C’était en décembre 1988, lors de la deuxième édition de la Deutschland Cup à Stuttgart. Face à la Pologne, la Suisse avait passé le score de 1-4 à 5-4 dans les dix dernières minutes. Une date resté historique car la Nati n’avait jamais remonté un écart de trois buts depuis lors. Avec sa carence chronique en génie offensif, on doutait même qu’elle en soit capable.
Réussir cette performance attendue depuis 28 ans lors de la répétition générale avant le Mondial fait donc beaucoup du bien au moral. Le revers de la médaille, c’est que les trois buts de retard ne sont pas arrivés par hasard. Pendant une moitié de match, les Allemands ont dominé techniquement et physiquement. Une belle combinaison de passes est conclue dans le haut du filet par Leon Draisaitl. Après un lancer de Patrick Reimer qui frappe la transversale, Marcel Noebels place un tir inarrêtable pour Berra dans la minute qui suit, et cela fait 0-2 en vingt minutes.
Et puis 0-3 à la reprise, sur un rebond de Leon Draisaitl. Le jeune centre de 20 ans des Edmonton Oilers se montre ainsi vite décisifs pour l’Allemagne, contrairement aux renforts locaux de NHL : Raphael Diaz est curieusement dépassé en défense, tandis que les ailiers Niederreiter et Andrighetto pâtissent probablement de l’absence d’un centre créatif (ils sont placés avec le besogneux Reto Schäppi). La satisfaction suisse viendra du jeu de puissance qui va renverser la situation. On revient d’abord aux fondamentaux et Simon Moser gêne la vue du gardien pour faciliter le tir fort et placé de la ligne bleue par Félicien du Bois.
Mais le héros du soir se nomme Lino Martschini, qui n’était pourtant que 13e attaquant en cette fin de préparation. Son tir précis du poignet en avantage numérique et sa reprise puissante sur une passe transversale de Simon Moser permettent à la Nati de revenir à hauteur. C’est son premier doublé en sélection et il compte maintenant 8 buts dans la saison internationale : écarté l’an passé par Hanlon, le petit gabarit de 1m68 a cette fois clairement mérité sa place aux Mondiaux !
Les lignes offensives se cherchent néanmoins encore avant le départ à Moscou. En troisième période, Patrick Fischer teste un premier trio Hollenstein-Ambühl-Niederreiter, sans qu’il fasse la différence. L’Allemagne retrouve alors une seconde vie avec des occasions de Schütz et Gogulla, mais le dernier coup de semonce est un tir d’Eric Blum sur la transversale peu avant la sirène. La prolongation est sous emprise suisse et un pénalty est accordé à Denis Hollenstein qui parvient à placer le palet de la victoire sous la botte droite de Timo Pielmeier.
Commentaires d’après-match
Christian Ehrhoff (défenseur de l’Allemagne) : « Nous avons bien débuté et n’avons pas laissé les Suisses entrer dans le match. C’était plutôt bien. Ensuite ils sont mieux sortis des vestiaires et il semble que nous manquions de force. Bien sûr, j’ai encore de quoi progresser et j’ai senti la fatigue du voyage des derniers jours. Mais il y a encore un peu de temps avant le premier match contre la France. Cela devrait très bien se passer, nous avons un bon groupe, j’ai hâte. »
Patrick Reimer (attaquant de l’Allemagne) : « Notre départ était très bon, la Suisse avait peu de temps et d’espace. La différence aujourd’hui était claire, ils ont su utiliser leurs supériorités numériques et pas nous. Ce sont justement ces choses-là qui sont vite punies au niveau international. Nous devons travailler ça. »
Suisse – Allemagne 4-3 après prolongation (0-2, 2-1, 1-0, 1-0)
Mardi 3 mai 2016 à 19h45 à la halle Saint-Jacques de Bâle. 4572 spectateurs.
Arbitres : Alessandro DiPietro et Daniel Stricker assistés de Cédric Borga et Balazs Kovacs.
Pénalités : Suisse 6′ (4′, 0′, 2′, 0′) ; Allemagne 10′ (2′, 4′, 2′, 2′).
Tirs : Suisse 27 (9, 8, 8, 2) ; Allemagne 26 (9, 8, 6, 3).
Évolution du score :
0-1 à 11’21″ : Draisaitl assisté de Mo. Müller et Reimer
0-2 à 17’48″ : Noebels assisté de Flaake et Ankert
0-3 à 21’23″ : Draisaitl assisté d’Ankert
1-3 à 33’35″ : Du Bois assisté de Hollenstein et M. Wieser (sup. num.)
2-3 à 39’18″ : Martschini assisté de Blum et S. Moser (sup. num.)
3-3 à 43’29″ : Martschini assisté de S. Moser
4-3 à 63’31″ : Hollenstein (tir de pénalité)
Suisse
Attaquants :
Denis Hollenstein (+1) – Andres Ambühl (C) – Marc Wieser
Grégory Hofmann (-2) – Gaëtan Haas (+1) – Simon Moser (-1)
Nino Niederreiter (-1, 2′) – Reto Schäppi (-1) – Sven Andrighetto (-1, 2′)
Dino Wieser – Morris Trachsler (-1) – Julian Walker
Lino Martschini (2′)
Défenseurs :
Noah Schneeberger (+1) – Yannick Weber
Eric Blum – Félicien Du Bois (2′)
Robin Grossmann (-2) – Raphael Diaz (-3)
Christian Marti
Gardien :
Reto Berra
Remplaçant : Robert Mayer (G). En réserve : Sandro Zurkirchen (G), Patrick Geering (D), Samuel Walser (A).
Allemagne
Attaquants :
Marcel Noebels (+1, 2′) – Marcel Goc (C, +1) – Jerome Flaake (+1, 2′)
Tobias Rieder – Leon Draisaitl (+1) – Patrick Reimer (+1)
Brooks Macek – Felix Schütz – Philip Gogulla (+1)
Marcus Kink (A) – Patrick Hager (2′) – Yannic Seidenberg
Défenseurs :
Sinan Akdag – Christian Ehrhoff (A, -1, 2′)
Moritz Müller (+3) – Torsten Ankert (+2, 2′)
Denis Reul – Daryl Boyle (+1)
Constantin Braun (-1)
Gardien :
Timo Pielmeier
Remplaçant : Felix Brückmann (G). En réserve : Mathias Niederberger (G), Gerrit Fauser et Dominik Kahun (A), Korbinian Holzer (D, rejoindra l’équipe directement à Moscou).











































