Si cette journée est souvent présentée comme l’une des plus actives de la saison, ces dernières années ont en réalité été bien calmes car les Directeurs Généraux préfèrent éviter les folies de dernière minute. Cette année, plusieurs facteurs ajoutent encore à l’incertitude ambiante et incitent à la prudence. Tour d’horizon à une grosse semaine de la date limite.
Par Thibaud Chatel @batonsrompus
Le 1er mars prochain, les salles de presse seront en ébullition pour couvrir la date limite des échanges, fixée à 15h heure de la côte est. Souvent à l’antenne depuis le petit matin, les journalistes seront à l’affut, répétant les rumeurs glanées ici et là, prêts à dégainer le jingle annonçant un échange. Pourtant les gros noms disponibles sur le marché partent de plus en plus tôt, quelques jours avant la date limite. L’an passé, Eric Staal, Andrew Ladd ou Jiri Hudler furent échangés entre le 25 et le 28 février. En 2015, Jagr avait déménagé une semaine avant, Keith Yandle la veille et Jeff Petry était surement le plus gros nom échangé le jour même. Il faut remonter à 2014 pour voir une date limite digne de l’imaginaire collectif avec les échanges de Roberto Lungo la veille, Marian Gaborik, Ales Hemsky, Martin St Louis, Matt Moulson et Jaroslav Halak le jour même. Sans oublier l’incertitude concernant Thomas Vanek, le plus gros nom disponible et visiblement sans preneur lorsque le gong final retentit… avant d’apprendre que Montréal l’avait raflé dans les dernières secondes pour un prix dérisoire et sûrement désespéré…
Peu d’équipes vendeuses et pressées par le temps
Alors à quoi ressemblera la date limite 2017 ? En vérité plusieurs éléments peuvent laisser croire qu’elle pourrait être l’une des plus calmes jamais vues. Tout d’abord, à une semaine du but, très peu d’équipes sont clairement éliminées de la course aux playoffs, et donc prêtes à vendre leurs atouts dans l’espoir de jours meilleurs. À l’est, seuls Carolina, Détroit et New Jersey sont résignés. Un gros point d’interrogation concerne Tampa Bay, la grosse déception de la saison. Le DG Steve Yzerman espère-t-il encore un dernier sursaut ou profiterait-il de ce pas en arrière pour mieux rebondir l’an prochain ? La situation est encore plus confuse à l’ouest où seuls Colorado et Arizona pensent déjà aux parties de golf du printemps. C’est d’ailleurs chez l’Avalanche qu’il faut regarder pour trouver les joueurs les plus épiés ce mois-ci, à savoir Gabriel Landeskog et Matt Duchene. Tous deux sont disponibles afin de donner un nouveau départ aux tentatives de reconstruction de l’équipe mais Colorado pourrait aussi attendre l’été si les offres ne semblent pas suffisantes.
Il faut donc d’avantage lorgner du côté des équipes cherchant à tirer profit de joueurs arrivant en fin de contrat ou n’ayant plus leur place sur la glace. Les Blues de St Louis semblent résigner à voir partir le défenseur Kevin Shattenkirk, agent libre cet été. Si, par le passé, les Blues ont préféré garder leur joueurs jusqu’au bout quitte à les perdre l’été venu (Oshie, Backes, Brouwer), ils possèdent cette fois déjà le remplaçant de Shattenkirk en la personne de Colton Parayko et le prix en retour sera trop important pour être ignoré, visiblement un espoir de premier plan, un choix de première ronde et une autre pièce selon les derniers rapports. St Louis est également dans le même cas pour Patrik Berglund mais ils pourraient décider de le garder en vue des playoffs. Les autres agents libres susceptibles de déménager sont Martin Hanzal, Radim Vrbata, Shane Doan et Michael Stone (Arizona), Patrick Sharp, Johnny Oduya, Patrick Eaves, Jiri Hudler (Dallas), Thomas Vanek (Détroit), Brian Boyle (Tampa Bay), Dimitri Kulikov (Buffalo), Jarome Iginla (Colorado), Pierre-Alexandre Parenteau (New Jersey), Ben Bishop (Tampa Bay), etc. Il n’y a ainsi que peu de superstars sur le marché, sauf si un DG décide de tenter sa chance alors que la coupe lui semble en vue. Et comme dans tout bon marché, une offre faible face à une demande forte signifie des prix élevés, de quoi refroidir les acheteurs. C’est par exemple ce que rapportent les observateurs concernant Matt Duchene, pour lequel Colorado exigerait un défenseur top-4 établi, un choix de première ronde et un espoir de premier plan à la défense. Rien que ça.
Les équipes attendent de plus en plus l’été pour faires des échanges majeurs
Dans une ligue toujours plus contrainte par le plafond salarial, qui ne devrait pas augmenter l’an prochain, bouger des gros contrats dans le feu de l’action semble ainsi de moins en moins sage. Les équipes préfèrent d’abord dresser le bilan de leur saison, savoir à quoi ressemblera le repêchage avant d’appuyer sur la gâchette. La saison dernière l’a parfaitement démontré alors que les méga deals Subban/Weber et Hall/Larsson eurent lieu fin juin et que Tampa gagna son pari de garder Steven Stamkos afin de le resigner. Seule une équipe croyant fermement à ses chances pourrait prendre le pari d’aller chercher du renfort de poids en échange d’espoirs de premiers plans. Mais encore là, peu sont ceux suffisamment confiants dans le présent au point de sacrifier l’avenir. À l’inverse, les vendeurs de joueurs sous contrats comme Colorado avec Duchene, sont susceptibles d’attendre l’été si les offres présentes ne leur paraissent pas suffisantes et l’après saison signifie également savoir à quelle position se situent les choix de repêchage proposés dans le cadre d’une transaction. Ainsi, rien ne presse pour eux car ils ne risquent pas de perdre ces joueurs sans rien avoir en retour.
Le spectre du repêchage d’expansion de Las Vegas
Cette année voit de plus un dernier élément donner un double visage à la date limite des échanges avec l’arrivée de Las Vegas en NHL. La nouvelle équipe bénéficiera en effet en juin d’un repêchage d’expansion lui permettant de choisir un joueur dans chacune des 30 autres équipes de la ligue afin de se construire un effectif. Ces dernières peuvent évidemment protéger leurs meilleurs joueurs (7 attaquants, 3 défenseurs et 1 gardien, ou bien un gardien et 8 joueurs toutes positions confondues) mais pour certaines, cela ne suffira pas à protéger tout le monde et il vaudrait mieux échanger ces pièces maintenant plutôt que de les perdre pour rien. C’est notamment le cas pour les équipes possédant deux gardiens et qui ne pourront ainsi n’en protéger qu’un seul comme Pittsburgh avec Murray et Fleury. Le dilemme pour les Penguins est de savoir s’ils gardent Fleury comme assurance ou s’ils tentent d’aller chercher un retour intéressant sur le marché des échanges. D’autres équipes comme Minnesota ont plus de 3 défenseurs de qualité à protéger et Jonas Brodin devrait par exemple être dans la mire de Vegas. Faut-il agir ou bien prendre le pari d’aller de l’avant et croiser les doigts ? Il en va bien-sûr de même pour les équipes qui souhaitent ajouter des joueurs à long terme comme Duchene ou Landeskog. Si la nouvelle acquisition pousse un autre joueur de talent à ne plus être protégé, il convient d’ajouter celui-ci au coût final de l’échange et de se demander si celui-ci vaut toujours la peine ?
En vérité, les échos émanant des DGs de la ligue font état d’une confusion assez certaine. Beaucoup de dirigeants tentent de deviner lequel de leurs joueurs sera la cible de Vegas afin de définir une stratégie. Celle-ci s’annonce d’autant plus imprévisible que Vegas ne va pas simplement prendre à chaque fois le meilleur joueur disponible mais doit évidemment construire une équipe complète et tenir compte du plafond salarial à court et moyen terme. Il semble de plus possible que les équipes puissent échanger des choix de repêchage à Vegas afin de garantir la sécurité d’un joueur… Paris, incertitudes, et racket, voilà qui sied bien à la ville du jeu…
La date limite des échanges risque donc bien de se limiter aux joueurs dont les contrats parviennent à échéance cet été car l’incertitude du marché rend bien des DG frileux. Les équipes prétendant à la coupe iront vraisemblablement chercher des éléments de soutien mais les gros noms patienteront peut-être encore un peu. À moins qu’un DG ne décide de faire un gros coup et ne déclenche une course aux armements effrénée parmi ses concurrents directs. Souhaitons-le pour le spectacle.
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