Affronter lors de ses trois premières rencontres la Finlande, le Canada et les Etats-Unis n’a logiquement pas permis aux Biélorusses de marquer des points. Au contraire, ils ont surtout pris 20 buts et montré beaucoup d’indiscipline. Mais ils ont montré aussi de grandes ressources morales par la suite en renversant un 2-0 pour s’imposer 4-2 contre les Slovaques.

La relégation, c’est ce qui était promis au promu hongrois avant le tournoi, et l’équipe magyare s’y dirige tout droit avec un compteur toujours bloqué à 0 point après cinq rencontres. La Hongrie a montré une belle résistance à certains moments, notamment lors du duel finno-ougrien contre les Finlandais, mais a aussi fait preuve d’un cruel manque d’expérience, ce qui a permis à la France de s’imposer 6-2 dans le match que les Hongrois considéraient comme le plus à leur portée. Cependant, une victoire contre la Biélorussie rebattrait les cartes.
Les deux équipes partageaient la particularité d’être les deux seules équipes du tournoi à avoir donné du temps de glace à leur trois gardiens. Du moins jusqu’à ce midi et l’entrée de Ronan Quemener pour une dizaine de minutes. Pour cette rencontre, c’est le Canadien d’origine Kevin Lalande qui garde le but biélorusse, tandis que le Hongrois Miklos Rajna, considéré comme un point fort de l’équipe et bien reposé, retrouve sa place après deux sorties convaincantes du jeune Adam Vay face à des grosses nations jugées imprenables.

Malgré ce bon départ pied au plancher, les Biélorusses se font surprendre sur la première réelle occasion hongroise. Sur un palet perdu dans le coin gauche à cause du haut pressing hongrois de Koger, le palet ressort devant le but et en embuscade Gergö Nagy, face au gardien, le récupère et l’expédie au fond (1-0 à 5’31 »).
Un but un peu contre le cours du jeu car la domination biélorusse continue. Mais la Hongrie défend bien à l’image de deux joueurs qui se couchent en même temps sur le tir de Ilya Shinkevich, revenu de suspension. Elle attaque parfois même et crée du danger à nouveau sur un tir de Gergö Nagy, très en verve.
Bence Sziranyi est envoyé en prison et le power-play biélorusse s’installe. Mais sur une transition en zone neutre, la Hongrie part d’abord en 3 contre 1 avec Wehrs, Sarauer et Janos Vas. Tentative bien détournée dans le coin par le défenseur, mais la relance est à nouveau interceptée par les mêmes, qui partent cette fois en 2 contre 1. Janos Vas trouve Sarauer qui envoie au fond malgré les efforts de Geoff Platt pour couper la passe (2-0 à 10’31 »).

Krisztian Nagy commet à son tour un cinglage en brisant une crosse biélorusse inutilement. Cela fait beaucoup d’erreurs des deux côtés. Le match est rapide, mais avec du déchet. Et même le DJ de la patinoire s’y met en lançant par erreur une musique de Metallica pendant une attaque biélorusse.
Les Biélorusses essayent de recoller au score le plus vite possible et forcent à nouveau la défense hongroise à commettre une faute, juste avant le premier coup de sirène. Istvan Sofron commencera la deuxième période au cachot.
Mais la supériorité numérique est sans grand danger, notamment grâce au Canado-Hongrois Sarauer, très inspiré aux mises au jeu (70%) et qui permet même à la Hongrie d’avoir davantage tiré au but.

La défense biélorusse se montre incapable de sortir le palet pendant presque l’intégralité de l’infériorité. Comme on l’avait déjà remarqué lors des rencontres précédentes, la Hongrie parvient à bien installer son jeu de puissance mais celui-ci manque ensuite de mouvement et de vitesse pour déstabiliser un carré défensif bien en place.
Le capitaine Marton Vas se rend ensuite coupable derrière son but : il ne contrôle pas le palet dans la bande et laisse le rapide Kovyrshin au pressing lui chiper le puck et le remettre devant le but pour Gavrus esseulé au poteau opposé, qui n’a aucun mal à tromper un gardien hors de position à bout portant (2-2 à 26’43 », photo ci-dessus).

Mais à peine revenu à 5 contre 5, Istvan Sofron devant son but trouve une longue passe pour envoyer Balazs Sebok dans le dos de la défense. Le jeune joueur (20 ans) de Kalpa, formé en Liiga finlandaise depuis son adolescence (il a côtoyé Puljujärvi au Hokki il y a quelques saisons), distance facilement Stepanov et les arrières Dyukov et Ustinenko. Petite feinte puis tir au-dessus de la botte de Lalande qui perd son duel (3-2 à 20’32 », photo ci-dessus).
Trois minutes plus tard, un autre jeune fait parler de lui. Vilmos Gallo fait chuter Yevgueni Lisovets (du même âge) en le dribblant en entrée de zone. Le défenseur laisse partir l’espoir de Linköping en 2 contre 1. Ustinenko esseulé tente de couper la ligne de passe pour Janos Vas, alors Gallo tente sa chance et bat Kevin Lalande, décidément bien peu inspiré (4-2 à 33’49 »).

Andrei Stas et Artur Gavrus se procurent également un 2 contre 1, mais Bence Sziranyi est plus vigilant, lui. Le jeu tend d’ailleurs à s’équilibrer. La défense biélorusse commence à laisser des espaces. Soit elle laisse passer les avants hongrois qui forcent Koval à de gros arrêts, soit elle commet des fautes, comme Dyukov qui fait trébucher Istvan Bartalis.
Sur le jeu de puissance qui s’ensuit, le même Bartalis quitte la glace le visage en sang sur un coup de crosse d’Oleg Yevenko. Le monstre de Lake Erie de plus de 2 mètres (150 minutes de pénalité en AHL en une cinquantaine de match) s’en sort bien avec seulement 2’+2′, l’arbitre jugeant le coup de crosse involontaire (photo ci-dessous).

Istvan Bartalis est revenu, il ne saigne plus, il s’infiltre et se fait faucher par derrière par Ilya Shinkevich. L’indiscipline de la Biélorussie, si elle ne permet pas à la Hongrie de marquer à cause de la passivité de son jeu de puissance, lui gâche de précieuses minutes et beaucoup de forces pour espérer revenir au score. D’autant que Ustinenko est toujours coupé par l’entraîneur, qui hésite à lancer des forces fraîches dans le bataille : Nikita Komarov fait une présence de 4 secondes… ce sera sa seule de tout le match.
Les Biélorusses sont piégés par la trappe hongroise et éprouvent des difficultés à venir attaquer. En revanche, il sont dominants dans le jeu installé, une fois campés en zone offensive. La première vraie occasion vient de Charles Linglet, servi par Platt pour une frappe plein axe. Mais on arrive déjà en fin de période et Koval déserte sa cage.

Janos Vas dégage son camp et son dégagement termine dans la cage vide (5-2 à 59’57 »).
Le banc explose de joie ! La tribune explose, plus bruyante que jamais (et c’est peu dire). La victoire est méritée pour la Hongrie qui a gagné grâce à sa vitesse et à son jeu de transition, forçant la Biélorussie à un jeu rapide qu’ils n’aiment pas et qui les a fait retomber dans leur indiscipline. Une Biélorussie qui a manqué de passion pour revenir et qui devra batailler jusqu’au bout pour son maintien. Dorénavant à égalité de points avec la Hongrie et un désavantage en confrontation directe, elle affrontera la France pour son dernier match, tandis que l’équipe magyare sera opposée à l’Allemagne.
Cette fois l’hymne hongrois ne sera pas chanté seulement par les supporters avec leurs joueurs mais joué officiellement dans toute la patinoire. Il n’avait plus retenti depuis 1939 et n’avait pas eu à être joué lors de leur passage en élite en 2009, faute de victoire. Émouvant pour les joueurs et pour le millier de supporters, récompensés pour leur enthousiasme. Historique pour la Hongrie.
Désignés joueurs du match: Miklos Rajna (Hongrie) et Geoff Platt (Biélorussie)
Commentaires d’après-match :
Rich Chernomaz (entraîneur de la Hongrie) : « Maintenant, nous avons l’occasion de nous maintenir. Nous avons l’occasion de voir ce que nous allons faire contre l’Allemagne et ce que va faire la Biélorussie contre la France. Nous avons cette occasion grâce à la façon dont nous avons joué ce soir. »
Dave Lewis (entraîneur de la Biélorussie) : « Il y a beaucoup de choses différentes dans cette équipe par rapport à celle de l’an dernier. Nous devons faire un meilleur travail sur nos unités spéciales et nos gardiens doivent être meilleurs aussi. Il y a un bon paquet de choses à améliorer. »
Hongrie – Biélorussie 5-2 (2-1, 2-1, 1-0)
Samedi 14 mai 2016, 16h15. Yubileiny arena de Saint-Pétersbourg. 4539 spectateurs.
Arbitrage de Jozef Kubus (SVK) et Tobias Wehrli (SUI)  assistés de Judson Ritter (USA) et Sakari Suominen (FIN)
Tirs : Hongrie 18 (4, 8, 6), Biélorussie 19 (10, 4, 5)
Pénalités : Hongrie 10 (8, 0, 2), Biélorussie 12 (0, 10, 2)
Récapitulatif du score
1-0 à 05’31 » : G. Nagy assisté de Koger et Sarauer (inf. num.)
2-0 à 10’31 » : J. Vas assisté de Sarauer
2-1 à 12’13 » : Platt assisté de Stepanov (sup. num.)
2-2 à 26’43 » : Gavrus assisté de Kovyrshin et Stepanov
3-2 à 30’32 » : Sebok assisté de Sziranyi
4-2 à 33’49 » : Gallo assisté de Sofron et Sziranyi
5-2 à 59’57 » : J. Vas (inf. num.) (cage vide)
Hongrie
Attaquants :
Vilmos Gallo (2′, +1) – Istvan Bartalis – Istvan Sofron (2′, +2)
Gergo Nagy (+1) – Andrew Sarauer (+3) – Daniel Koger (2′, +1)
Kisztian Nagy (2′) – Janos Vas (A, +3) – Andras Benk (+1)
Balint Magosi (-1) – Balazs Sebok – Csaba Kovacs (A, -1)
Csanad Erdely
Défenseurs :
Kevin Wehrs (+3) – Bence Sziranyi (2′, +3)
Kalvin Sagert (+2) – Jesse Dudas (+1)
Marton Vas (C, -1) – Bence Stipsicz (-1)
Istvan Mestyan (+1)
Gardien :
Miklos Rajna
Remplaçant : Adam Vay (G). Réservistes : Zoltan Hetenyi (G), Szombor Garat, Frank Banham.
Biélorussie
Attaquants :
Andrei Kostitsyn (A, -2) – Aleksandr Pavlovich – Sergei Kostitsyn (-2)
Charles Linglet (2′, -1) – Andrei Stas (C, -1) – Geoff Platt (A, -3)
Andrei Stepanov (-2) – Yevgeni Kovyrshin (+1) – Artur Gavrus
Sergei Drozd (-2) – Aleksandr Kitarov (-2) – Artyom Demkov (-1)
Nikita Komarov
Défenseurs :
Kirill Gotovets (-1) – Roman Dyukov (2′, -1)
Yevgeni Lisovets – Oleg Yevenko (4′)
Ilya Shinkevich (2′) – Kristian Khenkel (-1)
Nikita Ustinenko (-3)
Gardiens :
Kevin Lalande puis à 33’49 » Vitali Koval (sorti de 58’33 » à 59’57 »).
Réservistes : Dmitri Milchakov (G)
Blessés: Aleksei Kalyuzhny (fracture de la cheville), Dmitri Korobov (épaule).
 
			 
                                





























 
			













