les défenses en difficulté. Mais s’ils ont pris possession du palet, les Spinaliens butent sur un adversaire bien regroupé, comme s’il laissait venir pour mieux contre-attaquer. Le HCMAG s’emploie à repousser les vagues orange, ne se faisant que rarement submerger. Un surnombre sera toutefois crée par Florian Sabatier, qui remettra derrière lui, sur Steven Cacciotti, pour une tentative bien repoussée par Przemysław Odrobny (24’20 »). Rien de bien menaçant, toutefois, comparé à ce que va devoir subir Andrej Hočevar…
…mais Hočevar tient bon la barre…

Le meilleur gardien de Ligue Magnus montre, à qui pouvait encore en douter, qu’il est bien ce qui se fait actuellement de mieux devant les filets français. N’en déplaise aux Pingouins, qui auront essayé de le déstabiliser par tous les moyens. Les attaquants alpins entreront d’ailleurs plusieurs fois en collision avec le portier, sans donner l’impression de vouloir l’éviter comme sur ce slap de Craig Cescon repoussé sur un Karel Hromas finissant par emboutir l’homme masqué (26’32 »). Cette étincelle manque de mettre le feu aux poudres, d’autant que Cescon, connu pour son jeu rugueux (il dépasse régulièrement les 150 minutes de pénalité, quel que soit le championnat fréquenté), est allé provoquer Klouček…
Aucune pénalité ne sera toutefois appelée sur cette action, suivie d’un deux-contre-un Peca – Le Blond parfaitement enrayé par un très solide Numa Besson (27’22 »). Hočevar joue de la botte devant Josselin Besson (27’47 ») avant qu’un petit pont d’Ograjenšek sur Jestin ne mette le Slovène en bonne situation. Mais comme trop souvent, l’ailier international ne cadre pas (27’55 »), laissant plutôt Cacciotti (suite à un bon relais entre Plch et Sabatier) inquiéter Odrobny (28’20 »)…
Bien i
… et les Spinaliens tiennent bon le vent !
Mais dans les secondes suivant une grosse occasion de Karel Hromas (parvenu à récupérer un palet qu’il n’aura pu cadrer, 32’27 »), Pierre-Charles Hordelalay s’échappe sur le côté. Le rapide ailier, aux prises avec Numa Besson, s’en joue habilement pour mieux continuer son action. Hordelalay amorce un tour de cage avec l’idée de rapidement transmettre le palet au premier poteau. Ce qu’il fait, en trouvant Dorian Peca, idéalement placé face au portier, qui reprend à bout portant pour scorer petit côté (3-2 à 32’42 »).
L’Italo-canadien ne pouvait pas trouver meilleur moment pour débloquer son compteur sous ses nouvelles couleurs. Un but d’autant plus important qu’il n’a en rien freiné les ardeurs de Pingouins toujours plus insistants, à l’image d’un Jakub Šindel se procurant deux belles occasions en un rien de temps (34e).

Mais s’il est un gardien qui aura fait parler de lui durant ce tiers médian, c’est bien Andrej Hočevar. Au plus fort de la tempête, le Slovène a en effet su garder la porte fermée, maintenant les Gamyo à flot avec brio. Il y a donc fort à parier qu’Épinal, sans un Hočevar des grands soirs, serait tombé dans le piège haut-savoyard. C’est qu’ils donnent du fil à retordre aux Spinaliens, ces valeureux Pingouins, qui ne lâchent rien et ne manquent pas de répondant à défaut d’avoir une grande profondeur de banc.
Puni d’un pressing trop insistant, Karel Hromas écope d’une nouvelle pénalité (42’55 »), compliquant ainsi la tâche de ses coéquipiers. Les Morzinois s’en sortent toutefois grâce à un solide Odrobny, présent sur tous les lancers et bien aidé, il est vrai, par l’étonnante maladresse d’un Cacciotti ratant un but tout cuit (44’42 »). Colin McIntosh, en coupant le centre tendu d’Edgars Homjakovs au second poteau, lève les bras, certain d’avoir marqué (46’03 »). Mais aucun but égalisateur ne viendra de la palette du Canadien venu des Bisons de Neuilly. Ni, d’ailleurs, de celle d’aucun autre « Pingouin »…

Hissez haut, les Gamyo !
Poissompré, pleine à craquer, peut maintenant savourer. Et pour que la fête soit encore plus belle, Hugo Vinatier lance Dorian Peca dans l’intervalle, qui s’excentre côté droit pour expédier la rondelle entre les jambières du portier (5-2 à 56’06 »). Le point final d’une belle soirée, tout bénéfice pour des Spinaliens signant un neuvième succès d’affilée… et profitant de l’incroyable faux-pas de Rouen pour prendre la tête du classement !
Jamais depuis l’instauration des « week-ends à l’allemande » dans le championnat français (depuis 2011), Épinal n’avait fait carton plein en remportant ses matchs du vendredi et du dimanche. C’est maintenant chose faite, même s’il aura fallu batailler pour venir à bout de coriaces morzino-gêtois. Un HCMAG qui aurait mérité mieux, à une semaine de son match télévisé (contre Bordeaux), que cette défaite « encourageante » ne lui apportant rien de plus au classement…

Réactions d’après-match (dans Vosges Matin)
Florian Sabatier (attaquant d’Épinal) : « Cela n’a pas été facile. On le savait mais on s’est compliqué la vie en prenant deux buts assez vite. Après, on a su faire les efforts pour revenir dans le match et le gagner. Cela a payé et on prend ces trois points. C’est très bien pour le mental et la confiance. Ce soir, c’est un peu l’euphorie dans le vestiaire. Il faut en profiter et vite se remettre au boulot pour Grenoble. On ne se prend pas la tête. On sait que l’on perdra bien un jour mais on n’a vraiment pas envie que ça s’arrête. »
Yann Diaferia (attaquant de Morzine-Avoriaz-Les Gets) : « C’est rageant de perdre ce match, nous n’étions pas loin. L’arbitrage n’a pas été trop pour nous. Épinal a su profiter des powerplay et pas nous. Dans notre situation, cela nous aurait fait beaucoup de points de ramener un point. On est dans la spirale de la défaite et ce n’est pas facile. On doit continuer à travailler et on sait que cela va bien finir par tourner. »
Épinal – Morzine-Avoriaz-Les Gets 5-2 (2-2, 1-0, 2-0)
Samedi 29 novembre à 18h15 à la patinoire de Poissompré. 1800 spectateurs.
Arbitrage de Benjamin Gremion assisté d’Anne-Sophie Boniface et Aurélien Smeeckaert.
Pénalités : Épinal 12’ (2’, 6’, 4’) ; Morzine-Avoriaz-Les Gets 30’ (10’+10’ ,6’, 4’)
Tirs : Épinal 39 (14, 11, 14) ; Morzine-Avoriaz-Les Gets 32 (8, 16, 8)
Évolution du score :
0-1 à 04’02 » : J. Besson assisté d’Holečko
0-2 à 06’46 » : Holečko assisté de Jestin et Hromas
1-2 à 12’13 » : Moisand assisté de Fujerik et Klouček (sup. num.)
2-2 à 18’55 » : Cacciotti assisté de Plch et Sabatier (sup. num.)
3-2 à 32’42 » : Peca assisté d’Hordelalay
4-2 à 54’41 » : Ograjenšek assisté de Moisand (sup. num.)
5-2 à 56’06 » : Peca assisté de Vinatier
Épinal
Attaquants :
Anže Kuralt – Dominik Fujerik – Ken Ograjenšek
Steven Cacciotti – Florian Sabatier – Ján Plch (A)
Anthony Rapenne [ou Peca] – Matthieu Le Blond – Pierre-Charles Hordelalay
Dorian Peca – Hugo Vinatier – Yannick Offret (A)
Défenseurs :
Tomáš Klouček – Maxime Moisand (C)
Jiří Klimíček – Vojtěch Kloz
Gašper Sušanj – Thibaut Farina
Gardien :
Andrej Hočevar
Remplaçants : Lucas Savoye (G), Maxime Martin, Damien Bégel. Absent : Martin Charpentier (doigts fracturés).
Morzine-Avoriaz-Les Gets
Attaquants :
Deivids Sarkanis – Cyril Papa (C) – Jakub Šindel
Josselin Besson – Peter Holečko (A) – Karel Hromas (A)
Colin McIntosh – Edgars Homjakovs – Yann Diaferia
Julien Laplace
Défenseurs :
Numa Besson – Mike Schwindt
Hugues Cruchandeau – Mathieu Jestin
Nicolas Deshaies – Craig Cescon
Théo Lanvers
Gardien :
Przemysław Odrobny
Remplaçants : Jérémy Rava (G), Geoffrey Parisot. Absents : Raphaël Corriveau (épaule), Hugo Casini (retour à Briançon).
 
			 
                                





























 
			










